mardi 17 juin 2014

Voisine?

Comment vous dire? C'est une rue. Une rue calme. Depuis des années, le délit le plus remarquable qui y fut commis est un tag sur un mur. Délit car moche, sans âme, à la va vite. C'est une rue que l'on traverse, que l'on arpente. Une rue avec un trottoir de chaque côté sur lequel on aperçoit, on croise, on rencontre des voisins, des voisines et d'autres qui viennent de rues que l'on trouve ailleurs. Des voisines, des voisins qui m'inspirent, qui m'attirent, qui m'indiffèrent, que j'évite et je l'avoue que parfois j'ignore. Et parmi ces voisines et ces voisins avec qui je partage cette rue bordée de maisons plantées aux abords de jardins, il y a une voisine. Je la croise, je lui dis bonjour mais sans la moindre envie d'aller plus avant. L'observation de son visage me donne envie de lui appliquer la physiognomonie mais je me retiens à chaque fois, comme je sais si bien le faire. C'est une voisine qui observe. C'est une voisine qui a sa conscience pour elle. C'est une voisine venimeuse. C'est une voisine qui... Vous avez deviné que je ne la porte pas dans mon cœur, ni ailleurs. Peut-être, avant, manquais-je de mansuétude, du simple sens de la mesure mais elle n'a rien pour me faire sourire.
L'autre jour, je m'apprêtais à la croiser ou plutôt à passer devant elle puisqu'elle se tenait sur le trottoir observant, les bras croisés. Je commence à passer mais avant d'avoir eu le temps de m'en éloigner elle m'interpelle. "Je voulais vous demander, seriez-vous d'accord pour participer à une fête des voisins?" Pour tout vous dire je ne suis pas un fan des voisins qui ont cela de commun avec la famille que l'on ne les choisit pas. Elle devine mon hésitation. L'idéal aurait été qu'au même moment se produise un accrochage dans la rue. Mais rien, le calme plat. "Vous savez, ce ne serait que pour l'année prochaine". Croyait-elle me rassurer? Ne sachant pas encore comment formuler mon refus, je lui souris bêtement. Mais comment ai-je pu lui sourire. "Votre fête des voisins, vous pouvez vous la foutre au cul" avais-je envie de lui répondre. Pendant quelques nouvelles secondes elle attend ma réponse. Et là, tendant le bras pour me désigner une maison, "Ça s'arrêterait là". Je la regarde. Elle comprend que quelque chose m'échappe. " La maison d'après c'est celle des noirs. Je n'aime pas les noirs. Je suis raciste". La fête des voisins, dites-vous? 

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