vendredi 10 décembre 2010

Vision (2)

Je traversais donc le pont pour passer de l'autre côté. L'autre côté où parfois nous attend la mort. Mais pour le coup ce n'était pas le cas. Le sol sombre et bombé brillait comme si un ciel de nuit s'était écrasé sur le bitume. C'est ce que je me suis dit sur le moment. Je piétinais les étoiles. La nuit était encore présente mais je sentais qu'elle avait envie de partir. La nuit se retire toujours en douceur mais comme souvent l'hiver, c'est avant que nous quittions le lit. je me suis demandé si, de temps en temps, la nuit n'aimerait pas être le jour. Elle laisse parfois des traces de son passage comme cette lune qui traîne sa pâle lassitude dans la clarté insistante.
J'étais donc sur le pont, sur le point de traverser. A vrai dire j'étais déjà engagé de quelques pas. J'avais encore tout loisir de faire demi-tour. C'est une illusion du matin. Si je voulais je tournerais le dos à l'autre rive. Allez savoir pourquoi je ne le fais jamais.

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