mercredi 30 mai 2012

En vain

Hier matin, en me réveillant, j'ai eu le sentiment que quelque chose avait changé mais sans parvenir à déterminer la nature de ce changement. J'ai accompli les tâches matinales dans l'ordre habituel sans ressentir une sensation qui m'aurait été inconnue ou que j'aurais jugé inhabituelle à ce moment de la journée. Il en a été ainsi tout au long de la journée. Je savais ce quelque chose à portée de la main, des yeux, de la peau, de l'esprit, je ne sais, mais je m'attendais à le découvrir au détour d'une seconde. Le temps a passé, le jour m'a tiré vers sa fin. J'ai résisté le plus longtemps possible. J'ai dû m'endormir car j'ai fini par me réveiller sans parvenir à mettre à jour ce quelque chose.

Si le temps passait plus lentement, le présent durerait-il plus longtemps ?

Un peu court

Au début, je n'y ai pas cru. Je me suis dit "ça c'est un coup de la Morano". Et puis j'ai dû me rendre à l'évidence. Cet homme toujours bien coiffé, jamais une faute de goût, au langage toujours mesuré, jamais un mot plus haut que l'autre, faisant montre d'une ambition maîtrisée, venait de perdre le contrôle de sa limousine linguistique en affirmant que "Les syndicats vont être les premiers cocus de la gauche".
A-t-il la nostalgie de son ancien patron? A force de s'effacer pendant cinq ans, pour finir par avoir l'épaisseur d'une ombre, il allait disparaître par trop de transparence. Comme De Valvert au summum de son imagination parlait d'un grand nez, notre gars François croit certainement pouvoir à nouveau exister en réduisant l'art du débat à quelques propos vulgaires.
Quel enculé!

lundi 14 mai 2012

Fatigue (2)

Le président n'est pas encore entré en fonction, il n'a encore pris aucune décision, le gouvernement n'a pas été constitué et pourtant...
Et pourtant, JF Copé, certainement désoeuvré, se lance dans d'interminables charges contre le nouveau pouvoir. Soucieux de garder sa place à la tête de l'UMP, il concourt pour le titre de premier opposant. Bien qu'un peu plus subtil que le maire d'Aix en Provence, il conteste de façon insidieuse la légitimité de l'élection du nouveau président. Pour résumer, ceux qui ont voté pour ont en fait voté contre le sortant et n'ont donc pas vraiment choisi celui pour qui ils ont voté. Pour ce qui concerne les autres, ceux qui ont voté pour pour voter pour, ils n'adhèrent pas au programme de celui pour qui ils ont voté pour. Pour tout dire, ils n'ont pas compris le programme. Sinon ils n'auraient pas voté pour. La raison en est simple. Le programme du nouveau président va à l'encontre des intérêts de notre pays. Il n'est donc pas concevable que des français votent contre leur intérêt. S'ils l'ont fait, c'est qu'ils ont été trompés. Celui qui a été élu ne leur a pas dit la vérité. Il a louvoyé, tergiversé, esquivé. Et malgré tout, des millions d'abrutis ont voté pour lui.
A écouter notre ami Copé, le danger est si grand, si imminent de voir sombrer notre pays qu'il serait légitime d'organiser dans les plus brefs délais une nouvelle élection présidentielle à un tour et un seul candidat.

vendredi 11 mai 2012

Fatigue (1)

Notre président s'agitait et nous étions fatigués. Notre président désignait les coupables, faisait le tri entre les bons et les mauvais et nous étions fatigués. Notre président nous offrait la peur, nous promettait le chaos et nous étions fatigués. Nous avons voté comme pour obtenir un peu de tranquilité, à la recherche du calme et de la sérénité, ne serait-ce que pour quelques semaines. Même si la conviction de notre vote avait connu des temps plus glorieux, nous souhaitions qu'elle soit respectée. Nous pensions que la légitimité du pouvoir que nous avions confié à un homme, puisqu'il en est ainsi dans notre pays, serait reçue comme un choix démocratique.
Non. Même ça nous ne l'avons pas obtenu

mardi 8 mai 2012

Déforestation

Quand c'est trop long, il faut savoir couper court.

mercredi 2 mai 2012

Anniversaire


Comme tu peux le constater, je ne suis pas là. Mais peu importe car, bien que doté d’un physique avantageux, je sais que c’est mon humour qui de tous temps t’a séduite. Quand je dis séduite, c’est bien sûr en tout bien tout honneur. De toute façon, qui serait assez présomptueux pour oser rivaliser avec ton mari.
Bien que ce soit aujourd’hui ton anniversaire, je peux te dire que tu ne les fais pas même si ton mari m’a déjà confié que tu faisais beaucoup de choses avec talent. Quand bien même tu les ferais, cela ne changerait rien. Et puis lorsque le matin je me regarde dans la glace, je me demande au nom de quoi on n’aurait pas le droit de les faire. Quoi qu’il en soit, il est bien connu que l’on fait dire aux chiffres ce que l’on veut. A quoi bon compter les années, laissons les simplement passer.
Et que voulons-nous d’ailleurs ? « Être heureux avant d’être vieux » comme le chantait Balavoine. Si c’est ton souhait, il te reste de très nombreuses années pour le réaliser. Mais autant faire au plus vite.

Née un jour, tu as d’abord grandi. Il est à noter que, très impliquée dès le début, c’est avec beaucoup d’attention que tu as observé ta naissance, d’autant que tu fus le premier bébé à naître par les cheveux, la touffe en avant, comme aime à le dire ton mari. Tout de suite tu t’es prénommée Fabienne. Fa comme la première note d’une balade et bienne, féminin de bien. Sur cette période que l’on appelle l’enfance, je n’ai rien de particulier à dire. Pourtant si. Jeune fille en devenir, apparemment rien ne laissait présager ton goût pour l’exotisme du bassin méditerranéen auquel tu n’hésitas pas à joindre le tien. Certainement déçue par l’amertume des asperges et autres poireaux d’ici tu préféras rapidement la suave lascivité du dattier et de ses dattes venue du bled. Il aurait été possible de déceler ton inclinaison pour cet orient devenu depuis si proche car encore petite fille à chaque fois que tu tombais tu criais « Jamal, Jamal… ». Ce n’est que plus tard que tu jouas avec le docteur. J’ai remarqué que bien que parfois bronzé, tu n’as jamais décelé en moi le moindre exotisme. Puis tu es devenue femme, ce qui n’est pas rien pour ne pas dire tout. Il est vrai que ce sont les mots d’un homme, c'est-à-dire quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est une femme.
C’est par l’intermédiaire d’une de tes copines de boulot que j’ai fait ta connaissance. Pour être honnête, je ne sais plus à quelle occasion. Un touché rectal peut-être, à moins que ce ne fut lors d’un frottis. Inutile de vous dire que je n’étais pas partie prenante. Dès lors nous ne nous sommes plus quittés ou plus exactement, nous nous sommes souvent retrouvés. Je dois t’avouer que tu m’as toujours intimidé pour ne pas dire impressionné. A ce sujet, je me souviens d’une anecdote. A cette époque Jamal était l’inamovible gardien de but du CHU. Peut-être n’avait-il qu’une vague idée des obligations qui accompagnaient le statut de père de famille car je t’ai vue débarquer au stade, te garer devant les vestiaires, déposer deux ou trois enfants et repartir sans attendre pendant que ton mari, déjà dans son match, s’échauffait. A l’évidence, l’échauffement était partagé. Je me suis dit « Ca rigole pas ! »
 Tout en écrivant, je pensais à toi et naissaient des réflexions plus ou moins profondes sur l’amitié. Sortez les mouchoirs.
 Nos vies se frôlent et comme des atomes, s’agitent autour d’un idéal. Elles  finissent par constituer une nébuleuse de sentiments qui nous donne cette envie d’être ensemble. Nous y ajoutons des mots, des rires pour ne pas tout dévoiler, comme un bébé que l’on ne tarde pas à couvrir après son premier cri. Peut-être sommes nous trop fragiles pour résister à nos sentiments.
Ceci dit, vous n’êtes pas là pour pleurer et j’ai été déjà bien long. Loin d’ici, nous nous approchons  pour t’embrasser et te souhaiter un bon anniversaire.   

mardi 1 mai 2012

Le vrai a varié

Parti non en mais dans la campagne, je n'ai pas pu m'empêcher de la suivre. Bien qu'isolé de tout, je n'ai pas eu la volonté d'être loin de tout et proche du reste. A la réflexion, j'aurais dû. Ce que j'ai entendu a eu le don de m'exaspérer, de me consterner. Je me suis demandé comment nous avions pu en arriver là.
J'ai suivi avec curiosité les évolutions sémantiques du travail, notion dans laquelle je ne distingue pas la plus infime once de valeur. Qu'est-ce qu'une valeur qui provoque la mort (amiante et autres), qui pousse au suicide...
Notre président nous a fait découvrir qu'il existait un vrai travail. Même si il ne nous a pas expliqué ce qui le distinguait d'un éventuel autre travail, cela lui a permis une nouvelle fois de désigner des coupables. Ceux qui ont un vrai travail sont probablement des vrais français. Ensuite, constatant peut-être que l'expression n'avait aucun sens, c'est avec courage qu'il a déclaré et répété qu'il ne l'avait pas dite. Et puis, se heurtant à l'évidence, il nous a expliqué que ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire. Je me suis donc demandé comment être certain que ce que dit notre président est bien ce qu'il a voulu dire. Devons nous attendre qu'il nous dise "Je valide"?