lundi 27 décembre 2010

L'un dans l'autre

Il n'aura pas échappé à votre sagacité que chacun de nous fait partie d'une catégorie. Une catégorie à laquelle sont reliées des sous catégories. C'est à cela que je pensais en détaillant les données statistiques concernant la demande d'emploi. Entre 16 et 62 ans nous sommes un actif ou un chômeur. Nous sommes un chômeur de moins ou de plus d'un an, autrement appelés DELD. Nous sommes DELD de 1 à 2 ans, de 2 à 3 ans ou de plus de 3 ans. Nous sommes un homme ou une femme. Nous sommes une femme qui vit en couple ou qui est isolée. Nous sommes une femme isolée qui touche le RSA OU L'ASS, qui est qualifiée ou non qualifiée, qui a plus ou moins de 50 ans. Nous faisons donc partie de ce que l'on appelle le public prioritaire (1). Ce qui veut dire que nous faisons partie d'une sous catégorie pour qui ont été mis en place, au cours des dernières décennies, des plans, des mesures et autres actions spécifiques selon la sous catégorie à laquelle nous appartenons. Selon la conjoncture, les changements de gouvernement, la proximité d'élection, nous pouvons être amenés à changer de sous catégorie mais rarement de catégorie. Il nous faut donc être très vigilant car un changement de catégorie peut nous être fatal. Nous sommes tellement de choses à la fois, versés de sous catégorie en sous catégorie qu'en fin de cette cascade statistique nous ne sommes plus grand chose, voire plus rien. En haut de cette cascade nous sommes une masse de plusieurs millions qui faisons ou non la une du journal télévisé. Nous avons ou pas l'honneur de faire l'objet d'une déclaration ministérielle ou d'un communiqué du même nom. Nous apprenons que nous sommes plus nombreux ou moins nombreux que la dernière fois. On nous informe parfois que, si nous sommes plus nombreux que lors de la précédente livraison statistique, nous aurions été encore plus nombreux si des bonnes mesures n'avaient pas été prises. Et là, nous nous disons que nous avons eu de la chance.

dimanche 26 décembre 2010

Bonbons

Jeudi, je suis allé écouter Second Floor. Vous allez me dire "Encore!". Si telle est votre réaction, c'est que vous ne les avez jamais entendus.
Pour des raisons diverses et variées, j'aime Robert Plant et Led Zeppelin, les Amis de la Sainte Sixtus et Second Floor.

Comme toujours avec Second Floor, on commence au rez de chaussée et on termine dans les étages avec un bonbon dans la bouche. C'est à chaque fois un bonbon qui vous rappelle quelque chose sans que vous sachiez quoi. Vous l'avez sur le bout de la langue mais la mémoire ne vous revient pas. Vous finissez par vous dire, que celui là, c'est la première fois que vous l'avez en bouche.









lundi 20 décembre 2010

Draps (dans de beaux)

Ce matin comme souvent, putain d’habitude, je me suis levé. Sortir, quitter, s’extraire de son lit est rarement une décision mûrement réfléchie. Je ne me dis jamais « Tiens, je vais me lever pour aller travailler. » Je le fais et je passe à autre chose.
En me glissant hors du lit, je ne me doutais pas de ce qui allait m’arriver. Le sachant, je n’aurais malgré tout rien changé.
Je quitte la chambre muni de tout l'attirail vestimentaire qui doit être composé de sept unités. C'est une action que j'accomplis souvent dans le noir. J'ai toujours le bon nombre mais c'est une fois à la lumière du couloir que je peux vérifier si j'ai la grille gagnante. C'est une sorte de tirage au sort, surtout en fin de semaine où tout s'accumule sur la chaise et sur le sol. Si une partie de la sélection peut se faire à l'odeur, il existe une marge d'erreur. Je peux me retrouver avec des chaussettes dépareillées. Je vous épargne le reste.
Je dépose le tout dans la salle de bain, je prends ma douche, en sors et me sèche. Et allez savoir pourquoi, vêtu de rien je retourne dans la chambre noire. A peine y ai-je pénétré que j'entends une voix me glisser à l'oreille "Viens te recoucher". Contre toute attente, sans attendre je cède à cette glissade. La peau encore imprégnée de la fraîcheur du matin, mon corps disparaît sous la couette. Et là, ravissement, frissons, pulsion, pulsations, fusion, hésitation. Comme si je découvrais ce corps chaud qui a fait naître la tentation. Si je n'y prends garde, pourquoi le ferais-je, je vais être englouti, me diluer.
Il est toujours à l'affût. A la moindre occasion, il refait surface, s'impose. Mais qu'il est bon de sombrer, de céder au désir.

mercredi 15 décembre 2010

Idée cadeau



A la recherche non du temps perdu mais d'une idée je suis tombé sur cette montre qui vaut un peu plus de 700 000 euro. Je me suis dit qu'à ce prix là, ils auraient pu mettre les chiffres. Dites-moi pourquoi je la trouve de mauvais goût?

dimanche 12 décembre 2010

vision (3)

Le ciel a attiré mon attention. Le ciel de l'Est, de l'extrême Est. L'horizon qui se trouve le plus à l'Est. Comme une transparence sucrée, une onde rose débordait par dessus la forêt qui recouvre les falaises. Plus le regard se projetait vers l'ouest, plus le ciel se faisait sombre jusqu'à disparaître dans la nuit. Comme si, dissimulé par l'horizon, un dieu tirait vers lui une couverture. Comme pour vérifier que j'étais toujours dans la bonne direction, je plaçai provisoirement mon regard droit devant. S'encadrait dans mon champ un immeuble, surmonté de trois cheminées, d'où se détachaient des fenêtres éclairées, comme les hublots de cabines d'un paquebot qui donnait l'impression de larguer les amarres.
Tout en le vivant, j'avais décidé que c'était un moment unique. La prochaine fois serait à nouveau la première.
J'avais oublié que l'on pouvait mettre tant de temps pour traverser un pont.

vendredi 10 décembre 2010

Vision (2)

Je traversais donc le pont pour passer de l'autre côté. L'autre côté où parfois nous attend la mort. Mais pour le coup ce n'était pas le cas. Le sol sombre et bombé brillait comme si un ciel de nuit s'était écrasé sur le bitume. C'est ce que je me suis dit sur le moment. Je piétinais les étoiles. La nuit était encore présente mais je sentais qu'elle avait envie de partir. La nuit se retire toujours en douceur mais comme souvent l'hiver, c'est avant que nous quittions le lit. je me suis demandé si, de temps en temps, la nuit n'aimerait pas être le jour. Elle laisse parfois des traces de son passage comme cette lune qui traîne sa pâle lassitude dans la clarté insistante.
J'étais donc sur le pont, sur le point de traverser. A vrai dire j'étais déjà engagé de quelques pas. J'avais encore tout loisir de faire demi-tour. C'est une illusion du matin. Si je voulais je tournerais le dos à l'autre rive. Allez savoir pourquoi je ne le fais jamais.

jeudi 9 décembre 2010

Vision (1)

Ce matin, comme d'habitude, putain d'habitude, je me suis engagé sur le pont pour le traverser. Certains jours, je regarde devant moi, d'autres fois, j'ai les yeux rivés vers le sol. Ce matin j'étais plutôt d'humeur aérienne, ce qui était risqué compte tenu du sol glissant.
Comme tout un chacun, il m'arrive de vivre des moments uniques mais sans en avoir conscience puisque j'ignore que je ne les revivrai pas. Chacun de nous peut malgré tout décider qu'un moment est unique. C'est ce que j'ai fait ce matin. Je me suis dit que je vivais un moment unique.
Après quelques pas sur le pont, j'ai levé les yeux. . Une parenthèse à propos du pont. Nous sommes nombreux, chaque jour, à traverser un pont. J'ai souvent l'impression que nous traversons un pont comme nous passons d'un trottoir à celui d'en face, sans beaucoup d'émotion. Avons nous conscience que nous passons d'une rive à l'autre.
à suivre...