mardi 17 avril 2012

C'est qu'est-ce que j'dis

«Première question: êtes-vous d'accord pour qu'il y ait un droit à la formation professionnelle, quel que soit l'âge? Deuxième question: êtes-vous d'accord pour qu'après qu'on vous ait formé, on soit obligé d'accepter l'offre d'emploi qui correspond à cette formation?»

Notre encore président jusqu'à la dernière seconde et qui gouvernera jusqu'au bout (toucher le bout, toucher le fond, toucher le fond avec le bout) aime le peuple. Mais il n'aime pas les corps qui sont intermédiaires. Ces corps z'intermédiaires, sorte d'avatars qui brouillent la vision du peuple, qui trahissent ceux qu'ils sont censés représenter. Notre président a donc décidé d'utiliser le référendum pour régler nos problèmes.

Il aime tellement le peuple que pour commencer il lui pose deux questions d'un coup (voir ci-dessus). Mais comme il s'agit d'un référendum et que nous avons précédemment vu que la démocratie a ses limites , le peuple n'aura droit qu'à une réponse.

La syntaxe a également retenu mon attention. J'aime beaucoup la légèreté du "pour qu'après qu'on". L'utilisation de phrases longues nécessite une bonne maîtrise de la grammaire et notamment la maîtrise des pronoms personnels, au risque de proposer des questions dont le sens peut échapper à celui qui doit y répondre. Dans "qu'on vous ait formé" le on forme le vous. Mais dans "on soit obligé d'accepter" le vous, celui que l'on forme, a disparu. Il ne reste plus que le on. De quel on parle notre président? Celui qui forme ou celui qui est formé?

vendredi 13 avril 2012

Ficelles (grosses)

Plus que jamais notre président essaye de nous faire peur. Il joue tous les actes, toutes les scènes, toutes les répliques de cette pitoyable pièce "Moi ou le chaos". Un bon électeur est-il un électeur qui a peur? Ce ne sont plus les chars soviétiques sur les Champs Elysées mais la ruine, la désolation, la misère. Tel Vercingétorix à Alésia, la France, redevenue la Gaule, mettra genou à terre et courbera l'échine, passera sous les fourches caudines, ira de Charybde en Sylla. Ce sera Sedan, Waterloo et autre retraite de Russie.
Est-il bien raisonnable de nous laisser voter, de nous laisser choisir? Notre président, toujours aussi clairvoyant, pointe du doigt les limites de la démocratie à moins qu'il ne veuille y fixer ses propres limites.

mercredi 11 avril 2012

Regret

Notre président est un homme. Il est capable d'avoir des regrets. Le dernier en date concerne le discours de Grenoble. Si il le prononçait aujourd'hui, il ne mentionnerait pas les Roms. Si l'on considère qu'il est sincère, même si il n'en pense pas moins, il admet que désigner les Roms n'était pas bien. C'est du moins ainsi que l'on peut interpréter ses propos. Ce n'est qu'une interprétation car si aujourd'hui il ne mentionnerait plus, il ne dit pas pourquoi. Il est dommage que le journaliste ne lui demande pas pourquoi ce changement. J'ai le sentiment que c'était une occasion de nous éclairer sur la pensée de notre président, de nous aider à comprendre cette attitude qui consiste à sans cesse désigner des coupables, accréditant ainsi des thèses dont nous devrions avoir honte, des idées reçues qui nous divisent, qui nous confortent dans l'idée qu'il n'est pas utile de s'interroger sur le fonctionnement de notre société et qui évitent toute remise en cause.

vendredi 6 avril 2012

Au bord

Un matin, son attention était rêveuse. Ses pensées disparaissaient sous la surface. Il n’avait pas la force de les sauver de la noyade. Elles se débattaient, suffoquaient et coulaient. Aucune bouée, pas de radeau. Elles ne laissaient aucune trace de leur passage. Comme des embryons dans un tourbillon qui auraient été aspirés par le fond. Elles finissaient par échapper aux rayons du soleil. Elles rejoignaient la vase des pensées mortes qui se décomposaient dans l’ombre de l’abandon. Il supposait les regrets emportés par le courant. Il se laissait aller dans le temps comme s'il n'avait été qu'une de ces secondes que que le présent renouvelle. Il s'éloignait. Le passé n'était plus qu'un frisson dont l'origine se perdait comme une racine qui échappe au regard.

Champignon anatomique


Je me suis interrogé à propos de l'autosatisfaction et je n'ai rien trouvé à dire, pas le moindre mot. Je me suis dit que ce n'était pas plus mal. Je peux me vanter de ne pas avoir d'opinion sur tout. C'est pourtant tentant. En revanche, je me pose beaucoup de questions et ce qui est curieux, c'est que je suis en mesure de répondre à certaines d'entre elles. J'ai découvert que si l'on ne se posait pas de questions, on n'avait pas de réponse. Non que tout soit simple comme une question, mais je suis toujours fasciné par ce que nous avons en nous. C'est parfois bien enfoui, il faut forer très profond pour faire jaillir ce qui peut apparaître comme une pollution de notre tranquilité.
Pour tout vous dire, j'avais comme première intention de vous parler de l'autofellation, d'où le titre, qui est une autre forme d'autosatisfaction. Mais c'est un sujet purement masculin. Alors...

jeudi 5 avril 2012

Ceci dit, j'ai rien dit

Elle a déclaré que Nicolas Sarkozy avait accompli "un boulot extraordinaire en intensité, en quantité et sur un certain nombre de choses extrêmement bénéfiques pour les entreprises", mais elle a souligné qu'elle ne s'engageait "pas sur l'avenir" et qu'il ne revenait pas "à des organisations professionnelles (comme le Medef) d'être partisans". "Le Medef est une structure indépendante, je suis élue, je parle au nom des entreprises".

Même si il y a beaucoup à dire, je me suis dit que cette déclaration de Mme Parisot se suffisait à elle même.

mercredi 4 avril 2012

Se vautrer (2)

Et aujourd'hui notre président est arrivé au bout de la destruction. Il finit de déchirer le tissu avec l'ultime désignation d'un dernier coupable, le syndicat. Jamais notre président n'aura été Président. Je dois pour autant vous avouer que je ne sais pas ce qu'il est. Il a cette capacité à voir notre pays comme un ensemble de blocs. Sans prendre le temps d'analyser, d'essayer de comprendre le pourquoi, il désigne des blocs qui sont les ennemis du peuple qu'il protège. Mais à force de désigner des coupables qui tromperaient son peuple, nous sommes en droit de nous demander qui compose ce peuple, reste-t-il quelqu'un? Fais-je partie de ce peuple? Manifestement, le peuple est devenu une élite qu'il y a peu notre président fustigeait (j'adore ce verbe).

mardi 3 avril 2012

Se vautrer (1)


Je dois vous avouer que la photo a guidé ma main. J'ai beau me douter, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi. Pourquoi notre président dénigre-t-il l'un après l'autre nos syndicats? Je me souviens d'un temps pas très ancien. Un temps où notre président, conscient que les corps intermédiaires faisaient vivre notre démocratie, avait décidé de rénover, de modifier, de faire évoluer le dialogue social. Il nous faisait part de sa volonté, dieu sait qu'il en a, de consulter les partenaires sociaux autant que de besoin. Certainement mieux conseillé, il avait compris que la démocratie protéiforme se décline, se conjugue, se diffuse, se répand, se développe, vit.

lundi 2 avril 2012

Description

Hier matin le ciel était bleu et le soleil brillait. Je les regardais depuis la chambre. Les feuilles du noisetier commençaient à se déplier. Comme posées au hasard sur le vert, des fleurs à peine plus hautes que les brins d'herbes accompagnaient le prolongement du jour. La lumière se répandait, s'offrait comme une nourriture qui se prolongeait dans les racines. Encore avide, chaque pétale, chaque brin, chaque bourgeon attrapait, retenait, absorbait, engloutissait les rayons que l'instant leur proposait.