vendredi 29 septembre 2017

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mardi 11 juillet 2017

Approche


Dans la lumière des heures émergeantes il revoit son visage. Il ne se souvient plus de son âge. Le temps a disparu dans le passage. Des livres rangés elle ne tourne plus les pages. Les mots restent sans partage. Il se perd dans le vide des marges. Ecorchent son âme les débris usés de la rage. Comme les craquements d'un lointain naufrage. Quand surgissaient les éclaboussures le long de la plage. Elle riait et défiait le large.

jeudi 15 juin 2017

Jorge au 3 Pièces







Un soir au concert

Donc, hier soir… C’est avec légèreté et
insouciance que j’écris « donc » ce mot de quatre lettres que précèdent
pourtant 60 ans. Ce laps de temps avec tout ce qu’il contient pour en
arriver, comme un aboutissement inéluctable, à ce début de phrase «
Donc, hier soir… ». En ce jour de BAC philo.
Donc, hier soir, dans
une chaleur annonciatrice, je me suis retrouvé à la terrasse du 3
Pièces. Hier soir, comme à chaque fois, évaluant l’âge moyen des buveurs
présents, je me suis senti vieux.
Jusqu’à ce que je découvre la présence de mes petites et petits
camarades dont l’âge concoure à me rassurer. Non qu’ils soient vieux,
mais ils font moins jeunes.
Donc rassuré, je suis descendu à la
cave pour dans un premier temps écouter Jorge. Si l’on peut considérer
que c’est un lieu où les chanteurs se bonifient, il est indéniable que
nombre de spectateurs, dont je fais partie, étaient hors d’âge. Humour.
Donc, pour la 126ème fois j’ai assisté à un concert, mini, de Jorge. Eh
bien, vous allez me croire ou pas, mais à chaque fois c’est comme la
première fois. Tous ceux qui ont vécu une première fois savent de quoi
je parle. Donc, comme un coup de rétro dans la sépia musical, a repris
quelques standards de Victoria. Je pourrais résumer sa prestation, faite
de simplicité et de proximité, par un V.
Donc, alors là
ensuite… C’est sûr, j’avais été prévenu. Et puis faut dire que côté «
j’envoie » je ne suis pas un perdreau de l’année. Mais je dois avouer
que j’ai été surpris. Dès le premier accord, j’ai plongé la main dans
une poche dont j’ai extrait deux bouchons que je me suis profondément
enfoncer dans les oreilles. Pour tout dire, je me suis retrouvé comme un
de ces cow-boy qui pendant un rodéo grimpent sur un énorme bœuf, dont
on a compressé les couilles, qui associe sa douleur au mec qui se
cramponne sur son dos. Combien de temps allais-je tenir avant de me
faire éjecter ? A n’en pas douter, le nom du groupe, Atom Age, fut
raccord avec la prestation. C’est de l’énergie qui alimente l’envie de
gigoter et j’en connais une qui ne s’en est pas privée. A toute
berzingue, dans tous les sens et dévalant sans frein la descente vers
l’accord final. Une prestation nerveuse d’énervés pour en finir, quitte à
jouer deux notes en une. Manifestement, aucun des musiciens ne voulait
se laisser distancer. Résultat, ils ont tous fini premier.


vendredi 9 juin 2017

Agnès

Un poème express
Même si rien ne presse
Avant que l'amour ne nous laisse
Et que le temps ne cesse
Avant que la vie ne nous blesse
Et ne reviennent les faiblesses
Avant que le jour ne baisse
Et n'éveille nos détresses
Livrons nous à la tendresse
Et laissons nous aller à ses caresses



Comme quoi

Qu'importe ce qu'emporte le vent. C'est ainsi que lassé sous un amoncellement délavé de pierres émoussées j'ai fait une croix. La main tendu, j'ai cueilli ta fleur de peau. Comme quoi. Comme toi. Tombée de la nuit pour m'apaiser d'un baiser. Tu as surgi des interstices illicites. Têtes bêches des défilés infidèles. Attire d'elle. Au travers de tes voies navigables. Au doigt mouillé, je me suis laissé guider. Dans les écumes de la pleine lune. A peine de dune en dune. A tous crins, au galop de la marée, le vent délave le passé. Dérobe la chute et se soulève jusqu'à l'éclatement. Et je glisse mon amour dans le ressac.

mercredi 7 juin 2017

Trop

Ce matin, encore éparpillé au quatre coins du lit, flottant dans une conscience incertaine, alors que la nuit avait depuis longtemps rejoint ses pénates, les premiers sons de la radio me confirmèrent que j'étais toujours en vie. Je ne sais pourquoi, mon esprit, évoluant dans la mélasse des sédiments vespéraux, me retranscrit les propos d'un matinalier prompt à l'introspection : quelles idées pour reconstruire la gauche? Malgré tous mes efforts, je n'ai pas été foutu d'apporter ma pierre à l'édifice.

lundi 5 juin 2017

Sur le bout

Depuis le matin, il n'avait qu'une envie: baiser. Une véritable obsession qui l'empêchait de travailler. Il ne s'agissait pas de sentiment, d'amour. C'était comme si le désir qui habituellement se répartissait entre le cul, l'argent et divers autres fantasmes se retrouvait concentré dans le bout de sa queue. Dès les premières minutes suivant son réveil, le caractère impératif de la revendication d'assouvissement lui parut évident. C'était autre chose que ces manifestations caverneuses qui chaque matin lui rappelaient sa condition. Il avait pensé à se palucher sous la douche et puis, après une molle tentative, il avait renoncé. Il était un adepte régulier de cette auto satisfaction mais qu'il réservait au tout venant, à ces érections qu'il pouvait circonscrire rapidement. En l’occurrence il sentait que cette méthode ne suffirait pas. Ou il  lui arrivait même de les laisser mourir de leur belle mort sans intervention aucune. Mais de toute évidence, il devinait que celle-là n'allait pas le lâcher, que sa feinte indifférence ne la ferait pas rentrer dans le rang. Il allait devoir lui donner satisfaction. Le début de matinée fut pénible. Il dut arpenter les couloirs et les bureaux de ses collègues muni d'un dossier qu'il tenait à deux mains afin qu'il couvre la surface se trouvant entre la ceinture et le haut des cuisses. Ses longs bras lui furent fort utiles. La matinée se traîna sans qu'il puisse constater la moindre amélioration. Il essayait de penser à autre chose mais en vain. Il ne pensait qu'à ça. Il ne pensait qu'à ça mais à son corps défendant. Plus que jamais, il fit semblant de travailler.
Il aurait pu sagement attendre d'être rentré chez lui et régler l'affaire avec sa femme. Mais depuis quelque temps sa femme ne manifestait qu'un intérêt très limité pour le sexe. Elle assurait le service  minimum. Ce que l'on appelait le devoir conjugal. Devoir auquel elle n'avait jamais la moyenne. Il en ressortait toujours insatisfait ce qui l'obligeait la plupart du temps à embrayer par une masturbation frénétique dans les toilettes. La chasse d'eau évacuait son dépit.
Mais là, quoi qu'il en soit, il ne se voyait pas attendre le soir. Alors qu'il feuilletait un rapport qui dressait un bilan truffé de graphiques incompréhensibles, Audrey entra dans son bureau. A l'occasion d'une promiscuité de circonstance, ils avaient eu une brève aventure. D'une intense brièveté dont le souvenir resurgissait à chaque fois qu'il la voyait. Autant dire souvent. Elle avança vers lui, grande, redondante, rousse et accompagnée d'une sensualité qui le fit se sentir encore plus à l'étroit dans son slip. Il la regarda. Elle était peut-être la solution à son problème. Il devait tenter le coup. Alors qu'elle déposait du courrier sur son bureau, tout en la regardant, il lui caressa la main qu'elle ne retira pas. Un frisson le parcourut. Il ne pouvait pas être plus à l'étroit.
Laissant le levier de vitesse au point mort, il sortit de la voiture qu'il venait de garer au sous-sol. Pénétrant dans le salon, il vit sa femme assise dans un fauteuil jambes croisées. La lumière qui traversait la baie vitrée faisait briller sa chevelure brune. Son regard laissait transparaître l'inhabituel. Elle lui sourit. Ce sourire lui disait quelque chose mais il pouvait se tromper. Malgré tout, il commença à se trouver à l'étroit. La gêne devait se lire dans ses yeux. Aucun dossier à portée de main. Sa femme se leva et le pris par la main. Surpris et soudain intimidé, il se laissa guider jusqu'à leur chambre. Après quelques caressantes circonvolutions qui intensifièrent et prolongèrent son état, ils se retrouvèrent dans le lit enlacés. Elle lui chuchota quelque chose à l'oreille qu'elle lécha avant de disparaître sous le drap blanc. Il sentit d'abord les lèvres. Il ferma les yeux. La langue l'enroba et s'amorça un mouvement dissimulé par ce qui aurait pu ressembler à un linceul. Alors qu'il se laissait glisser sur la pente, le va-et-vient s'interrompit. Il attendit quelques secondes et finit par ouvrir les yeux pour voir sa femme refaire surface. Entre son pouce et son index encore humides, elle semblait lui montrer quelque chose qui devait être la cause de cette brusque interruption. D'abord, il ne parvint pas à identifier ce que sa femme exhibait ainsi. Pour échapper à la lumière déclinante du soleil, il modifia son angle de vue. Brillait dans les derniers rayons un cheveux roux.  

    

dimanche 4 juin 2017

Majeur

Au hasard des allées poussaient les azalées. Les couleurs atténuées s'ouvraient encore à des nuées d'insectes. L'horizon foisonnaient des dernières lumières de la saison. Ils savaient qu'il serait bientôt temps. Il savait qu'il laisserait quelque chose d'elle s'envoler. Quelque chose qu'il ne retrouverait jamais. Il ne parviendrait jamais à décrocher le temps suspendu. Entre les notes ténues de ses divins doigts mélodieux, il se souvenait des accords en noir et blanc. Ils accordaient leur regard. Et, sans savoir trop pourquoi, comme ça, comme pour vivre à nouveau, il fallait partir.

Un après-midi au concert




Donc hier après-midi, avec Jorge Pereira-Rainha nous prenons la route de Sotteville. Pour moi, maladroit que je suis, passer rive gauche n'est jamais simple, mais là, j'avais un copilote avisé connaissant parfaitement la topographie des lieux. Nous nous sommes ainsi retrouvés rue Edison, ce qui en un sens était prémonitoire. Que faisions-nous là? Nous étions invités par Sabine Fkg Dubois à assister à son concert privé. Après avoir découvert l'affiche qui annonçait l'évènement, nous sommes entrés. Dans un premier temps, comme des néophytes en passe de découvrir l'inconnu, nous avons d'abord séjourné dans un sas de décontraction, aidé en cela par quelques bières. Nous avons devisé de choses et d'autres en attendant les derniers invités. Puis, au complet (c'était sold out) nous sommes passés dans la salle de spectacle. Confortablement installés, Blanche, si elle me permet de l'appeler Blanche, nous a fait pénétrer non pas dans son monde, trop étroit, pas plus que dans son univers mais dans l'Univers. Blanche est l'Univers à elle toute seule. Nous avons eu le droit à des galaxies musicales voyageant entre des trous noirs et traversées d'éclairs et de fulgurances vocales, l'ensemble non dénué d'une sensualité qu'il nous restait à expérimenter. Puis, dans une pénombre enveloppante, la dernière note évanouie, nous avons reposé nos pieds sur le plancher. C'était vraiment Blanche Dubois ici et pas ailleurs.

vendredi 2 juin 2017

Dictionnaire

Avec sa langue, elle lui retire les mots de la bouche. Chaque jour, il cherche d'autres mots.

Dans le bus ou c'est pas gagné.


Ce matin dans le bus, je désespérais. Je désespérais de découvrir un comportement, de surprendre une attitude, de fixer mon attention sur une vision. Dans les écouteurs Stereophonics. Entre les coups de frein et les accélérations, le bus poursuivait sa descente. Et puis un homme est monté. Un de ces hommes que je devinais entre deux. Son visage offrait à mon regard les tumultes et les tourments d'une vie élimée comme ses vêtements. Je ne pouvais détacher mes yeux de son histoire gravée dans les rides qui se croisaient. La gravité des matins incertains l'accompagnait. Comme pour quitter le centre des attentions, il a cherché une place. Après quelques secondes, il a souri. Il avait reconnu quelqu'un. Il s'est approché et a embrassé la femme à qui maintenant il faisait face. Ils ont parlé. Ils se sont souris. Bêtement, je les regardais comme si ce que je voyais était incroyable. J'ai jeté un œil à mes chaussures usées et pas cirées. Il était temps que je reconnaisse quelqu'un.

mardi 30 mai 2017

Présent

Tu étais là. Tu me manquais déjà. Tu serais bientôt là-bas. Je n'entendrais plus tes pas. Tu disparaîtrais dans un dernier regard. Au travers des échos du départ. Je me souviendrais des jours épars. Inlassablement entrelacés dans l'écoulement des errements.

mardi 23 mai 2017

Dans le métro

Avec le soleil et sa chaleur reviennent les plaisirs et les stigmates de l'été qui s'approche. Mais en fin de journée, ce sont les stigmates qui ont tendance à prendre le dessus. Ainsi hier, en fin de journée de travail, 16h pour moi, dans la légèreté de l'air de ce mois de mai, j'entre dans la rame et dans la seconde qui suit je prends conscience que le métro transporte en commun les corps et les odeurs qui les accompagnent. Parfois, les parfums masquent les effluves corporelles, mais hier que nenni. C'était la foire aux phéromones, les dessous de bras étaient de sortie. Me parvenaient jusqu'aux narines les émanations olfactives qui manifestement avaient mariné dans le secret ombragé et suintant des aisselles à l'occasion poilues. Tel un nez de Grâces, je sais reconnaître la vieille sueur. Probablement émanant de plusieurs sources je n'ai pu déterminer avec précision leur provenance. Je me demande si ce soir je ne vais pas rentrer à pied.

lundi 22 mai 2017

Un soir à la radio

Donc, hier soir, entraîné par Jorge Pereira-Rainha, je me suis retrouvé à radio Principe actif pour écouter et voir l'émission Un privé à Babylon animée par Petit Emanuel
et ses acolytes érudits. Malgré un rappel au règlement par l'autorité
de tutelle que d'aucuns ont trouvé justifié, nous avons été très bien
accueillis dans une ambiance qui m'a rappelé mes années d'étudiant quand
demain nous paraissait toujours bien loin L'invité virtuel du jour
était Elvis Costello, chanteur, compositeur, découvreur, producteur,
dragueur, le tout pour notre bonheur. Loin de nous pousser du coude,
nous l'avons levé au rock et à ceux qui nous le font aimer. Pour
terminer en beauté, Jorge P muni de sa voix et de sa guitare et
accompagné d'une prise de son de proximité nous a interprété deux titres
de son dernier disque. Et encore bravo.

vendredi 19 mai 2017

Hier soir au concert


Hier soir, répandu dans le canapé, je regardais par la fenêtre pleureuse tomber la pluie dans le jardin. Le ciel semblait se refléter dans l'herbe. Je craignais que la torpeur me paralyse. Allais-je me lever pour rejoindre l'Appart Bar où Elegant Tramp devait se produire? D'un vigoureux coup de rein dont seule la promesse du plaisir nous rend capable, je quittais le canapé pour quelques aller-retours d'essuie-glace plus tard me retrouver devant une bière face à Loïc Kohler et Jorge Pereira-Rainha . Nous parlâmes de tout et de rien. D'autres s’attablèrent, parlèrent, burent comme dans une abbaye(?).
Et commença le concert par une prestation de Yelo, que je découvrais, nom qui pourrait être la contraction d'un bonjour ensoleillé. En fait, non. Une voix, une guitare, un violoncelle. La musique de Yelo, pour ce que j'ai pu en percevoir car à ma grande honte je n'ai pas toujours été attentif, est teintée d'un romantisme qu'enveloppe une nostalgie des amours perdues. Il est vrai que la vie n'est pas une poilade sans fin. Merci de nous le rappeler. Je me suis laissé bercer par les cordes. A revoir.
Ensuite. Ensuite, Elegant Tramp avec Fab Lo et Phil Long Dong en toute décontraction aux manches acoustiques. Un set composé de titres que je n'avais jamais entendus et d'autres devenus des classiques. J'ai déjà dit que j'aimais. C'est toujours le cas. A moins que vous vouliez que j'en dise d'avantage, à quoi bon, je n'irai pas plus avant.
Et encore bravo.


Cortez the killer

mercredi 17 mai 2017

North Harbor

Sur toute la ligne

Je lirai entre les lignes de ta main
Comme toujours je te verrai demain
Tu m'écriras entre les lignes de ta vie
Comme toujours tu me donneras envie

Tu m'attendras dans un coin de ciel
Avant que le monde ne s'éveille
Nous disparaîtrons dans nos rêves
Quand la vie sera encore brève

mardi 16 mai 2017

A l'infini

Elle caressait mes émotions
Dans ses yeux brillait la clé de l'évasion
Dans les boucles rouges du temps sa révolution
Comme un tourbillon emportait mes douces illusions

Son cœur à l'infini
Faisait battre mon amour
Elle était l'infini
Son cœur à l'infini
Faisait battre mon amour

Dans les derniers parfums du vent d’alors
Seul le linceul de mon cœur flotte encore
Las comme un amour qui s’endort
Dans la brume s’évanouit son corps

L’aube des flots ternes de la baie de Lisbonne
Dépose l'ombre des saisons monotones
Les chagrins sombres des reflets amers de l’automne
Déversent les pleurs et enfin m’abandonnent

vendredi 12 mai 2017

Un soir au concert

Donc hier soir (on fait comme si on était hier, hein?) j'étais au Trois Pièces. Je n'avais jamais fait attention, mais il y en a davantage. J'y étais pour un concert annoncé de longue date. Deux parties. Jorge P avec Jorge et Artur puis Paul Collins avec Paul Collins. Comme Artur n'en finissait pas de terminer son andouillette, le concert a commencé en retard. En attendant, confortablement installés dans une des pièces, nous avons devisé. De nombreux sujets ont été abordés dont l'andouillette d'Artur, les moulures, les chevaux fiscaux, pendant que Thierry Valette faisait la navette entre l'andouillette et la cave, impatient que les premières notes soient jouées. Après une dernière bouchée, ce fut fait.
Hier soir, j'assistais pour la quatrième fois à un concert de Jorge P, ce qui ,somme toute est peu comparé aux 23 de Robert. Toujours est-il, que chaque prestation est meilleure que la précédente. C'est vrai, meilleure, ça fait un peu confiture mais peu importe. Je sais, d'aucuns vont dire, ouais mais tu n'es pas impartial. Et alors et qu'est-ce que vient faire l'impartialité. J'aime bien m'énerver tout seul. Le duo ne fait qu'un dans une complémentarité dissociée qui permet l'expression, la fantaisie et la prise de risque (je reste à votre disposition pour toute explication). Lorsque Arthur, pour la dernière chanson, s'est saisi de la guitare et en a joué je me suis dit que d'autres voies s'ouvraient devant ce duo, Jorge et Artur 2P.
Puis, Paul Collins. Il y a plusieurs choses que j'aime chez lui. Je comprends son anglais. Pratiquement toutes ses chansons sont courtes et elles ont une histoire qu'il prend plaisir à nous raconter. Je l'avais écouté il y a quelque temps accompagné de jeunes musiciens. J'ai de loin préféré la version acoustique d'hier soir. Les mélodies, la voix, les variations, la modestie, l'envie de partager. Voilà, je ne vais pas en rajouter.
Cette soirée acoustique m'a plus. Pas la peine de gueuler pour entendre.
Un bémol. Depuis un concert des Volfonics où il me fut reproché d'être trop grand, je me place au fond de la salle. Mais hier soir, deux chevelus se dandinant m'ont gâché la vue😃😃.
Et encore bravo.

Dans le bus

Ce matin, j'avais le disque dur un peu mou. Un peu d'envie s'était probablement évaporée. Un début dans le flou. Histoire de recoller à la vie, au train-train, je monte dans le bus. Après un coup d’œil sans objet, je reste debout, adossé à la vitre. Il ne me reste plus qu'à regarder. Après quelques secondes, je jette, avec douceur, mon dévolu sur une jeune fille accompagnée d'un garçon non moins jeune. Il parle. Je ne sais de quoi. Elle le regarde. Ses lèvres s'écartent dans un sourire. Il continue de parler. Elle lui passe une main dans les cheveux. Sa chevelure se gonfle et ondule au passage des doigts qui glisse vers sa nuque. Je regrette d'être chauve. Elle le regarde. Il est dans ses yeux, dans les reflets que la lumière dévoile. Elle s'approche de son visage et l'embrasse. A mots couverts.

jeudi 11 mai 2017

Dans le bus.



Ce matin, pour la première fois depuis...depuis la dernière fois, j'ai pris le bus. Bien m'en a pris puisque j'ai découvert une technique pour tout à la fois se curer le nez et se maquiller. J'étais donc debout dans l'habitacle regardant à droite et à gauche en quête d'un centre d'intérêt quand une voix de petite fille attire mon attention. Face à elle sa mère. Elle tient dans la main gauche un miroir de petite taille qui lui renvoie l'image de son nez, ou plus précisément, l'image de l'intérieur de ses narines . De sa main droite, plus précisément de son index, et tout en regardant dans son miroir, elle déloge les concrétions qui obstruent ses voies nasales et qu'elle disperse ensuite d'une pichenette. Et ceci fait, du même doigt, probablement encore enduit d'un reste de sécrétion, elle se lisse les sourcils qui à présent brillent dans la lumière du matin naissant.

mercredi 3 mai 2017

Sens

J'entends le chant de la tronçonneuse et le bruit des oiseaux
Je sens le jaune des champs et le vert du chemin
Je touche au but las de l’asphalte
Je goûte la compagnie des poètes à bicyclette dans l'ère champêtre
Je vois au près les prés peuplés de peupliers

dimanche 30 avril 2017

La vie de nos choses

Depuis quelques jours déjà, je passais devant le panier à linge. Du haut de l'escalier, je le voyais débordant de linge en tous genres. Descendant les marches, je regardais ailleurs. En mon for intérieur, passant à ses côtés, j'avais bien conscience que cette situation ne pouvait perdurer au risque de froisser la fierté de ces vêtements ainsi entassés. Et c'est ce matin que j'ai pris conscience du caractère intolérable de cette situation. Comment pouvais-je, faisant fi des sensibilités, des cultures et des origines, ainsi mélanger les chemises, les pantalons, les chaussettes trouées, les petites culottes et autres caleçons? Ayant subitement la fibre du rangement, il me fallait mettre de l'ordre dans cet intolérable cosmopolitisme vestimentaire. A chaque corbeille son type de vêtement. Pour la couleur, je n'ai pas encore décidé.  

jeudi 27 avril 2017

Lumière

Ce matin, après avoir hésité, j'ai fini par ouvrir les yeux. Par la porte qui n'était pas fermée, j'ai vu de la lumière. Alors, je suis sorti. De la chambre. Je me suis retrouvé dans le couloir. Un long couloir qui menait ailleurs. J'ai cherché à savoir d'où venait cette lumière. J'ai regardé par la fenêtre. Dans un frôlement de givre une lueur encore lointaine atteignait les toits. Sans plus chercher, j'ai attendu qu'elle s'approche. Plus près.

mardi 25 avril 2017

Un instant seulement

Du vert et du bleu. Le bleu prolongeait son immobilité tout au long du jour. Son intensité variait. Dans le froid du matin, sa pâleur le rapprochait de la transparence. Comme un écho aux flaques de brume qu'écorchaient les brins d'herbe. La rosée renvoyait les impressions de lumière. Ses gouttes répandues semblaient comme les derniers éclats de la nuit. Loin de tout, le temps hésitait encore. Son indécision se déposait sur la cimes des arbres. De branche en branche, elle finissait par toucher le sol pour se répandre jusqu'aux imprécisions du matin. A l'abri du feuillage, les chants des oiseaux traversaient le repos de l'air. Le vert parsemait l'espace de son immobilité. Les derniers instants d'ombre allaient s'évaporer. La chaleur rasante se frayait un passage vers ma peau. Je la laissais se répandre. D'une caresse, elle éloigna le souvenir d'un frisson. Le soleil devenait le seul élément du temps. Avant que je ne ferme les yeux, infime, le ciel s'assombrit par dessus la cime. L'abandon se mêlait aux bruissements. Les sensations prenaient possession. Le vent livrait passage à ton visage. Je sentais ton regard. Je devinais ton sourire. Je m'endormis dans l'oubli.

lundi 24 avril 2017

Du bout des doigts

Dans la profondeur légère de ton refuge j'oublie les refus et les déluges. Entre les jours fendus, j'entre dans ton antre. Je cueille les mots du recueil parmi le silence de l'absence. Je quitte les abords des contreforts abrupts. L'embrasement de tes lèvres érige les secrets et les regrets. Les larmes délavent  notre histoire. Jusqu'au lendemain sans fin tu pars avec le jour. Je ne garde rien de toi pour te retrouver au hasard d'un désir.  

vendredi 21 avril 2017

La-haut.


Je rêvais. Je rêvais de toi. Comme si les nuits ne suffisaient pas. J'avais la tête ailleurs. Je ne sais où. J'attendais. Sans trop savoir quoi. Peut-être faisais-je semblant. Je regardais passer des inconnues et des inconnus, me disant que je ne les connaîtrais jamais. Jamais plus je ne les reverrais. Je n'en rêvais pas. J'ai entendu tes pas. Je devinais quand tu approchais même si parfois tu t'éloignais. J'ai levé les yeux. Je me suis dit qu'il aurait suffi d'un rien.

mercredi 12 avril 2017

Un hideux étroit

Je m'enfonçais dans la journée humide. Comme le dernier prince numide. Égaré dans les enchevêtrements apatrides. L'air rude se découpait en rides. Et répandait les borborygmes putrides. Dans le soulèvement des croûtes acides. De part et d'autre rampaient les fissures frigides. Laissant s'épandre les spasmes fluides. Parmi les remugles anguleux, j'aspirais l'amplitude des sculptures  avides. Comme rongé par les effluves d'un fleuve d'oxydes. Les éructations me décharnaient jusqu'au vide. Il me restait à choisir entre l'homicide et le suicide.

lundi 10 avril 2017

De mes amis


Entouré de quelques amis barbelés, un mirador de mes amis me faisait martialement remarquer que la fille de son père comptait bien rafler la mise.

samedi 8 avril 2017

Terre de paroles

Hier soir, je suis allé à l’hôpital. Il n'y avait pas d'urgence mais je n'étais pas loin et même près d'être en retard. Dans un amphi ampli d'une assistance composée de physiques un tantinet en déclin, à quelques exceptions près, nous avons écouté une lecture à deux voix. La lecture, par Anne-Sophie Pochet et Vincent Fouquet, des lettres que se sont écrites George Sand et Gustave Flaubert. Une correspondance. Autrement dit, une relation épistolaire. Nous pourrions même dire épistsolaire tellement... Voilà, c'était tellement. Ils écrivaient. Ils s'écrivaient. J'ai eu l'impression de tout deviner, comme si j'avais pu les observer. A l'écoute de George Sand qui raconte son quotidien, plaisirs et petits désagréments, et de Flaubert qui nous fait part, parfois non sans humour, de ce que l'on appelle les affres de l'écrivain, l'envie de prendre modestement une plume et une feuille de papier nous prend. Ecrire à quelqu'un et attendre le facteur. Attendre. Attendre et lire la réponse. Ne me reste plus qu'à trouver.
Metteur(e) en scène : Anne-Sophie Pauchet
Comédien(ne) : Vincent Fouquet
Musicien(ne) : Caroline Tref

Correspondance, Gustave Flaubert & George Sand

Au hasard.

Sans ami, hier soir je marchais au clair de la lune et au hasard des rues qui s'enchevêtraient dans un quartier de hauts et de bas. Quartier à l'architecture cosmopolite (oui, je sais) qui empêche de le ranger dans une quelconque catégorie, constitué de retraits paisibles. Je passais devant les portes fermées à l'exclusion quand j'ouïs une sourde mélodie. Mu par le murmure et la curiosité, je pousse la porte et l'audace jusqu'à entrer sans y être invité. Et que vois-je? Arthur, bassiste de son état. Alors, me dis-je, posons lui les deux questions. Ce qui fut fait.

vendredi 7 avril 2017

On se le demande

A autre chose. Passons-nous jamais à autre chose. Pourquoi faudrait-il passer à autre chose? Quelle est cette chose, cette autre chose ? chaque seconde de notre vie a en elle nos souvenirs, nos secrets, prête à nous les révéler encore et encore. Un mot, un visage, un geste, une impression, une brise, un reflet, un regard, un souvenir qui nous échappe, qui ne révèle que son ombre. La douleur des regrets nous frôle, les amours inachevées, les amours inavouées, les amours brûlantes qui nous consument encore. Le temps charrie nos vies jusqu’au dernier moment. Et puis tout disparaît, s’évapore laissant notre âme légère. Nous laissons les choses, les autres choses assombrir d’autres yeux, tourmenter d’autres cœurs. La dernière seconde nous libère. 

mercredi 5 avril 2017

Toi émois

Dessous. Dessus. Sous toi. Sur toi. Entre toi. Entre nous. Entre en moi. Les autres émois. Nos incertains surmois. Saoule-moi. Dessale-moi. Décale-moi. Désape-toi. Sans dessus. Avec dessous. Sans décence à fleur de l'eau. Les caresses carnassières le long de ma carcasse qu'à peine tu fracasses d'un sourire. Remous hirsute sans issue. Tu prends ma langue in situ. Tu me passes tout. Profonds leurres en glissades fibreuses. La tumeur enfle. Ose l'anfractuosité. Au plus profond épuisés .     

Vous pouvez répéter?

J'ai du mal à me souvenir du reste. Du reste je ne me souviens de rien. Le temps est passé avec tout le reste et les chiens jappaient pendant que je regardais ailleurs. D'ailleurs, je ne savais pas où j'allais. En déroute sur les chemins de la gloire. Gloire à deux, comme des âmes en plaine, démarraient saluant l'épique et collaient l'anagramme. Au pied de l'être, comme des glands, avec nos trompettes nous avons repoussé les frontières jusqu'aux murmures où j'ai ricoché. Nous sommes arrivés sur le trottoir, les barbares avaient déjà brûlé les écrits et les chuchotements. Restait plus qu'à essaimer l'amour.

A quoi bon


Mon fils à qui je demandais ce qu'il voulait être plus tard, alors qu'il sortait de sa classe de cp, me répondit je veux être heureux. Non, en fait, il me répondit, je veux être pompier. En réalité, je ne sais plus ce qu'il m'a répondu. Je crois même que je ne lui aie jamais posé la question.

lundi 3 avril 2017

Aux pieds

Où va se nicher la conscience politique? C'est ce que je me demandais l'autre jour tout en regardant mon tube de cirage. Pour tout vous dire, il y a quelque temps déjà, j'avais remarqué que mes chaussures, afin d'en prolonger la longévité et par souci d'esthétisme, avaient besoin d'un coup de cirage. C'est chaque soir en m'en délestant que je me faisais cette réflexion. Et chaque matin en les laçant, je me disais "Bordel, seul avec moi-même je suis assez souvent grossier, j'ai encore oublié. Faut absolument que je le fasse ce soir". Et ainsi passaient les jours où la procrastination le disputait à la mémoire défaillante. Et puis, ce matin, las de ce laisser aller, constatant un espace temporel entre l'ingurgitation de la dernière bouchée et le mettage (je sais) de la veste, je décide de passer au cirement (je sais) de mes chaussures. Je vais dans le débarras, prends le cirage adapté et me retrouve dans la cuisine. A chaque fois, je me pose la même question : dois-je cirer mes chaussures déjà aux pieds ou le faire avant qu'elles n'y soient? La plupart du temps je me pose la question alors qu'il est déjà trop tard. Donc, ce matin, déjà chaussé, je pose le pied droit sur le rebord de la chaise, je remonte légèrement le bas de mon pantalon et je me saisis du tube, qui en réalité n'en est pas un. Et, l'air de rien, je lis ce qui est écrit dessus. Et que lis-je? Bleu Marine. Allais-je faire briller mes chaussures avec Bleu Marine?

dimanche 2 avril 2017

Un soir au concert (1)

La vie. Ce qui est bien dans la vie, c'est que nous ne savons jamais. Même la seconde d'après nous ne pouvons rien en dire avant. Et pourtant, nous n'avons de cesse de nous projeter dans cette seconde dont nous ignorons tout (rassurez-vous, j'ai bientôt fini). Ainsi d'aucuns s'imaginaient honnête homme pour la seconde d'après se découvrir une morale incertaine. Moi-même qui vous écris, je pensais avoir vocation à être beau et intelligent et puis... Toujours est-il que de longue date j'avais prévu d'aller à l'Appart bar en ce 1er avril pour découvrir et écouter la suite de l'histoire. J'étais persuadé que j'allais le faire. Mais plutôt que d'y aller directement,( il faut toujours y aller directement mais ce qui n'est pas dans ma nature) et afin d'apporter réconfort et soutien à un ami qui, dans les vacillements d'un matin encore brumeux, avait oublié qu'un escalier comporte plusieurs marches, je fis un crochet par sa demeure. Et là, erreur fatale, j'ai partagé le réconfort en m'installant dans le canapé un verre de blanc à la main qui à de nombreuses reprises alla rejoindre mes lèvres. S'extraire d'un canapé n'est pas une mince affaire. J'en ai encore hier soir fait l'expérience. Mais enfin, mu par une volonté pondérale (je sais, ça ne veut rien dire), je me remis en route pour rejoindre l'Appar bar. Alors que je m'attendais à tourner, dès la première boucle, contre toute attente je trouve une place à proximité. D'une démarche imprégnée (je sais) j'arpente le trottoir sur lequel je croise deux musiciens de mes connaissances, pressés de se vider les ballastes d'avoir trop éclusé de ce liquide ambré qui à présent faisait pression sur leur intérieur. Après quelques serrages de mains plus ou moins réciproques, quelques bises qui procurent le plaisir de l'éphémère, je me campe face à la scène et j'attends. A suivre...

samedi 1 avril 2017

Pavé

Hier soir, le regard dans le vague, j'ai échoué au Havre. Errant sur le port, je chaloupais entre les containers, dans l'ombre des grues au pied desquelles déchargeaient les dockers. Au loin voguaient les couleurs aux reflets d'acier. Le vent transportait des odeurs narratives qui ondoyaient à l'approche des torchères. J'ai longé les quais ponctués de fixités métalliques que le temps rendait abordables. Dans les dernières lumières du jour, j'ai posé le pied sur la plage. Le lointain s'égarait dans la brume. C'est à ce moment là que j'ai entendu... Une mélodie qui venait du nord.

A tue-tête


Le désir parfois m'épuise. Quand ma peau est éprise. Le souffle se grise. Dans la lassitude des méprises. Avant que le corps ne se méprenne. Et ne s'enroule dans le bruit des chaînes. Comme une fissure qui m'entête.

mardi 28 mars 2017

Des fois je me demande

Des fois je me demande. Ce matin, au volant de ma six cylindres en V décapotable (depuis Trump je suis passé à la quatre roues qui crache), alors que, tout en écoutant Calvin Russel chanter Crossroad, je dévalais en direction d'un improbable ailleurs où je finirai par retrouver mes collègues de bureau, je me demandais qui sommes nous? J'étais donc là dans mon intérieur cuir, ronce de noyer ostensiblement de bon goût, lorsque je fus contraint de m'arrêter. Devant moi, une file de voitures qui n'avait pas lieu d'être. Au bout, tout au bout de cette file un feu tricolore, dont la particularité est de passer au rouge pour, quelques secondes plus tard, proposer une flèche qui sans offrir une priorité donne malgré tout l'autorisation d'avancer. Mais il arrive que l'automobiliste de devant, distrait, novice, aveugle ou ne comprenant pas le message véhiculé par cette flèche, attende le passage au vert, ce qui fut le cas ce matin. Et nous eûmes ainsi droit à l'illustration de la définition du dixième de seconde par Pierre Desproges qui est le temps qui s'écoule entre l'apparition de la flèche et le premier coup de klaxon. Le deuxième automobiliste dans la file klaxonna, klaxonna sans que pour autant,probablement par goût de la provocation, le premier ne bougea. Ce qu'il ne fit que lorsque le feu passa au vert. Les deux protagonistes se retrouvèrent côte à côte au feu suivant qui offrait le rouge mais sans flèche. Vitres ouvertes, ils éructaient, s'insultaient, fort marris de ne pas pouvoir descendre au risque de voir le feu passer au vert. Ainsi prisonnier de leur habitacle, leur corps exprimait la frustration de ne pouvoir sur le bitume en découdre. Pour exprimer leur extrême courroux, ils ne leur restaient plus qu'à utiliser leur véhicule qui devint le vecteur de leur haine de l'autre. C'est ainsi qu'à grands coups de volant et d'accélérateur comme un taureau qui fulmine, ils tentèrent de se faire peur mutuellement. Après un ultime bras d'honneur, leurs chemins se séparèrent me laissant incrédule. Un coup de klaxonne me fit comprendre qu'il était temps d'avancer.

dimanche 26 mars 2017

Un soir au concert

Donc hier, j'y étais. J'ai fait partie des rares privilégiés. La soirée a commencé par un bœuf bourguignon. Ou plus exactement, j'ai regardé les musiciens manger un bœuf bourguignon. Je ne sais pas si je donne l'impression d'être bien nourri, mais aucun d'eux ne m'a proposé de partager le corps du bœuf. Je n'ai pas pour autant fait l'âne (je devance toute toute réflexion désagréable). Puis je pris le chemin, sur lequel je croisai quelques recueillis, afin de rejoindre d'autres nourritur
es, moins roboratives mais plus à même d'élever mon âme vers l'indicible. Tout en regardant l'autel sur lequel je n'avais rien à sacrifier, je me demandais si j'allais encore longtemps filer la métaphore. Même je me doutais, quel meilleur endroit pour le doute, qu'il n'y aurait pas un mais des clous du spectacle, je décidai de briser là.
C'est donc en ce lieu voûté, que d'aucunes ont pris pour une cave, en ce lieu loin de toute chapelle (encore une, c'est la dernière) qu'annonçant le printemps, les musiciens nous ont offert un superbe concert. Je sais, Jorge va encore dire que j'aime tout, que je ne suis pas fichu de faire la différence entre Robert Plant et un chanteur de rock, mais là, je dois avouer, confesser (allez, encore une, promis c'est vraiment la dernière) que ce furent des prestations de haute facture. Je ne vais pas faire dans le détail. Tout le monde a eu 10. Nous avons eu le droit à la voix et à la manière devant des spectateurs non dénué d'humour et pour certains rock'n roll. Une mention spéciale pour le son qui a su préserver mes oreilles et permis à d'autres de papoter (j'ai les noms et les images). Je suis pour l'acoustique. Voilà, une fois n'est pas coutume, je serai sobre en rappelant que le printemps nous revient tous les ans, alors pourquoi pas une fête du printemps tous les ans, juste avant la résurrection? Allez en paix.      

jeudi 23 mars 2017

Un soir au concert

L’autre jour, mu par un désœuvrement curieux, je faisais défiler la liste des groupes devant se produire au 106. Et là, je tombe sur Buzzcocks. Dans la seconde, la machine à remonter le temps se met en branle. 1977. Epoque où il y avait plus de massacres que de mélodies. Epoque universitaire où j’avais choisi la filière glandouille avec option paluchage de vinyle en milieu désintégré. Epoque d’énergies tout à la fois créatives et destructrices. Fin de l’analyse sociologique.
Je me dis pourquoi pas. Me voici donc hier soir au 106 ne m’attendant comme souvent à rien de particulier, ce qui a pour effet de limiter une éventuelle déception.

En première partie les Ramines. Bon bah donc, en première partie les Ramines. Ce n’est pas que je sois un spécialiste des Ramones mais je n’ai rien reconnu ce qui ne devait pas être l’objet de la prestation. Des clones rigolos mais comme les phoques, ça ne dure jamais longtemps. La présentation du 106 précise  "Les Ramines font vivre  au public l’album It’s Alive des Ramones avec le plus grand respect du mouvement Punk des années 80". Le respect, ce doit être ça le problème.
Ensuite, Buzzcocks. Comment dire? Le groupe a conservé une certaine énergie. Ce ne sont pas des showman mais l'on sent qu'ils sont contents d'être là. Ils ne la jouent pas à la punk revival. Pas d'outrance. Ils communiquent avec le public. Dans l'absolu, ils nous ont offert une prestation qui sans être inoubliable fut honnête. Mais le problème, car problème il y eut, fut le son. Je ne sais pas si je suis particulièrement difficile, mais ils nous ont servi une bouillie sonore. Ils n'en sont peut-être pas responsables mais j'ai rarement réussi à distinguer les guitares pendant que, comme souvent, le batteur bastonnait. Au risque d'être un peu lapidaire, hier soir, peu de mélodies, beaucoup de massacre. Mais ce n'est que mon modeste avis. Et je suis resté jusqu'au bout.    

mercredi 22 mars 2017

Pif

Ainsi que je l’ai avoué dans un précédent épisode, je n’ai pas de conscience. J’ai longtemps cru de bonne foi que j’en possédais une. Mais à l'épreuve des faits j'ai dû me rendre à l'évidence. Si peu modeste, j’étais même persuadé d’en avoir plusieurs. Ce qui faisait la fierté de ma famille. Une conscience politique, une conscience de classe et plein d’autres dont la conscience écologique. Bien qu’étant plus qu’un courant, le mot qui présentement traverse de part en part l’écologie est le mot alternatif. Le tri, le développement, la production, la culture, la croissance, tous sont alternatifs. mais le plus alternatif de tous est le transport. A pied, à bicyclette, transport en commun, automobile électrique, covoiturage etc... Jusqu'à il y a peu, sans me poser de question, chaque matin je prenais le bus. Depuis que je dispose, provisoirement, d'une automobile, je ne me pose pas non plus de question, je la prends. Je n'ai même plus cette mauvaise conscience qui au tout début m'assaillait. Reste un point commun entre les deux modes de transport : l'observation de mes congénères. Si l'automobiliste citadin n'est pas toujours urbain, dans son habitacle il se croit souvent à l'abri des regards. Ainsi, ce matin arrêté à un feu, je jette un regard dans le rétro et que vois-je? Un homme qui avec application et méthode procédait au curage de son nez. D'abord l'index qui d'un mouvement circulaire, telle un foreuse, semblait extraire le plus gros des concrétions. Une fois retiré de la narine, son propriétaire le regarda d'un air satisfait et déposa le résultat de sa pêche sur le bord de la vitre ouverte. Ensuite il sollicita son auriculaire pour atteindre les zones inaccessibles tout autre doigt. Le voyant la bouche ouverte et le petit doigt à proximité j'ai cru que mais il termina de décorer la vitre. Interminable ce feu.

mardi 21 mars 2017

Bof


Ce n’est pas bien. On peut même dire que c’est mal. Et croyez-moi, je n’en suis pas fier. J’ai pourtant essayé de me raisonner, de me convaincre. J’ai fait appel à ma conscience, à l’histoire, aux luttes, aux grands hommes. J’ai essayé de m’imprégner de l’enthousiasme de mes proches. J’ai applaudi, j’ai hurlé, j’ai hué, j’ai banderolé, j’ai essayé de m’enflammer avec un drapeau, je me suis dédoublé lors de manifestations, mais rien n’y a fait. Jusqu’à il y a peu, j’écoutais tout, je regardais tout, je lisais tout. Pour tout dire, j’y croyais. Et pourtant j’ai connu Pasqua, Balkany, Chirac, Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Strauss-Kahn, Cahuzac et bien d’autres. Mais rien de tout cela ne m’ébranlait. A chaque fois, quelques mois avant l’échéance, je me sentais tout émoustillé. Comme une sève chaude et puissante, je sentais en moi monter le désir qui allait trouver son assouvissement à cet instant où le temps semble retenir son écoulement, à cet instant où l’urne encore inaccessible finira par s’ouvrir laissant ainsi le bulletin pénétrer en son sein. Mais cette fois-ci, rien. Ça ne m’intéresse pas. Je n’écoute que d’une oreille. Je regarde ailleurs. Je lis en diagonale. Lassitude, ébranlement, désenchantement Bien sûr, comme un bon citoyen, je remplirai mon devoir et l’urne. Quelqu’un dira « A voté ». La République sera comblée et heureuse et ma carte s’ornera d’un tampon bien pâle. Mais avant même que l’union ne soit scellée, je me sentirai trompé. Pour autant, le pire n’est jamais certain

lundi 20 mars 2017

De mes amis

Emmitouflé dans une couverture sur les planches de Deauville, un ba da ba da da da da da da de mes amis me faisait à juste titre remarqué que Lelouche avait mal tourné.

dimanche 19 mars 2017

Même si tu m'aimes

Me laissant emporter par les souvenirs, j'ai déplié tes lettres. Des pages qui m'enveloppaient comme des instants qui à nouveau me parviendraient. J'essayais de retrouver. Tes caresses, mot à mot. Dans les flots de l'absolu. Tu étais là, dans le creux des plis. J'ai écouté les mots que tu m'écrivais. Ces mots qui me déliais, qui décrivaient nos dérives. Je les ai lus. Je les ai regardés. J'en ai goûté chaque lettre. Tes mots d'amour. Tous tes mots étaient des mots d'amour. Les et, les la, les même, les virgules, les points, les traits d'union, les espaces, les retours à la ligne transportaient jusqu'à moi, jusqu'à mes yeux, jusqu'à mon cœur ton amour. Ton amour se dessinait entre les lignes. Tu jetais l'encre. Dans la marge, tu m'attendais.Que pouvais-je bien attendre?

vendredi 17 mars 2017

Mépris (2)

Il est là. Il git, masse informe devenue sans intérêt, sans plus aucune utilité que je pourrais jurer n'avoir jamais côtoyé. Et pourtant. Et pourtant, depuis l'aube jusqu'à la tombée de la nuit la plus profonde, qu'a-t-il fait ce boxer maintenant ignoré? Tout au long de la journée il a partagé mon intimité, il m'a soutenu. Cette proximité commence le matin, quand, sortant de la douche et animé d'un balancement généralisé, j'ouvre le tiroir où à gauche se trouvent les chaussettes plus ou moins appareillées et à gauche les boxers. Je ne choisis pas. Je prends le premier qui se présente sans me préoccuper de savoir si sa couleur sera coordonnée à celle de mon pantalon. Je l'enfile et je sens sa douceur ascendante caresser ma peau. De quelques gestes précis emprunts d'une délicatesse toute masculine, je procède aux derniers réglages qui me permettent de m'assurer d'un confort qui, sauf imprévu, m'accompagnera toute le journée. Et lui, mon boxer, qui sera jusqu'au soir confronté aux contingences qui parsèment la journée d'un homme, n'en restera pas moins soucieux de mon bien-être. Et moi, que fais-je le soir venu? Ai-je seulement une pensée, un geste exprimant ma reconnaissance de tant d'attention? Que nenni. Je le balance négligemment comme une vieille chaussette. Ce mépris trouve son épilogue quand, la tête déjà ailleurs, sans considération je le jette dans la corbeille de linge sale où il rejoint tous ses congénères avant lui méprisés. Quel ingrat je fais.    

mercredi 15 mars 2017

Mépris (1)

Je ne suis pas exempt de tout reproche. En ces temps qui manquent d’amour, de tendresse et de poésie, je l’avoue, il ne se passe pas un jour sans que je ne fasse preuve de mépris. Ce mépris quotidien, ce mépris ordinaire, ce mépris que l’habitude banalise. Si au début, au tout début, je n’en avais pas pris conscience, aujourd’hui j’en éprouve une honte que rien, ni les remords ni les regrets ni une quelconque contrition, ne semble pouvoir effacer. Tout commence le soir. Tous les soirs. Juste avant de me glisser entre la couette et le drap du dessous. A ce propos, j’ai lu l’autre jour (précision temporelle sans aucune utilité) qu’une association avait été créée pour la préservation du drap du dessus qui à plus ou moins court terme semble voué à disparaître si rien n’est fait. Donc, juste avant de me glisser, comme tout un chacun je me dévêts. Chemise, pantalon, chaussettes et invariablement je termine par mon boxer. Je procède toujours de la même façon. Les mains au niveau des hanches, je glisse mes pouces entre la peau et l'élastique, là sur le côté. Puis, d'un mouvement rectiligne et descendant je dirige le dit boxer jusqu'à mes pieds. Il est sur le sol et je le regarde de haut. Je retire un de mes pieds et avec l'autre, d'un mouvement ascendant et ample, j'envoie mon boxer dans les airs où il accomplit un arc de cercle pour échouer sur le plancher. (à suivre)


De mes amis


Quelque peu froissé, un repli sur soi de mes amis me faisait fort à propos remarquer que c’était plié.

mardi 14 mars 2017

Artères altérées

Samuel l'amuse et l'inspire. Elle l'a voulu ce dévolu. Pour un désir d'étoile dévoilé.  Cet amant attitré attiré. Par la nuit dans une ébauche de débauche. Où se parsèment les amours au gré des détours. Dans les dessous dérobés s'enrobe. Et mu par les émois de cet autre moi. Parcourant les dunes dénudé. Il laisse deviner l'élipse de l'éclipse. Lorsque le démon s'émerveille. Lorsque décline la lumière dépecée. Alors que les herbes frôlent ses frêle épaules. Ses pas dans le sable laissent des traces éparses. Que le vent égraine vers l’aine. Sa peau avide s’emplit et s’amplifie. Elle le voit s’éloigner de loin en loin. Un mouvement qui disparaît dès après.




lundi 13 mars 2017

A travers

Il est tôt. Il est encore tôt. Malgré tout, le soleil se laisse deviner. Discret, le temps  patiente. La journée se prépare. Les oiseaux répètent. Pour certains ce sera une première. Une sorte de générale. Le jour donnera encore lieu à toutes sortes de premières fois. Un premier envol. Du  nid jusqu'à la première branche. Un Clément Ader de plumes. Les sons du réveil prennent leur place dans le silence. Quelques rais de lumière découpent l'obscurité de la chambre. L'heure est incertaine. Il sera toujours temps d'être plus tard. Son regard ne se pose pas. Seul moment où l'illusion d'avoir prise devient réelle. Son esprit, sorte d'entité insoumise, vagabonde dans son passé. Comme un documentaliste, il plonge dans ses archives et en ramène des matins d'angoisse. Ces matins où la lumière des ampoules réveillait la peur, lui donnait un visage, une voix. Cette peur, même si elle n'est plus qu'un souvenir, ne l'a jamais quitté. Elle a imprégné son enfance, ces années que l'on imagine insouciantes, légères, préservées. Mais ce matin, les souvenirs resteront bien rangés. Il ne retient rien que l'instant. Comme le temps, il s'étire jusqu'au frisson. Il fait partie de la vie. De l'extérieur lui parviennent d'autres agitations. Il n'est plus seul. Il sera bientôt temps.

vendredi 10 mars 2017

Le long

Ce matin, encore recouvert d'une obscurité brumeuse qui permet de ne rien voir et alors que la nuit rendait ces dernières larmes (hé oui je suis poète à mes heures), j'entends, provenant d'un objet qui transforme le temps en une lumière phosphorescente, la voix d'une journaliste qui m'informe que l'entreprise Lafarge-Holcim n'excluait pas. Une entreprise qui n'exclut pas. Bon, ça ne me ferait pas la journée mais c'était un bon début. Mais bien sûr, il n'en était rien. C'était comme si j'avais oublié de tourner la page pour lire la fin de la  phrase. Naïf que je suis, j'aurais dû me méfier d'un cimentier qui finance des djihadistes. Donc, Lafarge-Holcim n'excluait pas, d'accord, mais n'excluait pas de participer à la construction du mur entre le Mexique et les Etats Unis. Sur le moment, pour ce qui me concerne, je n'excluais rien, refusant de me murer dans une indifférence coupable. Ceint de mon indignation, j'étais au pied du mur. Il me fallait simplement envisager une riposte. Rester couché, boycotter leur ciment, créer l'association transfrontalière des truelles solidaires, murmurer à l'oreille des maçons. Quoi qu'il en soit, il me fallait apporter ma pierre à l'édifice du refus. Pour tout vous dire, je suis en pleine réflexion dont le niveau n'est pas encore assez élevé pour trancher.  

https://www.youtube.com/watch?v=yQ9qR7CMCvo

mardi 7 mars 2017

L'implausible

J'ai rêvé de t'écrire un texte sans mot. Un texte de pensées par monts et par vaux. Toutes ces pensées que tu m'inspires. Toutes ces pensées que je désire. Une écriture faite de ratures. Une écriture où chaque mot serait une sculpture. Une écriture d'ombres et de lumières. Une écriture dont je serais fier. Tu lirais mes sourires. Tu décrypterais mes soupirs. Tu froisserais l'air entre tes doigts. A l'instant où le jour décroit. La nuit engloutirait ma fatigue. Nous nous déverserions au-delà des digues. Chaque jour nous raconterait. Dans la pliure des vélins de la forêt. Nous remonterions le flanc des soubresauts. Je m’immiscerais dans ton château. J'écrirais le roman de nos détours. Avec le parfum de ton retour. Je gribouillerais sur la ligne d'horizon. Quand tu m'offrirais tes frissons. Dans le creux de ta main la dernière seconde. Pour une dernière onde.

















lundi 6 mars 2017

Un après-midi au concert.


  https://www.youtube.com/watch?v=uxuvXlaa4x0&feature=youtu.be

Donc hier après-midi je me suis retrouvé à la crêperie de la Rougemare. A 17h entre deux coups de vent. Ce qui tombait bien, ayant la ferme intention de me coucher tôt. Est-ce parce que j'ai il y a peu rejoint le club des sexagénaires, toujours est-il que j'ai eu la sensation qu'en ce lieu gastro-rock régnait une ambiance cidre-dansant. Soucieux d'être au plus près de l’événement , j'ai à petits pas progressé jusqu'à la scène pour me retrouver au plus près des The Volfonics, jusqu'à sentir le souffle des mélodies. A propos de souffle, ce concert a prouvé qu'il n'était point besoin de pousser les boutons à fond les ballons pour apprécier du rock (oui j'avoue, je ne suis pas resté jusqu'au bout). Un point négatif tout de même puisque je fus victime d'une discrimination en raison de mon corps, que d'aucunes qualifient d'athlète, qui semble-t-il empêchait les nombreux spectateurs toisant sous les un mètre soixante de voir ce qui se passait sur la scène. Sous les regards réprobateurs et envieux je fus contraint de me plaquer contre le mur, au risque de me prendre à tout instant un coup de manche de basse dans l’œil. Donc, près à les toucher mais je n'ai pas osé, j'ai regardé et écouté. Alors que d'autres, nous en connaissons beaucoup, auraient profité de l'occasion pour cabotiner, pour nous submerger d'un humour à deux balles, notre trio est resté sobre, laissant toute la place à la musique. Je leur en sais gré. Les pavillons intacts, j'ai apprécié ces reprises jouées avec plaisir, modestie non dénuée d'humour. fourrées à la pomme du terroir. Une sorte de pomme-rock (ça ne veut strictement rien dire mais ça laisse place à l'imagination). Voilà. Je suis allé me coucher paisiblement sans être accompagné par les bourdons mais en sifflotant quelques standards du siècle dernier. Merci pour tout et pour le reste.

vendredi 3 mars 2017

L'allée

Dans un vent vivant emporte les couleurs
Laisse la détresse d'une nouvelle douleur
Le regard du départ offre le vide crissant 
L'aube d'un mot plus rien ne semble vivant

Déchiffrer


D'aucuns disent que, contrairement aux hommes, il y a des signes qui ne trompent pas. Le signe indien qui, comme l'aurait dit Rocco, est surmonté d'une plume. Le signe du destin, sorte de coucou céleste. Et tant d'autres. D'habitude, je ne suis pas perméable aux manifestations mystiques. Quand j'étais petit, un représentant de dieu tout en onctueuse onction avait réussi à me convaincre qu'un ange gardien veillait sur moi. Mais je me rendis rapidement compte que l'ange en question devait être distrait. De ce jour, je me jurais de ne plus jamais me laisser caresser, fusse par un anges. Mais l'autre jour, je ne sais par quel miracle, en était-ce un, j'allais redonner crédit aux signes. Peut-être l'envie de croire dans un moment e doute. Toujours est-il qu'au volant de ma berline intérieur cuir, fabriquée au pays des gens du voyage, je patientais en attendant que le feu rouge passe au bio. Distraitement et sans penser à mal, oisive, ma main droite distraitement caressait avec lenteur le levier de vitesse pendant que mon regard se posait sur deux chiffres lumineux. Deux chiffres au fronton d'un hôtel qui indiquaient le prix d'une chambre. Plus précisément, le prix d'une nuit dans une chambre. Mes pérégrinations me faisant souvent passer devant cet établissement, j'avais remarqué que le prix d'une nuit pouvait varier du simple au double, comme un lit. Ce soir-là les deux chiffres formaient le nombre 69. Sans savoir si je serai le 6 ou le 9, ma main se referma autour du pommeau. Je vis là un signe. Le signe d’une promesse. Mais j’étais encore seul dans l’habitacle. Du fait de mon peu de goût pour l’autosatisfaction et de mon manque de souplesse, je ne pouvais me résigner à être tout à la fois le 6 et le 9. Ma passion pour les chiffres m’entraîna de bar en bar et dans des endroits où je croisai au hasard des abandons d’autres solitudes. Mais rien n’y fit. Rien qui ressembla de près ou de loin à l’un des deux chiffres. Je finis par être persuadé que si signe il y avait, il était mauvais. Je décidai de rentrer. En repassant devant l’hôtel, je constatai que le prix avait changé. 96 éclairait la proximité.

lundi 27 février 2017

Et ron et ron

Quand il se souvient
Il aimerait oublier
Tous ces jours anciens
Comme un temps effacé


Dans le secret d'une pochette
Dans la poussière d'une face B
Sous toutes ses facettes
Jusqu'au refrain il l'a aimée

Leurs rires s'enroulaient
Dans le roulis des rimes
Des fins s'enrayaient
Jusqu'au temps des cimes

Les premiers craquements
Et les sautes d'humeur
Mots dits déments
Elle lui cracha tu meurs

Usé, consolé, il sillonna
De nouvelles cellules
Vit le Nil et vogua
Vers les plages libellules








vendredi 24 février 2017

De mes amis

Un spoutnik de mes amis me confiait l'autre jour que Youri ne vit jamais plus loin que le bout de l'orbite.

De mes amis

Une urne de mes amies m'a confirmé que François Fillon devait se retirer avant d'y mettre son bulletin.

De mes amis

Une bite de mes amis, qui venait fort opportunément de me présenter ses excuses après une intrusion inopinée, me faisait l’autre jour remarquer qu’au bout du bout Rocco n’était qu’un gland.

De mes amis

Un vert brin d'herbe de mes amis, tendre et féru d'histoire, me faisait remarquer qu'Attila avait eu plus d'une horde à son sac.

De mes amis

Comme me le disait une seringue de mes amis, qui fut une des héroïnes de More, "Si tu te souviens des sixties, c’est que tu n’y étais pas".

De mes amis

Un ourlet de mes amis, très introduit dans le milieu, l'autre jour me confiait que, de fil en aiguille, Yves Saint Laurent avait eu une vie très décousue.

De mes amis

Comme me le faisait remarquer une Clara de mes amis, tout compte fait, François Fillon est un fictif.

de mes amis

Une année-lumière de mes amis me faisait fort justement remarquer que les hommes d'avenir n'avaient toujours pas fini d'écrire la chanson des lendemains qui chantent.

jeudi 23 février 2017

Train

Je t'ai vu partir dans la nuit
J'ai su que tout était fini
Comme cendrillon après minuit
Notre amour s'est enfui

Abandonné sans cœur
Seul avec ma rancœur
Je connaîtrai la peur
La vie sera un leurre

Sur les voies de fer
En route vers l'enfer
Non plus rien à faire
Au fond du cratère

Las au bord du  nord
Où disparait ton corps
Dernière petite mort
Dérisoire encore


mercredi 22 février 2017

Avant

L'homme sur le bord est seul
Enfoui dans le dernier linceul
Une silhouette de parabole
Immobile, allongée sur le sol

Une main tendue vers le vide
Dans le gris d'un froid livide
Reflet trouble du désespoir
Au travers acéré d'un soir

Marques du temps acharné
Sur son visage parsemé
Sur ses lèvres desséchées 
Que les mots ont quittées





lundi 20 février 2017

L'être l'autre

J'ai décidé de vous quitter. Je l'écris pour vous en informer. J'ai bien conscience que cela pourrait vous surprendre. Il est vrai que rien ne semblait l'annoncer. Cette décision, je ne l'ai pas prise à la légère. La mort de l'amour, car je vous aimais, demande du temps. Comme une pelote de laine qui s'effiloche. Mon amour s'est éteint à la suite d'une longue agonie. Je sais. Dès les premiers symptômes j'aurais dû le piquer, l'euthanasier.  Je vous connais depuis longtemps. Depuis si longtemps. Depuis maintenant trop longtemps. Je suis tombé amoureux de vous dès la première fois.  Dès la première fois que je vous ai croisée. Que je vous ai croisée dans cette rue. Dans cette rue que j'arpente, que j'emprunte, que je prends, dans laquelle je piétine parfois mes bonnes intentions. Cette première fois, vous étiez une démarche, une silhouette, un parfum, une bouche, un regard, des lèvres, une impression, des mains, un mouvement, un frôlement. Ou tout autre chose qui m'échappait. Je vous ai croisée et, je ne sais pourquoi, j'ai hésité. J'ai fini par me retourner. Vous n'étiez déjà plus là. Encore un peu timide, je n'ai pas cherché à vous rattraper. Vous vous immisciez comme  une impression. Je voulais vous garder telle quelle, frêle et éphémère. La fragilité du souvenir. La lumière des vitrines atténuait la lourdeur de cette nuit d'hiver. Malgré tout, peut-être n'ai-je, dans le froid, pas aperçu votre visage. Je ne m'en souviens plus. Homme d'habitude, je m'applique à faire de chaque journée, la copie de la précédente. Seul un spécialiste pourrait les distinguer. Tout au long de ces jours, je vous ai probablement croisée à nouveau. Vous ne m'avez certainement pas reconnu. Je n'avais pas besoin de vous pour vous aimer. Je n'ai jamais su si vous m'aimiez. Peut-être m'aimez-vous encore. Je serais désolé de vous faire souffrir. Je n'ai pas d'explication à vous donner. Je n'ai croisé personne d'autre. Le temps. C'est certainement le temps. Le temps passe et absorbe les couleurs. Vous n'étiez plus que... Je vous ai pourtant aimée.


A la mode

Un ourlet de mes amis, très introduit dans le milieu, l'autre jour me confiait que, de fil en aiguille, qu'Yves Saint Laurent avait eu une vie très décousue.

samedi 18 février 2017

Un soir au concert

Hier soir, 23h45, en marche arrière, un fantasme récurent, je me suis garé dans l'allée qui mène à la porte d'entrée qui permet à tout un chacun de pénétrer dans la cuisine pour autant qu'il y ait été invité. Je sors de la voiture (plus de bus à cette heure). Mon regard porte non de la cuisine mais vers l'horizon. Dans le ciel, des étoiles à ne plus pouvoir les compter et des bourdons dans les oreilles. Des bourdons qui me semble-t-il doivent être en période de rut si j'en juge par le niveau sonore du bourdonnement. Pour comprendre ma proximité auditive avec ces bourdonnant, il nous faut faire un rewind temporel. Il est 20h15. Nous sommes accoudés au bar du Vixen en attendant Blanche, mais il semble que le tramway ait du retard. Ce qui me laisse le temps de déplorer avec Russ que je n'ai jamais vu une vixen au Vixen. Après les bonjours, les bises, les "Ah bah dis" les "Ah t'es là" les "Ça fait un bail" les "Qu'est-ce que tu fais" les "Non j'peux pas, j'ai les enfants", les "Tu m'appelles",  nous nous sommes dirigés vers les trois pièces. A nouveau petite séquence de "Ça m'aurait étonné aussi" et tout ce qui s'y rattache. Jusque là tout allait bien.
A peine le temps de tremper les lèvres dans la mousse, Deaf in stéréo démarre. J'ai déjà eu l'occasion de le dire ici et là, j'aime Deaf in stéréo. Hier soir aussi. Je ne vais pas en rajouter. Je vais la faire courte, comme aime à le dire Rocco pour rassurer ses partenaires. Avec Thomas, il faut l'entendre pour le croire, et ses acolytes, je retrouve toujours avec plaisir ce brut de décoffrage, cette envie d'achever tout ce qui bouge à coups de riffs. Tout en écoutant, je sentais bien que la ruche n'était pas loin.
Ensuite The galileo 7. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de ce groupe. Donc, comme tout connecté, je suis allé sur youtube pour me faire une idée. Le côté popish revival m'a donné envie de les écouter en vrai. Avec leur batteur au look à la Bun E. Carlos et leur bassiste poupin, je m'apprêtais à apprécier voix et mélodies, pensant que le volume du son s'adapterait. Mais dès les premières notes, les bourdons ont investi mes oreilles. La musique fut écrasée par l'intensité du son. Alors qu'ils entamaient  "Don't Fly Too High", j'ai fini par me retrouver sur le trottoir à parler théâtre avec la grande spécialiste régionale du domaine. Bon bah, je regrette mais je me dis que j'aurai bien l'occasion de les écouter à nouveau en concert.

vendredi 17 février 2017

Nawak

Garçons ou filles
Ça part en vrille
Le temps étrille
Derrière les grilles

Défilent les étapes
Qui nous échappe
La vie est plate
Ça nous épate

L'amour par grappe
Humides agapes
Les bites rap et dérapent
Les langues lapent et palpent 

L’ âge nous flatte 
Dans les apparts 
Temps que tu partes
Que tu t'écartes

jeudi 16 février 2017

Vroum

Ce matin, aggravant mon bilan carbone, je n’ai pas pris le bus. Reniant des années de conscience écologique, je suis allé au boulot en voiture, une voiture munie d’un moteur à explosion. Je me suis ainsi retrouvé seul dans un habitacle conçu pour accueillir cinq personnes. Pas de covoiturage. Je me demande si je ne suis pas en train de me trumpiser. Baignant dans une solitude coupable, je n’avais personne à observer, si ce n’est mon reflet dans la vitre. Quelque peu honteux, je me suis arrêté pour faire le plein. Le plein d’un carburant issu d’un pétrole provenant de je ne sais où, raffiné par je ne sais qui et acheminé je ne sais comment. Existe-t-il de l’essence éco-responsable ? Barbotant dans un cloaque de mauvaise conscience, je n’ai pas accéléré dans la descente, aux feux j’ai redémarré en douceur. En résumé, faux-cul, j’ai essayé de me faire croire que j’avais une conduite éco-citoyen. Arrivé au boulot, j’ai fait un bilan. Si mon empreinte carbone avait manifestement laissé des traces, il était indéniable et irréfutable que j’avais gagné du temps. Mais comme j’étais en avance, je l’ai perdu en attendant dans la voiture. Demain, je reste sous la couette.

mercredi 15 février 2017

Inutile

Souvent petits, il est des matins, où mon corps prend le pas sur mon esprit, ce qui est le plus fréquent. Probablement pour que je n'ai pas le temps de réfléchir. Il m'entraîne ici et là et avant même d'avoir eu le temps de réfléchir, je me retrouve au bureau. Mais parfois, ce qui est de plus en plus rare, mon esprit fait preuve de vivacité et dame le pion à ce qui me sert encore de corps. Dans ce cas là, ma journée commence par une réflexion, une question et le temps de sa formulation, j'ai le sentiment d'être intelligent pour rapidement me rendre compte que je ne sais pas répondre à la question. Donc, ce matin mon esprit était vif et plutôt bien disposé tandis que mon corps encore chaud attendait. J'hésitais à me lever. Les pensées me traversaient sans trop s'attarder. D'abord glissant en surface, elles se firent plus profondes. C'est à ce moment là que je me suis dit qu'il était temps de laisser mon corps reprendre le dessus mais il était déjà trop tard. La question est arrivée. Quand pour la première fois ai-je eu quelque chose à me reprocher? Vive le corps.

mardi 14 février 2017

Le rock est dans le pré

Aujourd'hui, la Marinière. Après la scène, on se déchaîne. Encore traversé par les derniers accords du définitif et ultime groupe, la fin de soirée jusqu'au petit matin seront dansants avec le cool Marinière, la crème. La Marinière, l’éclatant, l’expurgent, l'indécent, l'incandescent, l’intransigeant, l’irradiant, le vibrant, le déridant, le délirant, le dévastant, le caracolant, le virevoltant, l'entraînant, l’astringent, le décapant, l'élégant, l'évident des dance-floor. Avec la Marinière, les corps sont des rythmes groovant dans la nuit de la dernière fois.

Un soir au cinéma.


Je l'avoue d'entrée, mon choix a été guidé par la bande-annonce. Je sais, j'avais dit que plus jamais et j'ai replongé. Mais je ne désespère pas d'être un jour sevré car comme le disait Churchill "Essayer encore, c'est vaincre". Dans le cas présent, la bande-annonce de Moonlight n'a pas été le seul critère ayant concouru à l'édification de mon choix. Le thème a retenu toute mon attention. Un adolescent découvre son homosexualité. Pour ce qui me concerne, je ne me souviens plus quand j'ai découvert mon hétérosexualité. D'ailleurs, je ne suis pas sûr que j'en ferais un film. Quoi qu'il en soit, l'adolescence et l'homosexualité, pris séparément ou pas, depuis longtemps suscitent mon intérêt.
Pour en venir à l’essentiel, mais comme le disait Staline « Qu’avons-nous à faire de l’essentiel ? », ce film décrit la difficulté à être soi-même, à vivre sa vie qui ne peut être une éternelle souffrance, un renoncement constant. Etre heureux est à portée de mains, à portée de lèvres, à portée du cœur. L’amour n’a pas d’à priori. Il s’émancipe des conventions. Il faut oser s’en approcher, y plonger et se laisser emporter. C’est du moins ce que dit le film et beaucoup d’autres choses. Pour les découvrir, je vous invite à aller le voir, car comme le disait Kim Il-Sung « Demain est radieux mais incertain ».