lundi 30 juin 2014

On samba les couilles (18)

Hier soir. Hier soir dodo. Oui, je sais, nous devrions en être à la chronique 19. Pour tout vous dire, samedi soir j'ai joué la prolongation, et non les prolongations, ce qui m'a conduit jusqu'à dimanche matin, à l'heure de la première clarté, il est vrai un peu moutonneuse. Je ne suis pas passé par la séance de tir au but. Le rock a largement couvert la samba. Dit autrement, le Rock'in a croqué Gilberto. Et dimanche, du moins ce qu'il en restait, comme les chiliens, le coup de barre. Le coup de barre à l'ouest qui m'a mollement déposé sur le canapé dans lequel, devant Mexique-Pays-Bas je me suis endormi. Quand je me suis réveillé, il était pas loin d'être trop tard. Le Mexique semblait s'y voir, attendant que le temps passe. Et puis... Il a suffit que Robben nous la joue comme si on lui avait arraché la cheville et c'était plié. Pour ce qui est du deuxième match de la soirée, ils l'ont joué sans moi.

Le Brésil? Je n'en ai rien vu. Était-ce bien la peine de voir des brésiliens à la peine, touchant pour ce qui les concerne, la baraka alors que les chiliens devaient se contenter de toucher la transversale. Comme dit mon tonton, c'est bien de toucher, mais à la fin faut quand même songer à la mettre au fond. Je ne sais pas où il en est avec le second degré. A propos de barre, cela me rappelle bien sûr, 66. Angleterre-RFA comme on disait à l'époque. Hurst qui frappe. Naissance de la notion de but fantôme. Il va hanter et continue de le faire, la réalité de la victoire anglaise.
https://www.youtube.com/watch?v=0Uhe_l1h3w8

Pour ce soir, je regarderai et nous verrons.   

dimanche 29 juin 2014

Older



Ça va ronfler dans les tympans, ça va déménager dans les pavillons, ça va marteler l'enclume, ça va étriller sévère, je vous présente OLDER. J'avais écrit cette présentation avant un de leur concert, je me suis permis de la reprendre comme l'on reprend une bonne bière dont le goût me ramenait dans ce rade où joua ce soir là Older. Older est une bière, une cervoire au goût un peu rêche, une bière qui bastonne, qui vous hache menu l'occiput, qui vous fait mousser le cortex; Older, c'est le son de l'au-delà et par chance ils sont ici.

Victoria

Nous sommes en 2001 et se joue dans le studio U-Boat l'apothéose d'une odyssée, celle de Victoria. Émerge d'une collaboration multiculturelle un disque baptisé Rain. Des milliers de gouttes que l'on écoute et qui nous parfument de volutes en ut majeur. Connu dans le milieu, chroniqué dans RnF, le groupe confectionne des mélodies du style rock in Lisbonne dont le titre le plus représentatif est "si t'es pas sage on t'jette dans le Tage", souvenir édifiant d'un traumatisme subit par Claude, chanteur à la voix profonde comme une pensée Gérard Manset. Et depuis, telle une légende urbaine qu'entretient l'absence, Victoria hante les esprits, aiguise le désir d'à nouveau les entendre. Comme avant eux pour Blue Oyster Cult, the Turtles, Cream, Young Marble Giants ou David et Jonathan, courrait la rumeur d'une reformation. Et puis les bruissements de l'espoir sont devenus réalité. C'est ainsi que ce soir, pour vous, pour nous apparaît pour une unique et dernière fois Victoria que tous les festivals, du Sziget aux Eurockéennes, se sont arrachés en vain.Plutôt que la fortune sonnante et trébuchante ils ont choisi la chaude amitié du Rock est dans le pré.   

Grapes



La première fois que j'ai vu et écouté Grapes c'était à Rouen. Les terrasses du jeudi. Il pleuvait. Il faisait froid, ce qui confirmait que Rouen accueillait un groupe havrais. Ils ont pourtant réussi à me faire oublier, car il faut oublier, les gouttes pour goûter les mélodies qui note après note ont envahi mon pavillon et y sont toujours comme une décoration musicale.  A vrai dire,quelque soit le temps, il est toujours temps de les écouter. Ils sont habituellement quatre. Mais, bémol, sur le dos est l'un d'eux. Ils sont donc trois et de ce fait ne seront pas à l'étroit. Ils seront à l'occasion rejoint par le requin, j'ai nommé Philippe Petitqueux dit Grattemanche, allez savoir pourquoi. 

La Sainte Sixtus




La Sainte Sixtus qui si j'ai compris ne sont plus amis. Pour ceux qui connaissent les aventures de Tintin dans l'affaire Tournesol, la Sainte Sixtus est notre bout de sparadrap. Pas moyen de s'en débarrasser. C'est le côté vintage du festival. Quand les organisateurs commence à envisager la programmation, Jean-Baptiste ne nous demande pas si nous avons envisagé de les programmer à nouveau mais à quelle heure ils passent. Nous nous sommes donc résignés. Une fois que se sera passé on en parlera plus. Jusqu'à la prochaine fois. Pour faire bon poids je suis retourné dans mes archives de 2007 et j'en ai exhumé ce que j'avais écrit sur eux. Je ne sais pas ce qu'il faut en penser mais ça colle encore pile poil.   

Un groupe qui fait des efforts dans le cadre de la promotion des minorités visibles puisqu'il comporte une femme.
 Nous sommes là en terrain connu. Comme le dit fort justement Emmanuel, malgré un nom qui est au rock ce que la Valstar est à la bière, ce quatuor fait dans le riff qui vous découpe chaque morceau en tranches bien épaisses et bien grasses, dans la grosse caisse qui vous pilonne jusqu’à l’extase, dans la basse qui vous fait vibrer les tripes, avant que de son archet il ne vous frôle et ne vous fasse frissonner le corps caverneux. Rêche comme une barbe de trois jours, doux comme la peau d’une femme, laissons nous prendre par le rock de nos amis.

Le rock est dans le pré 2014, 4ème édition



Vous l’avez réclamé à corps et à cri,  voici donc la 4ème édition du rock est dans le pré. C’est une édition particulière puisque c’est la 4ème. C’est quand même 3 de plus que l’île de White et 2 de plus que Woodstock. Cette édition est aussi particulière car elle est plus que jamais ouverte à tous. Aux femmes, aux hommes et à tous les autres.
Les hétéros, les homos et toutes les combinaisons que la nature permet. Tout cela pour vous dire que cette année nous avons organisé un rock est dans le pré pour tous. Nous avons invité Ludovine de la Rochère Pour paraphraser Gainsbourg la vie est une guitare à deux jacks et comme le chantait Bon Scott "She's got the jack". Mais revenons au sujet du jour, car comme le disait Rocco "Il faut prendre les choses par le bon bout".
 Après les orientations sexuelles, qui en ont déboussolé plus d'un et d'une, abordons la coloration musicale du festival. A une exception près nous avons volontairement privilégié des groupes de qualité. Une pop alléchante et caressante, subtile et entêtante qui puise son inspiration dans le Londres de Blow up où le souffle des airs vous faisait sourire dans un soupir. Nous aurons également le plaisir d’écouter du brutal, de l’hystérique masculin, de l’incertain qui se démanche.
La fin de soirée sera dansante avec le cool Marinière, la crème, l’éclatant, l’expurgent, l'indécent, l'incandescent, l’intransigeant, l’irradiant des dance-floor.    
Cette année un certain nombre d'innovations : la tombola, les frites, les verres et mais aussi des vieux trucs, comme moi, mais vous verrez je ne suis pas le seul à être récurant. A propos de récurant, nous vous serions reconnaissant de maintenir autant que faire ce peut ce lieu et son environnement vierge de tous ces déchets qui peuvent retracer l’activité humaine dans toute sa diversité. Ne jetez rien mais gardez tout jusqu’à ce que vous trouviez le réceptacle idoine. Vous avez donc à cet effet et à votre disposition des poubelles, des cendriers et des toilettes de surcroît sèche.

Comme vous le savez, il n'est pas d'introduction sans remerciements. Me faisant le porte-voix de tous ceux qui veulent dire merci, nous, entendez par là les organisateurs, nous vous remercions d’être venus, venus si nombreux. Je remercie les organisateurs sans qui je ne serais pas là. Je remercie toutes les petites mains mais non moins efficaces qui ont œuvré pour que tout soit prêt en temps et en Eure.  Nous remercions ce généreux donateur et par ailleurs agriculteur qui a souhaité resté anonyme, que nous appellerons Bertrand L, qui nous a offert les pommes de terre, à qui j’ai promis de ne pas aborder le douloureux sujet des vieilles suceuses d’occasion. Nous remercions Cathy et Emmanuel qui nous accueillent en ce lieu bucolique et pastoral. Bien sûr, spectateurs et organisateurs remercient les musiciens qui ont accepté de venir jouer au fin fond de nulle part. Et, afin de n’oublier personne, je remercie tous les autres.
Maintenant, place à la musique.


samedi 28 juin 2014

On samba les couilles (17)

Hier. Bah hier, rien. Pas de match. En revanche, des supputations, des analyses, des commentaires, des comparaisons, des spécialistes, des consultants, des invités prestigieux. D'ailleurs à propos d'invités prestigieux, je n'ai pas encore vu Francis Lalanne.

Mais revenons aux fondamentaux comme me l'a demandé Jorge. Dans 6 minutes, Brésil-Chili que je ne vais pas regarder. Une victoire du Chili serait du meilleur effet. Cette perspective ne serait pas sans effet sur le mouvement social mis en retrait. Je me souviens du chilien Zamorano qui jouait à l'Inter de Milan. A propos d'inter, je me souviens qu'avant, avant que je ne fasse connaissance avec mon tonton, les équipes jouaient avec cinq attaquants avec ce que l'on appelait des inters au nombre de deux. C'était en quelque sorte des avant centre bis. Il n'y avait que trois défenseurs. A l'époque, une seule préoccupation, marquer, marquer encore et toujours. Des fois je me demande si je n'invente pas.
Tout ça pour dire qu'au fond de moi, là où personne n'est jamais allé, j'aimerais que le Brésil soit à nouveau le Brésil. Simplement qu'il soit celui de 62, au Chili, coupe du monde assez méconnue. Mais comme dit mon tonton, méconnue, d'accord, mais qui s'en souviendra?

Et puis plus tard, Colombie-Uruguay. Un match qui aurait pu être pour les mordus de foot. Dommage que les sud-américains se rencontrent ainsi. A part ça, pas grand chose à dire sur cette partie. Elle m'évoque Valdérrama et sa touffe dégoté par Nicolin le pansu, l'éboueur de la Paillade. Voilà.

vendredi 27 juin 2014

On samba les couilles (16)

Hier soir. Pour être clair, comme après un traumatisme, j'ai l'impression d'avoir tout oublié. Comme l'envie de vous parler d'autre chose. Comme c'est la chronique quinzième du nom, je vous aurais bien dit un mot sur le 15 de France et son aventure australienne. Mais j'ai bien peur que ça n'intéresse personne, même pas eux. Trois matchs et autant de défaites. Résignation et impuissance. On dirait du Elisabeth Bowen. Toujours est-il que le style n'incite pas à l'optimisme. Un jeu stéréotypé, copié que l'on tente de reproduire sans en avoir les moyens.
Pour parler d'autre chose, malgré tout je me souviens du match Portugal-Ghana et je pleure de ne pouvoir l'oublier. J'exagère, mais je pense à mon ami Jorge qui doit être dépité, abattu devant un tel gâchis et un Ronaldo qui se traîne en se demandant ce qu'il fait là. On ne peut que se souvenir du Portugal de 66 que je n'ai jamais vu mais qui m'a fait rêver. Eusébio. Ce nom suffit. En 66 j'avais... Je me demande de quoi je pouvais avoir conscience. En tout cas en 66 j'étais sur ma route. Et comme dit mon tonton, y a pas sur la route de la vie faut qu'ça file sinon c'est la déroute.

jeudi 26 juin 2014

On samba les couilles (15)

Hier soir. Alors hier soir, pour ne rien vous cacher j'ai regardé la première mi-temps d'un œil, voire parfois d'une oreille. A propos d'oreille, je crois que c'est la première fois que le babillage des journalistes et autres consultants ne m'indispose pas. Les commentaires et pseudo analyses sont tellement insipides sans pour autant être agressifs et suffisants qu'ils parviennent à peine à mes oreilles. Nous avons échappé à Canal+ et Aimé Jacquet qui fut le plus affligeant et dont la vacuité des commentaires était sans égal. Je dois encore vous faire un aveux, je n'ai pas vu la seconde mi-temps. Je suis allé me coucher. L'équipe de France n'y est pour rien, mais je ne parviens pas à me passionner pour cette coupe du monde. On me dit qu'elle est bien meilleure que la précédente mais je l'ai oubliée. Je n'en ai aucun souvenir, à part le bus. Comme dit mon tonton, les souvenirs sont faits pour être oubliés.
La prochaine fois, c'est le Nigéria. Je me souviens d'un but d'Okocha contre Bordeaux. Le genre badaboum. https://www.youtube.com/watch?v=C-DJQ8-2eko&feature=kp
"Si on ne marque pas, c'est difficile de gagner". Ainsi a parlé Deschamps. Pris comme ça, hors contexte, ça peut faire sourire. Je suis persuadé que la pensée est plus profonde que l'apparence. Pourtant, j'ai creusé mais je n'ai pas trouvé. Ce qui ne veut rien dire.   

mercredi 25 juin 2014

On samba les couilles (14)

Hier soir? Hier soir, je ne sais plus mais ce soir je suis crevé sans trop savoir pourquoi. Hier soir, pendant que je n'écrivais pas la chronique numéro 13, se déroulait Italie-Uruguay. J'ai regardé les dix dernières minutes, les meilleures si j'ai bien compris. Un but du dos, un Suarez qui mord à belles dents dans la victoire et l'équipe italienne avec de jeunes joueurs pour qui la coupe du monde ne faisait pas partie de leurs objectifs de l'année, si l'on en croit Bouffon. A propos de Bouffon, quand j'étais petit, j'étais en admiration devant Cudiccini qui jouait au Milan AC avec Nestor Combin. Je ne l'ai jamais vu jouer mais comme dit mon tonton, l'imaginaire est les yeux du rêve. J'ai parfois du mal à le suivre. 

Alors ce soir? Ce soir la France joue dans un stade mythique. Aujourd'hui tout est mythique. L'évènement, le match ne peuvent se suffire à eux-mêmes. Il faut toujours en rajouter une couche. Pour ce qui est du Maracana, celui d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'origine. Le premier peut accueillir 78 000 personnes pendant que le deuxième pouvait en contenir 250 000. Si mythe il y avait, il a été rasé. La photo rend bien la sensation de multitude.
Pour ce soir, quoi qu'il arrive, ils m'auront ravi.

mardi 24 juin 2014

On samba les couilles (13)

Il ne vous aura pas échappé que c'est la treizième. Alors aujourd'hui pas de chronique. De plus, hier soir je me suis endormi devant je ne sais plus quoi et quand je me suis réveillé, il était temps que j'aille me coucher. Soit, j'ai somnolé quelques minutes devant Brésil-Cameroun. J'ai rapidement laissé tomber. Je suis monté à l'étage, là où se trouve mon lit. Sous la couette, j'ai repris la lecture de "Dalva" de Jim Harrison. Ce qui me fait penser à propos du Brésil, que j'ai lu "Carton jaune" de Nick Hornby. Je vous le conseille. C'est l'histoire d'un supporter d'Arsenal. Je me souviens d'un joueur qui opérait à Arsenal. Charlie George. Le joueur typique du foot anglais des années 70. Avec les copains, on l'adorait sa coupe de cheveux, cheveux qui descendaient dans le coup, symbole de liberté. Alors que moi, sur ordre paternel, tous les mois j'allais chez le merlan. Comme dit mon tonton, pas question que ça dépasse. C'est justement cette aversion pour les cheveux longs qui me dépassait. Les gars devaient avoir les cheveux courts. C'était comme ça et pas autrement. Nous enviions Charlie et nous savions où il était.


lundi 23 juin 2014

On samba les couilles (12)

Hier soir. Quoi hier soir ? Je serais tenté de répondre «Rien ». Je ne suis abonné qu’à TF1. Alors hier soir c’était l’écran noir. Je me suis mis  (c’est une expression qui n’est pas à prendre au pied de la lettre) dans le canapé, le regard fixé sur l’écran. On ne sait jamais. Il est resté noir. Je pouvais apercevoir mon reflet mais il y a si longtemps que je n’ai pas foulé un gazon (de terrain de foot). Ne parvenant pas à me faire à l’idée qu’il me serait plus profitable de faire autre chose j’ai décidé d’innover. J’ai allumé la radio. Je l’ai posée sur la télévision sur l’écran de laquelle j’ai collé les vignettes Panini des joueurs des deux équipes concernées, Algérie-Corée du sud. Pas très satisfaisant, d’autant que je n’arrivais pas à déterminer si elles jouaient en 4-3-3 ou en 4-4-2 ou je ne sais quelle autre formation. Comme dit mon tonton, peu importe les chiffres, il faut mettre des buts en nombre.
Je me souviens que petit j’étais en admiration devant le foot italien. Cela remonte à une demi-finale retour de coupe d’Europe Manchester United-Milan AC, celle-ci ayant gagné l’aller 2-0. Durant 90 minutes les anglais ont assailli, pilonné, bombardé, percuté, centré, tiré, déboulé sur les ailes, au centre, dans les airs pour au total marquer un malheureux but. Je ne sais pas si c’est la peur d’être violé par mon tonton, l’autre, mais cette défense hermétique me fascinait. Pas une seule fois, les anglais n’avaient pénétré dans la surface de réparation. C’était la grande époque du béton. Catenaccio mis au point par Helenio Herrera. Un libéro, quatre défenseurs devant, quatre milieux de terrain dont trois à vocation défensive, super vocation, et un attaquant qui avait à lui tout seul la totalité du camp adverse pour s’exprimer. Chaque mardi, j’achetais France-Football et je me précipitais pour découvrir les scores du Calcio. Que des 1-0 ou des 0-0. Aujourd’hui, des palanquées de buts, mais sorti de sa botte l’italien ne gagne plus rien. Alors...

Chronique 12. Je me souviens, je n'arrête pas de me souvenir, que Blankenburg portait ce numéro. Un libéro très élégant qui ne se la pétait pas comme pouvais le faire Beckenbauer.

dimanche 22 juin 2014

On samba les couilles (11)

Hier soir je n'avais pas l'intention de prendre la forme du canapé. A ce propos, je suis en train de la retrouver, la forme. Vélo, course à pieds. Foulées amples et élégantes. Souffle régulier, muscles saillants, corps souple et bondissant, torse conquérant, brillant dans le soleil couchant. Je ne peux pas m'empêcher de rêver. Donc hier soir, j'ai fini par me balancer dans le canapé avec une grandissante envie de m'assoupir. Je sortais d'une après midi de travail intensif. Préparation du Rock est dans le pré. Balayage, désherbage, transfert du bordel du point A au point B. Ensuite, le célèbre "Qui fait quoi quand?" tout en se tapant une mousse et quelques cochonnailles. En résumé, je vous informe que ça s'annonce pour le mieux. Reste plus qu'à vous accueillir.

Donc hier soir, je me suis mis devant Ghana-Allemagne. Dire qu'avant on parlait de RFA et de RDA. Je me souviens du match qui les opposa en 74. La rumeur dit qu'il fut truqué et de fait gagné par la RDA. Je ne sais pas pourquoi, j'étais un fan du gardien est-allemand Jurgen Croy. Remarquez, j'ai bien écouté avec plaisir Charlotte Julian. Alors...
Alors, hier soir, je ne sais pas vous, mais j'ai ressenti comme une frustration. J'aurais bien aimé une victoire du Ghana. On pourra penser que c'est le classique David contre Goliath. Comme disait le regretté (?) Thierry Roland, il n'y a plus de petites équipes. Il n'y a que de mauvais joueurs. Ça c'est mon tonton qui l'ajoute. A ce propos, mon tonton dit toujours "Tu vois fiston, les allemands c'est autre chose mais il suffit d'un rien et on passe à autre chose". Il faut dire que mon tonton n'est pas toujours claire. Quoi qu'il en soit, à l'instar du Chili, le Ghana a quelque chose que l'on trouve ailleurs. Comme dit mon tonton, t'es gentil avec ton ailleurs, mais ici au moins on sait ce qu'on a. Bon.

samedi 21 juin 2014

On samba les couilles (10)

Hier soir. Hier, je n'avais qu'une envie et , pour mon plus grand plaisir, je l'ai assouvie. Ça fait du bien. Il y avait si longtemps que je me sentais frustré. Combien de fois, les promesses n'ont pas été tenues. Combien de fois nous a-t-on présenté une bande-annonce alléchante (ces trois mots me rappelle quelqu'un mais je ne sais plus qui) qui s'est révélée décevante. Hier soir, il y avait tout pour ressentir le contentement que diffuse le plaisir, plaisir qui allait au-delà des yeux. Il y avait du rythme, ces inlassables va et vient, ces mouvements comme des ondes faisant frissonner le gazon. L'énergie qui rend aérien. La communion qui favorise le partage, qui donne cette envie de faire les choses à plusieurs. La vitesse de pénétration qui donne l'impression de pouvoir aller toujours plus loin. Cette volonté de toujours être dans la profondeur pour enfin aller au-delà de la ligne encore et encore. Ce match fut un choc, un choc de la surprise et du plaisir même si, comme le dit mon tonton, la défense suisse a fondu sous la chaleur de la passion française. Un vrai poète mon tonton.
Sans vouloir faire de comparaison osée et toute chose égale par ailleurs, le but de Sissoko m'a fait penser, en moins puissant, à celui de Carlos Albertos lors de la finale de 70 sur une passe de Pelé.   https://www.youtube.com/watch?v=0HrjevD2vhk&feature=kp
Erratum : un lecteur m'a gentiment fait remarquer que George Best n'était pas anglais. Il était irlandais du nord et buvait comme tel, ce qui n'altère en rien mon admiration.

vendredi 20 juin 2014

On samba les couilles (9)

Qu'entends-je hier soir? Un journaliste à la culture footbalistique (ça existe) incertaine nous dit "Nous sommes à 24 heures du choc Suisse-France". Le choc Suisse-France? Quel choc? Le chocolat (je n'ai pas pu résister). Pourquoi pas le match du siècle? Il faut bien vendre la camelote.
Hier soir? Ah oui, hier soir. Pour la centième fois depuis 44 ans, nous avons eu la confirmation que l'Angleterre est une équipe très moyenne. Une équipe sans personnalité, sans système de jeu et sans imagination. Fut une époque lointaine où l'Angleterre avait un style. Un style un peu primaire, je le concède. Il reposait sur de longs ballons en avant, des centres, des têtes, des tacles et un physique de marathonien. Mais c'était la générosité, un esprit un peu rustre mais terriblement efficace et somme toute agréable à regarder. Et au milieu de tout ça des perles qui finissaient le travail avec élégance, virtuosité, légèreté et le sens du geste qui laisse le défenseur adverse incrédule devant tant de finesse et de facilité. Comme moi, vous pensez à George Best (qui en fait est irlandais), autrement appelé le cinquième Beatles. J'aurais une pensée émue pour Peter Osgood, autre élégant de l'époque bénie du kick and rush. Comme dit mon tonton, ils la caressaient avant de la mettre au fond. Mon tonton a un côté...


  

jeudi 19 juin 2014

On samba les couilles (8)

Hier soir. Ah hier soir. Je ne suis allé nulle part. J'ai assisté au coup d'envoi. Cette expression me rappelle quelqu'un mais je ne sais plus qui. Rien ne laissait présager. En fait si, des trucs laissaient présager, mais j'aime bien cette expression. Elle annonce le drame, procure le frisson de la surprise, donne envie d'aller plus loin. Justement, regardant les chiliens j'ai rapidement senti monter en moi l'envie. J'ai, dès les premières minutes, ressenti ce que j'ai analysé comme une envie de bière. En temps normal, à jeun, ce que j'étais, il me faut cinq secondes pour aller jusqu'au frigo. Une seconde pour ouvrir la porte. Deux secondes pour me souvenir où sont les canettes. Deux secondes pour en saisir une et dans un même mouvement refermer la porte. Total, il me faut quinze secondes pour être de retour sur le canapé. Là, ça a été plus long. Il m'a fallu dix secondes d'une recherche acharnée pour me rendre à l'évidence que je n'avais pas acheté de bière. Je n'ai pas résisté à l'envie de m'affubler des qualificatifs les plus dégradants. Comme le dit mon tonton, regarder un match de foot sans bière c'est comme regarder un porno les mains liés dans le dos. Toutes les autres envie m'ont quitté.
Pour en revenir au terrain, les chiliens m'ont enchanté à courir ainsi dans tous les sens pendant 90 minutes, à jouer avec la plus grande des simplicités, formant un groupe homogène libéré de l'exploit d'un seul. Comme le dit mon tonton, tu vois ces gars là, chez eux c'est la misère, ils ne sont pas pourris par le fric, c'est des morts de faim et puis ils ne sont pas fiers.
En revanche, voir ainsi les espagnols se faire sortir m'a rendu triste. Autant il y a des équipes que j'aime bien voir perdre autant l'Espagne fait partie des équipes que je n'aime pas voir en difficulté. Mais comme dit mon tonton, c'est la loi du sport. J'ai parfois envie qu'il se taise.     

mercredi 18 juin 2014

On samba les couilles (7) (pour Julie)

Ce n'est pas de gaîté de cœur mais je le dois. Je suis pourtant à deux doigts de ne pas m'y résoudre et quand on sait qu'un doigt parfois suffit... C'est probablement une question d'ambiance. Hier soir j'étais dans mon canapé. Ce genre de canapé d'angle dont on s'aperçoit rapidement que l'angle ne sert à rien. Un angle mort, en quelque sorte. J'étais donc là, regardant l'écran. Les brésiliens, qui n’en avaient que le nom, courraient après le tempo d’un air dont ils avaient manifestement perdu la partition. Je sentais qu’il me manquait quelque chose. Ce quelque chose n’était pas loin, peut-être même sur le bout de ma langue, ne demandant plus qu’à être formulé. Et, telle une bulle remontant lentement vers la mousse d’une cerveza  à portée de lèvres, ce que je cherchais atteignit mon cerveau. Je n’avais pas envie. Ce que je voyais ne me donnait pas envie. Pas envie de regarder, pas envie de boire une bière, pas envie de lancer un rot retentissant, pas envie d’ingurgiter une saucisse-frites, pas envie de m’essuyer la bouche grasse et brillante d’un revers de main, pas envie de m’affaler, pas envie d'éructer des tombereaux d'injures. Comme dit mon tonton, un match comme ça, ça donne pas envie d’être un homme.

mardi 17 juin 2014

Voisine?

Comment vous dire? C'est une rue. Une rue calme. Depuis des années, le délit le plus remarquable qui y fut commis est un tag sur un mur. Délit car moche, sans âme, à la va vite. C'est une rue que l'on traverse, que l'on arpente. Une rue avec un trottoir de chaque côté sur lequel on aperçoit, on croise, on rencontre des voisins, des voisines et d'autres qui viennent de rues que l'on trouve ailleurs. Des voisines, des voisins qui m'inspirent, qui m'attirent, qui m'indiffèrent, que j'évite et je l'avoue que parfois j'ignore. Et parmi ces voisines et ces voisins avec qui je partage cette rue bordée de maisons plantées aux abords de jardins, il y a une voisine. Je la croise, je lui dis bonjour mais sans la moindre envie d'aller plus avant. L'observation de son visage me donne envie de lui appliquer la physiognomonie mais je me retiens à chaque fois, comme je sais si bien le faire. C'est une voisine qui observe. C'est une voisine qui a sa conscience pour elle. C'est une voisine venimeuse. C'est une voisine qui... Vous avez deviné que je ne la porte pas dans mon cœur, ni ailleurs. Peut-être, avant, manquais-je de mansuétude, du simple sens de la mesure mais elle n'a rien pour me faire sourire.
L'autre jour, je m'apprêtais à la croiser ou plutôt à passer devant elle puisqu'elle se tenait sur le trottoir observant, les bras croisés. Je commence à passer mais avant d'avoir eu le temps de m'en éloigner elle m'interpelle. "Je voulais vous demander, seriez-vous d'accord pour participer à une fête des voisins?" Pour tout vous dire je ne suis pas un fan des voisins qui ont cela de commun avec la famille que l'on ne les choisit pas. Elle devine mon hésitation. L'idéal aurait été qu'au même moment se produise un accrochage dans la rue. Mais rien, le calme plat. "Vous savez, ce ne serait que pour l'année prochaine". Croyait-elle me rassurer? Ne sachant pas encore comment formuler mon refus, je lui souris bêtement. Mais comment ai-je pu lui sourire. "Votre fête des voisins, vous pouvez vous la foutre au cul" avais-je envie de lui répondre. Pendant quelques nouvelles secondes elle attend ma réponse. Et là, tendant le bras pour me désigner une maison, "Ça s'arrêterait là". Je la regarde. Elle comprend que quelque chose m'échappe. " La maison d'après c'est celle des noirs. Je n'aime pas les noirs. Je suis raciste". La fête des voisins, dites-vous? 

On samba les couilles (6)




 Lettre à Jorge

Jorge, mon très cher Jorge, mon ami Jorge, je suis ce matin de tout cœur avec toi. La tristesse, le désespoir, l'incompréhension, l'incrédulité se sont abattus sur toi et les tiens. Il est 18h. Tu es heureux, l'esprit léger et primesautier. Rien ne laisse présager ce grand malheur qui va s’abattre sur la communauté lusitanienne. Après l’avoir embrassé, tu as déposé au-dessus de l’écran le portrait d’Eusébio encore ceint d’un crèpe noir. Tu es certain que cette fois-ci c’est la bonne. Porté par l’obstinée ferveur de tout un peuple et par le vent de l’Atlantique, le Portugal ne peut que vaincre. Tel Pedro Alvares Cabral, Ronaldo et ses coéquipiers vont reconquérir ce pays du football et bouter les allemands. Tu sens le grand frisson de 1966 te parcourir l’échine. L’émotion est à son comble. Le coup d’envoi est donné mais tu ignores encore que ce coup sera fatal. Inutile de revenir sur ce que, consterné et désabusé, tu as vu jusqu’à ce coup de sifflet final, qui sonna à tes oreilles comme la dernière note d’une funèbre hallali. Comme le dit mon tonton « Le teuton est impitoyable ». Mais demain, rugissant comme les 40ème,  le galion reprendra le large à la conquête du nouveau monde.      

lundi 16 juin 2014

On samba les couilles (5)

Ce matin, comme souvent (seulement souvent?) j'ai pris ma douche. L'utilisation de l'adjectif possessif "ma" renforce le caractère intime de cette activité matinale. Car quoi de plus intime que cette rencontre avec soi-même en milieu humide même si en la circonstance je vous fais partager cette intimité. Ce matin donc, tout au savonnage minutieux de mon corps encore endormi et pourtant avide de sensations encore inconnues, j'entends Didier Deschamps déclarer "3 c'est mieux que 2" avec cette hésitante lenteur qui laisse imaginer qu'il est en train de les compter tout en le disant. Cette déclaration me cueille au moment même où je savonne le cœur de mon intimité. Je dois vous avouer que l'espace de quelques secondes, le doute m'a étreint. Je sais que Didier est un homme d'expérience mais le nombre fait-il quelque chose à l'affaire? Peut-on faire le parallèle avec les rasoirs auxquels on arrête pas de rajouter des lames? Sont-ils plus efficaces pour autant. Tout à mon rinçage, me retournant sur mon passé, j'en ai conclu que deux c'était bien aussi. Samba.
Pour ce qui est d'hier soir, c'était grand écran. Je suis allé voir "Black coal". Un film chinois au cours duquel il n'est à aucun moment question de football, même si le chinois a une propension à la mettre souvent au fond, la plupart du temps au grand dam du gardien. Je suis rentré pour la deuxième mi-temps que je n'ai pas vu entièrement ayant omis d'allumer la télé. J'ai donc vu la fin qui a justifié qu'elle ne fut pas moyenne. Pourtant, allez savoir pourquoi, comme disait mon tonton, j'ai pas été emballé. Faut dire que mon tonton était exigeant. Il n'a jamais joué au foot, du moins si j'en crois ma tata, mais pour ce qui est du beau geste, il savait y faire. Du moins si j'en crois ma tata.     

dimanche 15 juin 2014

On samba les couilles (4)

Pendant longtemps mon tonton n'a juré que par l'équipe de France de 58. 1958. Et de citer repas familial   après repas familial tous ces noms qu'à force j'ai fini par retenir (1). Jusqu'à mon arrivée à maturité, mon tonton était le seul à se passionner pour le foot. Du jour où il a décelé en moi un possible interlocuteur, il n'a eu de cesse de faire mon éducation footbalistique. Je n'ai jamais été convaincu de ses compétences en la matière mais c'était mon tonton. Dès qu'il me voyait, il me lançait "Dis donc, t'as vu...". La plupart du temps, je n'avais rien vu. Comme hier soir. Je me suis endormi dans le canapé pendant que Pirlo et Balo cavalaient. I zon fait quoi les gars samedi?

1958. Aux grandes équipes, du moins celles considérées comme telles, est toujours (mot qui exclu toute contestation) associé un millésime. Les Pays-Bas de 74, le Brésil de 70, La Hongrie de 54 sans que pour autant elles aient été victorieuses. Deux chiffres pour rendre hommage, se souvenir d'un style, d'un état d'esprit, du plaisir éprouvé. Mon tonton, qui n'a pas toujours fréquenté les sentiers battus d'une gloire incertaine, n'a jamais fait sien l’engouement pour la France de 98. Quand je lui disais "Quand même, en 98..." il me répondait souvent "Tu vois petit (j'ai toujours eu l'impression d'être plus grand que lui), il ne suffit pas de gagner. En 58, ils n'ont pas gagné mais ils avaient du style". Parlerons nous un jour de ceux de 14? 


(1) Claude Abbes - Raymond Kaelbel, André Lerond, Armand Penverne - Robert Jonquet, Jean-Jacques Marcel - Maryan Wisnieski, Raymond Kopa, Just Fontaine, Roger Piantoni, Jean Vincent
Entraîneur : Albert Batteux.

samedi 14 juin 2014

On samba les couilles (3)

 

Je ne sais pas si mon tonton m'aurait dit "Tu vas voir" mais il aurait eu raison. Hier j'ai regardé une moitié de mi-temps et je suis revenu 44 ans en arrière. Mais quel âge ai-je donc? Les années 70. J'ai découvert Led Zeppelin il y a peu (vous reporter aux chroniques "Robert et moi"). Je n'ai pas de héros du ballon rond. En la matière la France, qui va mollement s'enfoncer dans le pompidolisme, n'a rien à m'offrir. Et débarquent les bataves de l'Ajax. Il y avait eu quelque temps plus tôt l'annonciateur Feyenoord qui avait gagné  ce qui à l'époque s'appelait la coupe d'Europe des clubs champions. C'était autre chose. J'y reviendrai. Et apparaît en 70,  le numéro 14 dans le dos, celui qui allait devenir mon Dieu, mon idole, l'archétype du footballeur, mon modèle (j'avais acheté les mêmes chaussures que lui et pourtant...). Avec les potes de la pension, chaque jour que dieu, l'autre, faisait nous jouions à l'Ajax. Il y avait toujours un moment de tension quand il s'agissait de savoir qui porterait le 14. En ces années de passion, seules les finales étaient retransmises. Et là, nous étions tous à nous dire "Tu vas voir...".

vendredi 13 juin 2014

On Samba les couilles (2)

Hier je n'ai pas regardé le match. Ou plutôt si. La moitié. Mais je n'ai rien vu. Même pas une moitié de match. Vous parlez d'une ouverture. Une porte à peine entrouverte que le vent de la médiocrité a refermée dans un claquement. Je suis certain que mon tonton m'aurait dit "Tu vas voir...". J'aurais du me méfier. Ils attendent 4 ans. Ils jouent chez eux. Depuis des lustres on nous bassine avec le football brésilien, les artistes brésiliens, une religion dont le petit résousse est un ballon. Je ne demandais qu'à me convertir, à communier, à aller prêcher la bonne parole. Et puis quoi, on nous sort les amishs. Une équipe de tristes, des joueurs sans imagination. Des magiciens nous a-t-on dit. Ils ont manifestement laissé passer leur tour. Avec Fred comme avant centre, ça ne pouvait que mal tomber. Oh, je sais , ils vont monter en puissance. C'est ce que je disais parfois à des rencontres fortuites. Incrédules, elles me laissaient sur le bord de la route.  

Ressurgir

Sur un mur des photos
Comme des points cardinaux
Dans mon dos
Est-ce un matin
Un enfant dans un jardin
Un mouvement figé
Un sourire glacé
Quel est cet instant
Les forces me quittent
L’envie de se recroqueviller
Le silence est un paysage
Je ne distingue pas le visage
M'envahit le désarroi  
Je sais que c’est toi
J’aimerais m’approcher
Revivre un fragment de passé
Pourtant je ne bougerai pas
Pleurer ce que tu crois

jeudi 12 juin 2014

On samba les couilles (1)

Une chronique quotidienne sur la coupe du monde. Une de plus? Non, puisque c'est la mienne. 1970 au Mexique est mon premier souvenir de coupe du monde. Le match d'ouverture... Mais si souvenez-vous. Mexique-URSS. Je ne sais pas pourquoi, mais mon tonton était là. Lui, c'est le genre toujours optimiste. Avec lui l'avenir commence toujours par "tu vas voir". Tu vas voir, il va faire beau, tu vas voir on va se régaler, tu vas voir ça va être super, tu vas voir... Donc il m'avait dit, tu vas voir, ça va être un sacré match. Aujourd'hui encore, je me demande comment j'ai pu le croire. A l'époque, le pays hôte participait au match inaugural. Le Mexique. Ce pays ne m'évoquait rien. J'aurais été incapable de le situer sur un globe. Une équipe d'inconnus. Je ne connaissais aucun joueur. Le stade Aztèque. Aztèque? Au mieux c'était à point. L'URSS, c'était forcément rouge et méchant. La défense était un mur. Pour tout dire, je ne me souviens pas de grand chose. La télé était dans la chambre de mes parents, qui se trouvait à l'étage. Un privilège dont ils n'avaient pas conscience que très tôt j'ai voulu abolir. Mais à l'époque je me couchais de bonne heure, même le 4 août. J'avais pris pour habitude, à chaque fois qu'un but était marqué, de descendre les marches quatre à quatre et de crier à qui voulait bien l'entendre "Y zon marqué", ce qui n'intéressait personne. Mon père n'aimait que le vélo et ma mère faisait comme mon père. Ce jour là, l'escalier est resté silencieux. 

mercredi 11 juin 2014

Va savoir

Quel est ce jour qui commence
A-t-il la mémoire de mes ignorances
Quel est ce jour qui me surprend
Me rappellera-t-il celui d’avant
Quel est ce jour que je découvre
Reverrai-je tes yeux qui s'ouvrent
Quel est ce jour qui sort de terre
Sera-t-il cette même prière
Quel est ce jour que libère l'horizon
Me donnera-t-il l'ombre d'une raison 
Quel est ce jour qui te ressemble
Nous permettra-t-il d'être ensemble 
Quel est ce jour qui  s'éloigne déjà
Sera-t-il cet autre jour sans toi 
Finira-t-il dans la lumière du pardon
Acceptera-t-il mes larmes

Le ciel sera-t-il le même pour toujours
M'offrira-t-il le silence du dernier jour
Libéré du chagrin et de la souffrance
M'apportera-t-il l'écho de ton enfance





lundi 9 juin 2014

Quoi (n'importe)

Mot à mot,
Hors d'eux dans l'o
Le cœur délié
Sur le papier
J'ai couché
Mon amour
Papier froissé
Papier taché 
Prise de court
Au mot je l'ai prise
Comme un carreau crisse
Enlacés dans la marge
Avant de tourner la page  



jeudi 5 juin 2014

C'est comment qu'on fait

A l'origine, l'amour était le thème du jour, même si je t'aime aussi la nuit. Et puis, j'ai dévié. Les sujets se sont chevauchés, entrelacés, n'excluant pas une certaine confusion. Tout a commencé un matin. La radio. Les détails d'un sondage dont j'ai oublié le sujet indiquait que 13% des français font l'amour au réveil. Ce qui ne veut pas dire qu'ils attendent que le réveil sonne pour le faire. Je suppose qu'il s'agit de personnes vivant en couple, qui se réveillent et ce à peu près en même temps (quoique), qui, ici et là, ressentent les symptômes du désir et se souviennent qu'ils ne sont pas seuls sous la couette. Et enfin, reste la synchronisation des désirs. En fin de compte, il s'agit peut-être du pourcentage de ceux qui aimeraient faire l'amour avant le saut du lit.
Le même jour, il était question du redécoupage des régions. Comme toujours chez nous, dès qu'une réforme est annoncée, les intérêts particuliers, dont la somme ne donne pas l'intérêt général, se manifestent. Très souvent, pour discréditer un changement il suffit de dire "Il n'y a pas eu de concertation" que l'on peut avantageusement compléter par au choix "Cela vient d'en-haut". "On méconnaît la réalité du terrain". "On méprise nos concitoyens"...La réforme et le français forme un couple qui, quelque soit le moment de la journée, ont du mal à copuler. J'imagine dans la pénombre de la chambre la réforme se glissant coquine vers le français encore ronflant. Elle est là, offerte, peut-être même toute disposée à donner corps à un éventuel fantasme de son conjoint. Et lui, que fait-il? Il grogne "Pas maintenant et pas comme ça". Sommes-nous d'éternels migraineux? Le sondage n'en parlait pas.

Pourquoi pas






Dans le vert, une déco
Jaillit de terre illico
Comme un éclat écarlate
Le coquelicot éclos
Souvenir de Pimlico
Entre croix et caraco
A deux doigts du croco
Rouge entre les crocs
La couleur est comme l’écho
D’un monde aujourd’hui clos
Où se confondent les ailes
D'un envol de coccinelle

mercredi 4 juin 2014

Sans plus

Ce matin, je me suis levé. Peut-être un peu plus tôt que d'habitude. Une rupture qui finit par être absorbée. J'étais seul. Seul dans le couloir qui mène à la salle de bain. Seul dans l'escalier qui me conduit jusqu'à la salle. Seul pour passer la porte de la cuisine où j'ai mis l'eau à chauffer. Je suis remonté pour prendre ma douche. D'un geste plutôt élégant, je me suis défait du peu qui encore m'enveloppait. Ainsi dégagé de toute contrainte, j'ai toujours ce geste qui pourrait apparaître comme une vérification que le bout de mes doigts transmet à mon cerveau qui lui-même m'informe que tout est conforme comme si il devinait que j'ai ainsi chaque matin besoin d'être rassuré. Pourtant, de ce point de vue, tous les matins ne se ressemblent pas. Ces matins  où tout se devine dans les tensions et les reflets.
Quelques minutes plus tard, je me retrouve la serviette à la main que je m'applique, pas toujours avec succès, à passer sur chaque centimètre carré. Je constate souvent que l'essuyage n'est pas chose aisée. Il en reste ici ou là, gouttes tapies dans les recoins qui deviennent de plus en plus nombreux le temps passant. Il est vrai que je néglige ces entre-doigts de pied placés bien bas. Non sans avoir jeté un œil dans le miroir pour constater...Je me demande parfois où j'ai bien pu passer durant toutes ces années. Je ne réponds pas à la question et me retrouve nu dans le couloir. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne serais pas étonné d'apprendre que c'était la première fois. En prenant conscience, j'avoue que j'ai hésité. Allais-je faire machine arrière ou saisir cette chance de demeurer tel quel? J'ai résolument décidé de persister. C'est avec nonchalance, décontraction, enrobé de sensations qui semblaient être autant de préliminaires, que je me suis servi un thé. Je me demande si la prochaine fois je ne vais pas prendre mon petit déjeuner dans le jardin.   

mardi 3 juin 2014

A peu près

Se laisser aller à rêver
Répandu sur la grève 
Dans l’air du jour
Suivre un détour
Se laisser dériver
Quand vient l’été
Rêver les deux sens
Sens des lèvres
Sensation brève
Près de ta bouche
L'hésitation te touche
Le baiser se couche 
Le désir se fond
Là où je me confonds

lundi 2 juin 2014

Ansi

Hier, tu es partie
Oh, pas si loin
Pourtant si, loin
Si loin du passé
Loin de nos journées
Loin d'être d'ici
Où tout était hier
J'étais pourtant fier
De te savoir ailleurs
Où battrait ton cœur
Un temps finissait
Un jour naissait
Pour une autre vie
Inventée avec lui
Et puis non
Loin de la raison
Je pleurais cet abandon
Comme une liberté arraisonnée
Que je retiendrais dans le souvenir
D'un déchirement éloigné
A n'en plus finir
Mais où que tu sois
Si loin, si près
Je sais que c'est toi
Tous ces jours d'après
Navigant dans les alentours
De de notre amour

 
  


dimanche 1 juin 2014

Plaisance



Il observait son absence
D’une vie privée de sens
D'une vie de prudence
Depuis sa première naissance
Sans avoir pris connaissance
Des règles de la déshérence
Il avait perdu cette croyance
Qui lui rappelait l'enfance
La douceur de l'innocence 
Dévorée par la souffrance