mardi 29 octobre 2013

Jusqu'au jour

Il se souvient des gestes. Le peu qu'il en reste. Cette façon de mettre sa veste. Ces mouvements toujours prestes. Cette recherche inachevée comme une route qui se perd. Regarder son visage le conduit vers l'infini. Il rêve. Comme la caresse d'une idée, la douceur d'un élan. Une âme glisse sur l'instant. Une lumière s'éloigne. Une pensée s'échappe entre ses doigts. Comme un voile de vagues, la blondeur flotte dans la lueur qui s'éveille. Il décore sa solitude. Des grains de poussière traversent les rayons. Il s'approche. Son regard traverse le jardin. Il se souvient de la balançoire qui se trouvait près du lilas. Il aimerait entendre ce rire. Une porte s'ouvre. Ce n'est qu'une autre journée.

vendredi 25 octobre 2013

Dans les rues

Hier, il est retourné dans les rues
Il a marché tant qu'il a pu
Vers tous ces endroits où il l'a vue
Dans tous ces espaces où elle a vécu
Quand toute cette vie était crue
Maintenant les bruits de la vie sont diffus
Comme si le temps n'avait rien retenu
Depuis qu'elle est partie il cherche l'issue 
Les voix ne vibrent plus
Les mots d’hier lui sont aujourd’hui inconnus
Les vibrations du matin ont disparu
Il se retourne, perdu

mardi 22 octobre 2013

Etude (1, 2, 3)


1) Lui

J'ai relevé la tête et je l'ai vu tomber. Ou plus précisément, il a disparu de mon champ de vision. Mais cela s'est passé si rapidement, en une fraction de seconde, que seule une chute pouvait expliquer cette soudaineté. Jusqu'à ce moment, il ne s'était rien passé. Rien qui puisse justifier que je prenne du temps pour le raconter. Je n'aime pas relater le rien. Ce n'est ni une posture, ni un principe. J'ai déjà tenté l'expérience mais je n'en ai pas tiré toute la satisfaction que j'en espérais. J'étais parti du principe que toute vie est passionnante si l'on prend un tant soit peu le temps de s'y intéresser. J'ai choisi ma vie. Non pas tant parce que c'était la mienne mais plutôt parce qu'elle m'était plus familière que toute autre. Comme je ne voulais pas écrire un roman, j'ai décidé de décrire  par le détail un jour de ma vie. Il fallait que ce soit un jour de la semaine plutôt neutre. Le week-end était souvent chargé en évènements. Le lundi était trop marqué en tant que premier jour de la semaine. Le vendredi était trop influencé par le samedi. Il restait donc trois jours. Mon choix se porta sur le mardi. J'appréciais sa relative neutralité. Il était principalement et généralement constitué de riens. C'était le jour de la banalité. Le mardi choisi, je le vécu pleinement, avec attention, minute par minute afin que ma mémoire puisse le lendemain me rapporter tous mes faits et gestes. Et j'ai passé mon mercredi à décrire mon mardi. Pas tout à fait. Arrivé mercredi minuit, je n'avais pas fini de raconter mon mardi. Alors, j'ai laissé tomber.
J'ai donc supposé qu'il était tombé. Disons que j'avais de bonne raisons pour le croire. A cette époque, j'aimais observer les autres et plus particulièrement les passants qui, ensemble, formaient une foule. Je les regardais aller vers la gauche, vers la droite. Ils bifurquaient parfois pour changer de trottoir mais la plupart du temps ils suivaient une ligne droite. Cela donnait ainsi un mouvement régulier, une sorte de douceur ondulante. Et là, en un point précis, cette régularité à été comme contrariée. Le flot a hésité. Sans vouloir exagérer, je crois que la panique n'était pas loin. Des trajectoires ont été contraintes de s'écarter de leur ligne habituelle. C'est ainsi que certains passants n'ont eu d'autre choix que faire quelques pas sur la chaussée avant de pouvoir à nouveau marcher sur le trottoir. Mais ce fut l'histoire de quelques secondes au terme desquelles, comme si un coup de gomme avait fait disparaître une imperfection, il ne restait plus trace de l'incident. Ce ne fut pas pour me déplaire. J'aimais regarder ce mouvement vivant, cette densité qui ne permettait pas de discerner les individus. C'était une masse de couleur plutôt sombre, compacte qui emportait mes pensées. Je pensais retrouver ma tranquillité mais cet incident continuait de me trotter dans la tête.
Seul un évènement imprévu pouvait être la cause de cette chute car je restais persuadé que c'était une chute. Il est vrai que je n'avais pour ainsi dire rien vu. Je ne savais pas si c'était une femme ou un homme. J'ignorais si cet inconnu avait trébuché, s'il avait été bousculé, s'il avait été poussé volontairement. A bien y réfléchir, je dois me résoudre à avouer que je n'ai rien vu. Du moins pas au sens où on l'entend communément. Si je puis oser une comparaison, j'étais dans la position de l'astronome qui, étudiant la trajectoire de planètes, en déduit l'existence d'une nouvelle jusqu'à lors inconnue. La comparaison a ses limites dans la mesure où je ne peux pas prouver la réalité de cet incident par le calcul comme peut le faire l'astronome pour sa planète.   

2) L'autre

Il était à la terrasse d’un café. Je devrais dire du café car c’était toujours la même. L’avais-je vu à cette terrasse un nombre de fois suffisant pour pouvoir utiliser le mot toujours. De mon point de vue, l’utilisation de ce terme se justifie à partir du moment où je suis dans l’incapacité de préciser le nombre de fois où je l’ai vu à cette terrasse, ce qui est le cas. Je peux dire que je l’y ai vu souvent. S’il n’est pas le seul habitué de cette terrasse, il se distingue de l’habitué lambda d’une part par son assiduité et d’autre part par sa capacité à être en terrasse quelque soit le temps. Une habitude. Depuis longtemps, et non depuis toujours, je me demande ce qu'est une habitude, ce qu'elle signifie. Nous ne pouvons leur échapper. Certaines d'entre elles sont comme des sillons qui marquent notre vie, comme des traits qui la dessinent. J'ai parfois cette impression déprimante que ma vie est une succession d'habitudes, collées les unes aux autres, sans le moindre espace entre elles pour y glisser un changement. Et puis d'autres fois, avec lâcheté, je me dis qu'elles donnent un sens à ma vie, qu'elles me ressemblent, qu'elles sont moi et que si je m'en débarrassais, je disparaîtrais avec elles. Il ne resterait qu'un vide, un terrain vague traversé par le vent.
J'avais l'habitude, en passant dans le salon, d'écarter un rideau d'une des fenêtres qui donnaient sur la rue. Je faisais ce geste sans y penser. Une sorte de rituel inoffensif. Ce matin là, la première fois que je l'ai vu, il faisait froid. Le ciel était calme. Le vent de la veille avait disparu. Plusieurs tables occupaient la terrasse. Plutôt que d'écrire que je le vis pour la première fois ce matin là, il serait plus juste de dire que c'était la première fois que je le remarquai. Chaque jour, mon cerveau prenait une photo de la terrasse qu'il rangeait ensuite dans une boîte. Et ce matin là, comme chaque matin, après l'impression du jour, mon cerveau a passé en revue et comparé les clichés pour remarquer qu'ils avaient un point commun et m'en informa. Ce point commun c'était lui. Ainsi identifié, il n'a pourtant pas retenu tout de suite mon attention. Comme si il avait fallu que je m'habitue à sa présence, qu'elle me devienne familière. J'ai commencé à m'intéresser à ce qui n'était au début qu'une présence, un point de repaire sans signification particulière.   


3) Le vieux

"Le vide. Y plonger. Ne jamais en revenir. Se perdre dans sa profondeur. Oublier. Dès la première seconde. Avant que les regrets ne grondent. Avant que l'élan ne se dissipe. S'offrir à la fatigue. Née de l'amour qui m'irrigue. Ces sentiments m'intriguent. Ils persistent, résistent. L'onde se précipite. Comme si elle fuyait devant la peur. De quoi ai-je si peur? Je pense à la vie. Se laisser emporter. Les images traversent l'hésitation. Je regarde mes mains. Elles reposent sur l'accoudoir. Qui pourrait les croire vivantes? Elles ont laissé s'échapper l'avidité. Elles n'hésitent même plus."

Il est dans son fauteuil, face à la fenêtre. Au début, c'était un fauteuil parmi ceux qui occupaient le salon. Puis, le temps passant, il était devenu son fauteuil. C'était comme si, plus il vieillissait, plus lui et cet objet devenaient indissociables. A croire qu'il était devenu un élément de ce fauteuil. Du moins pour les autres. Sa gouvernante le déposaient toujours dans celui-là. A la réflexion, mais sans qu'il puisse le vérifier, il n'aurait peut-être plus supporté d'être installé dans un autre. Quand il regardait ses mains, il ne pouvait s'empêcher de voir ce fauteuil comme une planche, une planche que les derniers instants soulèveraient pour le faire glisser six pieds en aval. Cette perspective, cette certitude, ne semblait pas l'affecter. Il n'exprimait plus rien. Avec le temps, il avait réussi à faire admettre qu'il était sourd, ou du moins que l'état de son audition ne lui permettait pas de soutenir une conversation. Il affectionnait la vision silencieuse. Maintenant, il regardait. Il passait son temps à regarder. Rien de précis. Parfois, rien. Regarder était la dernière habitude dont il gardait la maîtrise. Regarder lui procurait une sensation de légèreté, comme un souffle se libérerait d'une chrysalide. Un papillon se souvient-il qu'il fut une larve? Une larve prête à dévorer ses congénères.

Ce matin, il attend. Il regarde l'une des fenêtres qui lui font face. Cela fait plusieurs matins qu'il l'a remarquée. Pas tant la fenêtre que ce qui s'y passe. Il ne saurait dire depuis combien de temps cela dure, ce qui n'a d'ailleurs aucune importance.  De l'autre côté du trottoir s'élève un immeuble imposant composé, comme l'on dit, de pierres de taille. Ce détail lui donne toute la respectabilité dont on a voulu le parer. Il comporte six étages. Cette façade, qui seule s'offre à son regard, est percée de hautes fenêtres. Elles demeurent jusqu'au soir dans l'ombre du jour. Peut-être paraissent-elles plus claires l'été. Si l'on n'y prend garde, elles semblent identiques. Ce que dément une observation quotidienne.

vendredi 18 octobre 2013

Avec toi

Avec toi je serais parti
Loin d'ici, loin du gris
Avant que tout ne soit fini

jeudi 17 octobre 2013

Etude (1, 2)

1) Lui

J'ai relevé la tête et je l'ai vu tomber. Ou plus précisément, il a disparu de mon champ de vision. Mais cela s'est passé si rapidement, en une fraction de seconde, que seule une chute pouvait expliquer cette soudaineté. Jusqu'à ce moment, il ne s'était rien passé. Rien qui puisse justifier que je prenne du temps pour le raconter. Je n'aime pas relater le rien. Ce n'est ni une posture, ni un principe. J'ai déjà tenté l'expérience mais je n'en ai pas tiré toute la satisfaction que j'en espérais. J'étais parti du principe que toute vie est passionnante si l'on prend un temps soi peu le temps de s'y intéresser. J'ai choisi ma vie. Non pas tant parce que c'était la mienne mais plutôt parce qu'elle m'était plus familière que toute autre. Comme je ne voulais pas écrire un roman, j'ai décidé de décrire  par le détail un jour de ma vie. Il fallait que ce soit un jour de la semaine plutôt neutre. Le week-end était souvent chargé en évènements. Le lundi était trop marqué en tant que premier jour de la semaine. Le vendredi était trop influencé par le samedi. Il restait donc trois jours. Mon choix se porta sur le mardi. J'appréciais sa relative neutralité. Il était principalement et généralement constitué de riens. C'était le jour de la banalité. Le mardi choisi, je le vécu pleinement, avec attention, minute par minute afin que ma mémoire puisse le lendemain me rapporter tous mes faits et gestes. Et j'ai passé mon mercredi à décrire mon mardi. Pas tout à fait. Arrivé mercredi minuit, je n'avais pas fini de raconter mon mardi. Alors, j'ai laissé tomber.
J'ai donc supposé qu'il était tombé. Disons que j'avais de bonne raisons pour le croire. A cette époque, j'aimais observer les autres et plus particulièrement les passants qui, ensemble, formaient une foule. Je les regardais aller vers la gauche, vers la droite. Ils bifurquaient parfois pour changer de trottoir mais la plupart du temps ils suivaient une ligne droite. Cela donnait ainsi un mouvement régulier, une sorte de douceur ondulante. Et là, en un point précis, cette régularité à été comme contrariée. Le flot a hésité. Sans vouloir exagérer, je crois que la panique n'était pas loin. Des trajectoires ont été contraintes de s'écarter de leur ligne habituelle. C'est ainsi que certains passants n'ont eu d'autre choix que faire quelques pas sur la chaussée avant de pouvoir à nouveau marcher sur le trottoir. Mais ce fut l'histoire de quelques secondes au terme desquelles, comme si un coup de gomme avait fait disparaître une imperfection, il ne restait plus trace de l'incident. Ce ne fut pas pour me déplaire. J'aimais regarder ce mouvement vivant, cette densité qui ne permettait pas de discerner les individus. C'était une masse de couleur plutôt sombre, compacte qui emportait mes pensées. Je pensais retrouver ma tranquillité mais cet incident continuait de me trotter dans la tête.
Seul un évènement imprévu pouvait être la cause de cette chute car je restais persuadé que c'était une chute. Il est vrai que je n'avais pour ainsi dire rien vu. Je ne savais pas si c'était une femme ou un homme. J'ignorais si cet inconnu avait trébuché, s'il avait été bousculé, s'il avait été poussé volontairement. A bien y réfléchir, je dois me résoudre à avouer que je n'ai rien vu. Du moins pas au sens où on l'entend communément. Si je puis oser une comparaison, j'étais dans la position de l'astronome qui, étudiant la trajectoire de planètes, en déduit l'existence d'une nouvelle jusqu'à lors inconnue. La comparaison a ses limites dans la mesure où je ne peux pas prouver la réalité de cet incident par le calcul comme peut le faire l'astronome pour sa planète.   

2) L'autre

Il était à la terrasse d’un café. Je devrais dire du café car c’était toujours la même. L’avais-je vu à cette terrasse un nombre de fois suffisant pour pouvoir utiliser le mot toujours. De mon point de vue, l’utilisation de ce terme se justifie à partir du moment où je suis dans l’incapacité de préciser le nombre de fois où je l’ai vu à cette terrasse, ce qui est le cas. Je peux dire que je l’y ai vu souvent. S’il n’est pas le seul habitué de cette terrasse, il se distingue de l’habitué lambda d’une part par son assiduité et d’autre part par sa capacité à être en terrasse quelque soit le temps. Une habitude. Depuis longtemps, et non depuis toujours, je me demande ce qu'est une habitude, ce qu'elle signifie. Nous ne pouvons leur échapper. Certaines d'entre elles sont comme des sillons qui marquent notre vie, comme des traits qui la dessinent. J'ai parfois cette impression déprimante que ma vie est une succession d'habitudes, collées les unes aux autres, sans le moindre espace entre elles pour y glisser un changement. Et puis d'autres fois, avec lâcheté, je me dis qu'elles donnent un sens à ma vie, qu'elles me ressemblent, qu'elles sont moi et que si je m'en débarrassais, je disparaîtrais avec elles. Il ne resterait qu'un vide, un terrain vague traversé par le vent.
J'avais l'habitude, en passant dans le salon, d'écarter un rideau d'une des fenêtres qui donnaient sur la rue. Je faisais ce geste sans y penser. Une sorte de rituel inoffensif. Ce matin là, la première fois que je l'ai vu, il faisait froid. Le ciel était calme. Le vent de la veille avait disparu. Plusieurs tables occupaient la terrasse. Plutôt que d'écrire que je le vis pour la première fois ce matin là, il serait plus juste de dire que c'était la première fois que je le remarquai. Chaque jour, mon cerveau prenait une photo de la terrasse qu'il rangeait ensuite dans une boîte. Et ce matin là, comme chaque matin, après l'impression du jour, mon cerveau a passé en revue et comparé les clichés pour remarquer qu'ils avaient un point commun et m'en informa. Ce point commun c'était lui. Ainsi identifié, il n'a pourtant pas retenu tout de suite mon attention. Comme si il avait fallu que je m'habitue à sa présence, qu'elle me devienne familière. J'ai commencé à m'intéresser à ce qui n'était au début qu'une présence, un point de repaire sans signification particulière.   

mercredi 16 octobre 2013

Hommage à Serge Gainsbourg

L'autre jour, ce devait être un matin, je me suis présenté sur la piste. Comme d'habitude, je n'avais pas vérifié la météo. Je ne doutais pourtant pas de pouvoir décoller. J'avais mis un pantalon de toile de couleur gris perle, offrant une légère souplesse, avec des tas de poches des deux côtés, ces poches qui même vides semblent pleines. J'ai toujours trouvé qu'il me donnait l'élégance de l'aventurier viril, cette virilité latente, dénuée d’ostentation. J'avais hésité à mettre mon blouson dans lequel je ressemble à Buck Danny dans "Les japs attaquent". Je devinais qu'il allait faire chaud. Mais je n'ai pas pu résister. J'aime bien cette impression de départ en mission vers de possibles imprévus. Par les fentes rectangulaires laissées par les hautes portes à demi ouvertes, les hangars de tôle laissaient deviner l'ombre des absences. Je me suis dirigé vers l'avion qui m'attendait en bout de piste. J'aime avancer tout en le regardant, prendre le temps d'arriver jusqu'à lui. Ses ailes prêtes à découper l'air, son fuselage aux rondeurs pénétrantes, cette ligne qui sans fin semble   accompagner le regard au-delà. Son empennage à portée de main, je fais glisser mes doigts sur le métal. Je contourne l'aile. Parvenu à son extrémité, je fixe cet ensemble métallique, toujours étonné qu'il puisse de ses hélices m'offrir une éclipse. Je me suis introduit dans le cockpit, pas trop vite. Il me faut toujours un peu de temps pour être bien, pour me sentir enveloppé par le siège. De légers mouvements du bassin. Contrairement à l'habitude, j'ai mis mon casque. Un besoin de protection. J'ai regardé les cadrans. Pour la forme. J'ai lancé le moteur. J'aime ce moment de légères vibrations. J'ai empoigné le manche à balai et j'ai fermé les yeux. Je le sentais trembler dans le creux de ma main. J'éprouve toujours un moment de doute. Va-t-il répondre à mes pressions successives? La chaleur se propage. Je libère un peu de puissance. Doucement nous roulons sur les plaques de béton. Nous prenons de la vitesse. D'un mouvement continu et souple, je ramène le manche entre mes cuisses. Nous quittons le sol. Des ondes traversent mon ventre. Le temps devient une caresse.Chacun de mes muscles laisse s'écouler les sensations. Rien ne me retient.

mardi 15 octobre 2013

Ténu

Pour toutes ces fois
Où j'ai cru que c'était toi
Pour toutes ces fois
Où j'ai cru entendre ta voix
Pour toutes ces fois
Où je n'avais plus froid
Pour toutes ces fois
Où j'ai cru malgré moi
Pour toutes ces fois
Où avait disparu la croix
Pour toutes ces fois
Où l'évidence n'était plus la loi
Pour toutes ces fois
Où revenait la douceur de la soie
Pour toutes ces fois
Où j'oubliais pourquoi
Pour toutes ces fois
Où vous étiez toujours trois
Pour toutes ces fois

lundi 14 octobre 2013

Ensemble

L'autre jour, je marchais dans la rue. Dans la douceur d'un début d'automne. Je regardais dans les arbres les feuilles encore vertes. Certaines avaient déjà terminé leur chute. Les plus légères planaient au-dessus du bitume. A leur passage, les automobiles les faisaient virevolter. D'autres, prisonnières de flaques, attendaient que cette eau devenue inutile s'évapore pour s'offrir un dernier tour dans l'air.
Mon esprit avait déserté l'instant. Je suivais le chemin sans en prendre conscience. Sans trop savoir d'où ils venaient, devant moi marchaient un père et sa fille. Il était grand, svelte et avait les bras encombré d'une baguette et de ce qui semblaient être des dossiers sous le bras droit. Quelque chose dans son attitude me faisait penser qu'il était préoccupé ou tout du moins que l'immédiateté n'occupait pas ses pensées. Sa fille marchait à sa droite, côté dossiers. Elle était blonde. Elle avançait à petits pas accompagnée des boucles qui rebondissaient sur ses épaules. Il regardait devant lui et quand il tournait son regard vers la droite je ne suis pas certain qu'il voyait sa fille. Elle devait avoir deux ans. Elle levait les yeux vers lui, la main en l'air pour qu'il la prenne. Peut-être lui a-t-elle parlé, il a baissé les yeux vers elle. Il a semblé comprendre son souhait. Il a essayé de passer les dossiers de droite à gauche mais semblait emprunté. Après une tentative, il a paru renoncer. La main, dont les doigts s'agitaient, est restée en l'air. J'avais envie de lui prendre ses dossiers pour que sa main soit libre et prenne celle offerte par sa fille. Elle a essayé de marcher sur la pointe de pieds. Elle le regardait. Elle voulait sentir cette main. Elle voulait qu'ils soient vraiment ensemble. Elle voulait que leurs bras se balancent d'un même mouvement. Elle n'était pas quelqu'un qui marchait à côté de lui. Elle était sa fille. Juste au moment où nos chemins se séparaient, il a réussi à mettre à gauche baguette et dossiers.
J'ai laissé mes pensées s'égarer.

vendredi 11 octobre 2013

Et inversement

Ce matin, comme chaque jour, j'écoutais Led Zeppelin. Pour chaque chanson apparaissait sur l'écran la date de création. A plusieurs reprises est revenu 1969. Au début, à la lecture de cette date mon cerveau n'a eu aucune réaction particulière. Moi non plus. Et puis, comme si ces quatre chiffres avaient fini par atteindre un point précis d'un de mes deux hémisphères, j'ai ressenti quelques vibrations. J'ai commencé par penser à Gainsbourg. Le poinçonneur des Lilas. Et puis de fil en aiguille, des souvenirs, des images dans tous les sens. Mais à la réflexion, je ne comprends pas pourquoi 69 bénéficie d'un tel capital de sympathie. La réputation de ces deux chiffres est largement surfaite. Je me suis toujours demandé si le 6 espérait que le premier 9 se retourne.
Quoi qu'il en soit, c'est plutôt le concept d'année érotique qui a mobilisé ma capacité de réflexion. En 1969, j'avais 12 ans. Autant dire que je suis passé à côté. Je devais même ignorer que la précédente était 68. Quand bien même, j'aurais voulu me jeter à corps perdu dans cette année, encore eut-il fallu que je trouve un 9 ou un 6. A ce propos, je n'ai jamais réussi à déterminer quel chiffre je suis. Cela dépend peut-être des circonstances. Une sorte d'hermaphrodisme numérique.Donc, à défaut de 1969, je me suis tourné, sans réfléchir je l'avoue, vers 2069. Et là, après quelques secondes euphorisantes, j'ai du me rendre à l'évidence. Du coup, je vais attendre d'avoir 69 ans et je fêterai mon année érotique.

jeudi 10 octobre 2013

Peut-être

Tu veux que je t'aime
Mais j'ai la flemme
Que j'essaie quand même?
Ça vaut pas la peine
Et puis rien ne presse
Attendons l'ivresse
Peut-être seras-tu belle
Comme une traînée dans le ciel
Tu n'es qu'un de ces oublis
A qui on ne dit jamais oui
Ta vie n'est qu'un espoir
Qui s'éparpille dans le soir
Chaque jour qui passe
Tu nous les casses
Et tu perds ton temps
Niaise, à vouloir sourire 
A ceux dont tu rêves pour amants
Alors que ta vue les fait frémir
Dis toi que de ton amour défunt
Tu ne verras pas la fin





jeudi 3 octobre 2013

Toi

Ta main
L'amour parvient
Et se perd

Un

Dans mes veines
S'écoule la chaleur
de ton sang

Gouttes

Dans l'herbe
Se dépose l'empreinte
De la nuit

!

Au loin
Elle m'attend
Un reflet de sommeil

Révèle

Un autre trouble
Éclaire mon âme
Proche d'hier

Premier

Ce matin
Nait une pensée
De ton visage