vendredi 30 mai 2008

Où sont les femmes?




Vous vous souvenez certainement de cette inoubliable chanson de Patrick Juvet, notre David Bowie à nous. Inoubliable mais dont je n'ai retenu que les paroles du titre, paroles qui suffisent largement à notre bonheur. Depuis le temps, pour ce qui est des femmes, j'ai réussi à les localiser.

Pourquoi vous parlé-je de cet hymne de nos années folles? Depuis quelques jours, sous la douche, je chante "Où sont les socialistes?". Il y en a un qui se pose dix questions, l'autre a l'audace d'être libéral, la troisième dit que c'est une honte, vous avez celui qui n'a pas d'ambition mais qui, au cas où, est disponible et n'exclut rien et puis tous ceux qui se disent qu'il n'y a pas de raison, qu'eux aussi, le moment venu, feront valoir leur légitime ambition.

Et pendant ce temps, nous vivons dans une société qui ne sera bientôt plus que la somme des intérêts particuliers.

Bonus.

mardi 27 mai 2008

Tôt ou tard




Il est trois heures. Il se lève et il la bouscule. Elle ne se réveille pas, comme d'habitude. Mais si, elle se réveille. D'ailleurs elle dort mal. Il n'arrête pas de gigoter. Elle a les jambes couvertes de bleus. Comme elle est réveillée, elle se propose de l'accompagner. Elle sait que cela lui fera plaisir. Elle lui sourit et pourtant quelque chose la tracasse.
- Dis-moi Nicolas, comment s'habille-t-on quand on se lève tôt?

vendredi 23 mai 2008

Flop

Hier, suivant en cela les recommandations de mon ami Santini, je l'ai joué à la nippone. Je souhaitais faire part de mon extrême mécontentement et affirmer mon opposition résolue sans pour autant perturber le fonctionnement du service public auquel je suis très attaché et dont je défends la continuité. C'est ainsi que, fière d'être un citoyen responsable, j'ai confectionné et passé à mon bras gauche un brassard sur lequel était écrit "EN GREVE". Je l'ai arboré toute la matinée. Je me suis senti bridé.

jeudi 22 mai 2008

Chronique du matin

J'écoute la radio tout en regardant mon thé refroidir. Le petit déjeuner qui est pour moi, vous l'aurez compris, un moment de solitude choisie, un moment de recueillement, est parfois troublé. L'origine de ce trouble est la plus part du temps la cafetière électrique, plus précisément la cafetière électrique entartrée qui a pour particularités de faire plus de vapeur que de café et dont le bruit couvre pendant de longues minutes le son de la radio. Le café n'en finit pas de passer. C'est Dark Vador enrhumé qui renifle. Il y a toujours quelqu'un pour dire "Il va falloir la détartrer".

Le couvercle du pot de confiture représente aussi un risque potentiel de trouble. Vous allez me dire qu'il suffit de le savoir. Pourtant certains matins j'oublie. J'ouvre le placard, je tends la main et saisis le pot par le couvercle. Jusqu'ici tout va bien. Je me tourne prêt à parcourir les trois mètres qui me séparent de la table. C'est à ce moment que couvercle et pot se désolidarisent. Je passe sur les morceaux de verre un peu partout, le dessous des chaussons qui collent. Quant à savoir qui n'a pas correctement rebouché le pot, ce n'est jamais personne.

Le trouble peut avoir une origine chimico-physique. Cela ne concerne que les trempeurs à l'exception des trempeurs de baguette. Vous avez beurré et confituré avec soin votre tartine (baguette viennoise, brioche...), vous la plongez dans le bol fumant, vous attendez une à deux secondes, vous la ressortez la bouche déjà ouverte prêt à enfourner. Vous remarquez tout de suite que votre tartine pique du nez, précipitant gouttes de beurre et filaments de confiture dans votre breuvage. Bien que vous sachiez parfaitement ce qui va se passer, c'est la panique qui prend le dessus. Vous hésitez quelques secondes et c'est le drame. Vous projetez votre bouche en avant pour gober le morceau qui se détache. Non seulement vous êtes trop lent mais en plus vous avez donné un coup dans la table. A partir de ce moment tout est possible. Quoi qu'il en soit, vous regardez votre bout de machin qui flotte au fond du bol.

mercredi 21 mai 2008

Merci Patrick



Face à mon bol de thé, quelque peu avachi, j'écoute la radio et j'entends que notre ami Devedjian veut que l'on procède au démantèlement des 35 heures. Sur le coup, ma sirène interne "défense des avantages acquis" se met à hurler. Pour être certain d'avoir compris, je vérifie le sens du verbe démanteler qui est synonyme de "réduire à néant". Je dois vous avouer que j'avais envie de démanteler mon ami Patrick. Et puis je me suis dit "mon gars, sois zen, reprends-toi et réfléchis."

Pendant de longues minutes mon esprit, lui qui d'habitude est si vif et si fécond, a tourné dans le vide. Le blanc. J'ai donc décidé de changé d'angle. J'ai pris le parti de mon gars Devedj comme on l'appelle dans le milieu. Vous aurez remarqué que les amis de Devedj ont des mots fétiches comme réforme, carcan, libérer, conservatisme, moderne, bon sens, pragmatisme, tout le monde sait que..., regardez ce qui se passe à l'étranger... et ces même amis pensent qu'il y a trop d'impôts, trop de charges, trop de fonctionnaires, trop de contraintes et j'en oublie.

Mais une fois que la droite est au pouvoir, elle n'est plus qu'un bataillon de couilles molles qui prend des demi mesures. C'est pourquoi il faut soutenir Devedj. Suppression de la durée légale du travail avec une durée négociée dans chaque entreprise. J'irai même plus loin. Chaque salarié devra négocier sa propre durée du travail. Après deux refus de la proposition patronale, il verra son salaire diminué de 20%. Au bout de quatre refus, il sera licencié sans préavis ni indemnités. La disparition des heures supplémentaires aura l'avantage de supprimer les exonérations fiscales et de charges qui y étaient rattachées ce qui aura un effet positif sur les finances publiques. Comme toutes les prestations sociales bénéficient en priorité aux chômeurs, aux smicards et autres nécessiteux, seuls les salariés seront redevables de l'ensemble des cotisations sociales.

Ceci n'est qu'un aperçu des possibles qui s'offrent à nous.

mardi 20 mai 2008

Otages

Il ne vous aura pas échappé que, depuis quelque temps (expression qui ne veut rien dire), tout le monde prend tout le monde en otage. Dès qu'il y a grève, contestation, il y a prise d'otages. Tout le monde? Non.

Commençons par la prise d'otages classique, en quelque sorte conventionnelle. Il s'agit de la grève SNCF. C'est une mine pour les journalistes avides de jeux de mots et de métaphores à deux balles. Je suis souvent atterré par la paresse des journalistes, notamment de l'audiovisuel, qui se contentent souvent de piocher dans un florilège de formules toutes faites qui n'ont même pas le mérite de rendre compte de la situation. A chaque fois on nous refait le coup du radio-quai au cours duquel trois quatre clampins nous disent qu'il est intolérable d'être pris en otage, que cette grève ne les concerne pas, qu'eux ils travaillent...A ce titre, les commentaires de Jean-Pierre Pernaut valent le détour. Et, comme lors du dernier mouvement, le ministre en charge du dossier précise qu'il n'y aura pas de négociation tant qu'il n'y aura pas reprise du travail, que l'on ne peut négocier sous la menace.

Mais il y a des exceptions. Vous vous souvenez certainement du rapport Attali pour la libération de la croissance française. A peine sorti, ce rapport libérait les menaces d'un certain nombre de professions. Parmi elles, les taxis qui n'ont pas tardé à manifester en bloquant la circulation et en menaçant de poursuivre leur mouvement tant que le gouvernement ne s'engagerait pas à ne pas mettre en oeuvre les propositions les concernant. Aucune proposition de négociation, d'entrée l'ultimatum. L'expression "prise d'otages" n'a pas été utilisée et les taxis ont obtenu satisfaction. Pour ce qui est notamment des pharmaciens, une simple menace a suffi.

Autre exemple, en cours, les marins-pêcheurs. Ils bloquent des ports, des raffineries, utilisent la violence. Personne n'a parlé de prise d'otages et ils sont reçus par le ministre.

Sans porter de jugement sur la légitimité des revendications, il semblerait que moins il y a de personnes concernées, plus on a de chance d'obtenir gain de cause. Je conseille donc aux fonctionnaires de faire grève et de manifester par service, voire par bureau.

lundi 19 mai 2008

Une soirée chez F et J

Samedi soir, nous étions invités chez F et J pour l'inauguration de leur nouvelle cuisine. Le qualificatif "nouvelle" n'est ici pas galvaudé puisque les travaux ont non seulement donné lieu à de nouveaux agencements mais également à la création d'une nouvelle pièce. Vous allez me demander "mais qu'est devenue l'ancienne cuisine?". Elle occupe aujourd'hui l'ingrate fonction de débarras dont l'entrée se dissimule derrière un rideau. Paradoxe de la vie ménagère, le maître de maison avait choisi de faire un barbecue. Nous n'eûmes donc pas le loisir de voir vivre cette cuisine. C'est comme si nous l'avions regardée au travers d'une vitrine. Il n'en demeure pas moins qu'elle est spacieuse, aérée, lumineuse, fonctionnelle tout en étant conviviale, dotée de nombreux rangements. Si l'on prend le temps de s'imprégner de l'ambiance qui y règne on ne peut que tomber sous le charme que rehausse la douce chaleur des ondulations marocaines, cette touche de simplicité qui permet à tous les voisins de connaître les menus de la semaine grâce aux reliefs qui, passant par le lave-vaisselle, viennent égayer le caniveau.

Si j'ai bu autant que d'habitude, un handicap physique ne m'a pas permis de profiter pleinement de cette soirée, de la gentillesse de nos hôtes, de la conversation des invités. A telle enseigne que je me suis endormi sur le canapé ce qui pour le moins dénote un regrettable manque de savoir vivre. D'ailleurs, cette soirée a donné lieu à un florilège de goujateries, de manque de goût et d'indélicatesses. Entre l'ingénieur de chez Renault monté sur ressorts qui ne tenait pas en place, davantage concerné par le multiplex de foot que par ce qu'il y avait dans son assiette, l'instituteur obtus qui confond argumentation et mauvaise fois instaurant ainsi un malaise diffus obligeant un éminent membre du barreau à quitter précipitamment la soirée et votre serviteur qui non seulement était ailleurs mais qui en plus se permettait de refuser de se servir, à l'invitation de son concepteur, une deuxième boulette, bien cuite et dont la forme ne laissait aucun doute sur la nature artisanale de sa fabrication.

Tout ceci s'explique peut-être par le fait que lorsque nous sommes chez F et J, nous nous sentons comme chez nous (c'est pas mignon?).

Merci Christine

Mme Lagarde a rappelé à Toulouse que "si des progrès n'étaient pas réalisés à l'échéance de 2010, il faudrait trouver d'autres moyens incitatifs et coercitifs pour que les entreprises françaises fassent mieux en matière d'emploi des seniors". Cette citation de notre amie Christine est extraite d'une dépêche AFP du jour.

Pourquoi cette citation? Vous avez certainement remarqué que pour le gouvernement il existe deux catégories de réformes. Celles qui ne souffrent aucun délai et celles qui méritent réflexion. Dans la première catégorie vous retrouvez les augmentations et les diminutions. Augmentation des franchises, baisse des remboursements, baisse des allocations familiales, augmentation de l'âge de la retraite, diminution du nombre d'enseignants, augmentation du prix du gaz, suppression de la prime à l'emploi, augmentation du contrôle des demandeurs d'emploi, baisses et remboursements des impôts sur les hauts revenus, exonération des heures supplémentaires, augmentation du nombre de travailleurs pauvres...

Dans la deuxième catégorie vous trouverez l'emploi des "séniors" dont on parle depuis plusieurs années et l'on en est toujours à se dire qu'il existe des solutions et qu'il va falloir qu'on en discute sérieusement. Déterminée comme jamais, la Christine nous dit que si rien ne change d'ici 2010, ça va barder. Vous remarquerez qu'elle parle de progrès mais qu'aucun objectif n'est fixé. Puisque nos ministres aiment élever le bon sens au rang de politique, je suis étonné qu'il ne soit pas venu à leur esprit qu'il serait de bon sens d'augmenter la durée d'activité des 55-60 ans avant d'augmenter le nombre d'années de cotisation pour une retraite à taux plein. Vous trouvez également la pénibilité de certains métiers dont il faudrait tenir compte pour le départ en retraite. Ce sujet est au point mort depuis de nombreux mois. L'égalité femme/homme qui a fait l'objet d'une inutile loi puisque la simple application de la précédente permettait d'obtenir le même résultat. Les entreprises ont jusqu'à 2010 pour que l'égalité salariale soit effective. Pour ce qui est du RSA il faut encore continuer l'expérimentation et les crédits risquent d'être divisés par trois. Concernant l'amélioration de la carrière des enseignants, notre ami Darcos va proposer "un document de méthode qui permettra de définir les thèmes et les principes généraux de la discussion qui se poursuivra dans les prochains mois.". Il suffit d'être raisonnable et patient.

Je suis de mauvaise fois et ça me fait du bien.

samedi 17 mai 2008

Ni tout à fait un autre

Sur des paroles originales, il m'arrive d'aimer le rap.





http://podcast.blog.lemonde.fr/2008/05/16/
sarkozy-jai-encore-change/

vendredi 16 mai 2008

Faut-il les écarter?

Sur la route qui chaque matin me mène au bureau je longe les murs d'une église que des années de pollution automobile ont noircis. Construite en 1810, son style néo-roman en a fait un édifice à l'architecture dénuée d'intérêt. Elle se situe en sortie de ville en un lieu dédié à la circulation. En résumé, elle n'a rien pour elle. Je ne serais pas étonné d'apprendre que l'esprit saint l'a désertée. Malgré tout, elle reste un lieu de prière, le symbole d'une croyance, un lieu d'élévation. Sans en avoir jamais passé le seuil, je suppose que dans le choeur se trouve le Christ sur sa croix. Je le devine les jambes serrées l'une contre l'autre et les bras écartés, posture qui n'est pas une invitation à venir se blottir dans ses bras. Je me demande d'ailleurs si le Christ a jamais serré quelqu'un dans ses bras. Quelle relation avait-il avec son corps, avec celui des autres? Ce ne sont que des questions en passant car là n'est pas le sujet de ma chronique. Quel est-il? Le prochain paragraphe vous éclairera peut-être.

Il y a peu, Madona a sorti un nouveau disque qui a donné lieu a des clips très connotés cul. Elle s'exhibe sans pudeur. Tout comme d'autres chanteuses, Minogue, Carey, sentant peut-être son talent s'enfuir avec le temps, elle tente encore de se faire dévorer des yeux avec cette plastique que les jours déforment. Tout comme d'autres, elle ne se ressemble plus. Elle n'est pas ce qu'elle a été, elle est quelqu'un d'autre. J'étais prêt à vous faire bénéficier de mes intelligentes réflexions sur le sujet mais j'ai décidé d'y renoncer. Vous remarquerez simplement sur la pochette ci-dessous que Madona, salace coup d'oeil à Marlène, a les cuisses écartées. Les préliminaires ont disparu. Attend-elle que l'on y glisse son cd et bien sûr jusqu'à un certain point?



Tout ça pour vous dire que l'autre matin, innocent comme chaque matin, je m'arrête au feu de la place saint Paul. Cette pose dure environ une minute. L'église est dans mon dos. Je laisse quartier libre à mes yeux. Cette minute est pour eux un moment de détente. Ils vagabondent, attirent mon attention si ils le jugent utile. C'est ainsi que j'ai rapidement été alerté. Mes yeux se sont mis en phase avec mon cerveau qui a alerté ma pensée. Je relève la tête et je vois une affiche quatre sur trois dont le sujet est la tournée de Mylène Farmer. Et paf, qu'est-ce qui me saute aux yeux? La Mylène a les cuisses écartées et je me demande si elle ne serait pas plutôt en tournante.

jeudi 15 mai 2008

Robert et moi




Nous arrivons devant le Grand Rex et nous nous plaçons dans la file d'attente qui me donne l'impression d'être un rassemblement de mamans et de papas. Nous finissons par pénétrer dans la salle qui est au demeurant très belle. Je passe sur la première partie. Après les sempiternels réglages de micros, d'instruments, de câbles et autres serviettes, tout semble prêt. Pour l'anecdote, six ou sept roadies s'agitent sur la scène puis disparaissent. On se dit que c'est bon. Quelques secondes plus tard un clampin apparaît histoire de tout revérifier. Un deuxième le rejoint pour lui glisser quelques mots à l'oreille et en repartant il en profite pour mettre deux trois coups de pied dans les câbles. Celui qui a tout vérifié se dirige vers la sortie et au dernier moment bifurque vers les micros et en déplace un de dix centimètres.

L'ombre tombe sur la scène, les musiciens prennent place et commencent à jouer. Quelques secondes plus tard le duo fait son entrée. J'entends la voix de Robert et je sais tout de suite que c'est un bon soir. Elle est claire, libre. Elle lui ressemble. Il la fait voyager, la lâche, la reprend. Je découvre la voix d'Alison Krauss. Elle peut être puissante, discrète, sans entrave. Concernant les musiciens, le batteur, costume-cravatte, a de l'énergie et une position particulière. Les autres, dont T Bone Burnett, m'ont semblé être de bons techniciens.

Nous avons eu droit à une version country de Black Dog, quelques reprises de Robert et l'essentiel du disque Raising Sand. Ce fut un concert agréable mais un peu frustrant. Autant la voix d'Alison Krauss est magnifique, autant son jeu de scène est pire qu'inexistant. Elle paraît empotée, ne sachant pas quoi faire de son corps et ses talons hauts n'ont rien arrangé. Elle aurait pu jouer dans la petite maison dans la prairie. Robert, ne voulant pas tirer la couverture à lui, nous l'a fait discret, en dedans, tout en nuances et retenue avec un déhanché aux ondulations orientales. Pourtant je sentais qu'il aurait pu casser la baraque mais au risque de casser le duo. Krauss n'a pas le physique de sa voix. Le public est resté sage mais sentait que Robert pouvait les enflammer, les faire gueuler de bonheur.

J'ai vu Robert mais je suis un peu frustré. J'attends avec impatience le prochain concert.

mercredi 14 mai 2008

Robert et moi



Comme je vous l'ai laissé deviner, hier j'étais à Paris accompagné en cela par ma dulcinée pour le concert de d'Alison Krauss et Robert. Pour ne rien vous cacher, dans la voiture, nous ressemblions à "maman et papa vont à la capitale". Maman, le nez plongé dans le plan posé sur les genoux essaye de se repérer, de mettre en adéquation l'environnement avec sa traduction topographique. Puis, comme sortant d'un moment d'apnée, elle redresse la tête, regarde à gauche, à droite pour vérifier si quelque chose correspond et replonge. Pendant ce temps, papa égrène les noms de rues, de boulevards, de ponts comme autant de petits cailloux. Ensuite, maman, GPS de l'approximatif, dit à papa "va tout droit, vas-y continue, ah, on aurait dû tourner, ça fait rien continue tout droit, on va rattraper plus loin, tu prends le prochain pont dès que tu peux". Papa tourne et dit "et après?". Un silence de quelques secondes. Maman commence à tourner le plan dans tous les sens. Les habitués perçoivent une hésitation teintée d'inquiétude. Maman, copilote bénévole, ne sait pas si elle tient le plan dans le bon sens. Papa se gare sur la gauche pour effectuer un briefing et redéfinir les objectifs. Le fait que l'itinéraire se trouve à cheval sur deux pages d'une même feuille, ne facilite pas les choses. Après remise à plat, le constat est sans appel: nous avons inutilement traversé la Seine. Nous reprenons un pont dans l'autre sens. Maman et papa ont la sensation d'avoir repris leur destin en main. "C'est quoi la rue là?" Maman ne voit pas de loin alors que papa si. Ils sont complémentaires. "Rue Royale". Un petit moment de flottement. "Oui, c'est ça!". C'est le soulagement général accompagné d'un sourire qui indique une détente tant physique que cérébrale. Direction le Grand Rex.

J'ai honte



Hier soir, alors que je tentais de trouver mon chemin dans les rues de Paris, j'apprends que Robert Rauschenberg est mort. Précurseur du pop art il était surtout connu pour ses combinaisons et ses collages. C'est un artiste qui a marqué son temps, qui est une référence. Il était sans cesse à la recherche d'un point central dans sa démarche qui consistait à s'enfoncer toujours plus avant dans l'assemblage d'éléments combinatoires qui ne trouvaient leur force, leur vérité que dans la confrontation chromatique et structurelle.



Pour tout vous dire, je n'avais, juqu'à hier soir, jamais entendu parler de Robert Rauschenberg et je vous avoue que j'en ai honte. Comment se fait-il que j'ai pu ainsi, en toute inconscience et impunité, ignorer cet homme et son oeuvre. Il n'y a qu'une seule réponse, mon manque de curiosité, ma paresse intellectuelle. Il est des jours où je me fais honte. Dans ces cas là, je me dis, mon pauvre garçon, combien d'autres peintres, musiciens, écrivains, sculpteurs font partie de ton panthéon des inconnus.

Je suis atterré.

dimanche 11 mai 2008

Chronique du matin

Je suis donc dans la cuisine où règne le calme. J'aime être seul mais ce n'est pas toujours le cas. Mon propos ne porte pas sur les matins du week-end qui ont une saveur particulière.

Vous aurez compris que le petit déjeuner n'est pas un moment de convivialité. Je ne suis pas en état de supporter les autres, leurs habitudes, leur manies, leur odeur, leur conversation, leurs questions auxquelles je ne réponds pas. N'allez pas croire que je suis un ours pour autant. Le petit déjeuner est le prolongement du sommeil. Il m'appartient, je ne le partage pas. C'est un moment de suprême égoïsme.Le face à face avec le bol fumant

Mais revenons au moment où j'entre dans la cuisine. Il n'y a rien, tout est à faire. Je ne fais pas partie de ceux qui préparent la table la veille. Je devine comme cela doit être rassurant et apaisant de se coucher en sachant que la table est prête et qu'il ne restera plus qu'à appuyer sur le bouton de la cafetière. S'endormir avec l'image des bols, des pots de confiture. Je devine le sourire de contentement se déposer sur le visage du dormeur. Je dois vous avouer que j'hésite également à faire partie de ceux qui la mettent le jour même. Je devine combien il doit être agréable d'entrée dans la cuisine et de constater que tout est prêt. Il m'arrive de le faire mais le coeur n'y est pas.

Donc j'arrive, j'allume la radio. C'est un moment très important. Je ne conçois pas un petit déjeuner sans radio. Pourtant, sans que je n'arrive à l'expliquer, je fais partie d'une famille qui ne parvient pas à conserver ses postes de radio en bon état. Nous cassons les antennes, le bouton du son n'en fait qu'à sa tête. Il suffit de le tourner d'un millimètre dans un sens où dans un autre pour que l'on ne distingue qu'un chuchotement ou un cri qui réveille toute la maison.

vendredi 9 mai 2008

La République reconnaissante



Contrairement à ce que hurlent certains esprits chagrins, l'Education Nationale crée des postes. Qui se souvient d'Arnaud Teullé? Notre gars Arnaud fut pendant quelques semaines le candidat officiel de l'UMP pour l'élection municipale de Neuilly avant de devenir un dissident remplacé par l'ancien dissident. Il est vrai qu'il n'a pas le physique du rebelle.

Alors que la place de maire lui était promise, les élections passées, il se retrouvait sans rien. Il fallait donc faire quelque chose. C'est ainsi que par décret présidentiel en date du 2 mai, notre ami Arnaud, plus connu dans le milieu sous le pseudo de Nono, a été nommé inspecteur de l'éducation nationale à l'académie de Paris.

jeudi 8 mai 2008

Allez savoir pourquoi

Les oiseaux chantent. Le ciel est bleu. Un bleu du matin qui hésite entre la discrétion et l'arrogance. Le soleil, quant à lui, éclaire le sommet du noisetier dont les feuilles clignotent dans le vent. Le noisetier offre au regard une masse verte que la lumière dégrade comme une fantaisie imprécise. Si l'on prend soin de regarder avec attention, on distingue quelques branches mortes que le vert ambiant ne dissimule pas. Ce sont les traces d'un passé que nous avons vécu. Chaque année en fait apparaitre de nouvelles. Au début, jouant au jardinier attentif, je faisais disparaitre les vieilles branches, du moins celles que je voyais et que je pouvais atteindre. Dans mon esprit s'était forgée l'idée qu'une branche morte nuisait à l'ensemble. Depuis, je leur laisse vivre leur vie. Il est 7h30 et nous sommes le 8 mai.

mardi 6 mai 2008

Merci Brice



L'autre jour j'ai lu un article signé Brice Hortefeux. Ce serait vous mentir que dire que je m'apprêtais à le lire sans à priori. C'est pourquoi je me suis dit "mon garçon, tu vas lire cet article en gardant à l'esprit qu'il est écrit par un ministre de la République pour qui liberté, égalité, fraternité sont chaque jour à conforter". Comme quoi, j'étais de bonne volonté.

Et j'ai lu la première phrase qui suit. "Si les diverses enquêtes d'opinion montrent que la grande majorité de nos concitoyens comprend, approuve et soutient la nouvelle politique d'immigration de la France, je suis cependant attentif aux critiques ici ou là, parfois bruyantes. "

Cette phrase est à la fois faite de brutalité et subtilité. Subtilité n'est peut-être pas le terme adapté. Je vous laisse juge. Il commence par utiliser des sondages pour légitimer sa politique. Si les sondages sont favorables c'est que les français sont d'accord et que la politique mise en place est la bonne. Si les sondages sont défavorables, cela veut dire que les français sont d'accord mais impatients et qu'il faut aller plus loin. Pour le coup, je préfère que les sondages soient favorables. Vous aurez remarqué, ce qui doit être vrai pour tous les hommes politiques, qu'il y a souvent confusion entre "les français" et "des français". Mais notre ami Brice est finaud car il utilise le terme concitoyen qui est fraternel, plus convivial et qui fait référence à une communauté. Nous sommes tous frères et regardons dans la même direction.

Donc une grande majorité, il y aurait de petites majorités, est en phase avec "la nouvelle politique d'immigration". Qu'y a-t-il de nouveau? Les charters, les arrestations, les centres de rétention, le recours aux force de l'ordre, le traitement administratif des êtres humains? Les quotas. Avant, du temps de notre intègre Charles Pasqua qui depuis s'est réfugié dans le maquis du Luxembourg, on ne comptait pas, tout était fait en dépit du bon sens, personne ne savait ni quoi ni qu'est-ce. Mais aujourd'hui, grâce au gars Brice, nous comptons, nous fixons des objectifs, nous rédigeons des procédures. Nous pouvons dire que la France est, en matière d'expulsion, certifiée ISO.

Mais bon prince, notre ami Brice (je suis à la recherche d'un jeu de mot) se dit "attentif aux critiques" mais j'ignore comment se manifeste cette attention. De son point de vue, ces critiques restent limitées puisqu'elles sont "ici ou là" et non "ici et là". Il semble déplorer qu'elles soient "parfois bruyantes". Nous pouvons faire part de notre désapprobation mais gentiment. Les anti-Brice doivent être de bonnes pâtes (voilà, j'ai mon jeu de mot).

Pour finir, notre ami Brice nous dit, la voix certainement chevrotante, "Pas un jour ne se passe sans que je me pose la question : notre action est-elle juste ?" Mais il ajoute tout de suite "Chaque matin, je m'interroge et chaque soir, je repars avec la même conviction". Comme il repart le soir, on peut supposer qu'il passe ses journées à s'interroger, ce qui dans son cas est une manifeste perte de temps.

"de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement". Tel est le nom de son ministère et pourtant dans son article il n'est fait à aucun moment référence au codéveloppement. Mais comme l'écrit notre concitoyen Brice, je suis un esprit chagrin. Je vais finir par y ajouter la pitié.

Bilan

Cela fait un an. Je me retourne, je regarde et je dois vous avouer que monte en moi un sentiment d'inachevé. La frontière est parfois ténue entre un chantier et une friche, entre un espoir et une déception. Nous avons partagé les frénésies de la nouveauté, l'excitation de la découverte, cette impression de ne pas avoir assez de temps, assez de place, nous avons ressenti cette frustration des mots impuissants à traduire notre impatience. J'ai parfois deviné votre incompréhension, votre scepticisme. J'ai aussi ressenti votre adhésion. J'ai conscience qu'il reste beaucoup à faire mais que ensemble nous construirons quelque chose de grand dont la fierté n'aura d'égale que la jouissance à répandre le souffle du lendemain.

Je continuerai donc l'écriture de ce blog.

samedi 3 mai 2008

Sans cesse



Le temps le rapproche, l'éloigne. Le temps ne lui est plus d'aucune utilité. Le temps déverse ses souvenirs. Le temps est indifférent, sans âme. Le temps d'un éclair qui assombrit son regard. Le temps est une onde de souffrance. Le temps est son souffre douleur. Il le frappe et l'insulte. Misérable, il le regarde passer, s'éloigner. Dans ses rêves, il le prend à bras le corps, il le repousse et le fait reculer. Cruel, le temps se laisse faire et lui fait croire. Il lui offre l'illusion de l'espoir. Comme ces poissons qui atteignent la source pour mourir, il ne fait que remonter le courant, le temps qui l'a vu vivre n'est plus qu'une marque que chaque matin il découvre dans le miroir.

vendredi 2 mai 2008

Merci Roger



Cela fait fort longtemps que je voulais vous parler de Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement. Ce n'est pas le plus connu ni le plus glamour des membres du gouvernement. C'est ce que j'appelle un homme politique à l'ancienne, tant physiquement que dans sa façon de faire de la politique. La photo ci-dessus vous donne un aperçu assez fidèle. Il est présenté comme étant un fidèle de longue date de notre président. Je dois vous avouer que si je ne le connaissais pas avant qu'il entre au gouvernement je l'ai rapidement repéré. Je le compare à un personnage qui a eu son heure de gloire.

Vous souvenez-vous du porte-parole de l'armée irakienne lors de la deuxième guerre d'Irak? Muni de son béret, il s'exprimait chaque soir devant la presse internationale pour affirmer que l'armée irakienne contrôlait la situation. Il atteignit le sommet lorsqu'on lui fit remarquer que l'armée américaine avait pris possession de l'aéroport de Bagdad. Il répondit qu'il ne fallait pas croire la propagande alliée et que l'armée irakienne allait se lancer dans une contre-offensive éclair et décisive.

Voilà à qui me fait penser mon gars Roger. Quand les journalistes lui font remarquer que les députés UMP se plaignent d'être mal traités, d'être mis devant le fait accompli, de ne pas être associés aux projets, il commence par répondre qu'il ne constate rien de tel. Il continue en précisant que les relations entre le parlement et le gouvernement sont excellentes, qu'il travaille en bonne intelligence avec la représentation nationale. Si le journaliste insiste un peu, notre Roger précise qu'il est normal qu'il y ait débat et que ce débat est franc, loyal et constructif. Si le journaliste pousse encore un peu, mon Roger lui répond qu'il est normal qu'ici où là quelques sensibilités s'expriment, ce qui fait partie du débat démocratique mais qu'en tout état de cause il y a convergence de vue entre le gouvernement et le Parlement. Il suffit pourtant d'écouter les députés nous faire part de leurs états d'âme pour comprendre qu'il y un malaise. Mais pour mon gars Roger, tout va bien.

jeudi 1 mai 2008

La France qui...

Après avoir lu une une intervention de notre président qui glorifiait en ce premier mai la France qui travaille, j'étais prêt à écrire une réponse indignée. Et puis, trop fatigué, j'ai laissé tomber.