mardi 28 mars 2017

Des fois je me demande

Des fois je me demande. Ce matin, au volant de ma six cylindres en V décapotable (depuis Trump je suis passé à la quatre roues qui crache), alors que, tout en écoutant Calvin Russel chanter Crossroad, je dévalais en direction d'un improbable ailleurs où je finirai par retrouver mes collègues de bureau, je me demandais qui sommes nous? J'étais donc là dans mon intérieur cuir, ronce de noyer ostensiblement de bon goût, lorsque je fus contraint de m'arrêter. Devant moi, une file de voitures qui n'avait pas lieu d'être. Au bout, tout au bout de cette file un feu tricolore, dont la particularité est de passer au rouge pour, quelques secondes plus tard, proposer une flèche qui sans offrir une priorité donne malgré tout l'autorisation d'avancer. Mais il arrive que l'automobiliste de devant, distrait, novice, aveugle ou ne comprenant pas le message véhiculé par cette flèche, attende le passage au vert, ce qui fut le cas ce matin. Et nous eûmes ainsi droit à l'illustration de la définition du dixième de seconde par Pierre Desproges qui est le temps qui s'écoule entre l'apparition de la flèche et le premier coup de klaxon. Le deuxième automobiliste dans la file klaxonna, klaxonna sans que pour autant,probablement par goût de la provocation, le premier ne bougea. Ce qu'il ne fit que lorsque le feu passa au vert. Les deux protagonistes se retrouvèrent côte à côte au feu suivant qui offrait le rouge mais sans flèche. Vitres ouvertes, ils éructaient, s'insultaient, fort marris de ne pas pouvoir descendre au risque de voir le feu passer au vert. Ainsi prisonnier de leur habitacle, leur corps exprimait la frustration de ne pouvoir sur le bitume en découdre. Pour exprimer leur extrême courroux, ils ne leur restaient plus qu'à utiliser leur véhicule qui devint le vecteur de leur haine de l'autre. C'est ainsi qu'à grands coups de volant et d'accélérateur comme un taureau qui fulmine, ils tentèrent de se faire peur mutuellement. Après un ultime bras d'honneur, leurs chemins se séparèrent me laissant incrédule. Un coup de klaxonne me fit comprendre qu'il était temps d'avancer.

dimanche 26 mars 2017

Un soir au concert

Donc hier, j'y étais. J'ai fait partie des rares privilégiés. La soirée a commencé par un bœuf bourguignon. Ou plus exactement, j'ai regardé les musiciens manger un bœuf bourguignon. Je ne sais pas si je donne l'impression d'être bien nourri, mais aucun d'eux ne m'a proposé de partager le corps du bœuf. Je n'ai pas pour autant fait l'âne (je devance toute toute réflexion désagréable). Puis je pris le chemin, sur lequel je croisai quelques recueillis, afin de rejoindre d'autres nourritur
es, moins roboratives mais plus à même d'élever mon âme vers l'indicible. Tout en regardant l'autel sur lequel je n'avais rien à sacrifier, je me demandais si j'allais encore longtemps filer la métaphore. Même je me doutais, quel meilleur endroit pour le doute, qu'il n'y aurait pas un mais des clous du spectacle, je décidai de briser là.
C'est donc en ce lieu voûté, que d'aucunes ont pris pour une cave, en ce lieu loin de toute chapelle (encore une, c'est la dernière) qu'annonçant le printemps, les musiciens nous ont offert un superbe concert. Je sais, Jorge va encore dire que j'aime tout, que je ne suis pas fichu de faire la différence entre Robert Plant et un chanteur de rock, mais là, je dois avouer, confesser (allez, encore une, promis c'est vraiment la dernière) que ce furent des prestations de haute facture. Je ne vais pas faire dans le détail. Tout le monde a eu 10. Nous avons eu le droit à la voix et à la manière devant des spectateurs non dénué d'humour et pour certains rock'n roll. Une mention spéciale pour le son qui a su préserver mes oreilles et permis à d'autres de papoter (j'ai les noms et les images). Je suis pour l'acoustique. Voilà, une fois n'est pas coutume, je serai sobre en rappelant que le printemps nous revient tous les ans, alors pourquoi pas une fête du printemps tous les ans, juste avant la résurrection? Allez en paix.      

jeudi 23 mars 2017

Un soir au concert

L’autre jour, mu par un désœuvrement curieux, je faisais défiler la liste des groupes devant se produire au 106. Et là, je tombe sur Buzzcocks. Dans la seconde, la machine à remonter le temps se met en branle. 1977. Epoque où il y avait plus de massacres que de mélodies. Epoque universitaire où j’avais choisi la filière glandouille avec option paluchage de vinyle en milieu désintégré. Epoque d’énergies tout à la fois créatives et destructrices. Fin de l’analyse sociologique.
Je me dis pourquoi pas. Me voici donc hier soir au 106 ne m’attendant comme souvent à rien de particulier, ce qui a pour effet de limiter une éventuelle déception.

En première partie les Ramines. Bon bah donc, en première partie les Ramines. Ce n’est pas que je sois un spécialiste des Ramones mais je n’ai rien reconnu ce qui ne devait pas être l’objet de la prestation. Des clones rigolos mais comme les phoques, ça ne dure jamais longtemps. La présentation du 106 précise  "Les Ramines font vivre  au public l’album It’s Alive des Ramones avec le plus grand respect du mouvement Punk des années 80". Le respect, ce doit être ça le problème.
Ensuite, Buzzcocks. Comment dire? Le groupe a conservé une certaine énergie. Ce ne sont pas des showman mais l'on sent qu'ils sont contents d'être là. Ils ne la jouent pas à la punk revival. Pas d'outrance. Ils communiquent avec le public. Dans l'absolu, ils nous ont offert une prestation qui sans être inoubliable fut honnête. Mais le problème, car problème il y eut, fut le son. Je ne sais pas si je suis particulièrement difficile, mais ils nous ont servi une bouillie sonore. Ils n'en sont peut-être pas responsables mais j'ai rarement réussi à distinguer les guitares pendant que, comme souvent, le batteur bastonnait. Au risque d'être un peu lapidaire, hier soir, peu de mélodies, beaucoup de massacre. Mais ce n'est que mon modeste avis. Et je suis resté jusqu'au bout.    

mercredi 22 mars 2017

Pif

Ainsi que je l’ai avoué dans un précédent épisode, je n’ai pas de conscience. J’ai longtemps cru de bonne foi que j’en possédais une. Mais à l'épreuve des faits j'ai dû me rendre à l'évidence. Si peu modeste, j’étais même persuadé d’en avoir plusieurs. Ce qui faisait la fierté de ma famille. Une conscience politique, une conscience de classe et plein d’autres dont la conscience écologique. Bien qu’étant plus qu’un courant, le mot qui présentement traverse de part en part l’écologie est le mot alternatif. Le tri, le développement, la production, la culture, la croissance, tous sont alternatifs. mais le plus alternatif de tous est le transport. A pied, à bicyclette, transport en commun, automobile électrique, covoiturage etc... Jusqu'à il y a peu, sans me poser de question, chaque matin je prenais le bus. Depuis que je dispose, provisoirement, d'une automobile, je ne me pose pas non plus de question, je la prends. Je n'ai même plus cette mauvaise conscience qui au tout début m'assaillait. Reste un point commun entre les deux modes de transport : l'observation de mes congénères. Si l'automobiliste citadin n'est pas toujours urbain, dans son habitacle il se croit souvent à l'abri des regards. Ainsi, ce matin arrêté à un feu, je jette un regard dans le rétro et que vois-je? Un homme qui avec application et méthode procédait au curage de son nez. D'abord l'index qui d'un mouvement circulaire, telle un foreuse, semblait extraire le plus gros des concrétions. Une fois retiré de la narine, son propriétaire le regarda d'un air satisfait et déposa le résultat de sa pêche sur le bord de la vitre ouverte. Ensuite il sollicita son auriculaire pour atteindre les zones inaccessibles tout autre doigt. Le voyant la bouche ouverte et le petit doigt à proximité j'ai cru que mais il termina de décorer la vitre. Interminable ce feu.

mardi 21 mars 2017

Bof


Ce n’est pas bien. On peut même dire que c’est mal. Et croyez-moi, je n’en suis pas fier. J’ai pourtant essayé de me raisonner, de me convaincre. J’ai fait appel à ma conscience, à l’histoire, aux luttes, aux grands hommes. J’ai essayé de m’imprégner de l’enthousiasme de mes proches. J’ai applaudi, j’ai hurlé, j’ai hué, j’ai banderolé, j’ai essayé de m’enflammer avec un drapeau, je me suis dédoublé lors de manifestations, mais rien n’y a fait. Jusqu’à il y a peu, j’écoutais tout, je regardais tout, je lisais tout. Pour tout dire, j’y croyais. Et pourtant j’ai connu Pasqua, Balkany, Chirac, Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Strauss-Kahn, Cahuzac et bien d’autres. Mais rien de tout cela ne m’ébranlait. A chaque fois, quelques mois avant l’échéance, je me sentais tout émoustillé. Comme une sève chaude et puissante, je sentais en moi monter le désir qui allait trouver son assouvissement à cet instant où le temps semble retenir son écoulement, à cet instant où l’urne encore inaccessible finira par s’ouvrir laissant ainsi le bulletin pénétrer en son sein. Mais cette fois-ci, rien. Ça ne m’intéresse pas. Je n’écoute que d’une oreille. Je regarde ailleurs. Je lis en diagonale. Lassitude, ébranlement, désenchantement Bien sûr, comme un bon citoyen, je remplirai mon devoir et l’urne. Quelqu’un dira « A voté ». La République sera comblée et heureuse et ma carte s’ornera d’un tampon bien pâle. Mais avant même que l’union ne soit scellée, je me sentirai trompé. Pour autant, le pire n’est jamais certain

lundi 20 mars 2017

De mes amis

Emmitouflé dans une couverture sur les planches de Deauville, un ba da ba da da da da da da de mes amis me faisait à juste titre remarqué que Lelouche avait mal tourné.

dimanche 19 mars 2017

Même si tu m'aimes

Me laissant emporter par les souvenirs, j'ai déplié tes lettres. Des pages qui m'enveloppaient comme des instants qui à nouveau me parviendraient. J'essayais de retrouver. Tes caresses, mot à mot. Dans les flots de l'absolu. Tu étais là, dans le creux des plis. J'ai écouté les mots que tu m'écrivais. Ces mots qui me déliais, qui décrivaient nos dérives. Je les ai lus. Je les ai regardés. J'en ai goûté chaque lettre. Tes mots d'amour. Tous tes mots étaient des mots d'amour. Les et, les la, les même, les virgules, les points, les traits d'union, les espaces, les retours à la ligne transportaient jusqu'à moi, jusqu'à mes yeux, jusqu'à mon cœur ton amour. Ton amour se dessinait entre les lignes. Tu jetais l'encre. Dans la marge, tu m'attendais.Que pouvais-je bien attendre?

vendredi 17 mars 2017

Mépris (2)

Il est là. Il git, masse informe devenue sans intérêt, sans plus aucune utilité que je pourrais jurer n'avoir jamais côtoyé. Et pourtant. Et pourtant, depuis l'aube jusqu'à la tombée de la nuit la plus profonde, qu'a-t-il fait ce boxer maintenant ignoré? Tout au long de la journée il a partagé mon intimité, il m'a soutenu. Cette proximité commence le matin, quand, sortant de la douche et animé d'un balancement généralisé, j'ouvre le tiroir où à gauche se trouvent les chaussettes plus ou moins appareillées et à gauche les boxers. Je ne choisis pas. Je prends le premier qui se présente sans me préoccuper de savoir si sa couleur sera coordonnée à celle de mon pantalon. Je l'enfile et je sens sa douceur ascendante caresser ma peau. De quelques gestes précis emprunts d'une délicatesse toute masculine, je procède aux derniers réglages qui me permettent de m'assurer d'un confort qui, sauf imprévu, m'accompagnera toute le journée. Et lui, mon boxer, qui sera jusqu'au soir confronté aux contingences qui parsèment la journée d'un homme, n'en restera pas moins soucieux de mon bien-être. Et moi, que fais-je le soir venu? Ai-je seulement une pensée, un geste exprimant ma reconnaissance de tant d'attention? Que nenni. Je le balance négligemment comme une vieille chaussette. Ce mépris trouve son épilogue quand, la tête déjà ailleurs, sans considération je le jette dans la corbeille de linge sale où il rejoint tous ses congénères avant lui méprisés. Quel ingrat je fais.    

mercredi 15 mars 2017

Mépris (1)

Je ne suis pas exempt de tout reproche. En ces temps qui manquent d’amour, de tendresse et de poésie, je l’avoue, il ne se passe pas un jour sans que je ne fasse preuve de mépris. Ce mépris quotidien, ce mépris ordinaire, ce mépris que l’habitude banalise. Si au début, au tout début, je n’en avais pas pris conscience, aujourd’hui j’en éprouve une honte que rien, ni les remords ni les regrets ni une quelconque contrition, ne semble pouvoir effacer. Tout commence le soir. Tous les soirs. Juste avant de me glisser entre la couette et le drap du dessous. A ce propos, j’ai lu l’autre jour (précision temporelle sans aucune utilité) qu’une association avait été créée pour la préservation du drap du dessus qui à plus ou moins court terme semble voué à disparaître si rien n’est fait. Donc, juste avant de me glisser, comme tout un chacun je me dévêts. Chemise, pantalon, chaussettes et invariablement je termine par mon boxer. Je procède toujours de la même façon. Les mains au niveau des hanches, je glisse mes pouces entre la peau et l'élastique, là sur le côté. Puis, d'un mouvement rectiligne et descendant je dirige le dit boxer jusqu'à mes pieds. Il est sur le sol et je le regarde de haut. Je retire un de mes pieds et avec l'autre, d'un mouvement ascendant et ample, j'envoie mon boxer dans les airs où il accomplit un arc de cercle pour échouer sur le plancher. (à suivre)


De mes amis


Quelque peu froissé, un repli sur soi de mes amis me faisait fort à propos remarquer que c’était plié.

mardi 14 mars 2017

Artères altérées

Samuel l'amuse et l'inspire. Elle l'a voulu ce dévolu. Pour un désir d'étoile dévoilé.  Cet amant attitré attiré. Par la nuit dans une ébauche de débauche. Où se parsèment les amours au gré des détours. Dans les dessous dérobés s'enrobe. Et mu par les émois de cet autre moi. Parcourant les dunes dénudé. Il laisse deviner l'élipse de l'éclipse. Lorsque le démon s'émerveille. Lorsque décline la lumière dépecée. Alors que les herbes frôlent ses frêle épaules. Ses pas dans le sable laissent des traces éparses. Que le vent égraine vers l’aine. Sa peau avide s’emplit et s’amplifie. Elle le voit s’éloigner de loin en loin. Un mouvement qui disparaît dès après.




lundi 13 mars 2017

A travers

Il est tôt. Il est encore tôt. Malgré tout, le soleil se laisse deviner. Discret, le temps  patiente. La journée se prépare. Les oiseaux répètent. Pour certains ce sera une première. Une sorte de générale. Le jour donnera encore lieu à toutes sortes de premières fois. Un premier envol. Du  nid jusqu'à la première branche. Un Clément Ader de plumes. Les sons du réveil prennent leur place dans le silence. Quelques rais de lumière découpent l'obscurité de la chambre. L'heure est incertaine. Il sera toujours temps d'être plus tard. Son regard ne se pose pas. Seul moment où l'illusion d'avoir prise devient réelle. Son esprit, sorte d'entité insoumise, vagabonde dans son passé. Comme un documentaliste, il plonge dans ses archives et en ramène des matins d'angoisse. Ces matins où la lumière des ampoules réveillait la peur, lui donnait un visage, une voix. Cette peur, même si elle n'est plus qu'un souvenir, ne l'a jamais quitté. Elle a imprégné son enfance, ces années que l'on imagine insouciantes, légères, préservées. Mais ce matin, les souvenirs resteront bien rangés. Il ne retient rien que l'instant. Comme le temps, il s'étire jusqu'au frisson. Il fait partie de la vie. De l'extérieur lui parviennent d'autres agitations. Il n'est plus seul. Il sera bientôt temps.

vendredi 10 mars 2017

Le long

Ce matin, encore recouvert d'une obscurité brumeuse qui permet de ne rien voir et alors que la nuit rendait ces dernières larmes (hé oui je suis poète à mes heures), j'entends, provenant d'un objet qui transforme le temps en une lumière phosphorescente, la voix d'une journaliste qui m'informe que l'entreprise Lafarge-Holcim n'excluait pas. Une entreprise qui n'exclut pas. Bon, ça ne me ferait pas la journée mais c'était un bon début. Mais bien sûr, il n'en était rien. C'était comme si j'avais oublié de tourner la page pour lire la fin de la  phrase. Naïf que je suis, j'aurais dû me méfier d'un cimentier qui finance des djihadistes. Donc, Lafarge-Holcim n'excluait pas, d'accord, mais n'excluait pas de participer à la construction du mur entre le Mexique et les Etats Unis. Sur le moment, pour ce qui me concerne, je n'excluais rien, refusant de me murer dans une indifférence coupable. Ceint de mon indignation, j'étais au pied du mur. Il me fallait simplement envisager une riposte. Rester couché, boycotter leur ciment, créer l'association transfrontalière des truelles solidaires, murmurer à l'oreille des maçons. Quoi qu'il en soit, il me fallait apporter ma pierre à l'édifice du refus. Pour tout vous dire, je suis en pleine réflexion dont le niveau n'est pas encore assez élevé pour trancher.  

https://www.youtube.com/watch?v=yQ9qR7CMCvo

mardi 7 mars 2017

L'implausible

J'ai rêvé de t'écrire un texte sans mot. Un texte de pensées par monts et par vaux. Toutes ces pensées que tu m'inspires. Toutes ces pensées que je désire. Une écriture faite de ratures. Une écriture où chaque mot serait une sculpture. Une écriture d'ombres et de lumières. Une écriture dont je serais fier. Tu lirais mes sourires. Tu décrypterais mes soupirs. Tu froisserais l'air entre tes doigts. A l'instant où le jour décroit. La nuit engloutirait ma fatigue. Nous nous déverserions au-delà des digues. Chaque jour nous raconterait. Dans la pliure des vélins de la forêt. Nous remonterions le flanc des soubresauts. Je m’immiscerais dans ton château. J'écrirais le roman de nos détours. Avec le parfum de ton retour. Je gribouillerais sur la ligne d'horizon. Quand tu m'offrirais tes frissons. Dans le creux de ta main la dernière seconde. Pour une dernière onde.

















lundi 6 mars 2017

Un après-midi au concert.


  https://www.youtube.com/watch?v=uxuvXlaa4x0&feature=youtu.be

Donc hier après-midi je me suis retrouvé à la crêperie de la Rougemare. A 17h entre deux coups de vent. Ce qui tombait bien, ayant la ferme intention de me coucher tôt. Est-ce parce que j'ai il y a peu rejoint le club des sexagénaires, toujours est-il que j'ai eu la sensation qu'en ce lieu gastro-rock régnait une ambiance cidre-dansant. Soucieux d'être au plus près de l’événement , j'ai à petits pas progressé jusqu'à la scène pour me retrouver au plus près des The Volfonics, jusqu'à sentir le souffle des mélodies. A propos de souffle, ce concert a prouvé qu'il n'était point besoin de pousser les boutons à fond les ballons pour apprécier du rock (oui j'avoue, je ne suis pas resté jusqu'au bout). Un point négatif tout de même puisque je fus victime d'une discrimination en raison de mon corps, que d'aucunes qualifient d'athlète, qui semble-t-il empêchait les nombreux spectateurs toisant sous les un mètre soixante de voir ce qui se passait sur la scène. Sous les regards réprobateurs et envieux je fus contraint de me plaquer contre le mur, au risque de me prendre à tout instant un coup de manche de basse dans l’œil. Donc, près à les toucher mais je n'ai pas osé, j'ai regardé et écouté. Alors que d'autres, nous en connaissons beaucoup, auraient profité de l'occasion pour cabotiner, pour nous submerger d'un humour à deux balles, notre trio est resté sobre, laissant toute la place à la musique. Je leur en sais gré. Les pavillons intacts, j'ai apprécié ces reprises jouées avec plaisir, modestie non dénuée d'humour. fourrées à la pomme du terroir. Une sorte de pomme-rock (ça ne veut strictement rien dire mais ça laisse place à l'imagination). Voilà. Je suis allé me coucher paisiblement sans être accompagné par les bourdons mais en sifflotant quelques standards du siècle dernier. Merci pour tout et pour le reste.

vendredi 3 mars 2017

L'allée

Dans un vent vivant emporte les couleurs
Laisse la détresse d'une nouvelle douleur
Le regard du départ offre le vide crissant 
L'aube d'un mot plus rien ne semble vivant

Déchiffrer


D'aucuns disent que, contrairement aux hommes, il y a des signes qui ne trompent pas. Le signe indien qui, comme l'aurait dit Rocco, est surmonté d'une plume. Le signe du destin, sorte de coucou céleste. Et tant d'autres. D'habitude, je ne suis pas perméable aux manifestations mystiques. Quand j'étais petit, un représentant de dieu tout en onctueuse onction avait réussi à me convaincre qu'un ange gardien veillait sur moi. Mais je me rendis rapidement compte que l'ange en question devait être distrait. De ce jour, je me jurais de ne plus jamais me laisser caresser, fusse par un anges. Mais l'autre jour, je ne sais par quel miracle, en était-ce un, j'allais redonner crédit aux signes. Peut-être l'envie de croire dans un moment e doute. Toujours est-il qu'au volant de ma berline intérieur cuir, fabriquée au pays des gens du voyage, je patientais en attendant que le feu rouge passe au bio. Distraitement et sans penser à mal, oisive, ma main droite distraitement caressait avec lenteur le levier de vitesse pendant que mon regard se posait sur deux chiffres lumineux. Deux chiffres au fronton d'un hôtel qui indiquaient le prix d'une chambre. Plus précisément, le prix d'une nuit dans une chambre. Mes pérégrinations me faisant souvent passer devant cet établissement, j'avais remarqué que le prix d'une nuit pouvait varier du simple au double, comme un lit. Ce soir-là les deux chiffres formaient le nombre 69. Sans savoir si je serai le 6 ou le 9, ma main se referma autour du pommeau. Je vis là un signe. Le signe d’une promesse. Mais j’étais encore seul dans l’habitacle. Du fait de mon peu de goût pour l’autosatisfaction et de mon manque de souplesse, je ne pouvais me résigner à être tout à la fois le 6 et le 9. Ma passion pour les chiffres m’entraîna de bar en bar et dans des endroits où je croisai au hasard des abandons d’autres solitudes. Mais rien n’y fit. Rien qui ressembla de près ou de loin à l’un des deux chiffres. Je finis par être persuadé que si signe il y avait, il était mauvais. Je décidai de rentrer. En repassant devant l’hôtel, je constatai que le prix avait changé. 96 éclairait la proximité.