mercredi 31 décembre 2014

lundi 29 décembre 2014

Comme quoi

Il suffit parfois de pas grand chose. Un détail, une précision que l'on découvre en feuilletant des pages. Parfois celles d'un dictionnaire. Comme ça, sans rechercher quoi que ce soit mais prêt à découvrir. J'en ouvre un et je tombe sur des mots bien rangés, en colonnes. Je m'intéresse en priorité à ceux dont j'ignore la signification. Aussi à ceux que j'utilise mais dont je serais bien incapable de rédiger une définition comme imparipenné. Je lis les mots mais en général je ne retiens rien. Peut-être sont-ils trop souvent communs. Ma mémoire est plus sensible aux propres. Au noms propres. Un dictionnaire peut être truffé de ces noms qui le plus souvent me sont inconnus. Je lis les quelques mots qui résument leur vie. C'est comme si je leur rendais hommage. C'est comme si je les sortais de l'oubli pendant quelques secondes. C'est bien présomptueux, mais en écrivant cela je pense à tous ces noms de personnages que nous lisons chaque jour sur des plaques de rue et autres supports signalétiques mais dont nous ignorons tout sans que pour autant cela éveille notre curiosité. Le dictionnaire est l'outil idéal pour aiguiser la curiosité. C'est une cascade de la connaissance. L'autre jour, mes yeux se sont arrêtés sur José Maria de Hérédia. Je me suis souvenu qu'en classe de seconde j'avais rédigé le commentaire de l'un de ses poèmes dans lequel on pouvait lire le mot percale. Un poème répondant à des contraintes qui me faisaient penser à un corset sans que pour autant cela provoque en moi la moindre émotion. Le rédacteur de cette courte biographie précisait qu'il faisait partie du mouvement parnassien. Je suis alors passé du H au P, comme parnassien. D'autres noms de poètes sont apparus. Le nom de Mallarmé a retenu mon attention. Toujours à l'époque de ma seconde ce Mallarmé, je ne saurais dire pourquoi, m’apparaissait comme un personnage ténébreux, intimidant, à qui je n'aurais jamais osé parler. Entendre son nom prononcé par mon professeur de français me faisait un drôle d'effet. Je me sentais petit. Je l'imaginais avec une voix profonde qui imposait le silence et le respect. Et là dans le dictionnaire, je découvris que ce terrible Mallarmé avait un prénom. Stéphane. Le simple fait d'accoler ce prénom à Mallarmé me le rendit humain. Stéphane Mallarmé. J'étais maintenant persuadé qu'il devait lui arriver de sourire.  

samedi 27 décembre 2014

Le II (2 et fin)

De fait, c'est un double II. Celui que pour la première fois j'ai découvert en 69. Je ne pouvais qu'aimer cette vision transgressive même si mon ignorance maintenait mon plaisir au stade de l'intuition. Et puis l'autre pochette plutôt bleu ou mauve. Comme le négatif du premier pour des morceaux à l'état brut. Rough, ainsi qu'il est noté entre parenthèse. Comme des photos avant qu'elles ne passent pas la case photoshop. Une version sans filtre qui fait tousser.
Ils sont toujours dans leur film de protection qu'ils partagent.Ils attendent que je les sépare. Je ne sais pas encore lequel des deux je vais écouter en premier. J'ai pourtant une intuition.

vendredi 26 décembre 2014

Le II (1)

Pour Noël je me suis fait offrir le Led Zeppelin II, version vinyle. Cela permet les gestes d'antan. La prise en main de la pochette. Je l'empoigne de la main gauche. Je regarde la photo des quatre entourés de leurs comparses. Je sais, je l'ai déjà des centaines de fois, voire... Je m'attarde à la recherche de détails qui m'auraient échappé. Je passe si souvent à côté. D'une rotation du poignet, je découvre le verso. L'un sous l'autre, apparaissent les titres. Toujours dans le même ordre. Je passe de side one à side two. Mais, même si cela parait pareil qu'au premier jour, ce n'est pas la même chose. C'est même pratiquement pas la même chose. La suite demain.

jeudi 18 décembre 2014

Ce matin

C'est fait. Ce matin, mon nez affiche complet. Sold out, ce qui en passant risque d'être le cas pour le concert d'AC/DC du 23 mai. Pour ce qui est de mon nez, c'est même plus que plein. Je serais tenté de dire que ça déborde. Comme un Hortefeux qui serait affecté aux fluides, j'expulse mais cela demeure bien dérisoire. J'ai bien essayé de me boucher le nez pour que le trop plein se déverse en d'autres lieux, mais inlassablement, venant de je ne sais où, le flot s'immisce, envahit, insensible aux menaces médicamenteuses. Fatigué et étreignant fébrilement mon mouchoir qui regorge de miasmes, en ce matin humide et d'une suspecte douceur, je crois que je vais renoncer et me laisser déborder. Vivement plus tard qu'il soit bientôt.

mercredi 17 décembre 2014

Ce matin

Ce matin, il faisait nuit. La nuit n'a été qu'un matin dans la peine. J'ai senti un rhume qui pointait le bout de son nez. Le coton était sorti de son emballage. Les lampadaires étaient encore allumés à l'heure où se réveillent les enfants. Rien que pour ça, je n'aimerais pas être à nouveau un enfant. Un enfant que sa maman tire de son sommeil, même avec amour. Je n'ai pas le souvenir que mon papa se soit penché sur moi pour me susurrer "Il est l'heure de se lever, mon amour". Il était plutôt mon père. D'ailleurs, l'ai-je fait moi-même? Je n'aimerais plus être cet enfant qui maudit sa mère de le sortir de son rêve et de la chaleur de son lit. Je n'aimerais plus être cet enfant qui pleure de ne rien comprendre, surtout de ne savoir pourquoi il faut, jour après jour, aller souffrir dans une classe. J'ai pourtant certains matins la sensation d'être cet enfant.   

dimanche 14 décembre 2014

Abandon

Dans la clarté des saisons
Se renouvelle la vision
Des jours sans raison
Tu es devenue l'horizon
Qui disparait dans le soir
L'esprit se penche
Et te découvre
Ce que l'on attendait
Disparaît 

mercredi 10 décembre 2014

Celui d'après

En revanche, ce que je savais, peut-être encore confusément, c'est que l'essentiel se trouvait entre ses cuisses. Confusément, car je ne savais pas ce que j'allais y trouver. A n'en pas douter, le bonheur. L'ignorance devait donner toute sa force à mon fantasme. A genoux, je plongeais la tête dans l'ombre. D'une main elle caressait mes cheveux. Et là, dans la chaleur de l’excitation,  je sentais les vagues de l'extase. De toute mes forces je tentais de garder en moi l'image de cette enfant à genoux. Je sentais les draps me caresser les joues. Pour ne pas éveiller la curiosité, j'étais contraint à l'immobilité. La satisfaction n'était pas à portée de main. Soir après soir je revivais la même aventure.

Peau de banane

Ce matin j'aimerais être un peu heureux. Un peu? Quel manque d'ambition!

mardi 9 décembre 2014

L M

Dans le matin frêle
Peuplé d'ailes
J'épelle ma belle
Avec plein de elle

Je suis fait d'elle
L'être d'une ritournelle
Comme une ribambelle
Passe dans le ciel


Le dernier (6)

Ce qui me fait penser que je ne me souviens plus du premier livre que j'ai lu. Pourquoi perdre mon temps à parler de ce que j'ai oublié? Je suis persuadé que le souvenir de ce livre est rangé quelque part. Dans l’hémisphère gauche ou droite. Dans un recoin. Il faut simplement aller le chercher. En soi, cela n'a pas beaucoup d'importance un premier livre. Les souvenirs auraient-ils une valeur? Je ne sais pas ce que j'ai ressenti mais pour la première fois lire et comprendre une histoire écrite pour moi. Découvrir le sens des mots. Ce dont je suis sûre, c'est qu'à la maison, jamais personne ne m'a lu une histoire. 

jeudi 4 décembre 2014

Pas du tout

Je ne me souviens pas de mon premier Noël. Pas du tout. Pourtant un premier Noël, c'est important. La découverte du premier mystère de la vie. Le Père Noël. La première certitude. Celle de son existence. C'est extraordinaire. Croire à l'existence de quelqu'un que l'on ne voit jamais. La première croyance. Celle en celui qui exhausse vos vœux. Croire au Père Noël c'est aussi être pour la première fois une victime. La victime d'un complot d'envergure mondiale. Un complot fomenté par des adultes qui érigent le mensonge comme outil d'éducation.
J'ai retrouvé une photo de ce Noël et de ses alentours. Je suis debout dans ce qui semble être un jardin. C'est une photo que l'on pourrait qualifier d'anonyme. Il est impossible de situer l'endroit. Je suis à côté d'un enfant. Je ne sais pas qui il est. Nous tombons tous un jour sur ces photos composées de visages dont plus personne ne se souvient, qui n'évoquent rien. Ceux qui auraient pu s'exclamer "Mais si, souviens-toi, c'est..." ne sont plus là. Cet enfant a peut-être disparu de toute les mémoires. Pour ce qui me concerne, je me suis reconnu. J'ai un paquet dans les bras. Je ne me souviens plus de son contenu. Mais il paraît suffisamment grand pour contenir la voiture de pompier téléguidée que j'avais commandée. Jouet sans le moindre intérêt. Je n'ai pas le souvenir qu'aucun Noël m'ait procuré le moindre plaisir. Croire ne suffit pas.    

mercredi 3 décembre 2014

Le dernier (5)

Je regarde mes doigts qui s'agitent sur le clavier. Non, ils ne s'agitent pas. Ils passent d'une touche à l'autre. Chaque lettre raconte leur vie. Un alphabet qui finit en croix. Mes doigts sont aujourd'hui maigres. Des prolongements secs que l'on pourrait croire cassants avec, deci delà, des tâches comme une impression. Pourtant, elles n'évoquent rien si ce n'est le temps. Qu'ai-je fait avec mes doigts? J'ai tourné les pages des livres. J'aime du bout des doigts les caresser en espérant deviner le relief des lettres tout en fermant les yeux. J'aime sentir l'épaisseur des livres. Il m'arrive d'en acheter sans avoir la moindre intention de les lire. Pour le plaisir de les voir traîner dans toutes les pièces. Ce sont peut-être les seules choses que j'ai envie de posséder. Je ne saurais expliquer pourquoi. La manifestation d'une admiration pour ces femmes et ces hommes qui ont écrit, qui sont allés jusqu'au bout de leur envie, qui sont allés chercher au fond d'eux ce qu'ils sont?   

mardi 2 décembre 2014

Un peu court

Dans le train du retour
 Pensant à mon amour
Je regarde alentour
S'estomper les détours


Question

A-t-il voulu en être le président pour pouvoir passer le karcher dans le parti, au risque d'être l'arroseur arrosé?

samedi 29 novembre 2014

Pas du tout

Je ne me souviens pas de la première fois où j'ai sexuellement joui. Mais alors là, plus du tout. En revanche, ce dont je ne me souviens pas mais dont je suis certain c'est que j'étais seul. Je suppose qu'à l'époque, encore pré 68, je n'envisageais pas qu'en pareille circonstance, nous puissions être plusieurs. A ce propos, je ne me souviens plus quand pour la première fois j'ai associé quelqu'un à mon plaisir. Je passe sur les séances de masturbation collective. Quoi que, le fait de pratiquer ce plaisir solitaire en groupe a pour effet de faire disparaître toute trace de culpabilité mais, revers de la médaille, cette pratique communautaire n'est pas favorable aux fantasmes. Ce type de proximité ne laisse la place qu'à la mécanique de la jouissance. Tout comme pour Whole lotta love, j'aimerais me souvenir, ressentir l'intensité de cette première fois. Je suppose que lors de cette première fois on ne sait pas à quoi s'attendre. C'est une découverte. L'effet de surprise. Je ne me souviens plus du tout si j'ai recommencé tout de suite après.   

vendredi 28 novembre 2014

Le dernier (4)

Aucun des derniers jours n'est demeuré. Ils ont rejoint les autres. Tous les autres. Ceux qui sont passés sans bruit. Peut-être toute ma vie n'a-t-elle fait aucun bruit. Il me reste ce dernier jour pour qu'elle résonne, pour qu'elle soit autre chose qu'une succession. Je me souviens de ce jeu qui consiste à dire ce que l'on ferait si l'on n'avait plus qu'un jour à vivre. N'y jouent que ceux qui ont leur vie devant soi. Dans la mesure où l'on ose, c'est un catalogue de fantasmes. On est persuadé que l'on ferait des choses folles. Souvent, selon l'âge, on passe des bonbons profusion au cul sans entrave. J'ai hésité à écrire ce mot. Il ne fait habituellement pas partie de mon vocabulaire. Dans le domaine des mots, j'ai été raisonnable. Pour ce qui est du sexe, je n'ai jamais pu résoudre à dire à un homme "Baise moi". Bien sûr, il le faisait et avec mon assentiment mais cette injonction n'avait aucun lien avec ce qui se passait. Je crois me souvenir qu'un jour, seule dans ma chambre, j'avais essayé de prononcer ces mots censés exciter. N'étant parvenu qu'à les chuchoter, je n'en retirai aucune satisfaction. Quand bien même les aurais-je criés. Et là, en ce dernier jour, je n'ai envie ni de bonbons ni de...
J'aligne les mots mais je n'ai encore rien dit. Pourtant le temps presse. Je mesure la difficulté à se livrer, à se départir de toute réserve. Je suis encore dans la position de celle qui a peur que l'on puisse lire ce qu'elle a écrit. Je sais que le jour où d'autres yeux liront mes mots, je ne serai plus en mesure d'avoir honte ni de rougir. Les pensées des autres n'existeront plus. C'est comme si, malgré l'évidence, je me disais que je connaîtrai demain. Ce doit être ça la vie. Tant qu'elle est là on ne peut s'imaginer qu'elle puisse s'arrêter.

jeudi 27 novembre 2014

Le dernier (3)

Je dois retrouver des souvenirs. J'ai si peu de temps. Je dois faire un tri. Je fouille en regardant l'écran blanc. Mes yeux finissent dans le vague, terrain peu propice à la résurgence. Je retrouve le plaisir d'attendre, d'attendre peut-être en vain. Je suis tenté de laisser passer le temps comme une suite de grains qui s'amoncelleront à mes pieds. Peut-être brilleront-ils dans la lumière du jour. Peut-être fermerai-je les yeux avant que le dernier ne touche le sol. Dieu seul le sait. Je me suis souvent demandé ce qu'il savait, s'il était le seul à savoir certaines choses. Mais à quoi bon être le seul si l'on est seul. Ce n'est que pour le plaisir d'aligner des mots. Je n'ai jamais vraiment cru en un dieu. J'ai parfois, avec passion, eu envie, besoin de croire en quelque chose qui me dépasserait, qui m'aiderait à surmonter l'adversité, peut-être même à accepter.

En passant

Qu'aurions-nous fait parmi toutes ces étoiles? Repoussés vers une nébuleuse périphérie jusqu'à en perdre le sens du mouvement, là où brillent les points comme des virgules suspendues dans l'oubli des premières vibrations. Tout cela ne pouvait tourner qu'à la catastrophe.

Famine

"Que fais-tu dans la mie" demanda la croûte.

Bon bah dis

Etre gentil n’avance à rien. Telle était la devise de Fassbinder, ai-je lu. Il ne supportait pas la lâcheté ni la soumission. On ne peut être libre sans courage. Tout cela en quelques lignes. Un concentré qui ne peut manquer d'introduire le doute. Bêtement je me suis demandé "Es-tu courageux et libre, mon garçon?" J'en doute si j'en juge par l'odieuse censure dont j'ai été victime. Ayant rédigé avec plaisir un discours à destination d'un collègue partant en retraite, je me faisais une joie de le lui lire et ce au milieu de ses invités. Mais avant même que je puisse prononcer le premier mot qui devait être suivi de nombreux autres, un supérieur que l'on qualifie habituellement de hiérarchique me fit savoir qu'il était hors de question que j'officie. Il ignorait le contenu mais la peur que, gentiment, je puisse, comme souvent, brocarder l'institution a pris le dessus. J'ai donc dû ranger mes feuilles. Je n'étais donc pas libre de lire ce que j'avais écrit et n'avais pas le courage de passer outre l'interdiction. Alors, pour qu'il me reste quelque chose, ne me dites pas que je suis gentil.

mercredi 26 novembre 2014

Pour un peu

Quand le souffle se lève
Pour atteindre tes lèvres
L'esquisse rouge et brève
S'ouvre à mes rêves

Plus du tout


Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai écouté whole lotta love. Plus du tout. Pour être plus précis, je ne me souviens plus de ce que j’ai ressenti. J’ai écouté cette chanson des milliers de fois (tant que ça ?) dans différentes versions. La version de BBC session est celle que je préfère. Elle me semble plus proche, plus râpeuse. J'ai donc oublié ce qui m'a traversé à la première écoute. Sûrement sur un crin-crin. Le souffle introductif de Plant, l'intro de Page soutenue par la basse de Jones (que je n'ai découverte que bien plus tard) et ensuite Bonzo qui martèle. A chaque fois que je l'écoute je vibre. Alors la première fois... Je me souviens qu’innocemment j'éructais "Shake for me girl". Je sais qu'on ne retrouve jamais les vibrations de la première fois et pourtant, à chaque fois que j'entends le souffle je me dis pourquoi pas.

mardi 25 novembre 2014

Pourquoi

Ce matin, dans le noir de la nuit, le ciel était gris. La rue ruisselante se reflétait dans la lenteur du réveil. Sans aller bien loin, nous étions pourtant séparés.

lundi 24 novembre 2014

Pas du tout

De mon premier pas je ne me souviens pas. Pas du tout. Pourtant. Pourtant, ce n'est pas rien un premier pas. Le début de l'autonomie. Le premier instant de l'aventure. Qui a bien pu me mettre sur mes pieds et me lâcher? Vers qui ai-je marché? M'a-t-on encouragé à faire ce premier pas? Je ne me souviens vraiment de rien. J'ai dû faire la fierté de mes parents. Ils ont dû sourire. Je suppose qu'ils étaient là. Nous n'en avons jamais parlé. J'aurais pu leur demander de me raconter ce premier pas, de me dire ce qu'ils avaient ressenti. J'aurais aimé savoir si ce premier pas avait, dans la foulée, été suivi du deuxième ou si je l'avais réservé pour un autre jour, histoire de marquer le coup. En l'absence de témoignage, je suis parfois pris d'un doute. Et si je n'avais jamais fait le premier pas.

dimanche 23 novembre 2014

Le dernier (2)

Jusqu'à ce dernier jour, je n'ai jamais rien écrit. Peut-être quelques cartes postales. Des mots écrits sans réfléchir. Des formules qui signifiaient "je pense à vous" même si ce n'était que pour quelques secondes. Depuis que je suis dans ce dernier jour, je me dis que ma vie a passé bien vite. C'est une évidence, un lieu commun pour certains. Mais cette évidence s'impose à moi. Elle n'a jamais été si réelle, si cruelle, si désespérante. Une succession de secondes. La vie n'est peut-être faite que de successions. Jusqu'ici, je n'ai jamais vraiment réfléchi à ma vie. Si j'ai envie de l'écrire c'est parce que j'ai peur. Cette peur de ne rien laisser. Combien de ceux que j'aimais sont morts sans un mot, sans qu'ils me confient qui ils étaient. Nous partons avec tout un fouillis de souvenirs, de pensées jamais exprimées, de sentiments qui nous ont encombrés de ne pouvoir les offrir. Écrire me sortira de la solitude.   

Quand même

Quand il ne reste plus rien
Et qu'on croit qu'c'est la fin
Il nous reste ce jour
Où nous avons connu l'amour

jeudi 20 novembre 2014

Celui d'après

Le premier fantasme dont je me souvienne est né quelques semaines après mon entrée au collège. Il est né et a prospéré. Ma professeur d'histoire était l'objet de ce fantasme. Je ne me souviens plus de ce qui me plaisait en elle mais elle est rapidement devenue une obsession. Je n'ose pas penser qu'elle pouvait ressembler à ma mère. Des élucubrations de psychiatre viennois en mal de notoriété. Pensionnaire, recroquevillé dans mon lit étroit, j'attendais que les lumières du dortoir s'éteignent et je fermais les yeux. Dans le script d'origine, je marchais dans la rue et passant devant une voiture, je regardais par la vitre. Assise derrière le volant, je voyais l'objet de mon tourment. Me voyant, elle me faisait signe de la rejoindre à bord. Ce que je faisais. A cet instant de ma encore courte vie, je n'avais pas une conscience bien précise de mon corps et des possibilités qu'il était susceptible de m'offrir.

Le dernier (1)

Au gré de recherche dans des greniers abandonnés à la poussière, j'ai découvert une lettre dont voici le contenu.

"En me réveillant ce matin, j'ai su que c'était le dernier. Le dernier jour de ma vie. On ne peut pas dire que j'y pensais tous les jours mais ces derniers temps je ressentais une préoccupation encore assez vague pour que je ne puisse pas la définir. Je ne parlerai pas d'un malaise mais plutôt d'un voile. J'essaye de garder mon calme mais cette découverte matinale commence à m'angoisser. Je crois même avoir peur. L'idée que dans quelques heures mon cœur cessera de battre me semble inconcevable. Et pourtant, je sais que je ne verrai pas demain. Un dernier battement et puis plus rien. Le sang se figera dans mes veines. La chaleur me quittera et, encore imperceptible, la décomposition commencera. Ce n'est pas que j'ai déjà fait grand cas de mon corps, mais tout de même...Maintenant que j'y pense, j'aurais dû faire l'amour plus souvent. Je dis ça, mais avec qui aurais-je pu le faire? Bien sûr, il y avait mon mari, mais avec lui cela a toujours été plus fonctionnel que fusionnel. Je ne lui reproche rien. En pareille circonstance nous étions deux. Il a toujours manqué quelque chose pour que nous nous enflammions. Il m'a fallut attendre ce dernier jour pour confier à cette feuille la tiédeur de nos étreintes.   

mercredi 19 novembre 2014

Discours pour un départ en retraite

Eric, si tu me permets de t’appeler Eric puisque c’est de toi dont il s’agit, c’est aujourd’hui ton dernier jour, dernier jour tel un catafalque sur lequel auront été déposés les vestiges d’une carrière que la nuit bientôt engloutira sous le suaire de l’oubli et de l’indifférence. Car, Eric, ne te fais pas d’illusion. Aussi cruelle soit-elle, je me dois de te dire la vérité. Non pas la vérité des chiffres, non pas la vérité des courbes, fussent-elles inversées, renversées ou renversantes, non pas la vérité des tableaux quand bien même fussent-ils l’œuvre d'artistes de la manipulation. Que nenni. Il s'agit de cette vérité du cœur, de cette vérité exigeante, de cette vérité intègre, austère et rapeuse qui rend libre. Donc, au nom de cette vérité qu'ici tous nous chérissons, je me dois de te dire que j’ai fait le tour de l’ensemble des services de la DR et si l’on retire d’une part tous ceux qui ne savent pas qui tu es, d’autre part tous ceux qui se réjouissent que tu partes et enfin ceux que ton départ laisse indifférents, il reste peu de personnes susceptibles de te regretter. En d'autres termes, ce ne fut pas la razzia sur le Schuf. Quoi qu’il en soit, comme tu le sais, il est difficile de faire l’unanimité, même contre soi.

 Tu as donc décidé de partir. Tu as décidé de quitter cette belle famille, cette famille unie qu’est pôle emploi. Te connaissant, je sais que ce ne sera malgré tout pas sans regret, notamment, m'as-tu dit, celui de ne pas l’avoir fait plus tôt. Tu m'as dis, je te cite "Comme notre respecté directeur régional, je piaffe d'impatience". Enfin, quand je dis que tu as décidé, il ne faut pas exagérer en ce lieu l’étendue du droit individuel à l’autodétermination. Mais tout cela n'est que façade, l'ultime bravade d'un agent rongé par le regret, le regret de partir si tôt. Car j'ai lu dans ton regard toute cette tristesse, cette détresse de devoir partir avant de pouvoir contempler fier et ému l'aboutissement de ta carrière qu'aurait symbolisé l'avènement de Pôle emploi 2015 pour lequel tu as, sans relâche, avec une abnégation de bénédictin, travaillé jour après jour jusqu'à l'épuisement sans pour autant, perfectionniste que tu es, être le moins du monde satisfait. Je dois te dire que de mon côté je n'ai pas, en vain, ménagé ma peine auprès de la direction pour qu'en signe de reconnaissance nous puissions parler de Pôle emploi 2014.  

Comme toute chose issue du génie humain, ce texte a sa genèse.
Muni dans la main droite d’un dossier fort volumineux à l’importance fort limitée et la main gauche négligemment enfoncée dans la poche placée fort opportunément du même côté j’arpentais d’un air inspiré le couloir. Tout à mes pensées et l’air préoccupé, mon pas alerte et conquérant fut interrompu alors que je passais devant un bureau. J’entendis une voix que j’identifiais comme féminine me héler. Encore une admiratrice qui quémande un sourire, me dis-je. Que nenni. Plutôt qu’à mon charme, mon interlocutrice souhaitait faire appel à mon humour. « Toi qu’est drôle, tu pourrais pas écrire un mot pour le départ d'Eric ? » Je ne fis aucune remarque à propos de la syntaxe approximative de mon interlocutrice et me contentai de lui offrir un sourire d’assentiment.
Un mot. Sur le coup, je me suis dit qu’écrire un mot ça ne devait pas être bien compliqué. J’ai pris un ouvrage et je l’ai ouvert au hasard. Je suis tombé sur « emploi ». Avouez que ce n’était pas de chance. Pourquoi pas pôle pendant qu’on y était. Après je suis tombé sur le mot confiance et la phrase qui illustrait ce mot était « Faire le pari de la confiance ». C’est là que j’ai commencé à avoir un doute. J’ai regardé la couverture de ce curieux opuscule qui en fait s’apparentait d’avantage au bréviaire puisque c’était « Pôle emploi 2015, réussir ensemble ». Allez savoir pourquoi, confiance m’a fait penser à la couche du même nom. Si l’on y réfléchit bien, à l'impossible nul n'est tenu, Pôle emploi fait son possible pour que le nombre de demandeurs d’emploi ne déborde pas trop, les mesures étant en quelque sorte les élastiques là sur le côté qui il faut bien le dire ne suffisent pas toujours à éviter les débordements. Renonçant à écrire un mot, j’en ai écrit plusieurs. Ce qui n’est pas forcément mieux mais nous préférons parfois la quantité à la qualité ce qui nous donne l’illusion de l’opulence.
 Alors, soucieux d'obtenir ton assentiment et par ailleurs connaissant ta maîtrise toute relative de la langue française et de ses subtilités, je t’ai proposé d’écrire à ton intention un discours à caractère plus ou moins laudatif qui te permettrait de partir sous le regard admiratif d’un aréopage surpris de tant de talents et d’élégance. Mais tu refusas mon offre. Et ce n’est qu’hier, en fin de journée, prenant probablement conscience de tes limites, que penaud tu vins me voir. Arguant d'un manque de temps, excuse dont ni toi ni moi n’étions dupes, tu me demandas d’écrire un texte qui notamment mentionnerait tous ceux qui t'avaient cassé les attributs de la virilité au cours de toutes ces années. J'ai dû t'expliquer qu'en pareille circonstance, un peu d'élégance et de hauteur de vue seraient de bon aloi. Je t'ai donc proposé que tu établisses la liste de ces personnes qui auraient pu composer le casting du ballet Casse-Noisette, liste que j'ai glissée dans cette enveloppe et qui sera consultable.
 
Donc je me dois de t’avouer que ce n’est pas sans émotion que j’ai écrit et que présentement je lis ce petit compliment et ce à plus d’un titre. En effet, tu fus mon premier directeur et ce à l’agence  d'Abbeville lorsque, faute de mieux, un 1er février 1991 j’intégrai, en qualité de CRE, ce qui n’était encore que l’ANPE. Nous logions dans des locaux miteux, crasseux dont l'état de délabrement n'était que le reflet prémonitoire de ce qu'il allait advenir de notre économie si j'en crois un autre Eric, Zémour celui là. C'est en ce lieu que j'assistai à mon premier plan. Le plan 900 000 DELD. Pour ceux qui n'étaient pas nés, il s'agissait de rencontrer les demandeurs d'emploi inscrits depuis plus de 12 mois. Pour certains d'entre eux, ce fut l'occasion d'une sortie jusqu'à la ville, de prendre l'air. L'entretien se passait à peu près ainsi:
- Vous êtes donc inscrit à l'agence.
- Oui répondait le DE dans ce qui étaient les prémices de l'entretien interactif.
- Si je calcule bien, vous êtes inscrit depuis 42 mois. 
- Bah, oui. Le temps passe vite.
- Et donc, si j'ai bien compris, vous cherchez un emploi.
Une hésitation venait se glisser entre la question et la réponse. Le DE, pesant le pour et le contre finissait par répondre oui.
- Parfait lui répondait le conseiller qui embrayait par un "Et donc jusqu'ici vous n'avez pas trouvé?" 
Le DE se demandait si ce n'était pas une question piège et finissait par lâcher
- Vous savez, c'est la crise pour tout le monde.
- Mais vous cherchez quand même?
- Bah oui, bien sûr.
- Bon. Eh bien, je crois que nous avons fait le tour de la question. En cas de besoin, n'hésitez pas.
Tout le monde était rassuré.  
Avant d'être ce directeur à la moustache toute aussi raide que les règles d'indemnisation et symbole d'un priapisme capillaire triomphant, à Friville Escarbotin  tu fus prospecteur placier, fonction plus connue sous l'acronyme PP. Tous les lundis tu partais en prospection, arpentant les rues de cette picarde bourgade pour essayer de convaincre les commerçants qu'en embauchant un DELD ils pourraient bénéficier... Mais tu revenais bredouille oubliant à chaque fois que le lundi était jour de fermeture des commerces.
Mais je ne vais pas ici retracer tous les plans, parfois proche de la comète, qui ont ponctué ta vie professionnelle tant ils furent nombreux et tous les faits marquants qui ont jalonné ton éblouissante et brillante carrière, si brillante qu'il faudra des décennies pour en évaluer  l'ampleur et mesurer son influence sur les politiques de l'emploi qui ne manqueront pas d'agrémenter longtemps encore notre quotidien. Je me contenterai de rappeler qu'en notre région tu fus, avec tes trois opiniâtres et indéfectibles fantassins, le pénétrant fer de lance, le bras armé du partenariat, portant au plus haut les valeurs de notre institution, n'hésitant pas à, sans réserve, donner de ta personne pour que justice soit rendue à cette immense et incomparable contribution de Pôle emploi à la résorption, à l'éradication, à la disparition, extirpation de ce qui fut ta quotidienne obsession, à savoir le chômage. Car chaque matin, face à la courbe, vous en conviendrez non dénuée d'une certaine sensualité, se dressaient, telle ta virile turgescence, les mesures que, Hercule moderne, tu brandissais face à l'hydre du chômage qu'un jour prochain tu aurais terrassé. Mais de temps tu n'en eus pas suffisamment.
 Voici donc que se termine une bien pâle évocation de ce que fut ton passage parmi nous.
Pour terminer, saches que, pour ma part, travailler avec toi fut (beaucoup de chose ont été fut) un plaisir. Alors au nom de tous, ou presque, je te souhaite une vie de plaisirs et de jouissances sans entrave.       



mardi 18 novembre 2014

Oh

Tu bougeais dans l'élan de ta jupe courte
Si courte que le désir s'échappa du doute
Je te regardais en me mordant la lèvre
Et la chaleur afflua jusqu'à ce que le jour se lève

samedi 15 novembre 2014

"Qui c'est celui là?"

"On ne peut pas débarquer en France et aller tout de suite au guichet".
Ainsi parle Fillon. Il semble qu'il ait emprunté l'index de Sarkozy pour montrer du doigt, pour lui aussi désigner des coupables, pour nous indiquer qui sont les responsables de nos malheurs.
"Dans la bataille des idées, nous avons un avantage sur nos concurrents" se croit obligé d'ajouter un de ses conseillers. La haine, l'exclusion, le repli sur soi, la discrimination, la peur, le refus de l'autre, la lâcheté, l'ignorance seraient ainsi devenus l'expression d'idées? Etait-il bien utile d'être Premier ministre pendant cinq ans et élu du peuple depuis de si nombreuses pour ériger aujourd'hui la bêtise en système de gouvernement?
Voilà.

mercredi 12 novembre 2014

Au tout début

Je ne me souviens plus de ce qui m'a plu
Je te voyais pour la première fois, encore vulnérable
L'étonnement inondait tes yeux, te rendait adorable
Dehors les dernières gouttes tombaient peu à peu
Les stries éparses troublaient la vue
Les éclats transparents explosaient sur le bitume
Hors du reflet des flaques, la chaleur faisait naître la brume 
Dans le jour humide se diluait le bleu
Aurais-je pu retenir tes premiers instants
Pour les préserver jusqu'à maintenant

mardi 11 novembre 2014

Depuis

J'étais dans le salon. Longtemps après. Comme si c'était le jour d'après. Peut-être même tout de suite après. Et après, quoi? Laisser s'écouler le reste. Ne rien retrouver dans les regards qui pourtant s'offrent. Croire que quelque chose se cache, est enfoui dans les mots. Combler le vide avec le vent. Pourquoi devrais-je?
Je me laissais bercer par une mélodie. Je regardais le jardin, les couleurs. Les feuilles s'éloignaient des branches pour devenir des taches livrées à la fantaisie du vent. Le ciel se laissait envahir. Peut-être une note qui se prolongeait, j'ai écouté la voix du chanteur prononcer "mon enfant". Je me suis répété ces mots. J'ai souri puis pleuré. L'absence m'a traversé, écrasé comme si j'avais oublié cette réalité, comme si je m'en étais éloigné. A qui avais-je déjà dit ces mots? Ces mots aussi naturels que l'amour. Mon enfant. 

Celui d'après

En passant devant ces cabines aux portes closes, je ne pouvais malgré tout pas m'empêcher de penser. De penser à tous les désirs qui devaient s'y amonceler. Des désirs qui certainement se mêlaient à mes fantasmes. Mes fantasmes! Je crois me souvenir du premier d'entre eux. Si le sexe a rapidement fait irruption dans ma vie, il est assez longtemps resté autocentré. Je ne sais par quel hasard je me suis d'abord et exclusivement consacré au plaisir solitaire. Je me suis toujours demandé comment l'on en vient à la masturbation. Je n'ai pas reçu d'éducation en la matière, personne ne m'a montré comment procéder et pourtant... Parfois avec une frénésie exténuante, pendant de longues années j'ai pratiqué cette recherche du plaisir. Une sorte de fast-food de la jouissance. Je ne me souviens pas d'une première fois mais curieusement j'ai encore en mémoire des lieux de mes pratiques. Pendant quelque temps, voulant certainement découvrir le plaisir ludique, je pratiquais cette activité dans des lieux dont ce n'étaient pas la destination pour autant que de tels endroits existent.    

lundi 10 novembre 2014

Toute proche

Les débris crissent dans le froid des allées. 
Les pas reviennent vers le passé
Et laissent les empreintes de cette aube
Dans la lumière qui file ondule ta robe
Ta voix se prolonge dans les rayons
Et réchauffe ce matin d'abandon
 

dimanche 9 novembre 2014

Plus du tout

Je ne me souviens plus. Je ne me souviens plus de mon premier baiser. Je ne me souviens plus des lèvres sur lesquels j'ai posé les miennes. Pourtant je devais attendre ça depuis des années, peut-être même depuis ma naissance. Une première fois comme celle-ci je devrais bien m'en souvenir tout de même. Je devais être ému. Tout en moi devait l'être. Je ne comprends pas comment j'ai fait pour perdre ce souvenir. Je ne me souviens de rien. Pas plus de son nom que de son visage. J'ai repris tout depuis le début mais rien à faire. Je me demande si ce n'est pas au cours d'une soirée. Une de ces soirées où je buvais comme un polonais avant de me lancer à la pêche. Ce dont je me souviens, c'est que pendant longtemps, trop longtemps à mon goût, je n'avais manifestement pas le bon hameçon. Non. Cela a dû se passer avant. En fait, je crois que je ne m'en souviendrai plus jamais. Cela n'a aucune importance et pourtant j'aurais aimé m'en souvenir.

mercredi 5 novembre 2014

Celui d'après

Au-delà de l'enfilade de portes maintenant closes devaient se trouver les espaces. Ces espaces dédiés au corps, fait de chaleur glissante. J'avançai en espérant avoir laissé mes pensées dans la cabine. Je ne voulais être qu'un corps avide de sensations. J'éprouvais toujours les pires difficultés à ne pas intellectualiser l'expression corporelle. Je ne ressentais jamais le plaisir d'être simplement là où j'étais. Des pensées, des images me tiraient vers autre chose jusqu'à en oublier l'instant. J'avais fini par me persuader que mon esprit n'aimait pas mon corps, qu'il se méfiait de ses désirs, de ses plaisirs, de ses possibles éructations qui ne pouvaient qu'être la manifestation du renoncement. Avec le temps, s'était constitué un amoncellement de névroses. Pour tout dire, je n'étais pas loin d'avoir peur de vivre.  

Pas drôle

Peut-être le mensonge creuse-t-il la vie comme un ver dévore un cadavre. Il s’immisce. Rien ne le rebute. Plonge si profond que l'on finirait par l'oublier. Comme une fièvre qui ferait trembler nos lèvres, le mensonge est un tourment qui tourne autour, nous enserre. Ne subsiste que le souvenir de sa présence le jour où nous sommes devenus ce mensonge.

Celui d'après

J'allai sortir de l'ombre de la cabine. Même en l'absence de bruit j'hésitai. J'hésitai à me dissimuler pour partie. Après un temps de réflexion ou d'hésitation, j'enroulai la serviette autour de ma taille qui depuis quelque temps avait tendance à prendre de l'ampleur. Ce constat m'agaçait. D'autant que ce surplus de volume m'avait sauté aux yeux un de ces foutus matins, comme si cette transformation s'était insidieusement déroulée au cours de la nuit profitant de mon inattention. Je soupçonnais mon corps de procéder à une vengeance pour l'avoir pendant toutes ces années contraint à s'épuiser dans des courses sans fin, par tous les temps. Il était meurtri, marqué, traumatisé. Je l'entretenais sans en prendre soin. Il avait fini en quelque sorte par manifester son mécontentement réclamant certainement plus d'égard, de respect. Comme le disent ces onctueux psychothérapeutes, il faut savoir écouter son corps.     

vendredi 31 octobre 2014

Est-ce

Toujours sans cesse.
Je discerne le battement.
Lorsque le souvenir est une caresse
Qu'il remonte profondément
Dans les flots qu'il délaisse
Il échoue dans l'écume de lumière
Le tourment le laisse
S'évaporer dans la chaleur des pierres.

jeudi 30 octobre 2014

De retour

Hendaye. J'ose le dire, il n'y a qu'Hendaye qui vaille. Qui vaille à l'âme et au corps. 25° à l'ombre et pourtant libre. Libre de plonger dans les rouleaux sans se décoiffer. Libre de se laisser emporter par la houle qui vous transporte et vous rejette sur le sable. Sur le sable et pourtant riche des rayons dorés d'une chaleur qui vous donne envie. Envie d'y retourner et de se laisser porter par le goût du sel et disparaître dans l'écume du mouvement. Pour cela, il suffit de se laisser glisser jusqu'à l'océan depuis les hauteurs d'Urrugne. 

Musique

Hier soir. Déjà. Hier soir donc, je suis allé voir et écouter Christine and the Queens. J'y suis surtout allé pour the Queens. Autant vous dire que j'ai été déçu. Non. J'y suis allé comme accompagnateur. Sympathique, généreuse, souriante, belle voix, aisance corporelle qui se déploie sur toute la scène. Elle n'a pas en moi suscité un enthousiaste renversant. Pour autant, la soirée fut agréable.
En revanche, les addicts, les greffés, les casse-couilles du smartphoooone ne se lassent pas de polluer l'espace. Faut-il qu'ils aient l'esprit aussi étroit que l'écran de leur portable pour qu'une partie de la soirée ils le tiennent à bout de bras afin de capter en tout petit ce qui s'offre grandeur nature à leurs yeux. Faut-il que maintenant ne soit consacré qu'à l'après?
Voilà, j'ai fini de grogner.    

samedi 18 octobre 2014

Point de vue

Sur les hauteurs de l’air apparaît la transparence des lointains. Le regard transperce l'horizon. Les forces s’arrachent à la pesanteur. L’élan des pointes découpe la vision. Ralentie par le froid la lumière peine à accompagner le jour. Déterminé, le temps s'en étonne pourtant. Une envie de se jeter dans le vide pour ressentir les restes d'une éternité. Plonger dans la morsure de l'air pour que maintenant se rapproche.

jeudi 16 octobre 2014

Celui d'après

Le couloir dans lequel je m'engageai se prolongeait dans la pénombre. De chaque côté, des cabines aux portes de bois peintes en bleu. J'avançai encore. Encore un peu. Sans vraiment choisir, j'entrai dans l'une d'elle. Quels auraient pu être les critères de ce choix? Une fois la porte refermée, j'ôtai mes vêtements avec un soin inhabituel. Je marquai un temps avant la nudité totale et finis par laisser glisser le dernier élément de tissu. Une relative absence de lumière ne me permettait pas de m'observer. De façon assez prévisible, je ressentis une certaine liberté. Peut-être même de la légèreté. Je n'étais rien que ce que j'étais. Je devais en sourire. Comme si nous étions deux dans ce carré préventif. L'un de nous deux était heureux pour l'autre qui sans pudeur s’exhibait. Je n'étais encore jamais parvenu à être un adepte du corps masculin. Je lui trouvais quelque chose de superflu. Je ne m'autorisais que la fréquentation de mon propre corps. 

mardi 14 octobre 2014

Reflet

Ce matin je l'ai senti. Avant même d'arriver dans la salle de bain. Je suis persuadé que les racines se trouvaient au plus profond de ma nuit. Une sensation familière que j'hésitais à qualifier. Outre que j'aime bien hésiter, il m'arrive de ne pas trouver les mots ou, plus modestement, le mot. Je me suis regardé dans la glace histoire de me dire quelque chose. Du style "Alors mon gars..." avec l'espoir, même ténu, de me faire sourire. Il ne m'a fallu que l'espace des trois petits points pour me rendre à l'évidence que ce serait peine perdue. Celui que j'avais en face de moi était en dessous de la ligne de flottaison. Je l'ai regardé avec tendresse, essayant de lui faire comprendre que j'étais avec lui. Mais rien n'y a fait. Sa tristesse troublait le reflet. L'air de rien je l'ai laissé face à son destin qui devait se dessiner sur le mur d'en face. Je me suis glissé sous la douche. Et là, l'accablement m'a rejoint dans la vapeur de l'eau qui ruisselait. Je me suis concentré sur le savonnage. J'en ai mis partout, même là où je ne vais jamais. J'ai regardé les bulles disparaître dans le siphon. Je suis sorti. J'ai attrapé une serviette et je me suis à nouveau planté devant le miroir. Il était toujours là, des gouttes en équilibre sur le crâne. J'ai vainement attendu qu'il me soutienne, ne serait-ce qu'un peu, ce qui aurait été un juste retour. Mais rien. Pas la moindre compassion. Aucune solidarité. Pourtant, je ne lui en veux pas. Je ne fais même que penser à lui depuis ce matin. Peut-être le retrouverai-je ce soir, une brosse à dents dans la bouche.    

Sans doute

Un jour sûrement. Un jour à n'en pas douter. Un jour sans presque. Un jour où la voix sera au-delà. Un jour j'entendrai ton chant. Des mots que je ne comprendrai pas se faufileront entre les harmonies. Ce jour où le sens n'existera plus. Ce jour sans lien, délivré des souvenirs. Ce jour suffira.

lundi 13 octobre 2014

Hasard

L'amour du pareil au même. Presque le même que celui rencontré dans les brumes. Sur les pas de cette blancheur confuse. La falaise se disloquait. Le fruit de sa défaite roulait sous mes pieds. Hors de la lumière du jour, le ressac s'accrochait au mouvement comme un rappel de l'usure. Le sens suivait le hasard du désir. Que sa silhouette prenne mon rêve avant que le temps ne se méprenne. Que pouvais-je craindre de ce monde qui se cachait dans l'absence? Comme un fossile dans ce brouillard venu du large, chaque goutte était comme un souvenir qui s'estompe dans l'impatience.

Sa voix

La retrouver dans ces quelques mots de douleur. Je repousse le matin. Encore un peu de temps. Encore un peu de temps pour me blottir. Pour que les caresses ne cessent. Pour que tout disparaisse. Jusqu'au jour où il ne restera rien. Demeurera cet instant. Cette solitude qui nous a ensevelis. 

samedi 11 octobre 2014

Celui d'après

Délaissant provisoirement mes souvenirs, j'entrai dans le hammam. Un homme, plutôt jeune, c'est à dire moins âgé que moi, se trouvait derrière un comptoir d'une couleur respectable. Je vis tout de suite dans son regard que quelque chose le chagrinait. Comme si son attitude avait été une injonction, je stoppai ma progression vers lui. Depuis tout petit j'ai une âme de coupable. Je ne sais pas d'où me vient cette facilité à me sentir en faute. Quoi qu'il en soit, sur le moment, sans qu'un seul mot ne soit échangé, j'étais certain d'avoir enfreint un point de règlement. Peut-être fallait-il que je me déchausse avant d'entrer ou que je baisse les yeux en entrant en ce lieu dont dieu ne pouvait être absent? En ces moment d'incertitude timorée je ne brillais pas par mon intelligence ou par toute autre manifestation d'une humanité de bon aloi.  

Je ne pouvais pas concevoir de faire demi-tour. Je m'avançai jusqu'à lui et lui fis part de mon intention de profiter de la chaleur ambiante. Avec une amabilité souriante, il me fit remarquer que l'entrée était réservée aux femmes. A la suite de cette révélation le silence s'installa. Je devinai dans son attitude combien il était désolé. Je ne savais pas trop quoi faire. Le sourire qu'il m'offrait m'empêchait d'évaluer sa détermination. Je n'avais pourtant pas l'intention de me conformer au règlement. En retour je lui souriais. J'avais conscience que ce ne serait pas suffisant. Pourtant, j'hésitais à lui parler, à argumenter. Il fallait que je l'entraîne à passer outre la règle sans qu'il se sente en danger, manipulé. Il fallait que j'utilise les circonstances et non pas remettre en cause le fait que les hommes ne pouvaient pénétrer en ce lieu. De toute façon, je ne sais pas convaincre. Dans mes relations avec les autres, je ne suis jamais crédible. Je donne cette impression de distance, de n'aspirer qu'à la solitude, cette solitude qui ne donne pas envie.
Sans trop savoir où j'allais, je lui fis remarquer qu'il ne restait que quelques minutes avant la fermeture et qu'en conséquence il était probable qu'il n'y ait plus personne. Peut-être avait-il la possibilité de le savoir. Il ne répondit pas à ma question. Je lui précisais alors, quel argument, que je pouvais m'aventurer à l'intérieur et que si je rencontrais quelqu'un, qui s'avérerait être une quelqu'une, il pouvait compter sur moi pour que je fasse demi-tour. Je n'avais quand même pas la tête d'un pervers. Il pouvait me faire confiance. De plus, dans ce cas, je ne demanderais pas à me faire rembourser. J'attendis sa réponse. Il resta silencieux. Illusion ou pas, la nature de son silence avait changé. C'était à présent un silence encourageant enrobé d'un sourire compréhensif. Il posa une serviette blanche sur le comptoir qui nous séparait. Je pris la direction des vestiaires.  

mercredi 8 octobre 2014

Profondeur

Le temps a passé. Je l’ai laissé s’éloigner. J’espérais qu’il t’emporterait, qu’il nous emporterait avec l’amour, cet amour que tu avais fait naître en moi. J’étais près de toi. Si près que j’entendais l’éveil des feuilles. Le mouvement des jours se perdait entre tes doigts. De tes lèvres s’échappaient des notes claires et sombres. Les instants étaient des éternités brisées. Les mots retraçaient des vérités qui t’apaisaient. Peut-être déjà une autre vie.  

Celui d'après

Je regardai l'heure. J'avais raté mon train. Je prendrai celui d'après. Après quelques pas, j'entrai dans le hammam avec des souvenirs. Les souvenirs d'une ville de l'Est. Cet ex Est qui fut des plus gris et austère, soumis pendant de nombreuses années à un hiver idéologique. Pendant plusieurs décennies, la seule preuve de l'existence du temps étaient les fissures grandissantes qui ornaient les murs des villas couleur sable qui s'imposaient le long d'avenues bordées d'arbres qui semblaient hésiter à se déployer au-delà des trottoirs sur lesquels marchaient ces femmes et ces hommes dont les souffrances ne sont peut-être même plus des souvenirs alors que je me dirigeais vers les bains alimentés par les sources chaudes qui se faufilent sous la ville. Durant toute un après-midi, je passais d'un bain à l'autre, me laissant aller à l'eau qui passait du tiède au chaud. Le plaisir d'avoir un corps. 

mercredi 24 septembre 2014

Celui d'après

«Il arrive que nos cœurs soient profondément liés à un partenaire de long terme, mais que nos corps s'ennuient.» Cette phrase de Andi Schreiber m'est revenu à l'esprit. Un homme plutôt voûté marchait vers la sortie du jardin. L'évidence m'a heurté. Un jour, mon corps ne serait plus désiré par personne. Plus aucune femme n'aura envie de le caresser, ni même de le regarder. Aucune main ne glissera plus entre mes cuisses. Plus aucune bouche n'accueillera mon désir. Plus aucune lèvre ne me fera fondre. Même ma main n'aura plus envie. je haïrai les souvenirs. Le souvenir de nos étreintes, de ces moments où je disparaissais dans ton souffle, où je m'évanouissais entre tes bras, où je me noyais dans ton plaisir. Ma vie se dissimulera dans le lointain. Je pensais à ce jour, ce jour où je serai ignorant, ignorant qu'une dernière fois dans l'aire d'un lit j'aurais repris mon souffle.
Comme si je voulais oublier ce qui allait se passer, je me suis levé. J'ai regardé autour de moi. Je n'avais pas envie de rentrer. Même si bientôt le soleil se contenterait de se laisser deviner, j'avais mieux à faire. J'avais envie de volupté et d'abandon.  

lundi 22 septembre 2014

Celui d'après

Je suis sorti de l’église emportant avec moi son silence. Silence que je retrouvais en pénétrant dans les jardins de la mosquée. Je me suis assis sur un banc. J'ai regardé le sol. Je pensais à la vie. Cette vie que je traversais. Ma vie. Cette sensation de ne pas vivre comme si je n'avais qu'une vie. C'était comme si j'attendais quelque chose avant de commencer à vivre. Ma vie était dans un entrepôt attendant que je vienne la retirer. J'en ignorais la date de péremption.
  Une feuille est tombée d'un arbre. Le vent ou la fatigue. J'ai entendu le bruit. Un bruit léger. Dans sa chute elle a frôlé d'autres condisciples. Elle rebondit. Je l'ai perdue de vue. Je voulais suivre sa progression vers le sol, absolument la voir se poser. Je lui offris toute mon attention. Un mouvement l'a éloignée des branches. Elle était dans la lumière. Comme si elle avait eu la volonté de retarder son contact avec le sol, elle décrivit des arcs de cercle. Sa légèreté ne la sauva pas. Elle rejoignit celles qui l'avaient précédée. Elles formaient une ondulation sèche et bruissante. Les pieds des derniers visiteurs leur donnaient un dernier élan vers l'ombre du soir.

lundi 15 septembre 2014

Celui d'après

Je n'ai jamais trouvé cette âme. Ni après avoir passé la porte ni dans cette église. Après m’être assis sur le banc, je consacrai quelques minutes à observer mon environnement. Je n’étais qu’un regard. La sobriété du lieu me reposait. Elle me préservait d’une introspection. Je n’allais découvrir aucun secret, aucune vérité. Je regardai la croix. Du bois, sur lequel était fixée une sculpture. Le message m’échappait certainement. Les vitraux retraçaient le chemin de la souffrance, du sacrifice, de cette quête du pardon qui ne peut qu'atténuer la culpabilité. En observant ces signes forçant le trait d'une condition humaine peu enviable, j'étais dans l'obligation de m'avouer que je n'étais pas étranger à cette représentation. Même si je voulais apparaître comme un étranger en ce lieu, comme un élément neutre, je devais bien m'avouer que ma vie était parsemée de culpabilité. Malgré mes efforts de légèreté, j'étais un coupable dans l'âme. Parfois coupable de tout et parfois coupable sans en connaître l'objet. Pourtant, ce que je voyais finit par m'insupporter. La représentation d’un esprit, d’une souffrance était une contrainte, un obstacle. Je n’avais besoin de rien pour croire. Être en vie me suffisait. 

jeudi 11 septembre 2014

Maintenant



Je tente de rester à la surface de la mort. Là où la lumière réchauffe les ombres. Je ne veux pas imaginer cette terre qui grouille. Je ne veux pas de cette mémoire qui fouille. J’ai peur de ces souvenirs qui s’enfoncent. Je veux oublier ces espoirs qui pourrissent. Je veux m’éloigner de ce vide qui vrille. J’ai besoin de croire en cette autre chose, ce prolongement de mon amour.

mardi 9 septembre 2014

Celui d'après

J’entrai et trouvai le silence. Un silence qui comme l’air envahissait l’espace et m’entourait de sa lenteur. Je lui laissais le temps. En ces premières secondes je n'ai rien ressenti. Je n'ai pas vu mon âme s'élever. Enfant, lorsqu'à genoux aux pieds d'un Christ crucifié (il m'a fallu plusieurs années pour découvrir qu'il n'avait pas passé toute sa vie sur la croix) se finissait ma confession qui en règle générale consistait à lire une liste de péchés plutôt véniels (mots dont j'ignorais la signification) affichée au mur, de sa voix miséricordieuse le prêtre, après avoir donné le détail de ma pénitence toujours composée de "Notre père" et "je vous salue Marie" en plusieurs exemplaires à réciter dans l'ombre de la contrition rédemptrice et alors que déjà je lui tournais le dos pour sortir de son bureau sorte de confessionnal convivial, me disait ainsi ton âme sera plus légère libérée du poids de ta faiblesse. Passé la porte, j'avais cette vaine volonté me sentir plus léger, libéré de je ne sais quoi. Si j'en croyais cette sainteté mon âme était à nouveau blanche. C'était cette époque de ma vie où je me devais d'accepter le sort qui m'était réservé. Malgré tout, sentant la caresse d'un sentiment de culpabilité, je ne pouvais m'empêcher de me poser cette question : où mon âme se trouve-t-elle?

mercredi 3 septembre 2014

Celui d'après


Si je pouvais me donner cette impression de marcher au hasard, j’étais à la recherche de quelque chose. Il me restait à déterminer la nature de ce quelque chose. Je jouais à être un homme sans passé, peu préoccupé de son avenir. Je voulais me sentir léger, être l'instant. J'étais un corps en mouvement. Je regardais les passants, l'agitation ambiante comme un spectacle qui me serait offert.
Après quelques pas je me retrouvai face à la grande mosquée, la grande mosquée de Paris. L'idée de dieu ne m'avait pas traversé l'esprit. Si j'exclus les présences forcées qui ont jalonné mon enfance et qui me voyait sur les bancs d'églises pour assister à des messes interminables et froides, j'avais peu fréquenté ce que j'appellerais les lieux saints. Hors les visites touristiques qui étaient teintées d'un soupçon de profanation, il m'était arrivé de passer du temps dans une église. J'ai un souvenir précis de l'une d'elle. 

C’était une église plutôt sobre. Bien sûr, certains signes ne laissaient aucun doute sur le caractère catholique de l’édifice mais je ne me sentais pas écrasé par une affirmation triomphante. C’était comme si ceux qui avaient participé à la conception et à la construction de cette église y avaient glissé un espace de neutralité spirituelle.

lundi 25 août 2014

Celui d'après

J'entrai dans le jardin. Ce n'était pas ma première traversée. Des parcelles aux angles droits. Des alignements de verts et d'autres couleurs. Une volonté de contenir, de prévenir d'éventuels débordements. Peut-être la peur du hasard. Un ensemble qui me paraissait figé, hermétique à toute évolution, si ce n'est à celle des saisons. L'archétype du jardin scientifique, fruit de théorèmes, planté de racines carrées sur lesquelles régnait la statue de Buffon. Mais ce jour là peu m'importait. Elles pouvaient pousser comme bon leur semblait. J'étais dissocié, un mouvement dans l'air, sans destination si ce n'est celle d'aller quelque part sans volonté particulière d'y parvenir. Je laissai les grilles derrière moi et débouchai place du Puits de l'Hermite. 

samedi 23 août 2014

Tentative



Désespérément à la recherche de doux pieds
Qui éclaire le fond des yeux du faiseur de crime
Jamais plus il ne se contentera de mime 
Quel que soit le vert lapidaire qui seul lui sied

Compter toujours pour retomber sur ses petons
Tout en gardant sur la langue la lenteur d’un rythme
Laisse se dérouler les contretemps du film
Images dont aujourd’hui nous nous souvenons

Parfois froissées nous nous abîmons dans leurs plis 
Alors le temps, souvenirs cassés, ressurgit
Il bondit d'âme en âme comme l'ombre d'un ballon


Nos lèvres s'ouvrent dans le silence de pierre
Nous oublions la musique des voix d'hier 
Il reste les mots du sang sur qui nous comptons 


mercredi 20 août 2014

Celui d'après

Ayant repéré un panneau sortie, j'empruntai un couloir, montai quelques marches et me retrouvai sur le trottoir, rue Monge. Puisque je ne l'avais plus, j'allais prendre mon temps. Probablement un autre temps, celui qu'aucun mécanisme ne peut mesurer, ce temps qui n'existe pas, qui ne marque rien, qui échappe à la mémoire collective, que l'on ne retrouve sur aucune photo, dans aucune bibliothèque, dans aucune chronique, qui échappe à la parole. Ce temps qui ne se partage pas, qui se dilue dans l'air.
Je pris à gauche. J'aime marcher au hasard, surtout à Paris. Passer d'une rue à une autre, d'un arrondissement à un autre, changer de trottoir comme je changeais de pays. Exagération, mais j'avais à chaque fois l'impression d'être ailleurs. Marcher ainsi au hasard me permet de m'affranchir de toute contrainte. Inutile de savoir où je vais, aucune heure fatidique. Une rivière qui coulerait sans jamais se jeter dans la mer. Le courant me déposa à l'entrée du jardin des plantes.

dimanche 17 août 2014

Celui d'après

Alors que je tentais de sortir la main de ma poche sans pour autant d'être soupçonné d'attouchements inappropriés sur personne non consentante, mon esprit et mon corps, probablement lassés de temps de promiscuité, me contraignirent à quitter la rame. Propulsé sur le quai par d'autres corps expulsés, il me fallut quelques secondes pour reprendre mon volume d'origine. Un courant d'air venu d'un couloir chassa la chaleur de mon visage. Aller à droite, aller à gauche. Pas la moindre hésitation. Je ne savais pas. Je pris la décision de m'assoir sur le banc qui me faisait face et de laisser passer un peu de temps. Dans le métro je ne supporte de donner l'impression de ne pas savoir où je vais. C'est le seul endroit où j'aimerais être pris pour un parisien. Je regardais le quai d'en face. Au-dessus d'une affiche qui était censé nous inciter à partir loin d'ici, je découvris que j'étais descendu "Place Monge". Sacré Gaspard. J'étais incapable de situer l'endroit où je me trouvais. Je pris la direction de la sortie.

jeudi 14 août 2014

Pétarquette à la française (revue)



Parfois à portée de main
Je me souviens de ces rêves
Comme les présents d’une trêve
Dans l’attente du matin

L'aube coulait sur mes mains
Rosée dans l’herbe qui lève
Avant que le désir ne s’achève
Jusqu’à en oublier demain

Je n’ai plus aujourd’hui envie
De ces lointains encore en vie
Je laisse s’approcher le repos

Le vide prend sa place
Dans l’ombre d’en face
Où se cache le dernier mot

mercredi 13 août 2014

Celui d'après

Accroché à la barre comme un coquillage qui tente de résister, en vain, au flot, je regardais défiler les stations. Au gré des accélérations, les corps finissaient par s'agréger pour former une masse, sorte d'hydre informe et mouvante. Les haleines se mêlaient et répandaient une humidité qui semblait provenir du fond d'un marécage tapissé par des siècles de dépôts. A chaque arrêt, il n'était pas question de frôlements mais de frottements que les impératifs individuels pouvaient rendre agressifs. C'était comme si chacun de nous était un élément d'un mécanisme dont on n'aurait pas encore trouvé la fonction. Une fois les portières ouvertes, de nouveaux éléments pénétraient dans l’habitacle avant même que les anciens s'en soient tous extirpés. Ceux qui demeuraient se voyaient repoussés, contraints d'entrer en contact avec d'autres corps, de respirer d'autres mélanges. Pour ma part, temporairement résigné, je n'offrais aucune résistance aux mouvements. Je prenais la forme de l'espace qui m'était laissé. Selon l'ampleur du solde entre les entrants et les sortants, il arrivait que je ne puisse bouger. Parfois, trop éloigné de la barre, je n'avais rien à quoi me raccrocher.  

lundi 11 août 2014

Celui d'après



Il faisait chaud. Je m’en souviens. Une chaleur qui clouait au sol. Une chaleur qui vous donnait l’impression d’évoluer dans un bain de mélasse. Je rêvais d'une douche. Un jet d'eau froide qui m'aurait surpris, saisi. Le souffle saccadé, j'aurais senti la fraîcheur précipiter la transpiration devenue colle. Mais rien de tout cela. J'étais au milieu des autres. Je faisais tout pour éviter les contacts. De tous côtés me parvenaient les odeurs d'hier et d'autres jours plus anciens. Je ne pouvais m'empêcher de penser à tous ces recoins où devait s’amonceler en couches successives la sueur que les frottements modelaient en vagues jaunâtres dans lesquelles se figeaient des touffes de poils trop longtemps restées dans l'ombre des solitudes nocturnes. J'avais l'impression d'observer comme pouvait l'avoir fait Zola. Un pseudo réalisme emprunt de mépris. J'avais exclu toute beauté, toute tendresse de mes observations. Cela ne me ressemblait pas. La fatigue certainement. Cela faisait déjà un moment que j'étais dans le métro. Mon séjour sous terre se prolongeait au-delà du prévisible. Je m'étais trompé plusieurs fois de direction. Toutes les conditions étaient remplies pour que je rate mon train. 

vendredi 8 août 2014

Va savoir

A la fin, quand tout est terminé, quand il serait déjà trop tard, à ce moment où tout se fige, où le temps est passé à autre chose, où le présent peine à se faire une place, où la vie est un reflet de nos souvenirs, juste avant que l'ombre ne se referme, à quoi pense-t-on?

mercredi 6 août 2014

Tournicoti



Ce matin je parcourais sur l’écran les titres en une de mon quotidien préféré. J’ai remarqué que la façon dont est rédigé un titre peut avoir une influence sur ma décision de lire ou pas un article. Ceci dit je les faisais défiler l'esprit détaché, baignant dans la quiétude d'un mois d'août qui peine à justifier sa réputation. Depuis quelque temps déjà je flottais sur la douceur des jours sans objectif, jours livrés à mon oisiveté. Je n'esquissais pas la moindre interrogation. Je me laissais aller sans destination. Je lisais donc ces titres quand sans crier gare et alors que je ne lui avais rien demandé, alors que je m'en balançais royalement apparaît le titre "Il assure ne pas avoir pris sa décision concernant la présidence de l'UMP". Mais, me demandais-je, qui lui a demandé quelque chose, qui a envie de savoir ce qu'il n'a pas décidé? J'étais tranquille, naviguant dans ce temps sans aspérité, dédié au plaisir du jour glissant vers l'éternité et le voilà tel un Zébulon ne pouvant s'empêcher de tournicoter qui s'agite devant mes yeux sur lesquels passe le reflet de l'agacement. Que n'est-il un moustique que d'une claque je pourrais écraser. De savoir qu'à chaque instant il peut surgir...

mardi 5 août 2014

Au bord de l'autre

Au bord de toi
J'ai le vertige
Loin des vestiges
D'amours d'autrefois

Quand l'eau ruisselle
Sur les goûts d'hier
J'aspire l'amer
De l'ombreux isocèle

Les gouttes parsèment
La tentation d'un creux
Quand se répand  laiteux
Entre les veines celui-là même

Je tombe ainsi de toi
Emporté par la mort
Comme si alors
Ne restait que le froid

samedi 2 août 2014

Et pourtant

Je sais qu'il n'y aura pas d'autres matins
Je sais que ne se joindront plus tes mains
Je sais que tes doigts ne joueront plus
Je sais que les mots ont disparu
Je sais que tes notes se sont envolées 
Je sais que ton sourire s'en est allé
Je sais que tu ne tourneras plus les pages
Je sais que je ne me souviens plus de ton âge
Je sais que tu ne verras plus le bleu du ciel
Je sais que le temps est resté tel quel
Je sais que les pierres se figent dans la terre
Je sais que tu traverses les reflets de la lumière
Je sais que la vie nous a laissés sans voix
Je sais que s'est rompu le fil de toi
Je sais que je cède à l'abandon
Je sais que peu m'importe l'horizon
Et pourtant



jeudi 31 juillet 2014

A voir



Peu de chose. Un photo. Une parmi d'autres. Elle évoque un instant, un moment, une journée et finit par recouvrir toute une vie. On y voit ce qu'il y avait avant. Ce qui est arrivé après. Peut-être ne sommes nous plus très sûrs. Ce qui reste est en nous.Un visage fait naître un sentiment, lui redonne vie. Mais ce n'est qu'un mouvement figé. Trop bref pour une pensée. Qu'avons-nous saisi? Nous la regardons. Peut-être telle nous fait-elle sourire. Elle est déjà avide de l'après. Pourtant nous revenons d'un bon à ce moment qui pourrait n'être que cette impression. Ou alors une illusion qui avec patience, tapie dans une boîte, attend notre regard. Elle nous laisse le choix. Le choix de voir, de découvrir, de deviner, d'imaginer, de croiser un regard. Vivre une promesse qu'elle nous avait offerte et à nouveau ressentir cette douleur. Cette douleur qui est devenu un jardin où l'on attend que cette main se pose sur notre épaule.

dimanche 27 juillet 2014

Tout là-bas

Comme nous étions. T'en souviens-tu? Si longtemps déjà. Comme de l'eau évaporée. Il ne reste rien. Les nuages ont quitté l'horizon. Ce qui était proche s'est éloigné. Je rêve que je t'embrasse. Tu souris dans l'air qui te caresse. Je sens ta peau. La douceur des premiers jours. Je me réveille. Un lendemain. Je m'éloigne à mon tour.

jeudi 10 juillet 2014

Déjà

Je suis un sexophoniste.
Pourquoi serais-je triste
D'être ainsi un artiste
Dans la peau d'un dérivatif
Pas pressé d'être hâtif
Je te joue en lascif
Tu en prends bonne note

mercredi 9 juillet 2014

A revoir

Dans le courant flaire et désespère
Faut-il attendre jusqu'à se tendre
Et rouler jusqu'au fond du cratère
Au bout de la vie s'en balancer
Pour s'accorder et se pendre
Totem de l'amour imploré
Quand même comme un fou
Et finit par le dire malgré tout

On samba les couilles (la der)

Hier soir. Hier soir, comme c'était une demi-finale, je me suis assis sur le dossier du canapé, genre gradins comme ils disent. A la mi-temps, j'ai quitté les gradins pour ne plus y revenir. J'en avais assez vu. Quelque peu hypertrophiée, c'était malgré tout la confirmation. La confirmation comme une claque.
Voilà. Pour ce qui me concerne, la coupe du monde c'est terminé. Je vais tailler l'asphalte. Je ne suis pas mécontent de finir plus tôt. Ça me pesait sérieux. Je me demande si je n'ai pas regardé avec plus d'intérêt le curling à Sotchi. Hier soir, les allemands avaient le balai en main et le ballet dans les jambes. Aucun souvenir. Je ne garderai aucun plaisant souvenir et n'en suis pas mécontent mais content, plutôt. Que dire de plus? Ah oui, tonton. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu. A se demander si il n'est pas mort. Pour hier, il m'aurait certainement dit " tu vas voir, ça va être un sacré match". J'aurais en mon for intérieur haussé les épaules.

mardi 8 juillet 2014

On samba les couilles (22)

Hier soir. Hier soir, rien, ai-je noté dans mon journal intime. C'est à cette occasion que j'ai découvert que j'avais un journal intime. Rien est un terme un peu définitif à caractère réducteur. Rien concernant mon intimité. Je me demande où se trouve cette intimité. La coupe du monde en fait-elle partie? Pour les autres jours, je ne me souviens de rien. J'avais pourtant préparé de quoi passer une bonne soirée et puis le trou. Le vendredi soir a disparu. Bien qu'invité, j'ai pourtant eu l'impression d'être bien en place. Dans mon souvenir, bien qu'un peu sur la réserve, j'avais fait une bonne entame de soirée. Tout en respectant le schéma tactique élaboré au cours des soirées précédentes, qui sans être innovant n'en était pas moins audacieux, je n'excluais pas de prendre l'initiative le moment venu. Et puis, tout s'est délité. Le manque d'expérience des grands rendez-vous? La peur de mal faire? Une trop longue attente qui a fini par m’inhiber. La maladresse au moment du dernier geste? Toujours est-il que je n'ai même pas eu l'impression de fouler le gazon. A peine si j'ai fini le nez dedans. Ne suis-je encore qu'en devenir?
Ce n'est qu'une fois avoir atterri sur mon canapé que je me suis vraiment rendu compte que ça avait été une foirade complète. J'avais tout perdu. Mais comme dit mon tonton, un homme qui a tout perdu n'a plus rien à perdre. La prochaine fois, je jouerai à domicile.  

vendredi 4 juillet 2014

Qui est-il?

Pour tout vous dire je me suis demandé. Je me suis demandé si j'allais écrire sur le sujet. Depuis plusieurs mois je m'étais astreint à respecter un devoir de réserve. A plusieurs occasions, forte fut l'envie, la tentation de faire fi du devoir. Mais mobilisant toute ma volonté, j'ai résisté. L'eau continua de couler sous le pont au dessus duquel je me penchais pour regarder les poissons frétiller dans l'eau claire. Et puis là, j'ai craqué. Je sentais bouillir en moi cette envie qui allait devenir irrésistible. Cette envie de lui dire ferme ta gueule, tire toi, tu me casses les couilles! Et puis, je me suis dis non. Pas d'invective. Si tu veux en parler, fais le dignement, dans le respect de ton prochain, avec compassion, avec empathie et pourquoi pas avec amour. Je me suis regardé dans la glace et j'ai lu dans mon regard "N'en fait pas trop quand même".

Qui est-il pour venir ainsi pleurnicher à la radio, sans une once de pudeur? Qui est-il pour ainsi venir étaler ainsi sa vie privée à l'écran? Qui est-il pour qu'une radio, pour qu'une chaîne de télévision se déplace chez lui et enregistrent ses plaintes à n'en plus finir? Qui est-il pour que deux journalistes lui obéissent ainsi au doigt et à l’œil? Qui est-il pour se permettre en doute la probité de nos magistrats? Qui est-il pour se permettre ainsi de déconsidérer notre justice? Qui est-il pour nous demander de prendre partie pour lui et contre nos institutions? Qui est-il pour croire que nous comptons sur lui pour nous dispenser une quelconque vérité révélée? Qui est-il pour nous prendre à témoin d'affaires dont nous ignorons tout du contenu? Qui est-il pour nous servir une bouillie qui finirait par étouffer notre sens critique? Qui est-il pour se poser ainsi en victime et n'avoir pas confiance en notre justice? Qui est-il pour brandir et se réfugier derrière la théorie du complot, à l'instar de l'extrême droite? Qui est-il pour disposer de tant de moyens pour répandre la suspicion, le mépris, le discrédit, pour accuser sans discernement? Qui est-il pour avoir tant d'amis qui s'acharnent sur une juge, font circuler des mensonges, remettent en cause des droits consacrés par notre constitution? Qui est-il pour croire que nous croyons en l'homme providentiel? Qui est-il pour penser que nous allons croire un homme qui la main sur le cœur avait juré que l'on entendrait plus parler de lui, un homme qui a abandonné toute responsabilité politique pour faire du fric comme il le précisa lui-même et qui se permet de donner des leçons d'engagement. Qui est-il pour nous infliger tout cela? Qui est-il? Un simple justiciable?

On samba les couilles (21)

Au hasard de lectures hasardeuses je suis tombé sur le témoignage de Just Fontaine à propos du match France-RFA pour la troisième place de la coupe du monde de 1958 en Suède gagné par les joueurs français 6-3: « une sorte de kermesse était organisée. Les Suédois nous ont fait monter sur l'estrade pour que l'on chante La Marseillaise. Mais comme nous ne connaissions pas bien les paroles, on a chanté Les Couilles de mon grand-père. Les Suédois n'y ont vu que du feu. ».
Putain, ça fait du bien. Je suis tenté d'en rajouter, mais ce témoignage se suffit à lui même, car comme dit mon tonton faites l'humour pas la haine.

Le rock est dans le pré 2014

Des liens pour des photos.

https://picasaweb.google.com/ideeplume/LeRockEstDansLePre2014Preparation?authkey=Gv1sRgCN_e0rCUvo-o9QE

https://picasaweb.google.com/ideeplume/PendantLeRockEstDansLePre2014?authkey=Gv1sRgCIXl_Kb3uMWYhQE

https://picasaweb.google.com/ideeplume/LeRockEstDansLePre2014LeLendemain?authkey=Gv1sRgCM6flqa689GIjgE

mercredi 2 juillet 2014

On samba les couilles (20)

Hier soir. Hier soir, un peu avant 18h, je rentre. Avec une relative lenteur, je me prépare des bricoles à manger en attendant mieux. Il s'avérera que j'attendrai en vain ce mieux. Je m'installe dans le canapé, qui maintenant vous est familier. Je me saisis de la télécommande et appuie sur le bouton rouge. Et que vois-je apparaître sur l'écran? "Bienvenue chez nous". Je vérifie. C'est bien ça. Et le soir j'aurai droit à Joséphine ange gardien. Je n'ai donc rien vu, rien entendu. Je ne sais pas qui. Je ne sais pas comment. Se confirme mon peu d'intérêt. Je ne sais pas comment cela est possible. 78, 82, 86 j'attendais ça avec impatience. Je ne pensais qu'à ça. A bien y réfléchir, le fléchissement à commencé en 90. L'Italie. Alors que l'Allemagne perd en 82  avec le gros Hrubesch, une vrai terreur des surfaces avec des pieds carrés et une tête de pioche, elle gagne en 90 avec le fin Klinsmann. Faut dire qu'il courait vite. A propos de vite, je me suis souvenu de Boniek qui réceptionnait les passes en profondeur de Platine. En deux temps, trois mouvement, elle était au fond. Et puis 94. Pour la deuxième de suite nous n'y sommes pas. Ça ne valait effectivement pas la peine d'y aller. Je me suis souvenu du temps où les belges nous mettaient des taules à chaque match. L'époque de Van Himst. Et puis plus tard, Vercauteren. Cette chronique n'a aucune structure. Comme dit mon tonton, des fois, vaudrait mieux pas.
J'ai une pensée pour Andrès Escobar qui fut assassiné le 2 juillet 1994.
https://www.youtube.com/watch?v=qFjke_ahBYY

mardi 1 juillet 2014

A peine

Le début du jour. Quand rien n'a encore commencé. Ces minutes qui nous appartiennent, que nous regardons couler sans inquiétude, comme si elles étaient l'éternité. A cet instant nous ne savons encore rien. La douceur de la solitude. Nous sommes là. Corps et âme.
Mon regard fixait le bout de la table. Proche de la chute, je balançait dans l'équilibre. J'étais organique. Un oiseau s'est posé sur la barrière. Il regardait d'un œil qui me paraissait fixe, à l'affut d'un mouvement. J'ai fermé les yeux. Une porte s'est ouverte. J'ai entendu son vol. 

On samba les couilles (19)

Hier soir. Hier soir, oui j'avoue, j'ai regardé. Ils ont gagné et pourtant... Je n'ai pas arrêté de ronchonner, de bougonner en regardant toutes ces transmissions hasardeuses, approximatives. Passes trop fortes, suivies de contrôles non maîtrisés. Lenteur, joueurs mis hors de position d'une simple feinte de corps de l'adversaire. Très souvent, ils se sont faits balader, déborder. Valbuéna plutôt lourd. Giroud lent, maladroit, avec une technique de minime. La victoire est heureuse à défaut d'être belle. Les commentaires de Wenger toujours aussi indigents, qu'une absence de recul caractérise.
Nous allons donc retrouver les teutons. Restons fair-play. Nous allons retrouver nos amis d'outre-Rhin. Nous ne pouvons échapper à 82. Je me souviens. Je me souviens surtout que je n'ai pas vu le match. J'avais opté pour l'exultation corporelle. Je m'étais drapé dans la moiteur des plis. Loin de Séville où sévissait Arald dans une algarade qui nous coûta la coupe. Comme dit mon tonton, les fridolins ont toujours tranché dans le vif. J'évite de lui faire répéter.
Pour le reste, je ne parviens pas à m'emballer.
Je ne pourrai pas les regarder vendredi.

lundi 30 juin 2014

On samba les couilles (18)

Hier soir. Hier soir dodo. Oui, je sais, nous devrions en être à la chronique 19. Pour tout vous dire, samedi soir j'ai joué la prolongation, et non les prolongations, ce qui m'a conduit jusqu'à dimanche matin, à l'heure de la première clarté, il est vrai un peu moutonneuse. Je ne suis pas passé par la séance de tir au but. Le rock a largement couvert la samba. Dit autrement, le Rock'in a croqué Gilberto. Et dimanche, du moins ce qu'il en restait, comme les chiliens, le coup de barre. Le coup de barre à l'ouest qui m'a mollement déposé sur le canapé dans lequel, devant Mexique-Pays-Bas je me suis endormi. Quand je me suis réveillé, il était pas loin d'être trop tard. Le Mexique semblait s'y voir, attendant que le temps passe. Et puis... Il a suffit que Robben nous la joue comme si on lui avait arraché la cheville et c'était plié. Pour ce qui est du deuxième match de la soirée, ils l'ont joué sans moi.

Le Brésil? Je n'en ai rien vu. Était-ce bien la peine de voir des brésiliens à la peine, touchant pour ce qui les concerne, la baraka alors que les chiliens devaient se contenter de toucher la transversale. Comme dit mon tonton, c'est bien de toucher, mais à la fin faut quand même songer à la mettre au fond. Je ne sais pas où il en est avec le second degré. A propos de barre, cela me rappelle bien sûr, 66. Angleterre-RFA comme on disait à l'époque. Hurst qui frappe. Naissance de la notion de but fantôme. Il va hanter et continue de le faire, la réalité de la victoire anglaise.
https://www.youtube.com/watch?v=0Uhe_l1h3w8

Pour ce soir, je regarderai et nous verrons.   

dimanche 29 juin 2014

Older



Ça va ronfler dans les tympans, ça va déménager dans les pavillons, ça va marteler l'enclume, ça va étriller sévère, je vous présente OLDER. J'avais écrit cette présentation avant un de leur concert, je me suis permis de la reprendre comme l'on reprend une bonne bière dont le goût me ramenait dans ce rade où joua ce soir là Older. Older est une bière, une cervoire au goût un peu rêche, une bière qui bastonne, qui vous hache menu l'occiput, qui vous fait mousser le cortex; Older, c'est le son de l'au-delà et par chance ils sont ici.

Victoria

Nous sommes en 2001 et se joue dans le studio U-Boat l'apothéose d'une odyssée, celle de Victoria. Émerge d'une collaboration multiculturelle un disque baptisé Rain. Des milliers de gouttes que l'on écoute et qui nous parfument de volutes en ut majeur. Connu dans le milieu, chroniqué dans RnF, le groupe confectionne des mélodies du style rock in Lisbonne dont le titre le plus représentatif est "si t'es pas sage on t'jette dans le Tage", souvenir édifiant d'un traumatisme subit par Claude, chanteur à la voix profonde comme une pensée Gérard Manset. Et depuis, telle une légende urbaine qu'entretient l'absence, Victoria hante les esprits, aiguise le désir d'à nouveau les entendre. Comme avant eux pour Blue Oyster Cult, the Turtles, Cream, Young Marble Giants ou David et Jonathan, courrait la rumeur d'une reformation. Et puis les bruissements de l'espoir sont devenus réalité. C'est ainsi que ce soir, pour vous, pour nous apparaît pour une unique et dernière fois Victoria que tous les festivals, du Sziget aux Eurockéennes, se sont arrachés en vain.Plutôt que la fortune sonnante et trébuchante ils ont choisi la chaude amitié du Rock est dans le pré.   

Grapes



La première fois que j'ai vu et écouté Grapes c'était à Rouen. Les terrasses du jeudi. Il pleuvait. Il faisait froid, ce qui confirmait que Rouen accueillait un groupe havrais. Ils ont pourtant réussi à me faire oublier, car il faut oublier, les gouttes pour goûter les mélodies qui note après note ont envahi mon pavillon et y sont toujours comme une décoration musicale.  A vrai dire,quelque soit le temps, il est toujours temps de les écouter. Ils sont habituellement quatre. Mais, bémol, sur le dos est l'un d'eux. Ils sont donc trois et de ce fait ne seront pas à l'étroit. Ils seront à l'occasion rejoint par le requin, j'ai nommé Philippe Petitqueux dit Grattemanche, allez savoir pourquoi.