A petits pas il s'est éloigné de son cœur
Il imaginait que la vie était ailleurs
Il n'entendait plus le rythme de ses battements
Sur les flots il se laissait guider par le vent
Amants, s'entrelaçaient le désir et l'amour
Alors s'écoulait la couleur le long des jours
Son âme s'imbibait du sang des autres saisons
Elle s'échappait, se répandait sur l'horizon
mercredi 19 décembre 2012
A autre chose (27)
Il s'est endormi. Il va rêver. Je
regarde son visage. Rien ne laisse deviner. Ses pensées ont terminé leur
voyage. Elles pourraient être rangées quelque part dans son cerveau. Le
sommeil va en éliminer certaines. D'autres vont s'incruster, se lover dans les
méandre. Elles seront prêtes à resurgir, à diffuser le trouble. Elles vont
rencontrer des congénères. Elles se compléteront. A son réveil, l'une d'elle
devancera toutes les autres. A moins que ce ne soit une nouvelle pensée. Une
pensée qui l'étonnera, dont il ne se savait pas capable. J'aimerais tant que sa mémoire lui offre un répit, lui cache la vérité le temps de l'oubli. Pourquoi nous souvenons-nous de ce qui nous fait souffrir? Avec le jour, le manque va le laisser sans force. Celui que l'on aime nous manque. Il nous manque à chaque instant. Comme si parfois sa présence ne nous suffisait pas. Comme si l'amour était une incertitude. Il avait conscience, sans en comprendre le sens, que son corps, son cœur, son âme, son souffle, son amour ne lui suffisaient pas. Il était cet alpiniste qui, ayant atteint le plus haut sommet du monde, est persuadé qu'il en existe un autre bien plus haut, quelque part. Il ne parvenait pas à se défaire de cette insatisfaction. Mais à cet instant,
les yeux fermés, il pourrait avoir tout oublié. Ses mains reposent sur le sol.
La tête posée sur son épaule, il respire avec régularité. Sa joue n'attend
qu'un baiser.
vendredi 14 décembre 2012
A autre chose (26)
Cette
goutte avalée, elle devait attendre que son amant lui présente à nouveau un
membre rigide, prêt à l’emploi. Elle ne savait jamais combien de temps cela
allait prendre. Elle avait toujours le temps et savait ne montrer aucune
impatience. Elle devait lui transmettre son désir par des regards, des gestes,
des sons. Elle allait faire remonter des profondeurs la sève, faire revenir le
sang chaud qui à nouveau allait s’engouffrer dans cette tige. En cet instant,
elle regardait avec tendresse ce bout de chair qui se balançait doucement et
qui échappait à la volonté de son propriétaire. Elle restait persuadée qu’en
matière de sexe l’homme était programmé et qu’elle avait le pouvoir de
modifier, de faire évoluer ce programme. Le pendentif était à portée de son
souffle. L’air chaud qui sortait de sa bouche faisait osciller le balancier. Le
temps se resserrait. La virilité, en attente comme un avion en bout de piste,
était à quelques centimètres de sa bouche. Elle souriait. Elle pouvait le
mordre, le dévorer, le prendre dans sa bouche comme une carnassière. Elle
l’embrassait, lui donnait des coups de la pointe de sa langue. Elle sentait
affluer la salive qu’elle laissait couler le long de cette pointe encore
timorée. Elle le regardait droit dans les yeux et souriait. Elle souriait de le
voir ainsi à sa merci, elle souriait de savoir qu’il était là pour elle. Elle
souriait parce que c’était lui. Bien qu’elle sache faire preuve des suggestions
les plus convaincantes, il arrivait qu’il ne parvienne pas à remonter la pente.
Elle se moquait alors, l’agaçait. Elle lui disait que c’était peut-être la dernière
fois. Elle ne faisait que lire dans son désarroi. Il pensait souvent à cette
dernière fois. Si près de ce lieu de
rencontre de toutes les morts, il aimerait écrire un texte de ce genre.
jeudi 13 décembre 2012
Ouf
Un reste de Lune éclairait le matin
Un croissant qui pâlissait dans le jour
Le passage des nuages précipitait sa fin
La surface de clapotis faisait le détour
Il était temps grand temps et pourtant
Il était temps de prendre le temps
Prendre le temps à bras le corps
Prendre le temps et le tordre jusqu'à la mort
Jusqu'à la mort du dernier de ses désespoirs
Jusqu'à la mort de ce qu'il pouvait croire
Il pouvait croire à nouveau en lui
Il pouvait croire aux promesses de cette pluie
Cette pluie qui d'une caresse faisait naître l'éclat
Cette pluie qui marquait chacun de ses pas
Chacun de ses pas l'éloignait enfin de l'avant
Chacun de ses pas dévorait le moindre instant
Le moindre instant pour être à nouveau amant
Le moindre instant pour aimer il était temps
Il était temps grand temps et pourtant
Il était temps de laisser partir le temps
Un croissant qui pâlissait dans le jour
Le passage des nuages précipitait sa fin
La surface de clapotis faisait le détour
Il était temps grand temps et pourtant
Il était temps de prendre le temps
Prendre le temps à bras le corps
Prendre le temps et le tordre jusqu'à la mort
Jusqu'à la mort du dernier de ses désespoirs
Jusqu'à la mort de ce qu'il pouvait croire
Il pouvait croire à nouveau en lui
Il pouvait croire aux promesses de cette pluie
Cette pluie qui d'une caresse faisait naître l'éclat
Cette pluie qui marquait chacun de ses pas
Chacun de ses pas l'éloignait enfin de l'avant
Chacun de ses pas dévorait le moindre instant
Le moindre instant pour être à nouveau amant
Le moindre instant pour aimer il était temps
Il était temps grand temps et pourtant
Il était temps de laisser partir le temps
mercredi 12 décembre 2012
Pourquoi pas
Il regardait la lumière quitter le jour
Il en devinait encore les pourtours
La clarté comme un sourire
Se réfugiait dans le creux des nuages
Les ombres ne jouaient plus
Elles envahissaient ses souvenirs
Comme par l’apaisement d’un sage
La rage qui l’asservissait avait disparu
Un rien qui lui avait fait du bien
Et demain, s’il s’en souvient…
mardi 11 décembre 2012
L'âme se terre
Ai-je une âme? Alors que l'on dit
de certain qu'ils en possèdent un supplément, je me demande si j'en ai une et
dans l'affirmative, comment puis-je le savoir? Peut-on avoir une âme et ne pas
s'en servir? Quand j'étais petit, conscient d'être un pauvre pécheur sous la
constante menace de la colère divine, j'imaginais mon âme comme une surface
veloutée et blanche, parsemée de taches noires de surfaces variables qui
représentaient mes péchés. A péché mortelle, grosse tache. J'allais à confesse
comme on allait à la blanchisserie. A genoux sur le prie-dieu, je choisissais
des péchés dans une liste proposée par le prêtre. N'étant pas sur la liste, je
n'ai jamais confessé avoir regardé sous la jupe des filles ou m'être masturbé.
Après la confession, je ne me sentais jamais l'âme plus légère. J'ai fini par
ne plus aller chez le blanchisseur. Les taches ont certainement dû s'accumuler
comme le goudron dans mes poumons. J'ai, depuis, arrêté de fumer et je continue
à m'interroger sur mon âme.
lundi 10 décembre 2012
A autre chose (25)
Elle
était fière de son cul et ne manquait pas une occasion de l'offrir à son
regard. Elle se mettait à quatre pattes et écartait les cuisses. Elle ne
tardait pas à le sentir s'enfoncer en elle sans difficulté. Son sexe en
quelques secondes se transformait en marécage, en zone inondée. Ce qu'elle aimait, parfois et elle le lui demandait, c'est qu'il se répande en
elle rapidement, en quelques secondes. Il le faisait très bien. Il restait
toujours en dessous de la minute. Aussitôt terminé, elle se mettait sur le dos
et gardait ses jambes repliées sur son ventre pour ne pas laisser s'échapper
une seule goutte. Elle jouirait plus tard. Lui,
comme d'habitude allait traverser une sorte de no man's land de désir. Il
allait pendant un temps plus ou moins long ne plus avoir envie de rien. A
genoux, il s'approchait d'elle et fermait les yeux. Il s'offrait à son tour. Il se laissait aller à cette liberté, accompagné d'un sourire d'étonnement. La simplicité du plaisir. Le plaisir d'être vulnérable, d'abandonner, de capituler. Être heureux de se livrer à celle qu'on aime.
Elle le prenait dans sa main et le pressait pour en extraire jusqu'à la dernière goutte. Avant que cette queue, elle aimait prononcer ce mot, ne redevienne molle et reprenne cette forme incertaine qui la faisait ressembler à toutes les autres, elle lui demandait de s'approcher de son visage. Elle ouvrait sa bouche et posait la pointe de sa langue sur ce gland qu'il lui proposait. La dernière goutte entamait le voyage jusqu'au fond de sa gorge. Elle résistait à l’envie de le prendre dans sa bouche et de sucer ce beau fruit gorgé de sang que les dernières palpitations faisaient encore vibrer. Elle savait qu’elle le ferait plus tard. Elle aimait prendre dans sa bouche l’homme qui l’avait pénétrée et celui là plus particulièrement. Aucun de ceux qu’elle avait connus n’était allé si profondément en elle. Elle aimait cette sensation de se sentir remplie.
jeudi 6 décembre 2012
A autre chose (24)
Dans cet appartement qui se vide, il lui reste les
mots pour évoquer, pour se souvenir, pour se raconter à lui même son histoire,
pour découvrir ce qui lui a échappé. Il aligne des souvenirs, que des
souvenirs. Une ancienne réalité qui n'a plus de consistance. Il est là avec
cette douleur qui s'accroche à lui, déforme son âme. Il aimerait tant se
souvenir avec tendresse. L'amour ne vit pas du passé. Il est en équilibre sur l'instant
présent. Il n'est ni avant ni après. Comme notre souffle. Il a oublié que
l'amour peut faire souffrir, transformer chaque instant en douleur à laquelle
on ne parvient pas à échapper. Les souvenirs ne sont là que pour rappeler son
absence. Loin d'elle. Tout a disparu. Sa voix, son odeur, ses gestes, son
regard. Plus rien ne lui est destiné.
La lumière décline. Le soleil se rapproche de
l'horizon. Les ombres se cachent. La profondeur des pièces s'estompe. Les
détails du plancher disparaissent, laissant une surface qui maintenant semble
plane sans plus de rainures. Pourtant, la poussière des derniers jours
s'y cachent.
mardi 4 décembre 2012
A autre chose (23)
"La violence des corps, des
gestes. Pour rejoindre la passion, la retrouver, se laisser entraîner,
emboîtés, encastrés, enchevêtrés, mélangés, enroulés, enserrés. Cette envie
d'être et de rester en elle. Arrivait ce moment où nous retombions de part et
d'autre. Nous attendions. Le silence, sans savoir qui allait parler, quels
mots. Nous ne parlions jamais de ce que nous venions de faire. C'était
peut-être inutile. Pour en dire quoi? Elle m'avait transporté. J'avais à chaque
fois cette impression de découverte, d'autre chose. Je voulais lui dire et je
me contentais de la regarder. Dans la douceur des draps froissés, je sentais la
chaleur de son corps me quitter. Je ne pouvais retenir l'intensité. Dans
ces moments de dérive, comme porté par un courant d'apaisement, j'exposais ma
nudité. Je me préférais allongé, sans défense, sans arrogance. Je recherchais
la vulnérabilité. J'étais peut-être moi aussi une origine. Je voulais qu'elle
me regarde, qu'elle me trouve beau, qu'elle puise en moi un autre désir,
qu'elle me ranime, qu'elle me fasse sortir de ma torpeur, de cet après. Une
sensation de vide, comme si j'avais épuisé tout le désir qui était en moi."
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