mardi 17 janvier 2017
Dans le bus (2)
Il manque quelque chose. Peut-être dans une autre poche. Pour que ce ne
soit pas encore un oubli, je ne fouille pas tout de suite ailleurs. Je
retarde. L'impression d'être encore le maître de la situation. Bien que
le matin ne soit qu'une succession d'habitudes, d'enchaînements,
demeurent des incertitudes, des zones d'ombre, des impondérables qui
donnent naissance aux oublis. Oublier de se réveiller (délicieux),
oublier de changer de boxer (beurk), oublier de se
laver (rebeurk), oublier qu'il ne faut pas se regarder dans la glace,
oublier l'heure, oublier de mettre le linge sale dans la corbeille
(relents), oublier la raison de sa présence, oublier de refermer la
porte, oublier de se retourner. Et tant d'autres. L'incertitude me rend
fébrile. Je sors mes mains des poches et les fourre dans d'autres qui se
trouvent au-dessus, sur le côté, à l'intérieur, derrière. Rien. Je
refouille. Ma nerveuse gestuelle intrigue un voyageur. Il me regarde. Je
crois lire dans son regard "Vous l'avez oublié?". J'essaye de faire
comme si de rien n'était. Je dois lui sourire bêtement. Je ne sais plus
quoi faire de mes mains. Comme si j'avais besoin de me justifier, j'en
replonge une dans je ne sais quelle poche et en sors un mouchoir en
essayant de me coller sur le visage une expression de soulagement.
J'oublie de me moucher. Je descends du bus. Je fais le gars pas pressé
et lorsque plus personne ne demeure autour, mes mains replongent. Je
dois me rendre à l'évidence. J'ai oublié mon portable. Un moment de
panique puis je me souviens que jamais personne ne m'appelle.
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