vendredi 31 mai 2013

Vive aujourd'hui



En cette fin d’après-midi, à vélo je roulais dans la campagne. A la sortie d’un bourg, s’offrit à mon regard un champ de colza dont la couleur adoucissait le vert ambiant. Parfumant l’air de la vitesse,  l’odeur des fleurs jaunes traversait la route. J’en profitais pour la respirer et ce avec plaisir. Quand j’étais petit, je n’aimais pas le parfum du colza. Tout en pédalant, je me demandais ce qui avait bien pu changer en moi pour qu’à présent j’apprécie ces exhalaisons. D’un souvenir à un autre, je me souvins qu’également petit je n’aimais pas les femmes à forte poitrine. Elles me faisaient peur. Un jour je m’aperçu que, quelque soit leur taille, les seins ne me faisaient plus peur. Avec le temps, je me mis à ressentir une attirance particulière pour les bonnets C, voire… Ce qui parallèlement ne m’empêchait pas de prendre en considération les seins de tailles plus modestes. A quoi pouvait bien être due cette évolution ?

dimanche 26 mai 2013

Qu'est-ce qui fait que

Qu'est-ce qui fait que le matin on se lève même si on n'en a pas envie? Je me réveille et comme la veille je suis dans mon lit et je ressens une immense envie d'y rester. Je sais pertinemment que je vais me lever, que je vais devoir me lever. Comme si j'étais allongé sur la rive d'un cours d'eau. Les yeux encore fermés, j'entends le bruit du courant. Je suis bien. Je m'étire. La couette et moi ne faisons qu'un, complice. Avec elle, je me sens libre. Elle m'enveloppe. Elle aime mon corps sans restriction. C'est avec la même douceur que chaque soir elle m'accueille, que chaque nuit elle m'isole du monde. Nous sommes bien ensemble. Nous échangeons notre chaleur. Je sens bien qu'elle n'a pas envie que je la quitte, ne serait-ce que quelques heures. Impossible de l'emmener avec moi, elle n'aime pas l'agitation, le mouvement, les impératifs, les urgences, les impondérables, les horaires, la sonnerie du téléphone, les angles droits des bureaux. Je sais que dès l'instant où je mettrai le pied à l'eau, je serai emporté par le courant. J'irai m'abîmer dans le jour qui se lève. Souvent le matin je me demande pourquoi je suis la veille rentré si tard au port.
Je ne sais pas pourquoi je finis par me lever. Et là, tout s'enchaîne.

samedi 25 mai 2013

Pour la première fois

Ce matin je suis mort. Je n'ai pas pu dire encore. D'autant que je ne m'y attendais pas. Rien ne laissait présager cette fin tragique. Je pensais qu'aujourd'hui serait comme la veille. Et la veille j'étais vivant. Je me doutais que cela finirait par arriver. Ce qui est bien c'est que je ne l'ai pas vue venir. Je n'ai pas eu le temps d'avoir peur ni, du coup, celui de l'éviter. Je ne sais pas si l'on peut l'éviter. Il faudrait savoir si l'instant de notre mort est programmé. Pour ce qui me concerne, je n'y crois pas. Ce qui me chagrine, c'est qu'hier j'ai dit "A demain" à mes collègues de travail. Et ce matin, ne me voyant pas arriver, ils s'inquièteront. A juste titre.
Et puis ce matin, je suis parti comme si de rien n'était. J'ai refermé la porte doucement. Comment aurais-je pu y voir un signe? Dehors, tout était calme comme chaque matin. L'air était peut-être plus léger. Je n'en suis même pas sûr. Il n'est pas facile de distinguer un matin d'un autre. J'avais déjà pensé à ma mort mais pas de façon précise. Je n'étais pas entré dans les détails. C'était une mort globale. Je savais qu'un jour mon cœur cesserait de battre. Je ne vous cacherais pas qu'il m'était arrivé de penser que mourir juste après avoir fait l'amour ne serait pas mal. Mais pas pendant. C'est frustrant pour l'autre. Tout compte fait, je me rends compte que je n'avais jamais réfléchi à ce que j'aimerais faire avant de mourir.

vendredi 24 mai 2013

Qu'est-ce qui fait que

Qu'est-ce qui fait qu'on s'en fout? Hier matin, je ne sais plus pourquoi, je décide de changer d'arrêt de bus. En chemin, je pense. Disons que des pensées me traversent l'esprit, trop rapides pour que je puisse les retenir. Ce sont souvent des embryons de pensées qui la plus part du temps font l'objet d'un avortement cérébral. Elles m'encombrent l'esprit. Donc, je marchais la tête ailleurs quand je passe devant le bar tabac du coin qui se trouve effectivement au coin de la rue. En sortent deux individus dont tenait dans sa main un paquet de cigarettes dont il venait de faire l'acquisition. Tout en parlant avec son voisin, le plus naturellement du monde il laisse tomber à terre le papier d'emballage.

Le bus arrive. Je m'y introduis. Deux arrêts plus tard, deux autres individus montent dans le bus et prennent place. Je regarde par la vitre. Il pleut. Mon regard se tourne vers l'intérieur du bus et retrouve les deux individus sus-mentionnés. Le plus naturellement du monde ils ont posé leurs pieds sur le siège situé à leur gauche. Le dos reposant contre la vitre, ils devisent.

Je descend du bus. Sur le trottoir s'enchevêtrent crachats et mégots. Je marche en regardant le ciel. Les nuages de la veille semblent être toujours là. Il est encore tôt. Je traverse un jardin public. Quand il fait beau, des enfant jouent sur l'herbe, le midi des gens mangent. Ce matin il y a un homme et son chien. Il a les mains dans les poches et regarde son chien chier dans l'herbe. 

mercredi 22 mai 2013

Concours

En regardant un homme pleurer en jouant du piano, je me suis demandé si la beauté m'avait déjà fait pleurer. Un paysage, un visage, un tableau, une voix, des mots, un regard, des notes, un instant. Je ne me suis pas souvenu si j'avais pleuré à la naissance de mes enfants. En revanche, la beauté me rend silencieux. Je la regarde. Je ne la partage pas. D'une certaine façon, elle m'appartient.

mardi 14 mai 2013

Ah oui!




En découvrant et cette œuvre et son auteur Mike Kelley, je me suis demandé pourquoi je connais si peu de peintres. Je ne sais d'ailleurs pas ce que veut dire cette expression connaître un artiste. "Ah oui, je connais". Personne ne vous demande jamais "Ah oui, et tu le connais comment?" Prenons un exemple. Je sais que Marcel Proust est un écrivain. J'ai lu et entendu des commentaires sur son œuvre et sur sa vie. Je connais le nom de son œuvre et de plusieurs de ses romans ainsi que de certains de ses personnages mais je n'ai jamais lu le moindre de ses romans. Et donc...
En voyant ce tableau je me suis souvenu que j'avais arrêté de fumer et que pendant longtemps j'avais fait souffrir mes poumons qui  ne devaient certainement pas rigoler tous les jours.