mercredi 29 avril 2015

Suffisait de le dire

Je sais, j'avais dit que j'arrêtais quand je voulais, que ce n'était qu'une simple question de volonté dont je ne manque pas et pourtant, je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai replongé. Je n'en suis pas fier mais tout m'y incite tout le temps. L'impression que tout peut se justifier. Ce n'est pas une découverte mais une constante. je lisais un article à propos de l'Azerbaïdjan où vont se dérouler les jeux européens, sorte de mini JO. Une dictature familiale dirige ce pays, avec un président réélu avec 85% des suffrages ce qui, compte tenu du contexte politique, reste raisonnable. Comme pour Pékin, ces jeux nécessitent la construction d'infrastructures qui entraînent des expropriations. Et donc comme toujours, la question, plutôt formelle, qui se pose est : fallait-il attribuer ces jeux à ce pays? Ce qui est étonnant c'est qu'il se trouve encore des personnes pour répondre à cette question. Entre une femme politique française, qui bénéficie de subventions de la sus-dite dictature, qui nous dit  « C’est un pays jeune avec une population jeune qui n’a pas eu de bonnes habitudes démocratiques, mais ils progresseront ! », et un membre du comité olympique français qui, soucieux de respecter le principe de non ingérence, nous sert un « C’est un pays jeune qui a besoin de s’affirmer et je ne me permets pas de juger la question politique ». Nous ne pouvons qu'en conclure que la jeunesse justifie tout.
Pour terminer, cette célèbre phrase de Michel Platine « Le foot, c’est le foot ; la politique, c’est la politique, je pense que si on commence à mélanger, on n’aura pas beaucoup de foot dans le monde. ». Je rappelle que on est un con.

mardi 28 avril 2015

Hein dis

Au bout de ton doigt, je suis ce que tu crois. Tant que tu me garderas dans tes yeux. Tant que tes pensées me berceront. Tant que tu m'ouvriras tes bras. Tant que tu m’emmèneras. Tant que nous serons si fragiles.  Tant qu'il sera toujours temps. Tout autour dans les détours de l'amour, nous garderons le secret des lèvres qui chuchotent. Il nous restera toujours. Toujours cette impression qu'un jour nous serons réunis, que le temps ne s'était qu'absenté, qu'il avait trébuché contre un oubli. La vie ne peut disparaître ainsi. Pour aller où? Que ferait-elle sans nous, à se morfondre dans l'ombre, dans le froid de la solitude? Dis-moi qu'elle ne le ferait pas, qu'elle n'oserait pas, qu'elle n'est pas si cruelle, qu'elle nous aime plus que tout, qu'elle ne nous a jamais abandonnés même si elle a pu hésiter. Dis-le moi.

dimanche 26 avril 2015

Non?

Après avoir marché, je suis arrivé au bord de la falaise. Au hasard, l'herbe découpait le bruit de mes pas. J'avais d'abord traversé l'espace qui me séparait. Une attirance désordonnée me servait de guide. A mi-chemin, le soleil se noyait dans la brume. En équilibre dans l'horizon, il transmettait un halo. Il dessinait une douceur respectueuse. Il donnait l'impression de ne jamais en finir, comme une épaisseur qui aurait ralenti son mouvement jusqu'à donner l'illusion de l'immobilité. Cette impression d'avancer mais de ne jamais se rapprocher. Comme un tableau dans un musée. Entre la craie et le flou, les oiseaux aux formes fureteuses observaient les remous. Certains semblaient être absorbés par la lumière. Certainement réapparaissaient-ils près de la ligne du cadre. Aussi loin que pouvait porter le regard, la surface de l'océan ressemblait à un miroir éteint. Il prenait vie aux abords de la plage. Ce jour là, comme épuisée par un long voyage, les vagues s'écroulaient lourdement et se répandaient sur le sable. Elles entraînaient avec elles une écume qui prolongeait le relief. J'en ai profité pour sauter.  

vendredi 24 avril 2015

A

Là-bas, tout là-bas, par delà, j'y parviendrai pas à pas. Épars sur le chemin, te voilà, je te vois là. Dans l'arbre s'enroule la mosaïque des couleurs essoufflées. Comment était-ce à ce moment là? Comment croire que tout est si loin? Au-delà s'estompe le vent de ton retour. Le matin s'efforce. 

jeudi 23 avril 2015

Investigation

Parfois, je me demande. Je me demande mais pour qui nous prend-on? Que cherche-t-on à nous dire? Il y a longtemps, bien longtemps que je ne regarde plus le journal dit de 20h. Le dernier devait être présenté par Léon Zitrone. Mais, de loin en loin, il arrive que je sache ce qui s'y passe surtout lorsque l'on tient absolument à ce que je ne l'ignore pas. Il en fut ainsi en ce début de semaine. Le service public de l'audiovisuel ne fut pas avare de promotion pour nous avertir que le présentateur vedette Pujadas avait obtenu l'insigne honneur de rencontrer Bashar al Assad. Il n'était pas dans mes intentions ni de regarder ni d'écouter ni de m'y intéresser le moins du monde. Mais souvent mes intentions ne se concrétisent pas. J'ai, sur la base d'un échantillon représentatif, pris connaissance de ce qui s'avéra être un triste spectacle. Je savais qui était Assad et qui était Pujadas. Ce que je savais a été, s'il en était besoin, confirmé. Etait-il bien raisonnable de se payer un voyage en Syrie pour ça? Ecoutons Pujadas qui nous dit : « Nous, la question qu'on se pose, c'est “est-ce qu'interviewer l'un des protagonistes d'un des pires conflits depuis vingt ans permet à nos spectateurs de se forger une opinion ?” La réponse est indéniablement : “Oui !” ». Comme quelqu'un que nous connaissons tous, il répond aux questions qu'il pose. "Interviewer l'un des protagonistes" comme si Assad n'était ni plus ni moins qu'un syrien comme les autres rencontré au hasard d'une rue de Damas.



mercredi 22 avril 2015

Isn't she lovely

US - TIME 100 GALA 

 Hein Marine, comme il est doux, comme il est gratifiant, comme il est jouissif d'être adoubée par la classe médiatico-politico-capitaliste qui, dans l'ombre au sein du complot mondialiste, tire les ficelles au profit d'une caste avide de profits au détriment des petites gens qui errent, oubliés de tous, dans un monde qui les a spoliés de leurs droits pour les offrir à tous ces étrangers qui n'ont de cesse de nous imposer leur mode de vie barbare.

Car un gamin carmin demain (étude)

Le sang se répand et serpente en suivant l'inclinaison. Par gouttes successives, il forme sur le carrelage une flaque aux contours flasques. La plaie, comme une gargouille éventrée, laisse se déverser les jets qui surgissent des veines sectionnées. La chair encore chaude offre sa molle intimité suintante de part et d'autre d'un sillon d'où apparaît, comme un pointillé calleux, l'os. L'avant-bras ainsi ouvert repose sur le côté gauche d'une table. A en juger par son aspect familier, ce pourrait être une table de cuisine. Il n'y a aucune certitude à ce sujet mais le fait que cette hypothèse puisse être avérée ne serait source d'aucune surprise.Au bout du bras pend la main désormais inutile. Dans son creux, le sang colore les lignes qui se réunissent pour former une étoile indécise. Sur la droite de la table un couteau dont les dents encore rouges laissent supposer qu'il a été utilisé pour procéder à la découpe. Ce modèle ne permet pas la précision, la peau arrachée par endroit en témoigne. Cette imprécision n'est pas non plus étrangère à l'inexpérience de l'auteur de cette découpe. Il est parti à l'aventure, curieux de découvrir ce qui se cachait à l'intérieur.     

mardi 21 avril 2015

Ta gueule

Ce matin, à peine avais-mis un premier pied sur le plancher que je me suis écrié, intérieurement, qu'il suffisait, que cela ne pouvait plus durer, qu'il fallait mettre le holà, que l'on avait atteint les limites du supportable, que cela conférait à du harcèlement moral, qui plus est en toute impunité. C'est ainsi qu'avant même de poser le deuxième pied, je me suis posé la question suivante : sommes nous incapables de vivre au jour le jour? Sans cesse, de façon insidieuse et sournoise, nous est rappelée la précarité de notre condition.
Mais alors, pourquoi cette ire matinale, cette ronchonnade dès potron-minet jetée à la face du monde? Banalité. Ce matin, par l'entremise de la radio, j'apprends que d'un point de vue météorologique la journée sera belle, chaude et ensoleillée. A peine mon corps a-t-il le temps de se réjouir de jouir de l'insouciante chaleur que va lui offrir cette nouvelle journée, que le journaliste de faction m'assène un "Attention, profitez-en car ça ne va ne va pas durer". Comme dirait JC "D'où j'ai besoin de lui pour savoir que je vais goûter ce jour". Mais surtout, ne peut-il pas me foutre la paix avec demain, après-demain, voir la semaine prochaine. Ne peut-il me laisser jouir paisiblement là dans l'instant, de chaque minute que m'offre la vie. Je le sais qu'un jour, il va finir par pleuvoir mais aujourd'hui, je m'en tape. C'est comme si, alors que je suis en train de faire l'amour, un gus faisait irruption sur zone pour me dire "Profite bien mon gars, parce que dans 20 ans, finies les érections".    

dimanche 19 avril 2015

0 point 0 (suite et fin)

Pendant la nuit je me suis transformé en journaliste d'investigation. Il s'agit du conseil général de la Creuse dont le président est une présidente, à savoir Valérie Simonet. J'ai donc entendu un de ses adjoints, à moins qu'elle ait une grosse voix. La grosse voix avance donc trois raisons pour expliquer cette décision. Quand on ne doute pas du bien fondé de sa décision, une seule raison suffit, mais là ceinture-bretelle. Premier argument, à l'origine, en 2010, il s'agissait d'une décision démagogique prise par François Hollande dans la perspective de sa candidature pour l'élection présidentielle (?), en deuxième lieu, l'intérêt pédagogique de la tablette n'a jamais été démontré (alors que celui du tableau noir a fait l'objet de nombreuses études, comme chacun sait), et enfin la tablette étant fabriquée en Chine, "dépenser 15 millions d'euro pour les petits français, cela faisait surtout plaisir aux petits chinois".
Voilà, tout autre commentaire serait certainement superflu.

samedi 18 avril 2015

0 point 0

Ce matin, encore (pourquoi ce encore) entre couette et drap housse, j'écoutais la radio. Comme souvent le matin, certaines informations ne font que me traverser le cerveau, d'autres y demeurent partiellement et enfin certaines s'incrustent. A croire que le tamis de mon cerveau n'est pas très fin. Ce qui m'agace c'est que parmi les informations dont je n'ai retenues que quelques bribes, certaines ne sont pas sans intérêt. J'ai parfois envie de les partager. Dans ce cas la restitution est laborieuse. Prenons donc l'exemple de ce matin. Un homme politique annonce une décision qu'il a prise. Je n'ai pas retenu son nom. Il vient d'être élu président d'un conseil général. Je ne sais pas lequel. Quel parti? Ça j'ai retenu. Celui qui va bientôt changer de nom. C'est de l'acharnement mais je n'ai aucun scrupule à tirer sur une ambulance.
Donc ce président a pris une décision: les élèves de cm2 ne recevront plus de tablettes avant leur entrée en 6ème. Légitimement on se pose la question : mais pourquoi une telle décision? Moi-même, pourtant toujours dans la position horizontale à cet instant, je me la pose. Je ne suis pas déçu, elle ne tarde pas. Même si ce n'est pas une règle établie, une décision politique, puisque prise par une personne affublée du même qualificatif, est une décision positive qui a pour finalité l'intérêt général et à ce titre peut nécessiter la concertation de tout ou partie de la population. Que de précautions oratoires allez-vous dire. Un besoin de poser le décor. Alors, le président avance trois raisons à sa décision, prise quelques jours après son élection par l'assemblée départementale. On devine qu'il y avait réfléchi de longue date, que ça ne pouvait pas attendre et qu'il tenait là le symbole de la rupture avec la précédente gestion qui ne pouvait qu'être dispendieuse.
C'est un peu long, je continuerai demain.  

vendredi 17 avril 2015

Au lendemain

Ici se trouvait un fleuve, un torrent, une rivière. Ce dont il est certain c'est que de l'eau coulait. Elle a laissé les formes arrondies des flots. Il observe le souvenir de l'énergie. Cette force arrachait alors dans sa course le minéral qui s'accrochait aux berges. Il venait là quand les jours s'étiraient dans la lumière traînante. Il laissait le courant emporter son regard. Plus d'une fois il avait résisté à cette envie de se mêler à cette eau qui ondulait. La surface changeante l'attirait, absorbait son attention. Il imaginait le fraîcheur de sa profondeur. Le jour finissait toujours par se dissoudre. Sans explication, un soir de lenteur, il constata la disparition. La rivière avait déserté les lieux. Du sable, des cailloux, des herbes échevelées, de la terre parsemée de crevasses l'accueillirent. Cela semblait si soudain, comme s'il n'avait fallu qu'un instant, sans la moindre hésitation. Ce qui avait été enfoui se révélait. La vérité s'offrait. Les larmes n'y feraient rien.  

jeudi 16 avril 2015

D'accord si c'est moi qui...

 Ne plus être rien à trop vouloir être tout. Un tout qui est tellement dans tout qu’il devient un fourre-tout. Un générique sans identité, l’illusion d’un placébo sans contenu. Comme lorsque nous étions enfants, tout excités et soulagés nous criions à la face de celui qui nous poursuivait « Perché », croient-ils qu’en s’appropriant et se parant de toutes les vertus de la République ils pourront, la main sur le cœur, en toute circonstance nous crier « Républicains ». Qui sont-ils pour ainsi s’accaparer l’héritage de notre nation ? En quoi sont-ils républicains, ont-ils même conscience à quoi ils s’engagent en se proclamant républicains ? Le manque d’humour de ce texte n'a d'égal que mon incrédulité.
Outre cette manie de changer de nom, ils ont cette étonnante particularité de sans cesse redécouvrir la démocratie et ses vertus. Il y a quelques mois, redécouvrant ce jouet, ils tentèrent de jouer avec pour désigner leur président. Ils cassèrent le jouet. Cette fois-ci, le chef des républicains a décidé que la démocratie irriguerait le parti de haut en bas. Le militant de base désignerait dirigeants et candidats. Mais comme il n'y a pas de temps à perdre, la démocratie c'est bien gentil mais c'est lent, c'est le chef des républicains qui a décidé qu'Estrosi serait candidat aux prochaines régionales. La démocratie peut bien souffrir de quelques exceptions.      

mercredi 15 avril 2015

Signe

Le sens tout proche se balance au gré du regard. Presque si près dans l’horizon du sud. Il s’irise et se confond à la surface de nos espoirs. Comme une feuille qui tombe, je me livre au vent du hasard. S’éloigne et revient autour des branches de la croix. Les angles découpent la perspective qui s’amenuise. Elle se prolonge dans le flou de l’après. Peut-être perdue dans le fatras des croyances. 

lundi 13 avril 2015

Rien du tout

De retour d’un tour de vélo qui a tourné court, j’ai goûté à l’air du printemps. Après avoir laissé s’évaporer la sueur de l’effort, je me suis offert une douche. Ce seul plaisir donne un sens à la souffrance musculaire, souffrance qui sublime. Avec l’eau s’est échappé le goût de la fatigue. Tel quel, encore humide, je me suis retrouvé dans la chambre. La fenêtre était entrouverte. Le rideau blanc, d’une longueur frôlant le plancher, se gonflait du vent et ondulait. De l’extérieur ne parvenait aucun bruit. L’air en mouvement révélait l’empreinte du frisson. Immobile, j’évoluais dans une incertitude des sens. Je ressentais une perception qui échappait à mon analyse. Le temps donnait l’impression de se reposer, de se dissimuler. Il ne fallait pas compter sur lui. Il m’offrait un répit, le délice d’un abandon. Nu dans une timide lumière, je fermai les yeux jusqu’à la perte. L’absence repoussait l’agitation sensorielle.Je n'attendais rien, heureux d'être vivant.

dimanche 12 avril 2015

Pas encore passées

C'était un matin. Un matin de tous les jours. Après quelques pas, j'étais parvenu à l'abri bus. Sans en avoir l'air, j'attendais le bus. Ce n'est pas facile de donner l'illusion que l'on est là par hasard. Il m'aurait été difficile de nier l'évidence que j'attendais le bus. A priori, rien ne plaidait en ma faveur. Si des témoins avait été interrogés, ils auraient certainement affirmé "Oui, je l'ai vu arriver. A première vue, il avait l'air de rien. Typique le gars qui a fait le plein de nonchalance, qui serait sur le trottoir par hasard. Il s'est arrêté à l'abri bus. Il est vrai que l'on aurait pu voir dans cet arrêt une simple pose avant de reprendre sa marche. Mais il a attendu plus longtemps. Et là, je dois vous avouer, j'ai eu de gros soupçons. Disons plutôt une intuition. Non, je n'ai pas noté de signe d'impatience dans son comportement, si ce n'est que de temps en temps, il jetait un œil vers la gauche. Le bus est arrivé et il est monté dedans." Voilà succinctement ce qu'un observateur aurait pu relater. Toujours est-il que j'ai essayé d'attendre le bus le plus innocemment possible.
Pour passer le temps, j'observais l'abri bus qui fait face à celui où chaque matin je joue à celui qui fait semblant de ne pas attendre. Adepte du bus, j'ai remarqué, quand on prend le bus on a beaucoup de temps pour remarquer, qu'il est très rare que deux abris bus soient l'un en face de l'autre. Après cette première observation, mon regard a été attiré par un mouvement sur la droite de l'abri. Un homme, d'où j'étais aucun détail ne m'échappait, venait d'ouvrir le premier battant de sa porte de garage. Ce qui me fait penser que je n'ai jamais observé une voiture entrer ou sortir de ce garage. Toujours est-il que l'homme s'est retrouvé sur le trottoir en cette heure matinale. Il portait une robe de chambre d'un marron profond qui laissait voir la nudité de ses mollets parsemés de poils noirs. Les pieds dans des chaussons qui semblaient confortables, il a fait quelques pas en direction d'une poubelle qui un peu plus tard se révèlera être la sienne. Il s'est arrêté avant d'y parvenir et a regardé autour de lui. C'était comme s'il vérifiait que depuis la veille rien n'avait changé, que tout était à sa place. Peut-être s'attendait-il a voir l'horizon. En l'observant, j'ai senti dans son attitude comme une hésitation, comme s'il doutait de la persistance, de l'immobilité de son environnement. Après quelques secondes, il a rejoint sa poubelle. Il en a soulevé le couvercle, s'est penché pour en observer l'intérieur. Puis il a relevé la tête et a scruté la rue, au-delà des automobiles garées à peu de distance. Il a semblé avoir compris quelque chose et a refermé le couvercle. Il a marché vers le garage mais s'est arrêté en cours de route. Une immobilité hésitante l'accompagnait. Il a à nouveau regardé autour de lui. Il me donnait l'impression de ne voir que du vide, comme si il était perdu sur son bout de trottoir, comme s'il doutait. Après quelques secondes il a repris sa marche pour disparaître dans son garage. Avant que le bus n'arrive, j'ai traversé la rue et j'ai soulevé le couvercle de la poubelle. Elle était pleine.       

mercredi 8 avril 2015

Demain sûrement

Partageons nos solitudes, nous serons seuls ensemble. Peut-être prendras-tu ma main au croisement des rêves. Dans le froissement d’une brève étreinte quand s’éteindra le jour de l’attente. La légèreté nous conduira à la lumière. Nos rires surgiront à nouveau des profondeurs endormies. Les lueurs de pages éparses livreront les mots que tu glissais entre les lignes. Il reste le fragment d’une promesse. La blessure de la tendresse évanouie. La vie est une immensité qui nous échappe et nous précipite.

lundi 6 avril 2015

Un peu avant

Tu vois, la vie est parfois une nuit sur le point de finir. La pensée est une lueur qui se confond dans la lumière de l'absence. Ce prolongement d'incertitude. Là où l'on croit, où l'on aimerait croire qu'il suffirait d'un rien. D'une fraction pour que disparaisse cet instant, cet éclair. Une nuit d'oubli qui me recouvre. Je connais cette illusion. Elle m'offre le repos de l'abandon. Je cède. Elle m'emporte. Le jour est un horizon.

samedi 4 avril 2015

C'est tout

Ce matin, je suis sorti. Je ne me doutais de rien. Il est reposant de ne parfois douter de rien. J'étais dans l'élan de l'habitude, des gestes qui échappent à la réflexion. Dehors, le jour se faufilait entre les nuages, apparaissant, disparaissant. Ce moment d'hésitation, qui se plaît à se jouer des repaires où se cachent les angoisses. Malgré tout, des ombres se laissaient discerner. Après quelques pas, j'ai ressenti comme une légèreté. La douceur de l'air sur mon visage, le chant des oiseaux qui transperçait la transparence. Rien de précis, rien que j'aurais pu décrire avec précision, rien que j'aurais pu transmettre. C'était sûrement un de ces moments que l'on vit seul, qui se partage dans l'instant.
Mais là, à cet instant précis, j'étais seul, avec cette envie de le rester. Je savais que je me trouvais entre l'avant et l'après. Ce que je vivais allait m'échapper. Je me suis arrêté entre deux pas et j'ai attendu. Je voulais rester dans ce silence audible. Rien ne s'interposait. Je m'éloignais.

jeudi 2 avril 2015

Tendrement

Dans le froid de la terre, qu'emportons-nous? Quelle est cette part que la vie n'aura pas révélée, que la mort engloutira? Pendant qu'une voix déclamait, j'ai essayé de me souvenir. Il ne s'agissait plus que de souvenirs. Une voix, un sourire, une démarche. Comme si j'essayais de rassembler des sensations éparses pour faire un tout. Un tout qui n'existe pas, qui se refuse, absurde. Tu échapperas aux mots. Présente et inaccessible. Je garde une âme contre mon cœur.

mercredi 1 avril 2015

Pourquoi pas

Ce matin, rien, je n'ai rien retenu. Je n'ai même pas eu à oublier. Il ne reste rien. Vivre un jour sans souvenir. Le traverser en étant ailleurs avec l'envie d'y rester. La tentation de prolonger. Prolonger cette absence, cette inexistence, d'échapper au temps, aux autres. Se glisser hors de la succession, de l'enchaînement, de l'enchevêtrement. Fermer la porte et sauter par la fenêtre. S'éloigner.