mercredi 2 mai 2012

Anniversaire


Comme tu peux le constater, je ne suis pas là. Mais peu importe car, bien que doté d’un physique avantageux, je sais que c’est mon humour qui de tous temps t’a séduite. Quand je dis séduite, c’est bien sûr en tout bien tout honneur. De toute façon, qui serait assez présomptueux pour oser rivaliser avec ton mari.
Bien que ce soit aujourd’hui ton anniversaire, je peux te dire que tu ne les fais pas même si ton mari m’a déjà confié que tu faisais beaucoup de choses avec talent. Quand bien même tu les ferais, cela ne changerait rien. Et puis lorsque le matin je me regarde dans la glace, je me demande au nom de quoi on n’aurait pas le droit de les faire. Quoi qu’il en soit, il est bien connu que l’on fait dire aux chiffres ce que l’on veut. A quoi bon compter les années, laissons les simplement passer.
Et que voulons-nous d’ailleurs ? « Être heureux avant d’être vieux » comme le chantait Balavoine. Si c’est ton souhait, il te reste de très nombreuses années pour le réaliser. Mais autant faire au plus vite.

Née un jour, tu as d’abord grandi. Il est à noter que, très impliquée dès le début, c’est avec beaucoup d’attention que tu as observé ta naissance, d’autant que tu fus le premier bébé à naître par les cheveux, la touffe en avant, comme aime à le dire ton mari. Tout de suite tu t’es prénommée Fabienne. Fa comme la première note d’une balade et bienne, féminin de bien. Sur cette période que l’on appelle l’enfance, je n’ai rien de particulier à dire. Pourtant si. Jeune fille en devenir, apparemment rien ne laissait présager ton goût pour l’exotisme du bassin méditerranéen auquel tu n’hésitas pas à joindre le tien. Certainement déçue par l’amertume des asperges et autres poireaux d’ici tu préféras rapidement la suave lascivité du dattier et de ses dattes venue du bled. Il aurait été possible de déceler ton inclinaison pour cet orient devenu depuis si proche car encore petite fille à chaque fois que tu tombais tu criais « Jamal, Jamal… ». Ce n’est que plus tard que tu jouas avec le docteur. J’ai remarqué que bien que parfois bronzé, tu n’as jamais décelé en moi le moindre exotisme. Puis tu es devenue femme, ce qui n’est pas rien pour ne pas dire tout. Il est vrai que ce sont les mots d’un homme, c'est-à-dire quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est une femme.
C’est par l’intermédiaire d’une de tes copines de boulot que j’ai fait ta connaissance. Pour être honnête, je ne sais plus à quelle occasion. Un touché rectal peut-être, à moins que ce ne fut lors d’un frottis. Inutile de vous dire que je n’étais pas partie prenante. Dès lors nous ne nous sommes plus quittés ou plus exactement, nous nous sommes souvent retrouvés. Je dois t’avouer que tu m’as toujours intimidé pour ne pas dire impressionné. A ce sujet, je me souviens d’une anecdote. A cette époque Jamal était l’inamovible gardien de but du CHU. Peut-être n’avait-il qu’une vague idée des obligations qui accompagnaient le statut de père de famille car je t’ai vue débarquer au stade, te garer devant les vestiaires, déposer deux ou trois enfants et repartir sans attendre pendant que ton mari, déjà dans son match, s’échauffait. A l’évidence, l’échauffement était partagé. Je me suis dit « Ca rigole pas ! »
 Tout en écrivant, je pensais à toi et naissaient des réflexions plus ou moins profondes sur l’amitié. Sortez les mouchoirs.
 Nos vies se frôlent et comme des atomes, s’agitent autour d’un idéal. Elles  finissent par constituer une nébuleuse de sentiments qui nous donne cette envie d’être ensemble. Nous y ajoutons des mots, des rires pour ne pas tout dévoiler, comme un bébé que l’on ne tarde pas à couvrir après son premier cri. Peut-être sommes nous trop fragiles pour résister à nos sentiments.
Ceci dit, vous n’êtes pas là pour pleurer et j’ai été déjà bien long. Loin d’ici, nous nous approchons  pour t’embrasser et te souhaiter un bon anniversaire.   

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