mercredi 31 décembre 2014

lundi 29 décembre 2014

Comme quoi

Il suffit parfois de pas grand chose. Un détail, une précision que l'on découvre en feuilletant des pages. Parfois celles d'un dictionnaire. Comme ça, sans rechercher quoi que ce soit mais prêt à découvrir. J'en ouvre un et je tombe sur des mots bien rangés, en colonnes. Je m'intéresse en priorité à ceux dont j'ignore la signification. Aussi à ceux que j'utilise mais dont je serais bien incapable de rédiger une définition comme imparipenné. Je lis les mots mais en général je ne retiens rien. Peut-être sont-ils trop souvent communs. Ma mémoire est plus sensible aux propres. Au noms propres. Un dictionnaire peut être truffé de ces noms qui le plus souvent me sont inconnus. Je lis les quelques mots qui résument leur vie. C'est comme si je leur rendais hommage. C'est comme si je les sortais de l'oubli pendant quelques secondes. C'est bien présomptueux, mais en écrivant cela je pense à tous ces noms de personnages que nous lisons chaque jour sur des plaques de rue et autres supports signalétiques mais dont nous ignorons tout sans que pour autant cela éveille notre curiosité. Le dictionnaire est l'outil idéal pour aiguiser la curiosité. C'est une cascade de la connaissance. L'autre jour, mes yeux se sont arrêtés sur José Maria de Hérédia. Je me suis souvenu qu'en classe de seconde j'avais rédigé le commentaire de l'un de ses poèmes dans lequel on pouvait lire le mot percale. Un poème répondant à des contraintes qui me faisaient penser à un corset sans que pour autant cela provoque en moi la moindre émotion. Le rédacteur de cette courte biographie précisait qu'il faisait partie du mouvement parnassien. Je suis alors passé du H au P, comme parnassien. D'autres noms de poètes sont apparus. Le nom de Mallarmé a retenu mon attention. Toujours à l'époque de ma seconde ce Mallarmé, je ne saurais dire pourquoi, m’apparaissait comme un personnage ténébreux, intimidant, à qui je n'aurais jamais osé parler. Entendre son nom prononcé par mon professeur de français me faisait un drôle d'effet. Je me sentais petit. Je l'imaginais avec une voix profonde qui imposait le silence et le respect. Et là dans le dictionnaire, je découvris que ce terrible Mallarmé avait un prénom. Stéphane. Le simple fait d'accoler ce prénom à Mallarmé me le rendit humain. Stéphane Mallarmé. J'étais maintenant persuadé qu'il devait lui arriver de sourire.  

samedi 27 décembre 2014

Le II (2 et fin)

De fait, c'est un double II. Celui que pour la première fois j'ai découvert en 69. Je ne pouvais qu'aimer cette vision transgressive même si mon ignorance maintenait mon plaisir au stade de l'intuition. Et puis l'autre pochette plutôt bleu ou mauve. Comme le négatif du premier pour des morceaux à l'état brut. Rough, ainsi qu'il est noté entre parenthèse. Comme des photos avant qu'elles ne passent pas la case photoshop. Une version sans filtre qui fait tousser.
Ils sont toujours dans leur film de protection qu'ils partagent.Ils attendent que je les sépare. Je ne sais pas encore lequel des deux je vais écouter en premier. J'ai pourtant une intuition.

vendredi 26 décembre 2014

Le II (1)

Pour Noël je me suis fait offrir le Led Zeppelin II, version vinyle. Cela permet les gestes d'antan. La prise en main de la pochette. Je l'empoigne de la main gauche. Je regarde la photo des quatre entourés de leurs comparses. Je sais, je l'ai déjà des centaines de fois, voire... Je m'attarde à la recherche de détails qui m'auraient échappé. Je passe si souvent à côté. D'une rotation du poignet, je découvre le verso. L'un sous l'autre, apparaissent les titres. Toujours dans le même ordre. Je passe de side one à side two. Mais, même si cela parait pareil qu'au premier jour, ce n'est pas la même chose. C'est même pratiquement pas la même chose. La suite demain.

jeudi 18 décembre 2014

Ce matin

C'est fait. Ce matin, mon nez affiche complet. Sold out, ce qui en passant risque d'être le cas pour le concert d'AC/DC du 23 mai. Pour ce qui est de mon nez, c'est même plus que plein. Je serais tenté de dire que ça déborde. Comme un Hortefeux qui serait affecté aux fluides, j'expulse mais cela demeure bien dérisoire. J'ai bien essayé de me boucher le nez pour que le trop plein se déverse en d'autres lieux, mais inlassablement, venant de je ne sais où, le flot s'immisce, envahit, insensible aux menaces médicamenteuses. Fatigué et étreignant fébrilement mon mouchoir qui regorge de miasmes, en ce matin humide et d'une suspecte douceur, je crois que je vais renoncer et me laisser déborder. Vivement plus tard qu'il soit bientôt.

mercredi 17 décembre 2014

Ce matin

Ce matin, il faisait nuit. La nuit n'a été qu'un matin dans la peine. J'ai senti un rhume qui pointait le bout de son nez. Le coton était sorti de son emballage. Les lampadaires étaient encore allumés à l'heure où se réveillent les enfants. Rien que pour ça, je n'aimerais pas être à nouveau un enfant. Un enfant que sa maman tire de son sommeil, même avec amour. Je n'ai pas le souvenir que mon papa se soit penché sur moi pour me susurrer "Il est l'heure de se lever, mon amour". Il était plutôt mon père. D'ailleurs, l'ai-je fait moi-même? Je n'aimerais plus être cet enfant qui maudit sa mère de le sortir de son rêve et de la chaleur de son lit. Je n'aimerais plus être cet enfant qui pleure de ne rien comprendre, surtout de ne savoir pourquoi il faut, jour après jour, aller souffrir dans une classe. J'ai pourtant certains matins la sensation d'être cet enfant.   

dimanche 14 décembre 2014

Abandon

Dans la clarté des saisons
Se renouvelle la vision
Des jours sans raison
Tu es devenue l'horizon
Qui disparait dans le soir
L'esprit se penche
Et te découvre
Ce que l'on attendait
Disparaît 

mercredi 10 décembre 2014

Celui d'après

En revanche, ce que je savais, peut-être encore confusément, c'est que l'essentiel se trouvait entre ses cuisses. Confusément, car je ne savais pas ce que j'allais y trouver. A n'en pas douter, le bonheur. L'ignorance devait donner toute sa force à mon fantasme. A genoux, je plongeais la tête dans l'ombre. D'une main elle caressait mes cheveux. Et là, dans la chaleur de l’excitation,  je sentais les vagues de l'extase. De toute mes forces je tentais de garder en moi l'image de cette enfant à genoux. Je sentais les draps me caresser les joues. Pour ne pas éveiller la curiosité, j'étais contraint à l'immobilité. La satisfaction n'était pas à portée de main. Soir après soir je revivais la même aventure.

Peau de banane

Ce matin j'aimerais être un peu heureux. Un peu? Quel manque d'ambition!

mardi 9 décembre 2014

L M

Dans le matin frêle
Peuplé d'ailes
J'épelle ma belle
Avec plein de elle

Je suis fait d'elle
L'être d'une ritournelle
Comme une ribambelle
Passe dans le ciel


Le dernier (6)

Ce qui me fait penser que je ne me souviens plus du premier livre que j'ai lu. Pourquoi perdre mon temps à parler de ce que j'ai oublié? Je suis persuadé que le souvenir de ce livre est rangé quelque part. Dans l’hémisphère gauche ou droite. Dans un recoin. Il faut simplement aller le chercher. En soi, cela n'a pas beaucoup d'importance un premier livre. Les souvenirs auraient-ils une valeur? Je ne sais pas ce que j'ai ressenti mais pour la première fois lire et comprendre une histoire écrite pour moi. Découvrir le sens des mots. Ce dont je suis sûre, c'est qu'à la maison, jamais personne ne m'a lu une histoire. 

jeudi 4 décembre 2014

Pas du tout

Je ne me souviens pas de mon premier Noël. Pas du tout. Pourtant un premier Noël, c'est important. La découverte du premier mystère de la vie. Le Père Noël. La première certitude. Celle de son existence. C'est extraordinaire. Croire à l'existence de quelqu'un que l'on ne voit jamais. La première croyance. Celle en celui qui exhausse vos vœux. Croire au Père Noël c'est aussi être pour la première fois une victime. La victime d'un complot d'envergure mondiale. Un complot fomenté par des adultes qui érigent le mensonge comme outil d'éducation.
J'ai retrouvé une photo de ce Noël et de ses alentours. Je suis debout dans ce qui semble être un jardin. C'est une photo que l'on pourrait qualifier d'anonyme. Il est impossible de situer l'endroit. Je suis à côté d'un enfant. Je ne sais pas qui il est. Nous tombons tous un jour sur ces photos composées de visages dont plus personne ne se souvient, qui n'évoquent rien. Ceux qui auraient pu s'exclamer "Mais si, souviens-toi, c'est..." ne sont plus là. Cet enfant a peut-être disparu de toute les mémoires. Pour ce qui me concerne, je me suis reconnu. J'ai un paquet dans les bras. Je ne me souviens plus de son contenu. Mais il paraît suffisamment grand pour contenir la voiture de pompier téléguidée que j'avais commandée. Jouet sans le moindre intérêt. Je n'ai pas le souvenir qu'aucun Noël m'ait procuré le moindre plaisir. Croire ne suffit pas.    

mercredi 3 décembre 2014

Le dernier (5)

Je regarde mes doigts qui s'agitent sur le clavier. Non, ils ne s'agitent pas. Ils passent d'une touche à l'autre. Chaque lettre raconte leur vie. Un alphabet qui finit en croix. Mes doigts sont aujourd'hui maigres. Des prolongements secs que l'on pourrait croire cassants avec, deci delà, des tâches comme une impression. Pourtant, elles n'évoquent rien si ce n'est le temps. Qu'ai-je fait avec mes doigts? J'ai tourné les pages des livres. J'aime du bout des doigts les caresser en espérant deviner le relief des lettres tout en fermant les yeux. J'aime sentir l'épaisseur des livres. Il m'arrive d'en acheter sans avoir la moindre intention de les lire. Pour le plaisir de les voir traîner dans toutes les pièces. Ce sont peut-être les seules choses que j'ai envie de posséder. Je ne saurais expliquer pourquoi. La manifestation d'une admiration pour ces femmes et ces hommes qui ont écrit, qui sont allés jusqu'au bout de leur envie, qui sont allés chercher au fond d'eux ce qu'ils sont?   

mardi 2 décembre 2014

Un peu court

Dans le train du retour
 Pensant à mon amour
Je regarde alentour
S'estomper les détours


Question

A-t-il voulu en être le président pour pouvoir passer le karcher dans le parti, au risque d'être l'arroseur arrosé?