vendredi 31 août 2007

Eléphants roses

Comme je vous y avais invité, certains parmi vous me font part de leur réaction face à l'actualité. Voici donc la réaction de François M qui malgré un engagement socialiste de longue date fait preuve d'une rafraîchissante et constructive objectivité. Je joins également un autre témoignage, celui de Bernard, qui a souvent été à gauche et qui nous fait partager son quotidien avec Nicolas.

François, à vous la parole:

" Depuis quelque temps, ce n'est pas l'envie de me retourner qui me manque. Quand je vois ce qui se passe, je me dis que la gauche est aussi rouillée que mes clous et qu'elle est en train de mourir du tétanos. C'est le sauve qui peut général. Plus un seul pour se réclamer socialiste. C'est la droite qui se charge gentiment de faire l'apologie des valeurs de gauche, qui exhume Jaurès, qui tient meeting dans les aciéries, qui manie lyrisme, humanisme et conviction.
L'âme de la gauche est une vague qui s'est échouée sur la plage des ambitions personnelles. Il suffirait de se pencher pour la ramasser. Ce lyrisme à la Marc Levy pour vous faire sentir combien je suis fatigué.
Laurent, que j'ai connu haut comme ça, qui nous la joue à l'homme du recours, au sage qui se retire sur ses terres, persuadé qu'un jour viendra où "les autres" le supplieront de revenir. Il faut qu'il sache que si "les autres" viennent le chercher ce sera pour garder les enfants.
Nous avons Claude, arrivé au terme de la pachidermisation, qui endosse le traditionnel rôle du "seul contre tous", qui est le seul à ignorer qu'il n'a jamais été de gauche et dont personne ne sait qu'il est de droite. Il est seul et si peu sûr de lui qu'il imagine qu'il doit "gueuler" pour se faire entendre. Je lui suggère un duo avec Antoine dans une publicité pour des opticiens.
Nous avons François le batave, qui s'essouffle à courir derrière Nicolas en tentant, comme disent les journalistes, d'occuper l'espace médiatique. Il n'a pas compris que Nicolas court plus vite que lui.".

Bernard, à toi la parole:

"Je ne sais pas ce qu'ils ont contre lui, mais moi j'aime bien Nicolas. C'est vrai qu'il gigote sans cesse, incapable de rester cinq minutes assis. Il est comme un enfant qui vient de rentrer au cp, il se croit encore à la maternelle. Il aime bien aller voir la maitresse pour lui montrer ce qu'il fait, pour lui raconter ce qu'il va faire. Il lui arrive encore d'avoir les mains pleines de colle, de faire des tâches sur son cahier et dans ce cas là, il tourne rapidement la page. Il est touchant quand il regarde une nouvelle page blanche. Il sourit, il aiguise son crayon, il sort sa gomme bien qu'il ne sache pas encore à quoi elle sert et il commence à écrire avant même que la maîtresse ait lu l'énoncé du problème. C'est ça qui est super avec Nicolas, c'est qu'il a la solution avant de connaître le problème. Il peut arriver qu'il n'y ait pas parfaite correspondance entre problème et solution mais l'important est que Nicolas a une solution.".

Merci à tous les deux. Quelque chose me dit que nous aurons bientôt à nouveau de vos nouvelles.
Si vous aussi vous avez envie de témoigner, n'hésitez pas.

jeudi 30 août 2007

chronique du matin

Il est 6h30 et je suis donc au bout du couloir. A ma gauche une porte qui donne sur la salle de bain
et à ma droite un escalier qui, si tout se passe bien, doit me mener jusqu'à la cuisine.

Pour tout vous dire, je fais souvent le choix de l'escalier. En un sens, je ne suis pas certain que ce soit un choix réel. L'escalier est en quelque sorte une necessité corporelle. Pour être plus clair, si les toilettes se trouvaient à l'étage, peut-être ferais-je plus souvent le choix de la salle de bain. Je sais que pour certains, je ne parle pas là des adeptes du bain, la douche est comme une station de "l'éléphant bleu " à laquelle on aurait rajouté l'option vidange. Que celui qui n'a jamais cédé à la tentation me fasse signe.
C'est avec précaution que je descends l'escalier, ma tenue de début de matinée dans une main, l'autre tenant la rambarde. L'escalier est un trait d'union entre la nuit et le jour qui me mène vers le carrelage froid sur lequel se posera mon pied nu. Vous vous demandez peut-être "Mais pourquoi ne met-il pas ses chaussons?" Je ne sais pas. Si le sol, comme une note revigorante, est trop froid, je progresse sur la pointe des pieds jusqu'au salon dans lequel je mets le bas, le haut puis les chaussons. Ensuite, il me faut opérer un nouveau choix.
A y réfléchir, le matin est peut-être la période de la journée la plus importante, la plus éprouvante, la plus décisive, la plus délicieuse... Il faut faire des choix, prendre des décisions, composer avec les autres, s'offrir quelques plaisirs. J'ai bien envie de faire une chronique, voire plusieurs, spécialement consacrée aux plaisirs du matin. Comme il n'y a pas de plaisirs honteux, vous pouvez me confier les votre, cela restera entre nous.
Je viens donc de mettre mes chaussons, expression ambigue et chronique décousue, et je dois choisir entre passer d'abord aux toilettes ou, avant cela, faire frémir l'eau pour le thé.
Avant de continuer lors d'une prochaine chronique à vous décrire mon quotidien matinal, je tiens à prévenir les âmes sensibles que je serai, à l'avenir, amené à relater dans le détail des situations qui pourront choquer par leur réalisme et leur crudité.

Comme deux gouttes d'eau


Après un mois de mai frileux, un mois de juin venteux et un mois de juillet pluvieux, c'est sûr de notre fait et certain de trouver le soleil que nous sommes partis vers l'océan. Comme frappé d'une malédiction, le mois d'août fut à lui seul frileux, venteux et pluvieux. Si vous aviez regardé dans nos chaussettes, vous y auriez découvert notre moral. Avec quelques photos, je vais vous faire profiter de ce qui fut notre quotidien.

Le barbecue, un des symboles fort, peut-être même le symbole fort, de vacances réussies, est, comme neurasthénique, resté couvert, refusant obstinément toute flamme quelle qu'elle soit.

Voici la plage telle qu'elle m'apparaissait chaque matin, balayée par le vent et l'amertume. Pour finir de plomber le tout, un arrêté préfectoral informait les estivants, du moins ceux tentés par la noyade, que l'eau était impropre à la baignade.

Un rayon de soleil dans cette grisaille, Tinky Winky, un des télétubbies, en promenade de iodisation, tenu par la main par Lionel Jospin qui, comme la mer, n'en finit pas de se retirer.

Quoi qu'il en soit, les vacances sont aussi ces menus plaisirs que l'on offre à son corps, le pain frais, l'odeur du café que le premier levé a pris soin de mettre en route, la confiture qui va parfumer nos tartines grillées et à son esprit avec les journaux du jour. Pour ce qui me concerne, j'aime me recoucher dans le lit encore tiède, prendre un livre et sentir l'engourdissement d'une première sieste m'envahir.

vendredi 10 août 2007

Départ




Aujourd'hui a été enterré Jean-Marie Lustiger. Je le connaissais très peu. Un homme d'église qui, avec l'humanité qui était la sienne, devait mettre en oeuvre la doctrine papale. Imaginons qu'il fut simple, humain, généreux, attentif, modeste, à l'écoute de tous et de chacun, indifférent au statut social de ses interlocuteurs, de ceux vers qui il allait et qui bénéficiaient de sa compassion sans limite. Il devait offrir le chaleur de son regard, le réconfort de sa voix, la douceur de ses mains. Je le connaissais très peu mais j'aime à penser qu'il était ainsi, qu'il était un homme bon, qu'il aimait les autres avec peut-être un supplément de spiritualité que le commun des mortels ne fait que deviner. Il devait être bon, bon comme du bon pain, comme un gâteau léger et parfumé. Alors pourquoi cet homme, pasteur de tous les hommes, échappe-t-il à la majorité de ces hommes, pourquoi depuis une semaine les média se sont-ils accaparés sa mémoire, sa pensée, son action, comme si il fallait en faire plus, comme si la valeur d'un homme se mesurait au temps que les journalistes lui consacrent. Pourquoi faut-il que la République s'y mette, dispute à l'église ses fastes, ses habits d'apparat, ses préséances, rajoute une à une, jusqu'à l'écoeurement, des couches de crème au beurre sur le souvenir de ce gâteau léger et parfumé.

Il est des décisions qui sont difficiles à prendre. Après avoir longtemps hésité, je me suis résolu à partir en vacances. Rien ne m'y incitait. La météo de fin d'automne propice aux marches romantiques sur la plage déserte de saint Pair, balayée par le vent et qui vous incite à penser "C'est beau mais c'est chiant". Le seul intérêt de ce temps, c'est qu'une fois qu'on est sorti, on est content de rentrer. J'ai l'air de me plaindre, mais j'ai quand même réussi à prendre un coup de soleil sur le crâne.
Et puis, il y a vous, lectrices et lecteurs fidèles que je vais devoir quitter pendant un peu plus de deux semaines. Sachez que c'est avec un immense plaisir que chaque jour je vous écris, avec le secret espoir, pour la majorité des chroniques, de vous faire sourire.
Je vous offre, symboles de l'été, ce papillon, aux garçons, et cette rose aux filles qui, comme elle, avec le temps s'épanouissent.

jeudi 9 août 2007

Nous n'irons pas à Pékin pour chiner

Boycott ou pas boycott? Il est aussi possible de dire: boycottage ou pas boycottage? C'est déjà un premier choix. Je ne sais pas si "boycott ou pas boycottage" relève d'une syntaxe correcte mais c'est un choix, un vrai, qui permet d'afficher son ouverture d'esprit. Vous prenez part à un débat qui nécessite du doigté qui permet d'aller au fond des choses, de la retenue qui prolonge le va et vient entre le pour et le contre repoussant jusqu'à l'extrème limite le plaisir de lâcher sa décision à la face du monde.
Vous sentez que ce débat est délicat, fait de pièges. Pour résumer, d'un côté le très séduisant angélisme démocratique et de l'autre le terriblement convaincant réalisme économique. Il est fort probable que la question du boycott ne soit pas la bonne. Dès l'instant où le CIO a décidé de donner les jeux à la Chine, la solution de la chaise vide n'aurait de sens que si elle était commune à tous les pays. Il faut utiliser une des bases des sports de combat qui consiste à utiliser la force de l'adversaire pour le déstabiliser. Plutôt que d'essayer de le combattre de loin, il faut aller sur son terrain et utiliser sa principale force au moment des jeux, sa communication. A condition de faire preuve d'imagination, la cérémonie d'ouverture sera un moment qui pourrait donner le ton d'une expression politique pacifique et humaine.(à suivre)

mercredi 8 août 2007

Le cireur et le brosseur

Voici un nouveau témoignage que je vous livre sans commentaires si ce n'est qu'il me paraît à la limite de la bonne foi et teinté d'une ironie facile. N'hésitez pas à me faire part de vos réactions.

"Lundi matin, j'ai entendu ce que je n'aurais cru possible d'entendre, même dans mes rêves les plus fous. Monsieur Estrosi, Secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer, ami de 20 ans de Nicolas Sarkozy, Président du Conseil Général des Alpes Maritimes, ainsi présenté sur le site de France Inter, répondait aux questions d'un journaliste. Le sujet était, je cite "Nicolas Sarkozy, président de la République depuis 3 mois: bilan". A lui seul, ce titre révèle l'ambition et le sens politique de cette radio qui pendant 11 minutes et 40 secondes va nous offrir un grand moment à faire écouter dans toutes les écoles de journalisme.
Que va nous dire Monsieur Estrosi, que l'on imagine vêtu de l'aube de premier communiant, de sa voix calme, faite de retenue, lisse, rassurante qui va nous faire partager la vérité révélée? Je vais résumer, mais l'intégrale peut-être écouté sur france inter.
Le président a une capacité à être attentif à chacun, il est doté d'une grande dimension humaine, il est généreux. Tous les français découvrent sa capacité à être ouvert vers les autres, sa capacité de transparence, sa capacité de dépasser tous les sectarismes, il est à la rencontre des français au quotidien. D'ailleurs, les français lui disent dans la rue, à lui monsieur Estrosi, "Sans doute n'aurions nous pas voté pour un autre candidat si nous avions connu le président de la République que nous connaissons aujourd'hui".
Ensuite, le ministre nous dit que franchement on n'avait jamais vu ça, le président s'engage, il prend des risques, c'est une chance pour la France, qu'il est capable de tout dire; grâce à lui, notre pays est de retour sur la scène internationale. Je vous laisse le plaisir de découvrir le reste.
Le début de l'intervention du ministre était consacré à l'affaire d'une secte et de son gourou à la Réunion. A la réflexion, j'ai peur. Le ministre nous parle de son ami de vingt ans qui lui a confié une mission et qu'il ne doit pas décevoir. On découvre que la relation président-ministre repose sur l'affectif et l'on devine dans la voix de ce dernier l'admiration, la reconnaissance, le besoin de faire plaisir à celui qui a daigné lui faire confiance. Prenant conscience qu'il en fait peut-être un peu trop, il se croit obligé de préciser qu'il ne faut pas le prendre pour une groupie de base de Nicolas Sarkozy.
"Carry on, love is coming to our soul"

mardi 7 août 2007

Chronique du matin


Le couloir est encore sombre. Pantalon, chemise et le reste dans les bras, je me dirige vers la salle de bain. L'affirmation selon laquelle "je me dirige" ne reflète pas la réalité. A ce moment du matin je ne dirige rien. Essayez d'imaginer un échalas, le visage frippé par le sommeil, serrant ses habits sur un torse engagé dans un processus d'irréversible relâchement, en slip plus ou moins moulant qui se détache sur des jambes blanches et poilues, les pieds nus adhérant au lino, détail qui me rappelle que j'ai oublié mes chaussons dans la chambre. L'habitude me guide jusqu'à la porte de la salle de bain qui est un endroit stratégique. Il est probable que les lecteurs célibataires ne se sentiront pas concernés par ce qui va suivre. A cet instant, je suis encore maître de mon destin. Toutes les options s'offrent à moi. J'ai confusément conscience que je vais devoir choisir et que ce choix ne sera pas sans influence sur le reste de ma journée. Soit je choisis d'occuper, de prendre possession, d'investir la salle de bain, soit je prends la direction de la cuisine. Ce choix, dont vous aurez compris toute l'importance, est comme la clef que l'on tourne et qui va déclencher un mécanisme qui ira jusqu'à son terme sans que l'on puisse intervenir. Le naïf pourrait penser qu'après ces milliers de matins vécus, l'expérience devrait guider nos pas. Que nenni. Le matin est une équation dont les inconnues sont si nombreuses que personne n'est encore parvenu à la modéliser. Je sais que le choix le plus raisonnable est celui de la salle de bain. Vais-je faire le bon choix, vais-je retrouver mes chaussons, aurai-je le temps de me laver les dents?

lundi 6 août 2007

Mais comment faisions-nous avant?

Je livre à votre réflexion la contribution de Jérôme F qui apporte sa pierre à l'édifice de la compréhension de notre société.

"L'humanité a connu des moments charnière qui ont durablement marqué son évolution. Il en est ainsi des grandes découvertes qui sont le fruit du génie humain. Si en ce domaine, les capacités créatrices de l'homme semblent ne pouvoir connaître de limites, certaines de ces inventions sont comme des volcans qui répandent aujourd'hui encore leurs bienfaits, rendant sans cesse plus fertiles les champs de la prospérité. Au Panthéon de la fulgurance créatrice, figurent les inventions de la roue, l'imprimerie, la machine à vapeur, le moteur à explosion, le micro-ordinateur, le téléphone portable et le couteau suisse. Ces inventions représentent l'homme, elles sont l'homme dans son irrépressible besoin de franchir les obstacles qui se dressent sur la route du progrès.(Vous êtes comme moi, vous vous demandez où il veut en venir mais patience)
Ces inventions sont le fruit d'un besoin, d'une volonté, d'une prise de conscience collective que nous partageons une destinée qui nous est commune.
Et bien, en élisant Nicolas Sarkozy, le génie français a inventé un nouvel homme politique qui, à lui seul, est un condensé du téléphone portable et du couteau suisse, moderne et pratique, ubiquiste et multiple, efficace et convivial, technologique et proche, performant et rassurant. Notre président est celui que nous attendions, vecteur de nos aspirations, garant de nos espoirs, grâce à qui notre bonheur ne sera plus un éternel avenir. Comme le chantaient CSNY dans leur album prémonitoire "Déja vu" "Carry on, love is coming to our soul". Déjà le peuple de France, de cette France de l'effort, de cette France de l'abnégation, de cette France de la moderne tradition, de cette France reconnaissante et lucide qui n'a pas peur de son passé, de cette France confiante, ce peuple d'une seule voix remercie celui qui le comprend."

Moderne et respectueux, tel est le témoignage de Jérôme.

dimanche 5 août 2007

Une vache dans un pré



Il y a peu, j'ai décidé; j'aime bien ce début de phrase ferme et viril; j'ai donc décidé de me munir d'un appareil photo lors de mes sorties vélo aux cours desquelles j'essaye de concilier culture et performance qu'il ne faut pas confondre avec la culture de la performance.
Au dessus, vous pouvez voir le premier résultat de ma décision. A l'évidence, j'ai privilégié la performance. Comme souvent, on fait de meilleures photos avec ses yeux. Pour autant, cette photo a son histoire.
Je roule sur le plat. Vent modéré de face qui ne me permet pas de dépasser le 35km/h. Revêtement plutôt favorable. Peaufinant le coup de soleil qui décore mon crâne, je sors d'un virage et découvre une prairie d'une surface respectable, vert normand. Au premier plan des vaches qui broutent et au fond des peupliers qui profitent de la fraîcheur d'un cours d'eau. Je m'arrête. Comme souvent en pareil cas, les vaches cessent de brouter pour regarder le nouvel arrivant. J'extirpe aussi vite que possible l'appareil de la sacoche située sous la selle. J'appuie sur le bouton "on", je cadre le sujet qui fait preuve de plus de curiosité que ses congénères et ... comme vous vous en doutez, la vache baisse la tête et reprend son activité de ruminant. Il m'a donc fallu, pendant quelques minutes, faire preuve de persévérance pour à nouveau capter son attention. J'ai fait celui qui venait d'arriver, j'ai imité Stone et Charden, j'ai aboyé, je lui ai dit que j'étais le petit-fils du prisonnier. Comme vous pouvez le voir, elle a fini par relever la tête et me regarder. J'ai appuyé sur le bouton. Elle était dans la boîte.

samedi 4 août 2007

Ouverture et convivialité

Compte tenu des bouleversements politiques et sociaux que nous connaissons depuis quelques mois, j'ai décidé d'ouvrir, de vous ouvrir mon blog et ainsi de l'inscrire dans le mouvement de la démocratie participative mais, attention, dans le respect des valeurs qui ont fondé notre république comme le travail, l'effort, la justice compréhensive mais ferme, la liberté individuelle, la fraternité raisonnée, l'égalité libératrice.
Aussi souvent que possible, je vous ferai partager les contributions qui me seront proposées et ceci dans le strict respect des sensibilités politiques et philosophiques qui sont le reflet de la diversité qui fait vivre et prospérer notre démocratie. Bien entendu,je me réserve le droit, en tant que de besoin, d'exercer mes responsabilités de modérateur dès l'instant où les opinions exprimées me paraitront outrancières, mensongères, orientées, calomniatrices, tendancieuses. Vos contributions peuvent rester anonymes comme l'a été la première d'entre elles intitulée "Des bulgares au goût amer". Je compte sur vous.
Par ailleurs, il ne vous a pas échappé, curieux de tout que vous êtes, que le championnat de France de foot-ball a repris. A cette occasion, je vais ouvrir une rubrique consacrée aux pensées et analyses d'après match de nos amis les footballeurs. Etant interactive, vous pourrez alimenter cette chronique de vos découvertes. Je ne lui ai pas encore donné de nom. J'attends vos suggestions. J'ai pensé aux titres suivant, mais rien n'est définitif: "A partir de là" "Il l'a mise au fond" On prend les matchs les uns après les autres" "Les gars, dimanche prochain, on joue samedi" (déjà pris mais très drôle) "Il lui a glissé dans le trou"...
A vous de jouer.

vendredi 3 août 2007

Des bulgares au goût amer


Comme le disait ma grand-mère, que j'ai très peu connue, "Les choses, faut les dire tout de suite, sinon on ne sait plus comment les dire". Les derniers jours de la libération des sages-femmes bulgares ont ressemblé à un reportage de Paris-Match. Madame Sarkozy, que l'on avait, rétrospectivement, raison de trouver explosive, pouvait enfin transformer en soulagement humanitaire une vive préoccupation de plusieurs mois, dixit madame Balkany qui s'y connait en préoccupation. Bien sûr, nous fit-elle savoir, les négociations avaient été âpres, elle n'avait pas dormi durant 45 heures d'affilée, elle n'en dirait pas plus mais l'on devine la légitime satisfaction qui fut la sienne, l'émotion qui l'étreignit lorsque d'un regard attendri, à peine altéré d'un imperceptible voile de lassitude réprimée, elle vit, avant de disparaître dans l'ombre d'un hangar, ces familles se recomposer, ces femmes et ces hommes s'étreindre et ressentir à nouveau la chaleur de l'amour.
Et qu'entends-je aujourd'hui? L'on raille cette démarche empreinte de compassion et d'humanité du couple présidentiel, l'on ose mettre en doute l'altruisme de la première dame de France, l'on cherche la vaine et stérile polémique, indigne d'un débat politique sérieux et responsable. Il serait temps de comprendre que Monsieur Sarkozy qui, dois-je le rappeler ici, est le président de tous les français, est pétri d'amour et de tendresse, n'ignore rien de ce qui est humain et l'on voudrait que cet irrépressible besoin de faire le bien se cantonne à son cercle familial. Alors ça, c'est incroyable! Le monde, l'humanité sont confrontés au malheur, à l'injustice, à la douleur, à la misère, à l'égoisme, aux guerres fratricides, à l'intégrisme, à l'arbitraire et l'on voudrait empêcher notre président de soulager un tant soit peu la détresse d'êtres humains meutris et victimes de la folie du pouvoir. Que l'on y réfléchisse à deux fois avant de jeter l'anathème sur cet homme de bien qui, si tu n'y prends garde peuple ingrat, finira, lassé de tes jérémiades, par t'abandonner sur ton chemin de douleurs. Alors, dans ta chute, le regret sera ton seul compagnon. Je t'en supplie, Peuple de France, aie confiance.

PS: si des gens n'apprécient pas Madame Sarkozy, ce qui peut toujours arriver, ils peuvent découper et encadrer la couverture du dernier numéro du Nouvel Observateur. C'est une photo indigne de la tradition de qualité et d'impartialité du journalisme français qui nous a habitués à plus de retenue et de respect de la personne humaine.

jeudi 2 août 2007

Reflexions

"non seulement “comprendre” ne veut pas dire “pardonner”, mais en général la simple compréhension de la position de l’autre ne nous conduit pas d’elle-même à l’approuver". Max Weber. J'avais commencé à lire "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme". Chaque phrase me demandait une intense réflexion. Je devais la lire, la relire. J'ai laissé tomber. Je n'en suis pas fier.

"J'avais nagé et j'étais assis au bord de l'eau, dans mon maillot de bain noir. Je venais d'avoir cinquante ans. En baissant les yeux sur moi-même, je découvris que mes orteils étaient déformés et osseux. Une longue varice était apparue sur ma jambe gauche et la toison clairsemée de mon torse avait blanchi. Mes épaules et mon buste me semblaient étrangement diminués et ma peau, pâle par nature, était devenue rose et rêche. Mais ce qui m'étonna le plus, ce furent les bourrelets de graisse mous et blafards qui s'étaient installés autour de ma taille. J'avais toujours été svelte et, si j'avais bien remarqué que mon pantalon me serrait de façon suspecte lorsque je le fermais le matin, je ne m'en étais pas spécialement inquiété. La vérité, c'était que je m'étais perdu de vue. Je m'étais baladé avec une image de moi-même tout à fait obsolète. Après tout, quand était-ce que je me voyais réellement? Quand je me rasais, je ne regardais que mon visage. De temps à autre, en ville, j'apercevais mon reflet en passant devant une vitrine ou une porte en verre. Sous la douche, je me récurais sans étudier mes défauts. J'étais devenu anachronique à mes propres yeux. Quand je demandais à Erica pourquoi elle ne m'avait pas signalé de si déplaisants changements, elle me pinça la chair près de la taille et déclara "Ne t'en fais pas, mon coeur, je t'aime vieux et gras". Pendant quelques temps, j'entretins l'espoir d'une métamorphose. J'achetai des altères et je tentais de manger plus de brocolis et moins de rosbif, mais la résolution me manqua bientôt. Je n'avais pas assez de vanité pour endurer les privations."

C'est un passage de "Tout ce que j'aimais". Je m'y retrouve. Il y a des phrases que j'aime. J'aime me souvenir que je ne suis pas insensible aux futilités.

mercredi 1 août 2007

Quelques briques

Un de mes chemins de retour du travail passait devant une fonderie abandonnée et ce depuis de très nombreuses années à en juger par son état. J'emploie le passé car elle vient d'être rasée pour faire place à un parking. Il reste un mur d'enceinte avec deux fenêtres qui offrent la vision d'un terrain vague. Avant sa destruction, on pouvait distinguer d'un côté le bâtiment où avait lieu la production et de l'autre les bureaux, le tout fait de briques rouges. Je suis attiré, peut-être même fasciné, par les usines abandonnées, surtout celles qui symbolisent un capitalisme aujourd'hui disparu, un prolétariat en voie de disparition depuis la mort de Staline, référence temporelle qui ne repose sur rien. J'associe volontiers Staline aux ruines et à la désillusion des travailleurs. Toujours est-il qu'à chaque fois que je passais devant, je la regardais et je pensais aux personnes qui avaient travaillé en ce lieu. Que reste-t-il d'eux, de ce qu'ils ont fabriqué, demeurent-ils encore dans certaines mémoires. En pensant à ces quelques briques, je revois les films, du début du siècle dernier, en noir et blanc où l'on voit s'agiter femmes, enfants, hommes se dirigeant vers de grandes fabriques que symbolisent des cheminées fumantes. Ces ruines étaient peut-être le dernier souvenir de leur contribution.