mercredi 11 janvier 2017

Dans le bus

Où va se loger la peur, jusqu'où s’immisce-t-elle, dans quel recoin de notre cerveau ne s'est-elle jamais aventurée? Telles sont les interrogations qui ce matin m'assaillaient dans le bus. Ce matin, les habitués du 6h55 étaient tous là. Pas à la même place que la veille mais pas un ne manquait à l'appel. Parmi eux, me fascine plus particulièrement un homme. Probablement dans la quarantaine sans pour autant être isolé. Vêtu d'un grand manteau couleur sable, il précède un sac à dos Hello Kitty d'un rose revendicatif. Je ne sais pas ce qu'il fait, ni d'où il vient, ni où il va. A vrai dire, ma curiosité ne va pas jusque là. Mais allez savoir pourquoi, j'aime bien le regarder. Assis, il reste immobile tout le long du trajet. Rien en lui ne bouge. Dans son regard fixe, je ne vois jamais rien passer. Pas la moindre pensée, pas la moindre émotion. Il semble débranché, les synapses déconnectés. Jusqu'ici en vain, j'espère à chaque fois déceler chez lui une lueur. Il descend à la dernière station de la ligne, ce que l'on appelle communément un terminus. Chacun sait que le bus s'arrêtera nécessairement au terminus. Pas lui. Entre l'avant dernière station et et la dernière, il reprend vie. Le visage coloré par l'angoisse, il se lève, se plante devant la porte et appuie sur le bouton rouge et s'illuminent alors les deux mots "Arrêt demandé". Invariablement. Je crois que la prochaine fois, je prendrai la peine de lui expliquer.

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