mercredi 30 novembre 2016

Dans le bus

Ce matin, dans le noir et le froid, arpentant un trottoir gagné par le blanc de la nuit, je semblais décidé à rejoindre mon lieu de travail. J'avais la vague conscience que j'allais devoir, après une première tentative ratée, relever à nouveau le défi des 39h. Pour tout dire, la semaine précédente, gagné par une volonté de synthèse, je m'étais essayé au concept du 39 dans les 35 qui, comme son nom l'indique, consiste à faire le travail prévu pour 39h en 35h. Ce fut un échec que l'on pourrait qualifier de lamentable. Probablement tétanisé par l'enjeu, je suis péniblement parvenu à un 28 dans les 35. Homme de défi s'il en est, je suis bien décidé à me lancer à nouveau dans l'aventure mais la semaine prochaine, la présente semaine étant consacrée à l'analyse de mon échec. Donc ce matin, avant même les premières lueurs, j'étais dehors. Comme parsemées de cristaux de givre, les étoiles semblaient briller d'une intensité inhabituelle. Plongé au plus profond de mes pensées, je laissai mes jambes se mouvoir en toute autonomie. Elles me conduisirent vers l'abri bus. Et c'est avec d'autres pauvres hères que j'attendis le bus. Comme mus par le désir de partager ne serait-ce que l'air ambiant, nos souffles brumeux se mêlaient dans l'attente commune. L'espace de quelques minutes, nous formâmes une communauté qui se disloqua dès que les portes s'ouvrirent. Je montai dans le véhicule. Une forte affluence me contraignit à rester debout. Je me risquai à un coup d’œil semi-circulaire afin de vérifier si quelqu'un de ma connaissance ne se trouvait pas dans l'assistance. Personne. Je n'aime pas partager les transports en communs avec quelqu'un que je connais. Il faut dire bonjour, parler, faire semblant de s'intéresser. Fatiguant. Et c'est alors que je me laissais gagner par la torpeur que favorise la chaleur des corps contraints à la promiscuité, que je le vis pénétrer dans le bus. Surmonté d'une chevelure tout aussi plaquée que grasse, la tête rentrée dans des épaules timides (oui ça existe des épaules timides), le pas parcimonieux (oui ça existe...), le regard vérifiant l'existence du sol, vêtu de pantalons de survêtement et d'un blouson et se frottant aux autres corps qui se trouvaient entre lui et moi, il s'approcha. Parvenu à ma hauteur, il me tourna le dos pour faire face à la porte. Je découvris alors sa passion, tout le paradoxe apparent de sa passion. Je dois avouer qu'il força mon admiration, une admiration teintée de respect. Ce qui m'amena à me demander si je serais capable de m'exposer au yeux de tous vêtu d'un blouson avec une chatte dans le dos.

lundi 28 novembre 2016

Une fin d'après-midi au concert.

Pas loin d'être à la bourre, c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à la Traverse. Et là, vous vous dites mais pourquoi cet exercice de style qui consiste à commencer par nous relater la fin de l'aventure, ce que les lettrés appellent in ultima res? Pour faire le malin.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, j'errais entre des chouquettes et un verre de cidre au milieu de gens de bonne compagnie. Et comme chacun sait, il n'est pas de bonne compagnie qui ne se quitte. Alors, après un au revoir aussi collectif que chaleureux, d'un pas d'une alerte légèreté je ralliai la place du Boulingrin par les rails. Toujours impatient Jorge m'y attendait dans sa berline aussi spacieuse qu'ostensible. Après un Bon alors qu'est-ce que tu glandes (je blague) je m'installai dans l'habitacle à la décoration de bon goût. Après avoir emprunté les grands boulevards, les quatre voies, les ronds-points, les six voies, autrement appelées autoroutes, les bretelles contournant des ceintures, nous nous retrouvâmes sur le trottoir, à quelques centimètres d'une borne incendie (détail sans intérêt). Et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à la Traverse. Entre temps, tout en écoutant North Arbor, nous devisâmes à propos de la programmation d'un prochain festival.
Enfin nous finîmes par faire notre entrée dans la salle. Et là, retour vers le passé, trou d'air dans l'espace spatio-temporel, l'incrédulité s'empare de nos esprits et dieu sait si l'on en est pourvu. Dans les gradins, où que nos regards se posent, que des vieux, que des vieilles et tous n'ayant manifestement pas bénéficié d'un système de conservation de bonne qualité (oui je sais, jamais le physique). Comme me le glissa finement Jorge, on se serait cru à la finale cantonale des chiffres et des lettres. Il ne manquait plus qu'Armand Jamot et Max Favalelli.
Mais rapidement, mon regard fut attiré par l'objet de ma présence en ce lieu. Phil. Phil de sa démarche tout autant chaloupée que sensuelle, arpentait la scène avant de faire vibrer le premier accord. Car, qu'on se le dise, je n'étais là que pour lui, n'avais dieux que pour lui. L'observant attentivement, je remarquai dans son regard une tension et je sus dans l'instant que du haut de son tremplin il n'allait pas nous offrir une triple vrille carpée mais privilégierait son entrée dans l'eau (que de métaphores). Comme le disait Peter Osgood, parfois l'enjeu tue le jeu.

Et puis, en moins de deux le set fut bouclé. Quatre titres. Un LP en live. A peine le temps de ressentir les premières ondes de plaisir et hop on range les manches, on remballe les baguettes. C'est ce qui s'appelle dans un certain milieu (je peux fournir des détails à ceux qui m'en feront la demande) un orgasme ruiné. Alors, allez-vous me demander? Je suis résolument contre la compétition. Jouons par amour, jouons pour l'amour, jouons pour un sourire, jouons pour un frisson, jouons pour le plaisir, jouons de note en note, jouons en accord avec notre âme, jouons pour l'instant, jouons pour le fun (ne serait-ce point là une belle anaphore?)
. Pourquoi ce rejet de la compétition? Parce que, vous en serez tous d'accord, mon Philou n'a rien à prouver.

dimanche 27 novembre 2016

Un matin au cinéma

Non pas un lapin ni un tapin, mais ce matin, sur des chapeaux de roue j'ai pris la direction de l'Omnia. Ne disposant que d'un quart d'heure pour rallier mon fauteuil (je me suis trompé d'horaire), je flirtai avec l'excès de vitesse tout au long de mon périple, interrompu par de nombreux feux passant au rouge à mon approche. Le tout se terminant par une file d'attente conséquente.
Quoi qu'il en soit, je me suis retrouvé devant l'écran 15 secondes avant le début du film.
J'ai toujours, tout petit déjà (je suis souvent tout petit) aimé les films qui racontent la formation d'un groupe. A commencer par l'inégalable, l’inénarrable "The Commitments". Il ne s'agit pas là de comparer l'incomparable mais je n'ai pas peur d'affirmer que "Sing Street" est un bon film du dimanche matin. Dublin pendant les années 80. Duran Duran, A HA, Cure. Un post pubère qui monte un groupe pour tenter de retenir l'attention d'une jeune fille. Un frère aîné qui lui donne des leçons de pop dont je retiendrais deux phrases "Le rock'n roll est un risque" et "Une femme ne peut pas aimer un homme qui écoute Phil Collins" (je n'ai jamais aimé Phil Collins ou il y a très longtemps). Des thèmes sociaux en arrière plan qui ne plombent pas l'ensemble mais qui permettent à l'histoire de ne pas être hors sol. Légèreté, humour, romantisme. Pour conclure, pas trois pattes à un canard mais ce film est bien sur ses deux jambes, l'amour et la musique, les deux s'enlaçant pour un plaisir sans fin. 

samedi 26 novembre 2016

Un matin d'été

Les temps se sont croisés dans les chemins. Le temps passé. Le temps finissant. Le temps courbé. Le temps vibrant. Le temps de l'instant.  Le vent venait de l'horizon. Le ciel éclairait l'écume. La plage recevait les vagues. L'herbe pointait vers la terre. Le sable semblait fuir le rivage.  Il m'avait semblé t'apercevoir. Je ne suis pas allé à ta rencontre. J'ai laissé mes pensées et mon amour te rejoindre.

vendredi 25 novembre 2016

Ma grand-mère (2)

Je n'aurais pas imaginé que des draps puissent avoir une histoire. Mon monde n'existait pas. J'étais le seul à le parcourir. Hésitant et peuplé d'éphémères, il échappait à toute description. J'aurais aimé le raconter, y inviter cette femme qui me prodiguait tant de douceur. Je ressentais parfois cette impression que dans mon regard elle en discernait les contours, peut-être même la profondeur d'où j'aurais pu lui tendre la main. A part mon nounours, les objets demeuraient figés dans leur fonction.
- C'est ma maman qui m'a donné ces draps. Tu ne l'as pas connue.
Je ne pouvais concevoir que ma grand-mère ait eu une mère. Comme si le monde était né avec elle. Comme si l'horizon pouvait être à portée de main. Ceux que j'aimais ne pouvaient qu'être proches.
- Et ma maman, elle m'en donnera des draps?
Elle me regarda en souriant. Sa main me caressa la joue. J'avais déjà remarqué qu'elle ne répondait pas toujours à mes interrogations. Du moins, pas avec des mots.
La première fois que j'avais vu ces draps, ils se trouvaient dans une armoire. Une de ces armoires qui écrasaient l'espace, comme omnipotente et méprisante. Elles semblaient régner. Elles m'intimidaient. La plupart du temps, elles se trouvaient dans une chambre. Dans le prolongement d'un lit surmonté d'un énorme édredon. Sur tout les lits reposait un édredon. Une sorte d'énorme berlingot qui chaque matin, à coup de grosse claque, était remis en forme. Mon édredon (j'aimais chanter "Mon édredon a un gros bedon"), celui qui trônait sur mon lit, était tout à la fois devenu un de mes terrains de jeu et un défi. Chaque soir, pieds nus, après avoir enfilé mon pyjama, je prenais mon élan depuis le bout du couloir. Contrairement à chez moi, chez ma grand-mère il n'était pas interdit de courir. L'objectif était d'arriver au maximum de ma vitesse au pied du lit afin de retomber du plus haut possible sur l'édredon. Ce serait un succès si je parvenais à m'écraser en son milieu. Les premières tentatives furent des échecs parfois douloureux. Mauvaise appréciation des distances, impulsion hésitante, technique de réception approximative. Et puis un soir, tel un Bob Beamon de la literie, je réussis le saut parfait.   

Des fois je me demande

Cher et miséricordieux François, que les choses soient bien claires. Je suis favorable à la sodomie mais je n'aime pas me faire enculer.

jeudi 24 novembre 2016

Des fois je me demande

Allons-nous devoir faire une croix sur la laïcité?

mardi 22 novembre 2016

Ma grand-mère (1)

Je me souviens de mes vacances en Bretagne quand j'étais petit. Vraiment petit. Autant dire tout petit. René Coty était président. C'est dire. Je ne l'ai pas connu personnellement mais je ne crois pas que sa femme ait été chanteuse. Un village de quelques centaines d'âmes était mon lieu de villégiature. Un extrait de ruralité catholique dont les activités étaient rythmées par le son des cloches qui parvenait jusqu'aux hameaux dont personne ne se souvenait de l'existence. L’âpreté terrienne, bénite des prélats se prélassant, régnait sur une immobilité parsemée de renoncements. La messe du dimanche les voyait tous, comme un chapelet de viande rance, entrer un à un dans l'église. C'était encore un temps où le dimanche avait ses habits. Les femmes, à petits pas pressés, surmontées d'une coiffe, comme le signe d'une féminité prédestinée et insatisfaite, laissaient leur robe retenir les regards traversés de regrets. Les hommes, avant de pénétrer dans l'allée, encore traversée du parfum de l'encens de l'office du petit matin, se regroupaient et, les mains dans les poches de costumes étriqués, semblaient se parler. Ce monde m'était étranger, lointain et incompréhensible. Seule ma grand-mère partageait mon monde. Elle me souriait en me disant "t'en fais un sacré gamin". Avec elle, j'occupais une place, j'existais dans cette contrée d'où la tendresse avait fui. Elle n’emmenait parfois au lavoir qui se situait à la sortie du village. Nous y rejoignions d'autres femmes déjà affairées. Cette activité faite d'éclaboussures, de claquements, de frottements, de bouillonnements, d'apostrophes et de confidences, d'éclats et de connivences me laissait coi. Je regardais ces femmes plonger leurs mains dans l'eau, parsemée de bulles, qui peu à peu devenait bleue. Je devinais et enviais leur puissance, celle de leurs gestes, celle de leur envie que prolongeait le ruissellement. Je me souviens de cette fois où ma grand-mère avait transporté des draps jusqu'au lavoir. Ces draps épais et rêches qui traversaient les héritages vous assuraient un gommage des fesses tout au long de l'année. Le tissu d'une blancheur crème imprégnée de secrets flottait sur la surface colorée. Ce jour là, alors que l'après-midi s'achevait dans la fraîcheur, je restais seul au bord du lavoir avec ma grand-mère qui essorait le dernier drap. Profitant peut-être de mon innocente candeur, elle me raconta l'histoire de ces draps.  

lundi 21 novembre 2016

Un soir au concert (2ème partie)

Donc, après avoir bu une bière, encore merci Sam, qui en fait était la deuxième, je suis retourné dans la salle. La deuxième, car à mon corps défendant (tout un programme) j'avais commencé par une Gueuse Mort subite. C'est pas bon. Je l'ai refilée à l'un des boissansoifs présents.
Face à moi Grapes. Leur concert du jour allait s'ajouter à la palanquée d'autres de leurs concerts auxquels j'avais eu le plaisir d'assister. L'intérêt et pourquoi pas l'excitation (avec toute la maîtrise corporelle dont je suis capable) que fait naître la perspective d'une prestation de Grapes fait resurgir ce célèbre vers "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre". Premiers accords et l'on se dit mais ça je connais. Et puis, subtilité du doigté, feeling du soir, des nuances jusqu'ici inconnues me parviennent jusqu'aux pavillons, surtout un. Et puis (j'écris souvent "et puis") les titres s'enchaînent pour libérer la créativité  (oui, je sais...) ponctués de traits d'humour. Malgré le plaisir ressenti, et comme avait coutume de me le dire une amie toujours insatisfaite, ce fut trop court. Trop court pour se lâcher, trop court pour envoyer, trop court pour renter dedans.
Mais arrêtons de nous plaindre, surtout moi. Avec Grapes je retrouve l'art de la mélodie, les voix comme un coulis de miel poivré sur des morceaux moelleux. Bien qu'ils n'appliquent aucune recette, Grapes se laisse déguster. Un quatre étoiles.
Après le calme de Rouen, ils allaient vivre la tempête du Havre.

Pour des raisons techniques indépendantes de ma volonté, je n'ai pu écouter le troisième groupe.

dimanche 20 novembre 2016

Un soir au concert (1ère partie)



Donc vendredi soir au Hipster Café... Mais avant tout, une mise au point pour que les choses soient claires pour tout un chacun. Jusqu'à il y a peu et ce depuis 68 (j'ai souvent regretté de ne pas avoir patienté 1 an) alors que j'étais un élève de 6ème dans un pensionnat catholique qui écoutait (moi, pas le pensionnat) David McWilliams, Canned Heat,  Brenton Wood, Manfred Mann, je suis un inconditionnel de Robert. Je ne supporte pas que quiconque émette la moindre réserve à son sujet. Et avec le temps, mon horizon s'est élargi, approfondi. Alors, pour paraphraser Jorge, j'ai fait mienne cette assertion "On ne dit pas du mal de Jorge".
Ceci dit, c'était la première fois que je voyais Jorge seul. Seul? Non. Nous avons eu droit à une configuration familiale. Un jeune bassiste de la fratrie Pereira dont il me fut difficile de distinguer le visage, mais nous n'étions pas là pour les minois, accompagnait Jorge.  Le pincé de cordes de notre ami le bassiste, dont je ne connais pas le prénom, m'a surpris. J'ai longuement regardé ses doigts passer d'un accord à l'autre. Peut-être jouait-il de la contrebasse. Tout ça pour dire que j'ai aimé. Dès les premières notes, hop c'était pop. Hop c'était Jorge. Sens de la mélodie. Avec sa simple guitare, pas moyen de se cacher, de se planquer derrière une batterie et d'autres guitares. Dénué de tout artifice, Jorge n'a pas failli. Tout est dit. Vous l'aurez compris, je suis un fan de Jorge.
 A ce titre, si je puis me permettre, le concept du concert avec trois groupes n'est pas adapté. Les artistes, tels Jorge et même Grapes, n'ont pas vraiment le temps de s'installer, de nous faire partager ce qu'ils ont à nous offrir. Une impression.

Puis, je me suis dirigé vers le bar. Je commande une bière. Je m'enquiers ensuite du prix. 4€50 (un peu cher). Je cherche dans ma poche. D'abord sereinement. Je n'en retire que 2€50. Fébrilement j'y replonge mais sans rien y trouver de plus. C'est à ce moment qu'une main se pose sur mon épaule. Je me retourne. Sam. Son regard me désignant le creux de sa main dans lequel se trouve 2€, elle me dit "C'est ça que tu cherches?". C'est ainsi que j'ai pu me désaltérer. Encore merci Sam.

En attendant le soleil


vendredi 18 novembre 2016

mercredi 16 novembre 2016

Tu te souviens

Tu te souviens de la fille d'Istanbul
Elle courait nue dans la foule
Elle ondulait dans la houle
Comme un amour roulé en boule

Tu te souviens de la fille de Kaboul
Avant que les voiles ne déboulent
Avant que les statues ne s'écroulent
Son visage encore te chamboule

Tu te souviens de la fille de Kandar
Jamais, il n'était jamais trop tard
Elle finirait bien par t'aimer tôt ou tard
Votre amour serait alors sans fard

Tu te souviens de la fille d'Ankara
Elle brillait jusqu'au dernier carat
Cet abandon blotti dans tes bras
Avant que ne s'abattent le grand fracas

Tu te souviens de toutes ces filles
Tu as le cœur qui part en vrille
Avant que la haine ne les pille
Tu te souviens de leurs yeux qui brillent





Paradoxe

Bien que sortant de mon lit chaque matin, je ne suis jamais débordé.

mardi 15 novembre 2016

lundi 14 novembre 2016

L'oeuf à la coke.

Pour réaliser la recette de l’œuf à la coke, autrement appelé le sniff-gobe, vous aurez besoin d'un coquetier, d'un œuf frais de préférence bio en provenance de poules élevées en plein air, de quelques grammes de poudre qu'en tant qu'écoresponsable vous vous procurerez chez un producteur local pour favoriser les circuits courts, d'une carte de crédit périmée ou en cours de validité et d'une paille.
Une fois que vous avez disposé les deux ingrédients tel qu'indiqué sur la photo jointe, il vous reste à sniffer le premier rail. Ensuite vous gobez l’œuf. Pour terminer, vous sniffez le deuxième rail. Et en avant pour le voyage.
e.  

Un début d'après midi au cinéma

J'avoue. J'avoue m'être laissé tenté. Je sais, j'avais dit que plus jamais. Comment peut-on dire plus jamais. C'est si bon de se laisser tenter. De succomber. Surtout après avoir résisté. Pas très longtemps mais j'ai résisté. Je me suis laissé tenter par la bande-annonce. Bande annonce. Je me suis cru obligé d'annoncer que j'étais un admirateur du cinéma coréen. Toujours est-il qu'en solitaire, je suis allé voir "Mademoiselle" de Park Chan-Wook. J'avais dormi avant pour ne pas dormir pendant.
Effectivement bien qu'un peu trop long, ce film se laisse regarder. De nombreuses de subtilités ont du m'échapper. C'est un film de bon goût, dans tous les sens du terme. Subtilité, élégance, jouissance , trahison, faux-semblants. L'histoire en elle-même n'a peut-être aucune importance. Ce qui se lit, ce qui se montre, ce qui se raconte, rien de tout cela n'existe. La vie est une ombre qui disparaît derrière un paravent.
Et les scènes saphiques? Tout à fait bande-annonce.
Toujours est-il que ce n'est pas le cinéma coréen que j'aime. Ce qui n'empêche que vous pouvez y aller.
Tout "conte" fait, peut-être devrais-je retourner le voir. Mais l'ai-je déjà vu?

Photo de Guillaume Cannat

vendredi 11 novembre 2016

Bientôt

A force de tourner en rond, un jour nous partirons. Un voyage tout au long. Loin du tueur de lueur. Loin de la dernière heure. Loin de notre peur. Nous partirons dans les couleurs du matin. Nous aurons ces impressions. Ces impressions qui se dévoilent par touche. je t'offrirai le temps. Chaque seconde vivra une éternité. Nous ne nous souviendrons de rien. Ni du mal ni du bien. Chaque jour sera le premier. Tu te réveilleras dans l'ombre des prières. Avant que naisse la lumière.

Ma pomme (très tendance)


jeudi 10 novembre 2016

Défi

Un candidat à la primaire de la droite n'a de cesse de fustiger, j'aime bien ce verbe, la pensée unique. Si lui même avait une pensée, cela en ferait alors deux.

lundi 7 novembre 2016

Eh oui!

Les chiens continuent d'aboyer mais la caravane ne passe plus.

Avis

Je soussigné, sain de corps et d'esprit déclare être favorable aux dons d'orgasmes. Divers attestations et témoignages certifient que je suis un donneur universel.

dimanche 6 novembre 2016

Un soir au concert (pas vraiment un concert)

Pour rétablir la vérité, après Ken Loach, nous nous sommes limités à la bière que nous sommes allés nous enfiler à l'Appart Bar, ce à l'initiative de Jorge P. Et là surprise, agréable surprise. Nous tombons sur Vincent Blanchard en train de nous raconter le folk et ses origines dans le cadre de The Saturnight Folk Revue. Passionnant. Je serais bien resté jusqu'au bout de la nuit. Il est toujours enrichissant de découvrir ce qu'aujourd'hui doit à hier. C'est salutaire. D'autant plus que d'aucuns ont tôt fait de s'approprier ce qui ne leur appartient pas. Rien ne naît de rien. Je dois avouer, aussi incroyable que cela puisse paraître, j'entendais pour la première fois Vincent Blanchard. Talent, humour, simplicité, culture. J'ai adoré. Autant vous dire que j'y retourne le mois prochain. 

Un soir au cinéma

Effectivement, j'avais dit. J'avais dit que je n'irais pas le voir. Et puis total, j'y suis allé. Au tout début j'avais prévu de rester affalé dans le canapé devant un écran de taille modeste. Et puis je me suis laissé convaincre. Je n'ai décidément aucune volonté. Je me suis retrouvé dans la file d'attente avec les autres bobos. J'ai eu beau chercher, ils avaient semble-t-il tous oublié leur panier d'osier. Sur ces entrefaites, mon ami, que nous appellerons Jorge P que l'atavisme destinait à la monté de murs, est arrivé. Nous avons pris place et après quelques échanges sur le Brexit, le noir se fit.
Autant vous le dire tout de suite, si vous avez ne serait-ce qu'une légère baisse de moral, je vous déconseille d'aller le voir. Dans Blake, le e est de trop. Pour résumer, la misère et le désespoir sont écrasants, l'espoir est ténu. Et alors? Et maintenant? Ken Loach désigne des coupables. L'Etat, l'administration, les lois, les règlements, les procédures, l'inhumanité, l'absence de bienveillance, la lâcheté, l'indifférence... De fait, nous sommes tous coupables. Pourquoi avoir fait ce film, pourquoi la palme d'or me suis-je demandé à la sortie. Et Jorge a eu cette phrase qui a clos le débat "C'est politique". Il a parfois de ces fulgurances. Je n'ai pas pu lutter. La classe.
Quelque peu déprimés, nous sommes allés nous enfiler quelques bières et quelques putes. Plombant.

samedi 5 novembre 2016

Un soir au concert

Hier soir. Un hier soir humide au plaisir encore incertain. Nous partîmes un et nous nous vîmes quatre arrivés au port. Quelques jours plus tôt, lorsque j'informai mon ami à la double nationalité franco-portugaise que j'avais prévu d'aller écouter Axel Bauer et que je lui proposais de m'accompagner, il me répondit pourquoi pas Julie Piétri, Jeanne Mas ou Cooki Dingler pendant que tu y es? Bon bah, lui répondis-je inspiré. Et puis, la vie étant pleine de surprises, transportés par un conducteur, lui-même lusitanien, à la conduite incertaine et hésitante, nous nous retrouvâmes à la Traverse. Pour tout dire, j'avais fait le voyage pour My Silly Dog Fish. Je n'ai rien contre Axel Bauer mais je dois avouer que j'ai depuis longtemps laissé s'éloigner le cargo. Dans des conditions techniques et acoustiques excellentes, j'ai apprécié la prestation de MSDF (qui n'était pas à la rue). En quelques mots. Sobriété, plus ça va plus j'aime les groupes musicalement sobres à la Morphine ou Young Marble Giants. Une ligne rythmique solide et caressante qui ne s'accapare pas l'espace. Des voix qui ne s'embarrassent pas de fioriture. Des guitares dans la retenue qui nous épargnent les boursouflures de solos sans fin. La virtuosité modeste de MSDF (lire AimeSDF).
MSDF en première partie. Axel Bauer en deuxième. En quelque sorte, un nuage de chantilly sur un gâteau de semoule.
Pour ce qui est de Bauer, je n'ai pas aimé la partie rock avec un batteur que je range dans la catégorie des bastonneurs, des écraseurs qui amortit ses fûts. Des solos de guitare sans âme ni nuance baignant dans une vaine virtuosité. J'ai préféré l'acoustique et la dernière partie blues. J'aime aussi la générosité d'Axel Bauer. Entraîné par Phil Long Dong et Jorge à manger des galettes et boire des bières, je n'ai pas pu voir la fin du concert.

vendredi 4 novembre 2016

Ce que les méchants crurent

A la vue de l'échancrure
Comme à une devanture
Tout ce qu'ils crurent
Ne serait qu'une simple aventure

Ces hommes qui durent
Prolongent la déchirure
Rient de leur torture
Repus d'un  sang impur

Errent les blessures
Regards de flétrissures
Dans un flux de pourriture
Derrière le silence des murs 

Devant l'autre

Ce matin, après une interruption de deux mois due à une décrépitude physique progressive et irréversible, je suis allé courir. Affrontant l'inconnu mais chaussé de chaussures neuves, je partis confiant. Les premières foulées confortèrent ma confiance. Mais, malgré une tentation très forte, j'aime être tenté, j'adoptai un rythme de foulées somme toute raisonnable et adapté à mon état. L'air caressait mon visage. Mes jambes avaient la légèreté des promesses vespérales. Au cours des premières minutes, je visualisais le parcours envisagé. Les quelques difficultés qui le parsèment muselaient cette euphorie que fait naître un afflux d'endorphine dans les veines qui soudain se dilatent et propagent une sensation de puissance. La vue de la première bosse n'entama en rien le plaisir que me transmettait mon sang. Je devinai une augmentation du rythme cardiaque, la puissance des battements qui assuraient la nerveuse irrigation de mes membres en mouvement. J'étais parvenu à cette seconde pendant laquelle j'étais un corps sans âge, libéré des contraintes et autres vicissitudes. J'aurais dû m'arrêter à cet instant précis. J'ai continué. Le haut de la côte sur lequel devait souffler le triomphe de l'athlète à l'ample foulée dut se contenter de mon souffle court. Je poursuivis, désormais dépourvu de tout esprit conquérant. Demain me verra-t-il perclus de courbatures? 

jeudi 3 novembre 2016

Un soir au cinéma

De par le fait, je suis allé le voir. J'avais vu la bande-annonce. Et comme un niais, j'ai cru qu'elle était le reflet du film. Ce n'est pourtant pas faute de m'être prévenu. Je m'étais juré que l'on ne m'y reprendrait plus. Et puis... Pour tout dire tout à trac, je n'ai pas aimé. Pour être plus précis, ce film m'a laissé indifférent. L'histoire de cette famille ne m'a pas intéressé. Bien sûr, j'ai bien capté les messages. Qu'élever des enfants, c'est du souci. Que les apparences sont trompeuses. Que nous sommes contradiction. Qu'avec l'amour, tout est possible. Qu'avec un peu de jugeote et de sens pratique, il y a toujours moyen de s'en sortir. Et plein d'autres. Je regrette de ne pas m'être endormi.