mardi 31 janvier 2017

Haine, mépris et logorrhée (1)

Ce matin, 6h25. La nuit noire se dissimule dans le brouillard. Dans la cuisine, je viens de passer sur France Culture. J'écoute la chronique de François Angelier qui nous parle d'Eric Satie. 6h29, annonce du programme de la matinale. A 7h40, Guillaume Erner recevra Florian Philippot. Sans lui avoir rien demandé, ma main gauche se dirige vers le bouton qui permet de changer de fréquence. "Oh là, mon Thierry" me dis-je "Prends le temps de la réflexion et tu aviseras." En effet, il me restait 70 minutes pour décider si oui ou non j'allais consacrer du temps de mon cerveau à cette personne. Après avoir pesé le contre, je décide malgré tout d'écouter le vice-président. Nous sommes sur France Culture et ce serait bien le diable si les journalistes n'avaient pas sérieusement préparé cette rencontre pour éviter, comme bon nombre de journalistes, d'afficher ouvertement leur hostilité à ce parti, permettant à chaque fois à ce dernier de se victimiser.
Le temps passe et arrive 7h40. Entre temps je fais ce que l'on fait le matin mais plus lentement que d'habitude. Dans la douceur retrouvé d'un matin perlé. Mais avant 7h40, il y a 7h39. Cette minute pendant laquelle j'hésite encore.  

vendredi 27 janvier 2017

Plume

L'être d'amour écrit. Avant que les mots s'enfuient. Griffonnés. Raturés.  L'être aimé écrit. En marge. Que tout est fini. L'être d'amour écrit. Enfin ce qui suit. L'être aimé décrit. Jusqu'au dernier cri. Les lettres de l'oubli. Épuisé de tous ces et puis. L'être déchiré. L'être froissé. L'être déchiqueté. Les déclarations passées dans la lumière du temps. Probablement. L'égarement des sentiments.

Ce jour là

Le bruit des pas dans l'allée. Entre les souvenirs envolés. Il laisse ses pensées vagabonder. Jusqu'à la naissance d'un dernier été. Les alignements de dates inconnues. Éloignent les amours disparus. Les voix errent dans l'oubli des heures perdues. Quand l'aurore froide est apparue. Dans les parcelles de silence. Que le vide traverse. Et dessèche les promesses. 

mercredi 25 janvier 2017

Le rock est dans le pré

Aujourd'hui, Blanche Dubois. Quand on ne parvient pas à classer un artiste, une artiste en l’occurrence, on utilise le mot univers. L'univers est assez vaste pour tout y mettre et tout y trouver. Alors, Blanche Dubois est un univers. Elle n'est ni blanche ni de bois. Sa musique est parfois comme une esquisse composée de courbes profondes et brumeuses entre lesquelles erre une voix entêtante qui nous entraîne sur les contreforts des Hauts de Hurlevent. D'autres fois, musique et voix sont des fulgurances, des érections de décibels qui interpellent les tympans et font vibrer les enclumes. Vous l'aurez compris, Blanche Dubois est à découvrir avec la sensualité curieuse d'une première fois que l'on nommera désir.  

Le rock est dans le pré

Aujourd'hui, My Silly Dog Fish (MSDF). Un nom qui suggère l'exploration, l'hybride, l'improbable synthèse. Mais ne vous y trompez pas. MSDF est une mélodie. Une mélodie qui chemine à travers le temps, à travers votre mémoire. Des intonations, des lignes en accord. My Silly Dog Fish a la sobriété inaccessible de Dylan et de groupe comme Morphine, Young Marble Giant sans pour autant être un clone. MSDF se décrit comme une ligne rythmique solide et caressante qui ne s'accapare pas l'espace. Des voix qui ne s'embarrassent pas de fioriture. Des guitares dans la retenue qui nous épargnent les boursouflures de solos sans fin. La virtuosité modeste de MSDF (lire AimeSDF).

lundi 23 janvier 2017

Au pied de la lettre



Quand l'i mène à l'o et se la coule douce. Quand l'e ment à l'o et boit ses paroles. Quand l'e tombe dans l'o et se met le doigt dans l’œil.


dimanche 22 janvier 2017

Le rock est dans le pré

Aujourd'hui, 2 Chef Menteur. Comme tout un chacun, ce nom vous évoque la Louisiane. Dans ce maelström de musique qui parfois fait notre quotidien,  2 Chef Menteur nous offre un retour aux sources. Aux sources de cette musique qu'est le blues, le blues de Jimmy Mc Cracklin, Robert Johnson, Blind Blake et autre Muddy Waters. Voyage jusqu'à nos racines, 2 Chef Menteur est une voix aussi profonde que le Sud qui s'appuie sur une guitare proprement sèche et incisive et un harmonica comme un souffle traînant et humide qui nous transmet les notes  d'une nuit sans fin dans le Bayou.

jeudi 19 janvier 2017

Un soir au concert

Bon, je ne vais pas faire le malin. Il y a encore peu, je ne connaissais pas Dear Criminals. J'en entends déjà certains et pas des moines s'écrier "Quoi! Tu connaissais pas Dear Criminals? Oh l'autre, y connaissait pas Dear Criminals."
Donc hier soir, tel un bizut de l'électronique, je me suis retrouvé dans la chapelle Saint Julien. Bel édifice au demeurant. Autant vous le dire tout de suite, comme le dirait une de mes belles sœurs "Bah moi, j'ai bien aimé."J'ai lu que Dear Criminals évoluait vers le trip-hop intense et sensuel ou qu'il faisait dans l'électronique minimale, ce qui est peut-être la même chose. Il est vrai que j'ai discerné du Massive Attack. C'est une musique qui se fait avec des boutons, des curseurs, des branchements, des synthés, des boîtes à rythme mais avec de l'humain dedans. C'est une musique incarnée. Incarnée par des voix, de belles voix, par des instruments somme toute classique. Guitare sèche, électrique, basse que les musiciens se sont échangés tout au long du concert. J'ai d'ailleurs remarqué que, contrairement à beaucoup d'autres musiciens, hein Fab, pas une seule fois ils n'ont accordé une des guitares entre deux morceaux.
Voilà. Ce fut une bonne soiré. Une découverte. Une agréable surprise. Ou plutôt une agréable confirmation, les ayant écoutés lors du spectacles "Les lettres d'amour". Si un jour vous avez l'occasion...

mercredi 18 janvier 2017

Ne serait-ce qu'un sourire

Mourir dans le silence. A des cadences infernales dans le froid de l'ignorance. Les morsures de l'indifférence. Recroquevillés dans la transparence. Les regards de l'impuissance. L'effroi de l'abandon hagard. Des formes rendues informes. Disparaître dans la solitude, l'âme étourdie. Comme négligemment abandonnées sur le bord. Proche du rebut des abus. Quand la nuit recouvre les corps usés, transpercés, abandonnés, dévorés, épuisés par les jours sans lendemain.

mardi 17 janvier 2017

Le rock est dans le pré (One band a week.)

Qui? Mais qui? Enfin, dis moi qui? Sans compter les who, les wer, les quién, les quem Vous êtes nombreux à nous poser la question : quels groupes se produiront au prochain Rock est dans le pré. Nous comprenons votre impatience. Comme un note à note, semaine après semaine nous vous présenterons tous ces groupes. Avant de l'avoir dans le pré, vous aurez le rock dans le net. Sniff.

Nous commençons, une fois n'est pas coutume, cette série de présentations par un groupe 100% femme, un groupe qui a les crocs, j'ai nommé les Charkettes.

One band a week.
Qui? Mais qui? Enfin, dis moi qui? Sans compter les who, les wer, les quién, les quem Vous êtes nombreux à nous poser la question : quels groupes se produiront au prochain Rock est dans le pré ? Nous comprenons votre impatience. Comme un note à note, semaine après semaine nous vous présenterons tous ces groupes. Avant de l'avoir dans le pré, vous aurez le rock dans le net. Sniff.
Nous commençons, une fois n'est pas coutume, cette série de présentations par un groupe 100% femme, un groupe qui a les crocs, j'ai nommé The Sharkettes
On les dit filles spirituelles de Nick Cave et Poison Ivy, mais les Sharkettes c’est avant tout du Rock Fight Spirit. Une guitariste, une batteuse. Des riffs qui arrachent, qui déchiquètent. Une rythmique qui déboule, qui assome. Les Sharkettes nous servent des morceaux crus à point qui comblent nos appétits de rock. Après les avoir vues et écoutées, vous pourrez dire « Avec les Sharkettes, j’ose ».

Le rock est dans le pré

S'annonce le rock est dans le pré, 5ème du nom. Si le rockeur peut mourir, paix à son âme, le rock lui ne meurt jamais. Le rock est partout et ailleurs et le 24 juin prochain il sera dans le pré. Un rock verdoyant, un rock bucolique, un rock du terroir. Autrement dit, un rock'n green. Encore une fois, nous avons opté pour la proximité, les courts circuits pour vous électriser. Cette année, le rock dans le pré, pas sectaire, accueillera des groupes du littoral, des groupes de la campagne et des groupes de la ville. Des voix, des guitares, des violons, des batteries, des cuivres, des claviers, de l'herbe (verte) pour un "Festival de pote-rock". Le rock est un risque.

Dans le bus (2)

Il manque quelque chose. Peut-être dans une autre poche. Pour que ce ne soit pas encore un oubli, je ne fouille pas tout de suite ailleurs. Je retarde. L'impression d'être encore le maître de la situation. Bien que le matin ne soit qu'une succession d'habitudes, d'enchaînements, demeurent des incertitudes, des zones d'ombre, des impondérables qui donnent naissance aux oublis. Oublier de se réveiller (délicieux), oublier de changer de boxer (beurk), oublier de se laver (rebeurk), oublier qu'il ne faut pas se regarder dans la glace, oublier l'heure, oublier de mettre le linge sale dans la corbeille (relents), oublier la raison de sa présence, oublier de refermer la porte, oublier de se retourner. Et tant d'autres. L'incertitude me rend fébrile. Je sors mes mains des poches et les fourre dans d'autres qui se trouvent au-dessus, sur le côté, à l'intérieur, derrière. Rien. Je refouille. Ma nerveuse gestuelle intrigue un voyageur. Il me regarde. Je crois lire dans son regard "Vous l'avez oublié?". J'essaye de faire comme si de rien n'était. Je dois lui sourire bêtement. Je ne sais plus quoi faire de mes mains. Comme si j'avais besoin de me justifier, j'en replonge une dans je ne sais quelle poche et en sors un mouchoir en essayant de me coller sur le visage une expression de soulagement. J'oublie de me moucher. Je descends du bus. Je fais le gars pas pressé et lorsque plus personne ne demeure autour, mes mains replongent. Je dois me rendre à l'évidence. J'ai oublié mon portable. Un moment de panique puis je me souviens que jamais personne ne m'appelle.

lundi 16 janvier 2017

Dans le bus (1)

Ce matin, le cœur léger, le pas alerte, d'une ample foulée je me suis dirigé vers l'abri bus. A ce moment précis j'ignorais que le drame était déjà joué. Je ne me souviens plus comment c'était avant, mais aujourd'hui, le temps compris entre le réveil et la porte d'entrée que l'on ouvre pour sortir est parsemé de potentiels oublis. Nous sommes parfois sauvés par cette sensation qui fige notre corps au moment où notre main se pose sur la clenche. Cette sensation qui indique à notre cerveau que nous avons oublié quelque chose. L'ennui est que cette sensation ne précise pas quoi. Dans ce cas là, je jette un coup d’œil à l'horloge et je tente d'évaluer le temps que je peux consacrer à l'identification de l'oubli avant l'arrivée du bus. Mais ce matin aucune sensation. Rien. Me voici donc dans l'abri avec d'autres congénères. Il n'est pas impossible qu'un léger sourire orne mes lèvres. Le gars serein dans toute sa splendeur. Je monte dans le bus. Je valide, comme ils disent. Aucune des places disponibles ne me convient. Je reste debout, le dos contre la vitre. Dans ces cas là, je ne sais jamais quoi faire de mes mains. Elles finissent toujours dans mes poches de pantalon, comme ce matin. Mais ce matin, par l'intermédiaire de ma main droite, je constate qu'il manque quelque chose dans ma poche. La suite demain.  

vendredi 13 janvier 2017

Et

Tu étais là, dans le ciel bas. Sur le chemin, tu hésitais. Tu m'appelais avant la fin. Tu revenais en contrejour. Les soubresauts des ombres vierges se perdaient dans les décombres de nos âmes. Une attente que je savais. La langueur de l'abandon. Nous allions renoncer. Peut-être l'avions-nous déjà fait. Piétiné, notre amour jonchait comme des désirs délaissés. Foulé par d'autres. Lorsque plus aucun mot. Lorsque croire nous épuise. Lorsque la vie s'éloigne.

Réjoui de la crèche



Petit, j'ai fréquenté la maternelle. La maîtresse était gentille. Elle nous apprenait des chansons. Ces chansons que l'on qualifie hâtivement d'enfantines. Avec un peu de chance, nous les chantions devant nos parents dégoulinant de fierté lors du spectacle de fin d'année. Parmi toutes ces chansons et d'autres encore, je chantais "Il court, il court le furet." Ces mots sortaient de ma bouche encore innocente. Peut-être même étais-je déguisé en furet. Plus tard, beaucoup plus tard, dans le cadre de mon activité professionnelle (quel mot curieux dans ma bouche. On en trouve des trucs dans ma bouche!) toujours aussi niais, j'appris cette chanson à des enfants, peut-être même aux miens. Il est possible que j'organisai une comédie musicale "Par ici, par là, le furet repassera". Et l'autre jour, sidéré et honteux, qu'apprends-je en écoutant une émission de radio? Que "Il court, il court le furet" serait une contrepèterie. J'interroge des proches et des moins proches pour savoir s'ils étaient au courant et tous, je dis bien tous me répondent oui. Pourquoi personne ne m'a jamais rien dit?

mercredi 11 janvier 2017

Dans le bus

Où va se loger la peur, jusqu'où s’immisce-t-elle, dans quel recoin de notre cerveau ne s'est-elle jamais aventurée? Telles sont les interrogations qui ce matin m'assaillaient dans le bus. Ce matin, les habitués du 6h55 étaient tous là. Pas à la même place que la veille mais pas un ne manquait à l'appel. Parmi eux, me fascine plus particulièrement un homme. Probablement dans la quarantaine sans pour autant être isolé. Vêtu d'un grand manteau couleur sable, il précède un sac à dos Hello Kitty d'un rose revendicatif. Je ne sais pas ce qu'il fait, ni d'où il vient, ni où il va. A vrai dire, ma curiosité ne va pas jusque là. Mais allez savoir pourquoi, j'aime bien le regarder. Assis, il reste immobile tout le long du trajet. Rien en lui ne bouge. Dans son regard fixe, je ne vois jamais rien passer. Pas la moindre pensée, pas la moindre émotion. Il semble débranché, les synapses déconnectés. Jusqu'ici en vain, j'espère à chaque fois déceler chez lui une lueur. Il descend à la dernière station de la ligne, ce que l'on appelle communément un terminus. Chacun sait que le bus s'arrêtera nécessairement au terminus. Pas lui. Entre l'avant dernière station et et la dernière, il reprend vie. Le visage coloré par l'angoisse, il se lève, se plante devant la porte et appuie sur le bouton rouge et s'illuminent alors les deux mots "Arrêt demandé". Invariablement. Je crois que la prochaine fois, je prendrai la peine de lui expliquer.

Coup de Menton (ronchonnerie du matin)

Aujourd'hui, l'homme qui ne recule jamais, faute d'avancer, se rendra à la frontière. Pourquoi Fanfan du Mans se rend-il à la frontière? Pour dénoncer, pour fustiger le laxisme, la part trop belle faite aux migrants. Ce qu'il veut, c'est pouvoir faire son marché. Des migrants, oui mais uniquement ceux qui peuvent nous être utiles, à savoir gonfler le PIB. Car Fanfan du Mans, lui il sait ce qui est bon pour la France. Que veut Fanfan du Mans, notre Trump de province? C'est rendre à la France sa Fierté, avec un grand F. La fierté même s'il doit nous faire honte.

mardi 10 janvier 2017

Presque parfait

Les jours d'équinoxe, sans équivoque, les vioques évoquent l'époque des breloques et des smocks assis sur un  pabouk près des docks.

lundi 9 janvier 2017

Dans l'eau (c'est le dernier, c'est promis)

J'étais le dernier
Dans le canoé
Je t'ai fait ohé
Et tu t'es noyée

T'avais la tête sous l'eau
Moi dans le bateau
Tu faisais des bulles
Au fond d'la Vistule

Encore une brasse
Tu bois la tasse
T'es toute mouillée
Touchée coulée

Y a rien de pire
Tomber du navire
Vaut mieux en rire
Plutôt qu'un soupir

Tombée à la baille
J'tai dit bye-bye
Une autre j'pêcherai
Une qui sait nager



dimanche 8 janvier 2017

Un soir au concert (avec vidéo)


Hier soir je me suis rendu at The Saturnight Folk Revue, épisode numéro 4 dont le thème était "The folk et la british invasion".Ce qui veut dire que trois épisodes l'ont précédé. Ceci dit car je regrette et déplore qu'il n'y ait pas de replay possible pour les épisodes que j'ai loupés, ce qui aurait pu être le cas de celui-ci dont je n'ai eu connaissance que très tardivement. A force de ne pas être toujours là, on finit par être ailleurs.
Donc hier soir, c'était la fête principalement aux Beatles, plutôt première mouture, aux Stones et autres Who. Je n'aborderai pas l'aspect historique de l'invasion, qui a fait quoi en premier avec qui et qui qui a influencé qui, les spécialistes ne semblant pas s'accorder. Qu'importe. Nous avons écouté de la musique et nous étions venus pour ça. Pas de mur du son ce qui n'est pas plus mal, j'avais oublié mes bouchons que par ailleurs j'ai fait sauter (juste pour dire). Un point anthropologique concernant cette agréable soirée et d'autres. Globalement, tous les concerts auxquels j'assiste ont un point commun. Ce point commun concerne les spectateurs.
A titre personnel, j'aurais préféré que les reprises concernent un nombre plus important de groupes de cette époque. Dieu sait qu'il y a de quoi faire. Quoi qu'il en soit, je reviendrai.

https://youtu.be/iehU4KU8o-g.  (lien vers une vidéo)

samedi 7 janvier 2017

Un soir au cinéma

Cette fois-ci je m'étais dis que je ne le ferais pas. Au début, dès la fin du film, j'étais un peu dans le flou. Pour tout dire, une partie du film m'avait échappé. Je me suis endormi. Si en soi ce n'est pas inhabituel sans être systématique, je ne sais pas combien de temps j'ai gardé les yeux fermés. De plus, les ellipses que contient ce film renforcent le sentiment d'incertitude. Me suis-je endormi une, dix, trente minutes? Malgré tout, encouragé à relever le défi, bien modeste, je chronique ce film.
Le héros quitte sa famille et la campagne pour rejoindre des amis qui travaillent près de Phnom Penh sur le chantier d'un projet immobilier de luxe. Par hasard, il retrouve son frère, parti depuis plusieurs années, qui évolue parmi la jeunesse  dorée cambodgienne. A l'opposé du héros et de ses amis qui vivent de peu. L'histoire se déroule au rythme du Mékong dans une société encore très rurale mais dont la capitale et certains de ses habitants tentent de vivre à l'heure occidentale jusqu'à fêter la saint Valentin. Le héros est confronté aux choix, donc aux  renoncements. Que va-t-il choisir? Si vous ne vous endormez pas vous le saurez.
Encore un film pas drôle allez-vous penser. C'est vrai mais touchant, nostalgique, le tout baignant dans une douce tristesse.    

vendredi 6 janvier 2017

Injonction

Ce matin, comme Goldman, je marchais seul. Seul dans les rues de Rouen. Seul avec quelques livres dont je venais de faire l'acquisition. J'avais envie de boire un café. Je n'avais pas envie de le boire seul. Par expérience, je savais qu'il était plus agréable de le faire avec une femme. Bien sûr, j'ai vécu plusieurs expériences avec des hommes mais ce matin j'étais en quête de spiritualité, de culture, de subtilité. C'est ainsi qu'avec toute la délicatesse dont je suis capable, je me mis à aborder des femmes pour leur proposer de boire un café ensemble. Je pris soin de leur faire part de ma quête. Est-ce ma tête de repris de justice, mes grandes mains, mes grandes oreilles, ma grosse voix, toujours est-il que je n'ai essuyé que des refus et les larmes qu'ils ont occasionnées. L'envie de café ne m'ayant pas quitté, je me suis retrouvé seul face à une tasse sans charme au café des Carmes. Et là, après avoir, faute de mieux, retourné mes nouveaux livres dans tous les sens, je laissai la rue me distraire. J'y vis un homme. Un homme, vêtu à la gentleman farmer, qui promenait deux chiens. Deux chiens qui agissaient comme des chiens. Ils reniflaient tout en tirant sur leur laisse. L'homme, grand, en cela qu'il mesurait plus d'un mètre soixante-quinze, d'une grandeur avoisinant les un mètre quatre-vingt-dix et précédé d'un embonpoint de retraité, offrait au regard de tout un chacun l'image de la sérénité de celui qui maîtrise tant son environnement que sa vie. Alors que tout semblait sur les rails, je le vis secoué d'une nerveuse agitation. Se répandait sur son visage la panique, dont j'ignorais encore l'origine. D'un seul coup, les chiens passaient du rôle de marqueur du statut social de leur propriétaire à celui de choses embarrassantes. Contraint de tenir leur laisse d'une seule main, il plongea l'autre dans une poche intérieure de son manteau. Ne parvenant pas à extraire ce qu'il cherchait, sa quête devint frénétique. Quant à eux, les chiens continuaient d'être des chiens. L'homme, délaissé par la sérénité, finit par extirper l'objet. Un portable. Dans sa main gauche deux laisses, dans la droite le portable. Souhaitant à tout prix répondre à son correspondant, il entreprit, à l'aide d'un doigt de sa main gauche, d'appuyer sur l'écran. Mais la précipitation dont il fit preuve ajoutée aux chiens qui continuaient d'agir comme des chiens, empêchait son doigt d'atteindre le point qui lui aurait permis d'entrer en contact. Pour obtenir davantage de latitude, il tira sur les deux laisses tendues. Peut-être trop brusquement. En réaction, les chiens tirèrent vigoureusement emportant leur propriétaire qui disparut de ma vue.

mercredi 4 janvier 2017

Artériel

Monsieur Lamble gît là depuis...Lui-même ne sait plus. Cela n'a d'ailleurs aucune importance. Depuis déjà quelque temps, monsieur Lamble voit sa mémoire s'effilocher. Sa vie disparaître. D'autres s'en souviennent peut-être mieux que lui. Ce qu'il a été s'éparpille dans d'autres mémoires. Ses souvenirs s'évanouissent. Du couloir lui parviennent des voix ainsi que des bruits qu'il ne réussit pas à identifier. Parfois le claquement d'une porte. Ce qu'il a cru reconnaître la dernière fois. La dernière fois. Cette impression que sa vie n'est maintenant plus qu'une suite de dernières fois. Tout avait commencé par une succession de première fois. Les premiers pleurs, le premier souffle, le premier baiser , la première caresse maternelle, le premier sein à téter, le premier mot, le premier pas, le premier sourire, le premier chagrin, la première injustice, le premier regret, la première trahison, le premier espoir, le premier désir, la première fille, le premier amour, la première fois. Cette première fois s'est effacée. Il se débat dans le grand effacement. Il a été cette eau claire et vive qui débordait, qui éclaboussait, qui se répandait, qui brillait dans le jour. Maintenant sa vie s'offre comme une plage à marée basse piétinée par les estivants. Une page traversée de mots perdus entre les lignes. Le néon peine à éclairer la chambre. Il permet de deviner. Qu'aurait-il encore à découvrir? Si ce n'est mourir, quelle première fois lui reste-t-il? Il est devenu un adepte des plaisirs de proximité. A proximité de ses mains. Ses jambes font de la figuration. Par la force des choses, il est devenu un homme tronc immobile dans une vie tronquée. Il regarde ses mains posées de part et d'autre de son corps. Elles reposent le drap. Il aime sentir sa douceur sous ses doigts tremblants. Il se souvient de draps entortillés dans les odeurs d'intromissions. Il sait. Mais s'il avait su que c'était la dernière fois, il aurait...Il veut se souvenir du désir. Se laisser glisser encore une fois. Quand ce qu'il croit être la nuit s'installe, les yeux mi clos, il attend. Il semble aussi immobile que le reste de la journée mais dans cette attente s'éveille ce qui subsiste. La porte s'ouvre et elle entre. Depuis combien de temps n'a-t-il pas ouvert une porte? Il a toujours l'impression qu'elle lui sourit. Elle fait le tour du lit. Toujours par la gauche. Elle prend son bras et le soulève. Juste assez pour le glisser dans le brassard. Il ferme les yeux. Son bras est enserré. La tension. Elle prend son poignet. De ses doigts, elle exerce une légère pression. Encore quelques secondes. Le sifflement de l'air qui s'échappe et libère son bras qui retombe le long de son corps. Il aimerait tant une dernière fois. 




Souvenir

Le visage de l'aurore
Dans la lézarde des pleurs
S'évanouit comme un détour
Le jour des contre-cœurs

Au bord des heures usées
Le reste des lointains clairs
Déchire d'un éclat amusé
Ce qui nous reste de chair

A la croisée des demains
Nos souffles se déposeront
Dans le creux de nos mains
Quand les regrets se défont.


lundi 2 janvier 2017

Après ça c'est fini (éphémère résolution)

Ton amour file
 De l'un à l'autre
 Nouvelle apôtre
 Ton amour se défile

 Oh dis moi Camille
 Bois d'la camomille
 Oh dis moi Camille
 Faut plus qu'tu frétilles

 Ton amour file
 Et c'est coton
 Ton amour file
 Et c'est bonbon

 Tu les aimes à la file
 Comme ça tranquille
 Comme des quilles
 Ils tombent à la file

 De fil en aiguille
 T'aimes les filles
 Tu t'fais pas d'bile
 Tu les entortilles 

 Je r'couds débile
 J'mets plus dans l'mille
 Depuis l'an mil 
Ton amour file

dimanche 1 janvier 2017