samedi 31 décembre 2016

Un soir au concert


Le titre ne correspond pas à la réalité. C'était bien le soir et il y avait bien un concert. A l'origine, j'avais prévu d'aller aux trois pièces pour la première partie, assurée par Boum Boum, et, mu par ma curiosité insatiable, accessoirement pour la deuxième partie, assuré par surfing rogers et loolie. Pour des raisons amicalo-culinaires je suis arrivé en retard. Tellement en retard que, tentant de me frayer un chemin au milieu de la foule, fort marri, je constatais que Boum Boum ayant fini d'exploser, remballait amplis et instruments. Apercevant Jorge qui, coiffé de son bonnet à pompon, nous honorait de sa présence, je l'interrogeai sur la prestation de Boum Boum. Ce qu'il fit, bien que lui non plus n'ait pas assisté à la prestation.
Ensuite Loolie est arrivée, précédée du saxo. Je n'ai jamais été aussi près d'une chanteuse en action. Pour autant et contrairement à la rumeur répandue par jorge, je n'avais pas pour Loolie les yeux du loup de Tex Avery quand il aperçoit la pin-up. J'ai tout autant regardé le guitariste, le batteur, le saxophoniste, qui soit dit en passant n'arrive pas à la cheville de Bibiss. Comme je suis parti avant la fin je ne porterai aucune appréciation sur la prestation de Loolie et de ses acolytes.

jeudi 29 décembre 2016

Amen

Je ne saurais dire comment cela est arrivé. En revanche ce dont je me souviens de façon certaine, c'est de la date. Le 24. Le 24 décembre. Pour être plus précis, le 24 décembre au soir. L'endroit où je me trouvais, une église, n'avait en soit rien de surprenant un jour pareil. C'était même plutôt conventionnel. Pas me concernant mais sur le principe. Par respect des traditions, par conviction, par goût du spectacle. A priori par erreur pour moi. Je ne m'étais pas introduit dans une église depuis des temps immémoriaux. Ce souvenir n'est plus disponible. Toujours est-il qu'en cette soirée du 24 j'y étais. Assis sur un banc. Seul. Les lumières n'étaient pas encore allumées ou elles étaient déjà éteintes. Seul le Christ sur sa croix était éclairé. D'une naturelle lumière descendante. Il était vêtu d'une couronne, probablement faite d'épines et d'un simple morceau de tissu. Seul à ne pas être dans la pénombre, mon regard se porta vers lui mais sans lui porter une attention particulière. Le lieu aurait voulu que je me recueille, que je
prie, que je m'interroge sur le sens de la vie. Mais rien de tout cela. Je ne ressentais en moi aucune conviction particulière. Je me laissais porter, corps et âme, au milieu de rien. Puis, peut-être par ennui, je me mis à le scruter et finis par n'avoir d'yeux que pour Jésus. A bien y regarder, il était pratiquement nu. Un léger souffle aurait suffi à le dévoiler. J'essayais de m'imaginer ainsi vêtu sous le regard des paroissiennes un dimanche de Pâques. Un léger sourire me parcourut les lèvres. La lumière semblait glisser sur le corps du Christ. Le corps du Christ. Cette expression habituellement psalmodiée à longueur de célébrations pris une autre dimension. Baignant dans les contrastes de son exposition, ce corps révélait ses formes, sa musculature, sa puissance. Jésus se révélait avoir un corps d'athlète qui laissait deviner une souplesse prometteuse. Bien que dans une position inconfortable, il émanait de sa posture une langueur qui n'avait rien de monotone mais qui laissait transparaître une langueur troublante. Sans trop comprendre comment, je me retrouvais au pied de la croix. Le corps du Christ. Pour la première fois, je prenais conscience de ce corps. Combien de fois l'avais-je accueilli sur ma langue, le laissant se mêler à ma salive et gonfler dans ma bouche pour finir par l'avaler. Une envie subite de communier émergea. Une envie qui s'extirpait de mon inconscient. J'étais maintenant à genoux. Un désir encore timide se répandait en moi. Parcouru d'un frisson, je me souvins que, de son vivant au moins, Jésus aimait les hommes.  

mercredi 28 décembre 2016

Dans le métro


Ce matin dans le métro, je n’avais rien d’autre à faire que de regarder autour de moi à la recherche de ce qui pourrait susciter mon intérêt, éveiller ma curiosité encore figée dans le froid matinal. C’est ainsi que sur ma gauche, chacun la sienne, je vis un homme, dont le profil émergeant d’une capuche laissait présager de sa jeunesse, qui lisait. Il lisait ce que l’on appelle communément un ouvrage. Dans le cas présent un ouvrage traitant d’économie. Comme ça, le matin, alors que les derniers relents de toutes les nuits flottaient encore dans l’habitacle. Livre ouvert, il lisait. Je jetai un coup d’œil sur les deux pages qui s’offraient à mon regard. A l’évidence, il venait d’entamer un nouveau chapitre. Bien que non chaussé de mes lunettes, je parvins à lire le titre du chapitre : « Economie sauvage et capitalisme, un bilan possible ». Je rangeai discrètement mon Picsou magazine.

mardi 27 décembre 2016

Waf Waf

Toi et moi
N'existe pas
Dis pourquoi
Dis le moi

Encore une fois
Dernière fois
Que pour moi
Cette fois là

Un chien las
Aux abois
Loin de toi
Pattes en croix

Tu m'aimes pas
non même pas
Tu t'en vas
Tout là-bas






lundi 26 décembre 2016

Vynil

L'âme se fane dans l'exil fade d'un soir. Les voix se perdent dans l'épaisseur du silence. L'éclat de la nuit enveloppe les rêves. Des fragments dévoilent les désirs. Aux alentours des amours, les regards se cherchent. Dans le trouble des lueurs, les visages frêles se désagrègent. Les accords s'évanouissent sous les doigts. Le diamant tressaute dans le rayon rayé. Encore et encore le corps du délit se délite.



Sachez

Nous accomplissons parfois des gestes dont nous ne mesurons pas les conséquences, souvent parce que ces conséquences se passent ailleurs, loin de nous et que nous ne voulons, accessoirement, pas les voir ni les entendre. La viande est l'exemple médiatisé le plus éloquent. Mais parfois la conséquence est là, toute proche, à portée de l’œil et de l'oreille
Cette profonde réflexion m'est venue alors, qu'assis au petit matin (existe-t-il des grands matins?) dans la cuisine, d'un regard bovin je fixais mon bol encore vide. Dans mon dos, une flamme mêlant le bleu et le jaune caressait le cul de la bouilloire. D'une main incertaine, je pris et déposai au fond du bol un sachet de thé. Avec une intensité inhabituelle, je fixai ce sachet. Je sentis naître en moi un sentiment que les brumes du sommeil ne me permettaient pas encore d'identifier. Le bruit de l'eau frémissante me sortit de ma torpeur. Je m'apprêtai à verser l'eau fumante lorsque, telle une fulgurance qui vous épuise pour le restant de la journée, je pris conscience que j'allais ébouillanter mon sachet de thé. Je suspendis mon geste. Il était là, tout au fond du bol, confiant et fier d'être ce qu'il était. Sans trop savoir comment cela avait pu naître en moi, je ressentis de la tendresse, de l'empathie pour ce sachet. Et c'est avec un sentiment de culpabilité que je pensai à tous ses congénères que j'avais sans pitié ébouillantés. Honteux, je reposai la bouilloire et attendis que l'eau revienne à une température plus douce. C'est ainsi que je bus un thé tiède.

dimanche 25 décembre 2016

Oui


Dopamine, ocytocine, vasopressine... étape par étape, ce qui se passe de chimique (et plus !) dans le cerveau de celui ou celle qui tombe amoureux.
Qu'est-ce que l'amour ? Une émotion, un sentiment... Intouchable, intangible, volatile. Pourtant, il déclenche un milliard de petits séismes chimiques qui font suite à l'activation de certaines zones dans notre cerveau....
franceculture.fr

samedi 24 décembre 2016

Un soir au cinéma

Un film hors du temps. Ou presque. Un poète marié, chauffeur de bus à Paterson dans le New-Jersey. En plus du bus, on trouve comme autres accessoires un chien, une chambre, une ancienne usine, des jumeaux, un carnet, une boîte, une chute d'eau, des cupcakes, des créations textiles et l'humour.
Ce pourrait être la chronique d'une vie ordinaire avec ses habitudes, ses lenteurs, ses imprévus. Des imprévus qui pourraient bouleverser mais qui ne bouleversent rien. Peut-être une légère contrariété comme une imperceptible vague qui disparaît dans le sable. La vie de cet homme, qui pourtant baigne dans une certaine nostalgie, semble un présent sans fin. La modernité fait quelques apparitions mais se fait discrète. Dans son bus, lui en fin de vie, les gens se parlent. Se parlent du monde à proximité. Comme on me le faisait remarquer, personne ne regarde son portable. Chacun regarde l'autre. Le monde ne s'est pas figé à Paterson. Nous découvrons simplement un autre monde. Un monde dénué de vitesse, de précipitation, d'urgence, d'impératif, de performance, de prévision. Un monde où aujourd'hui ne se laisse pas grignoter par demain. Un monde de poésie née de l'observation, du présent.
J'avoue que je me suis interrogé à propos de la vie de ce couple. Elle, un peu à l'Ouest, en lévitation. Lui bienveillant, dans l'harmonie. Elle dort nue, lui vêtu d'un tee-shirt et d'un caleçon. Bah voilà, respectueux de l'intimité de chacun, je n'irai pas plus avant.
J'allais oublier. Malgré ce que j'ai raconté précédemment, ce film contient une scène d'une extrême violence mais pour maintenir le suspens je n'en dirai pas davantage. Il faut rester jusqu'à la fin.
Pour terminer, je me suis souvenu du film d'Alain Resnais "Providence" sur l'affiche duquel était écrit, en substance, on va le voir une première fois pour le plaisir et on va le revoir pour le plaisir. Pourquoi pas pour Paterson?

vendredi 23 décembre 2016

Un soir au cinéma

Hier soir, car nous étions bien hier soir, alors que le ciel gris disparaissait dans le noir de la nuit, accompagné de trois femmes au demeurant charmantes, je suis allé voir Manchester by the sea. Homme bourru et ronchon, je n'ai pas pour habitude de m'émouvoir pour un oui ou pour un non. Mais là. Mais là, je confesse que j'ai été bouleversé.

Être dans une vie tout en regardant la vie passer. Être hors de sa vie. Être quelqu'un d'autre. Ou ne plus être personne. Pourquoi faudrait-il surmonter l'adversité? Pourquoi faudrait-il être fort? Pourquoi faudrait-il vaincre? Quand ce que nous sommes a disparu, quand ce qui faisait battre notre cœur est hors d'atteinte. Déposer sentiments et émotions sur la berge, pour les retrouver plus tard, et se laisser dériver. Chacun de nous est le seul à savoir, même confusément.
 
L’histoire ? Aux Etats Unis, un homme de tous les jours qui aime sa femme et ses trois enfants. Ses enfants meurent dans un incendie dont il s’estime responsable. Il devient factotum dans une résidence et vit seul. Ses relations avec les autres sont brutes voire violentes. Par quelque flash back on le découvre. Au contact de son neveu dont le père vient de mourir, il s’approche à nouveau de la vie. Il la frôle et se laisse apprivoiser. Il ouvrira peut-être les bras. La vie est patiente. Après avoir hésité, il accepte de prendre soin de son neveu, qui n'est pas dénué d'humour. Il nous reste toujours quelque chose à donner. 
J'ai bien conscience de n'avoir fait que frôler ce film.
La musique est le seul bémol. Pour certaines scènes, elle veut par trop provoquer notre émotion. Mais cette réserve n'est que très mineure.

mercredi 21 décembre 2016

Un soir au cinéma

Donc dimanche après-midi (pas raccord avec le titre) en compagnie de Jorge, je suis allé voir Bacalauréat. Je savais ne nous n'allions pas rire ni même sourire. C'est effectivement ce qui s'est passé. L'histoire? La vie ordinaire. La vie ordinaire en Roumanie. La corruption tout le temps. La corruption partout. Une sorte de corruption de père de famille. Familière. Sans violence apparente. Une corruption qui corrompt lentement, inexorablement. Une corruption qui aspire avec application votre morale, votre idéal, votre fierté, vos convictions pour les remplacer par la honte, le désespoir, le renoncement, la lâcheté. Une vie ordinaire dans laquelle on peut finir par s'engluer, qui étouffe l'honnête homme, le père qui aime ses enfants. Une vie qui finit par vous échapper. Ne reste plus dans le terrain vague que la solitude tapie au fond du trou. Il y aurait encore beaucoup à dire. Que je suis persuadé que l'amour les sauvera si ce n'est déjà fait.
Quoi qu'il en soit, je vous conseille ce film. Sobriété des acteurs. Mise scène sans esbroufe. Jamais le trait n'est forcé. Le rythme lent de l'inexorable qui précipite l'homme ordinaire dans le magma de la médiocrité. A plusieurs reprises j'ai silencieusement crié au héros non ne fais pas ça, arrête tes conneries. Pense à ta fille. Nous avons toujours le choix. J'aime le croire. Mais rien n'y a fait. Il demeure malgré tout un homme doté d'une conscience. Peut-être est-ce son châtiment.  

Journée mondiale de l'orgasme

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Merveilleuse vie de famille (à compléter avec les autres membres de la famille)


Si ta mère est une salope
Si ton père est un enfoiré
Si ta femme est une pute
Si ton mari est un enculé
Si tes enfants sont des branleurs
Partage

lundi 19 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, bien accompagné, je me retrouvais à l’Almendra où piquant, JOAD revisitait. Revisitait nos souvenirs musicaux comme on reprise une vieille chaussette à laquelle on tient en y apportant son doigté, sa texture,  sa couleur. Tout en écoutant cette musique avec mes oreilles de vieux, me revenait en mémoire cette époque qui laissait entrevoir au travers des déchirures des jeans et des éclats piquants des épingles  les premières vagues de désenchantements. Avec la sortie en 80 du 33 End of the century des Ramones, qui n’a pas donné lieu à une reprise, je faisais la découverte du mur du son, version Phil Spector. Et bien hier soir, pendant deux heures, à quatre mètres de mes tympans, s’est élevé un mur du son. Si avec chaque titre j’effectuais un retour en arrière, il n’y avait pas moyen de prendre du recul. Les décibels décimaient bel et bien.  Si, compte tenu des lacunes qui sont les miennes, beaucoup de morceaux ont été une découverte, beaucoup d’autres ont dans la seconde de leur écoute provoqué un fredonnement, un balancement, un rythme frappé du pied. La vitesse à laquelle nous sommes capables de reconnaître un titre parmi des milliers d’autres m’étonne toujours. Les Stones, Supergrass, que tous ne mettent pas au-dessus d’Oasis et autres Blur, Led Zeppelin, Police, Beatles, Portishead ont notamment été repris en quatrième vitesse. Des invités, des blagues à deux et même parfois trois balles, l’envie de faire et de se faire plaisir m'ont fait passer une bonne soirée. Mais, car mais il y a, ce mur du son a englouti, étouffé des voix, retirant à certaines chansons leur profondeur, leur poésie. Ceci dit, quoi qu’il en soit, merci pour tout et pour le reste.

dimanche 18 décembre 2016

Tout près

Tout près d'ici 
Tout s'est fini
 Reste l'infini
 D'une dernière nuit

 Tout près si près 
Dans le secret
 De ton sommet 
Mourir après

 Tout près d'elle
 Empire cruel
 Je bats de l'aile
 D'un amour frêle

 Tout près du cœur
 Déjà fanée meurt
 La dernière fleur
 Encore m'effleure

 Tout près du vide
 Le regard livide
 Ta bouche avide
 Encore m'évide

 Tout près ton corps
 Qu'un rien déflore
 Tu me dévores
 Ma petite mort

 Il ne reste plus rien
 Que les malheurs d'un chien
 Il ne reste plus rien
 Plus rien qui me retient

samedi 17 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, je me suis retrouvé au Walking Seine Pop Festival, premier du nom. Le courant apaisé de la musique m'a fait dériver le long des méandres, porté par les mi, les si et les sol, si j'ai bien compris. Je me suis miré dans les flots accueillants de la pop, loin de la musique d'excités qui nous fracasse les tympans. Installé dans le canapé, dans le calme et la sérénité, je me suis laissé bercer. Comme le dit mon ami le cordonnier, il y avait des pointures. Guitaristes, chanteuse et chanteurs et un couteau suisse de la percussion aux airs de Calvin Russel. Des mélodies, des voix, de l'harmonie. On aura notamment reconnu José et Jorge. Une soirée des plus agréables. Une soirée pendant laquelle on laisse le temps de côté, on rit aux blagues rigolotes de sa voisine entre deux chansons. Une soirée peuplée de créations et de reprises. Donc, très agréable moment, merci pour lui. Côté technique je n'ai pas compté moins de 5 ingénieurs du son, intervenant d'abord avant chaque set, puis entre chaque chanson et pour finir entre chaque note. A n'en pas douter, des cadors de la balance. Le tout dans un cadre un peu frais pour la saison mais certainement nécessaire pour maintenir la bière à bonne température puisque nous nous étions accueillis à la Cave à bière. Je salue Stan et Olivier pour l'organisation empreinte de cette légèreté qui souligne la fragilité de toute œuvre qui naît de la passion et du plaisir. Je reviendrai non pas à Montréal mais au Havre. Encore merci pour tout et pour le reste.



mercredi 14 décembre 2016

A peu près

Je me suis souvent gaussé de la syntaxe approximative, voire de son absence, d'un ancien président de notre République et qui avait vocation, contrariée, à le redevenir. Ce n'était de ma part pas très original ni très charitable. Disons-le tout net, mon attitude était mesquine. Cet homme n'a pas fait les grandes écoles. Il ne lit pas, ce qui l'a empêché d'apprécier la Princesse de Clèves. Il côtoie principalement des personnes qui ont dû choisir entre apprendre à compter et apprendre à lire. Un environnement peu sensible aux subtilités syntaxiques et lexicales. Je peux donc lui reconnaître , au moins dans ce domaine, des circonstances atténuantes.
Je me disais qu'en revanche il n'en serait pas de même avec notre gentleman farmer de la Sarthe, homme d'une rigueur distinguée à l'élégance toute châtelaine. Alors, quelle ne fut pas ma stupéfaction et ma profonde déception lorsque je l'entendis ainsi s'exprimer :
« Je pense que c’est une méthode qui est efficace […] et qui est juste, parce qu’au fond les personnes qui ont des revenus un peu plus importants, eh bien elles peuvent quand on va à la pharmacie acheter quelques médicaments de confort, les payer directement. »
N'ayant pas compris le sens de ses propos, je n'émets aucun jugement sur le fond.

Disparition


Pleine


A la croisée des chemins


dimanche 11 décembre 2016

Un soir au cirque

Bien sûr, quand j'étais petit je regardais la piste aux étoiles. Roger Lanzac en noir et blanc (l'heure n'était pas à la diversité, je ne sais même pas si le mot existait) avec ses poches sous les yeux. Les étoiles devaient certainement être dans mes yeux. Bien sûr, une fois Pinder s'était installé sur la place. Bien sûr, j'avais tanné mes parents pour y aller. Bien sûr, mon père, qui à l'occasion n'était pas dénué d'humour, me demanda d'arrêter mon cirque. Bien sûr, j'avais pleuré, du moins je crois. Bien sûr, le cirque continua d'exister dans ma mémoire comme l'expression d'une culture populaire venue d'ailleurs. Mais bon, tout cela ne fait pas une passion.
C'est donc avec surprise que je me suis retrouvé sous le chapiteau du cirque Romanès pour découvrir leur spectacle "Voleurs de poules" . Spectacle sans animaux, sans clowns, sans monsieur Loyal, sans matériel hollywoodien. Beaucoup de sans allez vous me dire. Oui, mais c'est sans compter tout le reste. Et quand le reste fait un tout, il ne manque rien. Je ne vais pas rentrer dans le détail. Des jongleuses, des jongleurs, des danseuses, des danseurs, des acrobates, des acrobates, une trapéziste, un trapéziste,  des chanteuses, des chanteurs, des musiciens (pas de musiciennes). Les numéros se succèdent sans temps mort. Tout est vivant. Cela donne l'impression, pour certains numéros, que l'artiste arrive sur la piste en vous disant "bah, t'nez, pendant que vous êtes là, regardez c'que j'sais faire". L'ensemble est une poésie, une poésie dont les rimes seraient choisies au dernier moment avec toutes les assonances que l'on oserait pas. Le cirque Romanès ne nous propose pas l'obsession du parfait, de la performance. Il nous offre de la joie, du "voilà comme nous sommes", du presque rien avec pas grand-chose, du grandiose qui tient dans les yeux, de la sensualité, de l'étonnement, un body rouge mais pas de poules.
Pour parler bobo, hier soir j'ai assisté à du cirque de proximité qui vient de loin.

samedi 10 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, pour écouter LT/BR je me suis retrouvé au JV CLUB, première première fois de la soirée. Comme je suis un garçon prévoyant, je me dis concert à 21h, j'arrive à 20h30 histoire de me mettre dans l'ambiance, de boire quelques bières et de voir s'il n'y aurait une ou deux choupinettes en quête de tendresse (hola, c'est pour rire, je n'aime pas les choupinettes). Je pousse la porte et là, personne. Un léger frisson d'inquiétude me parcourt l'échine. Comme je suis un garçon qui doute, je me dis tu t'es trompé de jour, d'endroit, d'heure. Et puis non. C'était bien là, sauf que l'horaire indiqué était fantaisiste. Et c'est ainsi que pendant que les musiciens terminent leurs pizzas, je m'installe avec une bière dans un canapé vermillon et j'attends.
Et là, autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas un fan des tributes. Et vous allez me dire, t'es allé voir combien de concert de tribute mon gars? Aucun, mais il n'empêche. Et puis je n'ai pas à me justifier à tout bout de "chant" (j'ai mis des " pour bien monter que c'est un jeu de mot au cas où il y aurait des hardrockeux dans les lecteurs).
Et puis, cartons à pizza vides comme toutes les bouteilles de vin, les musiciens font leur entrée sur scène. Le public, qui, lui, sait que 21h veut dire 21h45, prend place. On se fait la bise. Tout le monde se connaît. Pour ce qui me concerne, je ne connais personne et je ne fais la bise qu'à Loïc, une de ces bises rêches ponctuée d'une claque dans le dos. Basse-batterie, le concert commence et je me souviens de ma première rencontre avec AC/DC.
Nous sommes en 1978 à Paris. C'est à peine si je sais où se trouve l'Australie et je n'ai pas encore entendu parler de Mad Max. Histoire de ne pas repartir les mains vides j'entre dans un magasin de disques sur les Champs Elysées . Je farfouille dans les bacs. Les pochettes défilent. Darkness on the edge of town, Parallel lines, This year's model, We are Devo, Stained class, Van Halen. Et sans que je sache pourquoi, mon choix se porte sur la pochette pourrie de Powerage. Rentré à la maison, je mets le truc à fond sans savoir. Bon Scott me laisser sans voix.
Et nos cinq gars de LT/BR, je verrais bien une fille au violon, enchaînent les titres. Chacun reconnait ses morceaux fétiches. J'attends Big balls en vain. Des solos, une rythmique de bronze qui ne coule pas au premier coup de chaud, une voix qui ne s'embarrasse pas de nuances et autres fioritures, un guitariste à la corde fragile qui montre la voie et parfois s'échappe. Voilà, c'est du carré. Vous voulez du AC/DC. En voilà. For those about to rock we salute you.


Le rock est dans le pré

Hi sisters and brothers

S'annonce le rock est dans le pré, 5ème du nom. Si le rockeur peut mourir, paix à son âme, le rock lui ne meurt jamais. Le rock est partout et ailleurs et le 24 juin prochain il sera dans le pré. Un rock verdoyant, un rock bucolique, un rock du terroir. Autrement dit, un rock'n green. Encore une fois, nous avons opté pour la proximité, les courts circuits pour vous électriser. Cette année, le rock dans le pré, pas sectaire, accueillera des groupes du littoral, des groupes de la campagne et des groupes de la ville. Des voix, des guitares, des violons, des batteries, des cuivres, des claviers, de l'herbe (verte) pour un "Festival de pote-rock".



vendredi 9 décembre 2016

mercredi 7 décembre 2016

Matin

Ce matin. 6h. La radio se met en route. Des voix. Les yeux s'ouvrent et scrutent le noir. J'attends. Une à une les minutes se diluent. Je me lève et je ne bouscule personne. La nuit ne me retient pas. Il suffirait pourtant d'un rien. Je baille dans l'espoir qu'elle comprenne. Peine perdue, sans joie. Quitter la couche pour rejoindre la douche. Mon corps recolle au monde. La suite s'enchaîne. Comme des maillons qui mènent à la raison. Le couloir. L'escalier. La salle de bain. La cuisine. Dans tous les sens. Sans signification particulière. De passage dans les entre-deux. Comme j'aimerais être entre deux. Faute de mieux, j'enfile les chaussettes et le jean. Je trempe la biscotte. Je n'ai pas lassé mes chaussures. J'en ai marre. Choisi ma chemise dans le noir. Je tombe toujours sur celles à qui il manque des boutons. Hier soir, je m'étais dit et puis... Je ferais mieux de ne plus me parler. La porte se referme. Mes pas dans l'allée. Sans espoir de retour. Tout au bout le trottoir. Défoncé comme un junky. Qui borde la jungle d’asphalte. Déjà du bruit. Les moteurs dans l'attente. Dans l'abri la glace est encore brisée. Puzzle aux dix mille pièces. Transport transparent. Je monte. Pas de place. Bondé de tous âges. Pas envie de valider. Les regards s'éclipsent. Les arrêts entre deux. Les portes s'ouvrent. D'autres attendent. Je me frottent dans les marches. Quelques enjambées dans la traversée de la place. Même endroit. Même statue, figure figée. Le ciel se fissure fatigué. Je traverse les railles. Ça caille. Plus loin ça braille mais je ne vois rien. Je descends d'autres marches sur lesquelles brillent quelques crachats matinaux. Cette fois encore, je n'ai pas réussi à tous les éviter. Sur le quai. Les petites font leur cinéma. Emporté par le flot, je monte. Plaisir rapide d'un transport. La Seine semble attendre des jours meilleurs. Toutes ces stations. Un vrai calvaire. Les portes s'écartent pour me laisser passer. Encore quelques mètres et je n'aurai plus qu'à m'y mettre. Tout ça pour... 

...ni tête


Si peu

Ce matin je rêve, alors que le jour se lève. Dans le murmure de l'aube, des lèvre me susurrent. Les teintes de l'étreinte me reviennent. Ce qui reste se propage entre les pages de notre livre. Comme une ligne infinie qui se perd et désespère. La clarté de la veille devient illisible. Le temps serait-il déjà passé?

lundi 5 décembre 2016

Prêts pour 2017?


Vite fait (trop vite)

En 69 tout était bon
On écoutait Hendrix
On faisait des bons
En se faisant un fix

En route vers Beyrouth
On fonçait vers la déroute
Vive la banqueroute
Et en avant toute

On jardinait tête bêche
En attendant que ça sèche
On s'aimait sans gêne
On s'aimait sans chaîne

Dans la boue en stock
On alignait la coke
Voguant vers l'ailleurs
Dans un nuage de torpeur

Et puis fleurs fanées
Piétinées par les pistols
Restaient que la fumée
Des New York Dolls




dimanche 4 décembre 2016

Ma grand-mère (3)

Dès l'impulsion, j'ai su que c'était le bon. Le bon bond. Effaçant l'obstacle, l'espace d'un instant, c'est du moins le souvenir que j'en ai, je me retrouvais au-dessus de l'édredon. L'instant parfait. Le plaisir d'une première fois. Cette sensation d'être unique, inatteignable, grandiose. Comme la première fois où dans le regard d'une jeune fille pas trop regardante j'avais discerné une lueur de plaisir. J'étais le roi du monde. J'allais toutes les faire hurler. Elles me diraient toutes encore. Je dus pourtant me rendre à l'évidence que cette lueur devait beaucoup au hasard. De nombreuses rencontres se produisirent avant que je ne puisse renouveler ce qui manifestement relevait encore de l'exploit.
C'est ainsi que je finis par retomber au milieu de l'édredon. Je m'y enfonçais profondément. Comme la bouche molle d'un monstre marin à l'affût, les bords se rabattirent pour m’engloutir. Je disparaissais dans l'épaisseur d'un autre univers. De là, je pouvais voir le haut de l'armoire, l'endroit où ma grand-mère rangeait les draps. Ils me faisaient l'effet de n'avoir jamais servi. D'un blanc crémeux, repassés et pliés avec un soin extrême, ils paraissaient tout droit sorti d'une vitrine. Des lingots de textile. Constitués d'arrondis, ils étaient rangés par trois. On les devinait lourds et épais. Je ne pouvais encore que les atteindre des yeux. Je voyais parfois ma grand-mère s'en saisir. Avec soin et comme avec respect, elle glissait une main sous celui se trouvant en haut de la pile et posait l'autre sur le dessus. Elle l'extrayait ensuite de l'armoire. Ainsi plié, il représentait à mes yeux une certaine forme de perfection. C'était toujours avec un léger dépit que je le voyais être déplié, perdre de sa superbe. Recouvrant le matelas, des corps allaient se frotter contre lui, le froisser, le salir. Et je n'avais pas encore découvert tout ce qu'il était possible de faire dans un lit. 

vendredi 2 décembre 2016

En attendant

Hier matin, dans un froid qui me mordait le nez de ses petites dents pointues, je marchais d'un pas alerte, cela m'arrive, vers l'abri bus, toujours lui. J'avais en tête un post d'une amie, post qui mettait en évidence les visions rétrogrades, dégradantes, machistes, phalliques, navrantes et révoltantes de notre société vis à vis, notamment, des femmes et des homosexuels. Comme tout homme conscient de sa condition, je me sentais coupable, car bien conscient moi-même de n'être féministe qu'à temps partiel.
Si l'on s'en réfère à cette affiche, que l'on affiche aux yeux de tous, la femme aime être un objet de désir, aime être violentée, violée; participer à des tournantes mais uniquement avec des hommes jeunes, arborant une musculature arrogante et que l'on suppose bien membrés, avec une grosse bite quoi avec laquelle ils ne pensent qu'à niquer tout ce qui passe à proximité mais avec élégance.
Tout à mes réflexions dans l'attente du bus, je lève les yeux  vers le trottoir d'en face où se trouve l'ater ego de mon abri du matin. Et qu'y vois-je placardée? L'autre face de la femme. Celle qui n'a plus rien à se mettre, celle qui est compulsive, celle qui s'émerveille à la vue d'un petit trop mignon, celle qui est dégoutée d'avoir laissé passer un caraco à moins 50%, celle qui devient hystérique à l'approche des soldes, celle qui s'extasie à la vue de la dernière tenue de Kim Kardashian (oui je la connais). Et là, rassemblant les deux faces de la femme, une évidence angoissante me parvient au cerveau : je ne connais aucune femme. Alors, quels sont ces êtres que je fréquente, à qui je parle, à qui je souris, que j'aime? Elles ne seraient donc pas des femmes?  

 

Oh, le menteur.


"Est-ce que je n’ai pas voté tous les textes qui ont permis l’accès des femmes à l’interruption de grossesse ?"
Bah non.

31 décembre 1982 : remboursement par l’Assurance-maladie
27 janvier 1993 : création du délit d’entrave à l’IVG
4 juillet 2001 : allongement du délai à douze semaines de grossesse
26 janvier 2016 : suppression du délai de réflexion

Il a voté contre ces quatre textes.

mercredi 30 novembre 2016

Dans le bus

Ce matin, dans le noir et le froid, arpentant un trottoir gagné par le blanc de la nuit, je semblais décidé à rejoindre mon lieu de travail. J'avais la vague conscience que j'allais devoir, après une première tentative ratée, relever à nouveau le défi des 39h. Pour tout dire, la semaine précédente, gagné par une volonté de synthèse, je m'étais essayé au concept du 39 dans les 35 qui, comme son nom l'indique, consiste à faire le travail prévu pour 39h en 35h. Ce fut un échec que l'on pourrait qualifier de lamentable. Probablement tétanisé par l'enjeu, je suis péniblement parvenu à un 28 dans les 35. Homme de défi s'il en est, je suis bien décidé à me lancer à nouveau dans l'aventure mais la semaine prochaine, la présente semaine étant consacrée à l'analyse de mon échec. Donc ce matin, avant même les premières lueurs, j'étais dehors. Comme parsemées de cristaux de givre, les étoiles semblaient briller d'une intensité inhabituelle. Plongé au plus profond de mes pensées, je laissai mes jambes se mouvoir en toute autonomie. Elles me conduisirent vers l'abri bus. Et c'est avec d'autres pauvres hères que j'attendis le bus. Comme mus par le désir de partager ne serait-ce que l'air ambiant, nos souffles brumeux se mêlaient dans l'attente commune. L'espace de quelques minutes, nous formâmes une communauté qui se disloqua dès que les portes s'ouvrirent. Je montai dans le véhicule. Une forte affluence me contraignit à rester debout. Je me risquai à un coup d’œil semi-circulaire afin de vérifier si quelqu'un de ma connaissance ne se trouvait pas dans l'assistance. Personne. Je n'aime pas partager les transports en communs avec quelqu'un que je connais. Il faut dire bonjour, parler, faire semblant de s'intéresser. Fatiguant. Et c'est alors que je me laissais gagner par la torpeur que favorise la chaleur des corps contraints à la promiscuité, que je le vis pénétrer dans le bus. Surmonté d'une chevelure tout aussi plaquée que grasse, la tête rentrée dans des épaules timides (oui ça existe des épaules timides), le pas parcimonieux (oui ça existe...), le regard vérifiant l'existence du sol, vêtu de pantalons de survêtement et d'un blouson et se frottant aux autres corps qui se trouvaient entre lui et moi, il s'approcha. Parvenu à ma hauteur, il me tourna le dos pour faire face à la porte. Je découvris alors sa passion, tout le paradoxe apparent de sa passion. Je dois avouer qu'il força mon admiration, une admiration teintée de respect. Ce qui m'amena à me demander si je serais capable de m'exposer au yeux de tous vêtu d'un blouson avec une chatte dans le dos.

lundi 28 novembre 2016

Une fin d'après-midi au concert.

Pas loin d'être à la bourre, c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à la Traverse. Et là, vous vous dites mais pourquoi cet exercice de style qui consiste à commencer par nous relater la fin de l'aventure, ce que les lettrés appellent in ultima res? Pour faire le malin.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, j'errais entre des chouquettes et un verre de cidre au milieu de gens de bonne compagnie. Et comme chacun sait, il n'est pas de bonne compagnie qui ne se quitte. Alors, après un au revoir aussi collectif que chaleureux, d'un pas d'une alerte légèreté je ralliai la place du Boulingrin par les rails. Toujours impatient Jorge m'y attendait dans sa berline aussi spacieuse qu'ostensible. Après un Bon alors qu'est-ce que tu glandes (je blague) je m'installai dans l'habitacle à la décoration de bon goût. Après avoir emprunté les grands boulevards, les quatre voies, les ronds-points, les six voies, autrement appelées autoroutes, les bretelles contournant des ceintures, nous nous retrouvâmes sur le trottoir, à quelques centimètres d'une borne incendie (détail sans intérêt). Et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à la Traverse. Entre temps, tout en écoutant North Arbor, nous devisâmes à propos de la programmation d'un prochain festival.
Enfin nous finîmes par faire notre entrée dans la salle. Et là, retour vers le passé, trou d'air dans l'espace spatio-temporel, l'incrédulité s'empare de nos esprits et dieu sait si l'on en est pourvu. Dans les gradins, où que nos regards se posent, que des vieux, que des vieilles et tous n'ayant manifestement pas bénéficié d'un système de conservation de bonne qualité (oui je sais, jamais le physique). Comme me le glissa finement Jorge, on se serait cru à la finale cantonale des chiffres et des lettres. Il ne manquait plus qu'Armand Jamot et Max Favalelli.
Mais rapidement, mon regard fut attiré par l'objet de ma présence en ce lieu. Phil. Phil de sa démarche tout autant chaloupée que sensuelle, arpentait la scène avant de faire vibrer le premier accord. Car, qu'on se le dise, je n'étais là que pour lui, n'avais dieux que pour lui. L'observant attentivement, je remarquai dans son regard une tension et je sus dans l'instant que du haut de son tremplin il n'allait pas nous offrir une triple vrille carpée mais privilégierait son entrée dans l'eau (que de métaphores). Comme le disait Peter Osgood, parfois l'enjeu tue le jeu.

Et puis, en moins de deux le set fut bouclé. Quatre titres. Un LP en live. A peine le temps de ressentir les premières ondes de plaisir et hop on range les manches, on remballe les baguettes. C'est ce qui s'appelle dans un certain milieu (je peux fournir des détails à ceux qui m'en feront la demande) un orgasme ruiné. Alors, allez-vous me demander? Je suis résolument contre la compétition. Jouons par amour, jouons pour l'amour, jouons pour un sourire, jouons pour un frisson, jouons pour le plaisir, jouons de note en note, jouons en accord avec notre âme, jouons pour l'instant, jouons pour le fun (ne serait-ce point là une belle anaphore?)
. Pourquoi ce rejet de la compétition? Parce que, vous en serez tous d'accord, mon Philou n'a rien à prouver.

dimanche 27 novembre 2016

Un matin au cinéma

Non pas un lapin ni un tapin, mais ce matin, sur des chapeaux de roue j'ai pris la direction de l'Omnia. Ne disposant que d'un quart d'heure pour rallier mon fauteuil (je me suis trompé d'horaire), je flirtai avec l'excès de vitesse tout au long de mon périple, interrompu par de nombreux feux passant au rouge à mon approche. Le tout se terminant par une file d'attente conséquente.
Quoi qu'il en soit, je me suis retrouvé devant l'écran 15 secondes avant le début du film.
J'ai toujours, tout petit déjà (je suis souvent tout petit) aimé les films qui racontent la formation d'un groupe. A commencer par l'inégalable, l’inénarrable "The Commitments". Il ne s'agit pas là de comparer l'incomparable mais je n'ai pas peur d'affirmer que "Sing Street" est un bon film du dimanche matin. Dublin pendant les années 80. Duran Duran, A HA, Cure. Un post pubère qui monte un groupe pour tenter de retenir l'attention d'une jeune fille. Un frère aîné qui lui donne des leçons de pop dont je retiendrais deux phrases "Le rock'n roll est un risque" et "Une femme ne peut pas aimer un homme qui écoute Phil Collins" (je n'ai jamais aimé Phil Collins ou il y a très longtemps). Des thèmes sociaux en arrière plan qui ne plombent pas l'ensemble mais qui permettent à l'histoire de ne pas être hors sol. Légèreté, humour, romantisme. Pour conclure, pas trois pattes à un canard mais ce film est bien sur ses deux jambes, l'amour et la musique, les deux s'enlaçant pour un plaisir sans fin. 

samedi 26 novembre 2016

Un matin d'été

Les temps se sont croisés dans les chemins. Le temps passé. Le temps finissant. Le temps courbé. Le temps vibrant. Le temps de l'instant.  Le vent venait de l'horizon. Le ciel éclairait l'écume. La plage recevait les vagues. L'herbe pointait vers la terre. Le sable semblait fuir le rivage.  Il m'avait semblé t'apercevoir. Je ne suis pas allé à ta rencontre. J'ai laissé mes pensées et mon amour te rejoindre.

vendredi 25 novembre 2016

Ma grand-mère (2)

Je n'aurais pas imaginé que des draps puissent avoir une histoire. Mon monde n'existait pas. J'étais le seul à le parcourir. Hésitant et peuplé d'éphémères, il échappait à toute description. J'aurais aimé le raconter, y inviter cette femme qui me prodiguait tant de douceur. Je ressentais parfois cette impression que dans mon regard elle en discernait les contours, peut-être même la profondeur d'où j'aurais pu lui tendre la main. A part mon nounours, les objets demeuraient figés dans leur fonction.
- C'est ma maman qui m'a donné ces draps. Tu ne l'as pas connue.
Je ne pouvais concevoir que ma grand-mère ait eu une mère. Comme si le monde était né avec elle. Comme si l'horizon pouvait être à portée de main. Ceux que j'aimais ne pouvaient qu'être proches.
- Et ma maman, elle m'en donnera des draps?
Elle me regarda en souriant. Sa main me caressa la joue. J'avais déjà remarqué qu'elle ne répondait pas toujours à mes interrogations. Du moins, pas avec des mots.
La première fois que j'avais vu ces draps, ils se trouvaient dans une armoire. Une de ces armoires qui écrasaient l'espace, comme omnipotente et méprisante. Elles semblaient régner. Elles m'intimidaient. La plupart du temps, elles se trouvaient dans une chambre. Dans le prolongement d'un lit surmonté d'un énorme édredon. Sur tout les lits reposait un édredon. Une sorte d'énorme berlingot qui chaque matin, à coup de grosse claque, était remis en forme. Mon édredon (j'aimais chanter "Mon édredon a un gros bedon"), celui qui trônait sur mon lit, était tout à la fois devenu un de mes terrains de jeu et un défi. Chaque soir, pieds nus, après avoir enfilé mon pyjama, je prenais mon élan depuis le bout du couloir. Contrairement à chez moi, chez ma grand-mère il n'était pas interdit de courir. L'objectif était d'arriver au maximum de ma vitesse au pied du lit afin de retomber du plus haut possible sur l'édredon. Ce serait un succès si je parvenais à m'écraser en son milieu. Les premières tentatives furent des échecs parfois douloureux. Mauvaise appréciation des distances, impulsion hésitante, technique de réception approximative. Et puis un soir, tel un Bob Beamon de la literie, je réussis le saut parfait.   

Des fois je me demande

Cher et miséricordieux François, que les choses soient bien claires. Je suis favorable à la sodomie mais je n'aime pas me faire enculer.

jeudi 24 novembre 2016

Des fois je me demande

Allons-nous devoir faire une croix sur la laïcité?

mardi 22 novembre 2016

Ma grand-mère (1)

Je me souviens de mes vacances en Bretagne quand j'étais petit. Vraiment petit. Autant dire tout petit. René Coty était président. C'est dire. Je ne l'ai pas connu personnellement mais je ne crois pas que sa femme ait été chanteuse. Un village de quelques centaines d'âmes était mon lieu de villégiature. Un extrait de ruralité catholique dont les activités étaient rythmées par le son des cloches qui parvenait jusqu'aux hameaux dont personne ne se souvenait de l'existence. L’âpreté terrienne, bénite des prélats se prélassant, régnait sur une immobilité parsemée de renoncements. La messe du dimanche les voyait tous, comme un chapelet de viande rance, entrer un à un dans l'église. C'était encore un temps où le dimanche avait ses habits. Les femmes, à petits pas pressés, surmontées d'une coiffe, comme le signe d'une féminité prédestinée et insatisfaite, laissaient leur robe retenir les regards traversés de regrets. Les hommes, avant de pénétrer dans l'allée, encore traversée du parfum de l'encens de l'office du petit matin, se regroupaient et, les mains dans les poches de costumes étriqués, semblaient se parler. Ce monde m'était étranger, lointain et incompréhensible. Seule ma grand-mère partageait mon monde. Elle me souriait en me disant "t'en fais un sacré gamin". Avec elle, j'occupais une place, j'existais dans cette contrée d'où la tendresse avait fui. Elle n’emmenait parfois au lavoir qui se situait à la sortie du village. Nous y rejoignions d'autres femmes déjà affairées. Cette activité faite d'éclaboussures, de claquements, de frottements, de bouillonnements, d'apostrophes et de confidences, d'éclats et de connivences me laissait coi. Je regardais ces femmes plonger leurs mains dans l'eau, parsemée de bulles, qui peu à peu devenait bleue. Je devinais et enviais leur puissance, celle de leurs gestes, celle de leur envie que prolongeait le ruissellement. Je me souviens de cette fois où ma grand-mère avait transporté des draps jusqu'au lavoir. Ces draps épais et rêches qui traversaient les héritages vous assuraient un gommage des fesses tout au long de l'année. Le tissu d'une blancheur crème imprégnée de secrets flottait sur la surface colorée. Ce jour là, alors que l'après-midi s'achevait dans la fraîcheur, je restais seul au bord du lavoir avec ma grand-mère qui essorait le dernier drap. Profitant peut-être de mon innocente candeur, elle me raconta l'histoire de ces draps.  

lundi 21 novembre 2016

Un soir au concert (2ème partie)

Donc, après avoir bu une bière, encore merci Sam, qui en fait était la deuxième, je suis retourné dans la salle. La deuxième, car à mon corps défendant (tout un programme) j'avais commencé par une Gueuse Mort subite. C'est pas bon. Je l'ai refilée à l'un des boissansoifs présents.
Face à moi Grapes. Leur concert du jour allait s'ajouter à la palanquée d'autres de leurs concerts auxquels j'avais eu le plaisir d'assister. L'intérêt et pourquoi pas l'excitation (avec toute la maîtrise corporelle dont je suis capable) que fait naître la perspective d'une prestation de Grapes fait resurgir ce célèbre vers "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre". Premiers accords et l'on se dit mais ça je connais. Et puis, subtilité du doigté, feeling du soir, des nuances jusqu'ici inconnues me parviennent jusqu'aux pavillons, surtout un. Et puis (j'écris souvent "et puis") les titres s'enchaînent pour libérer la créativité  (oui, je sais...) ponctués de traits d'humour. Malgré le plaisir ressenti, et comme avait coutume de me le dire une amie toujours insatisfaite, ce fut trop court. Trop court pour se lâcher, trop court pour envoyer, trop court pour renter dedans.
Mais arrêtons de nous plaindre, surtout moi. Avec Grapes je retrouve l'art de la mélodie, les voix comme un coulis de miel poivré sur des morceaux moelleux. Bien qu'ils n'appliquent aucune recette, Grapes se laisse déguster. Un quatre étoiles.
Après le calme de Rouen, ils allaient vivre la tempête du Havre.

Pour des raisons techniques indépendantes de ma volonté, je n'ai pu écouter le troisième groupe.

dimanche 20 novembre 2016

Un soir au concert (1ère partie)



Donc vendredi soir au Hipster Café... Mais avant tout, une mise au point pour que les choses soient claires pour tout un chacun. Jusqu'à il y a peu et ce depuis 68 (j'ai souvent regretté de ne pas avoir patienté 1 an) alors que j'étais un élève de 6ème dans un pensionnat catholique qui écoutait (moi, pas le pensionnat) David McWilliams, Canned Heat,  Brenton Wood, Manfred Mann, je suis un inconditionnel de Robert. Je ne supporte pas que quiconque émette la moindre réserve à son sujet. Et avec le temps, mon horizon s'est élargi, approfondi. Alors, pour paraphraser Jorge, j'ai fait mienne cette assertion "On ne dit pas du mal de Jorge".
Ceci dit, c'était la première fois que je voyais Jorge seul. Seul? Non. Nous avons eu droit à une configuration familiale. Un jeune bassiste de la fratrie Pereira dont il me fut difficile de distinguer le visage, mais nous n'étions pas là pour les minois, accompagnait Jorge.  Le pincé de cordes de notre ami le bassiste, dont je ne connais pas le prénom, m'a surpris. J'ai longuement regardé ses doigts passer d'un accord à l'autre. Peut-être jouait-il de la contrebasse. Tout ça pour dire que j'ai aimé. Dès les premières notes, hop c'était pop. Hop c'était Jorge. Sens de la mélodie. Avec sa simple guitare, pas moyen de se cacher, de se planquer derrière une batterie et d'autres guitares. Dénué de tout artifice, Jorge n'a pas failli. Tout est dit. Vous l'aurez compris, je suis un fan de Jorge.
 A ce titre, si je puis me permettre, le concept du concert avec trois groupes n'est pas adapté. Les artistes, tels Jorge et même Grapes, n'ont pas vraiment le temps de s'installer, de nous faire partager ce qu'ils ont à nous offrir. Une impression.

Puis, je me suis dirigé vers le bar. Je commande une bière. Je m'enquiers ensuite du prix. 4€50 (un peu cher). Je cherche dans ma poche. D'abord sereinement. Je n'en retire que 2€50. Fébrilement j'y replonge mais sans rien y trouver de plus. C'est à ce moment qu'une main se pose sur mon épaule. Je me retourne. Sam. Son regard me désignant le creux de sa main dans lequel se trouve 2€, elle me dit "C'est ça que tu cherches?". C'est ainsi que j'ai pu me désaltérer. Encore merci Sam.

En attendant le soleil


vendredi 18 novembre 2016

mercredi 16 novembre 2016

Tu te souviens

Tu te souviens de la fille d'Istanbul
Elle courait nue dans la foule
Elle ondulait dans la houle
Comme un amour roulé en boule

Tu te souviens de la fille de Kaboul
Avant que les voiles ne déboulent
Avant que les statues ne s'écroulent
Son visage encore te chamboule

Tu te souviens de la fille de Kandar
Jamais, il n'était jamais trop tard
Elle finirait bien par t'aimer tôt ou tard
Votre amour serait alors sans fard

Tu te souviens de la fille d'Ankara
Elle brillait jusqu'au dernier carat
Cet abandon blotti dans tes bras
Avant que ne s'abattent le grand fracas

Tu te souviens de toutes ces filles
Tu as le cœur qui part en vrille
Avant que la haine ne les pille
Tu te souviens de leurs yeux qui brillent





Paradoxe

Bien que sortant de mon lit chaque matin, je ne suis jamais débordé.

mardi 15 novembre 2016

lundi 14 novembre 2016

L'oeuf à la coke.

Pour réaliser la recette de l’œuf à la coke, autrement appelé le sniff-gobe, vous aurez besoin d'un coquetier, d'un œuf frais de préférence bio en provenance de poules élevées en plein air, de quelques grammes de poudre qu'en tant qu'écoresponsable vous vous procurerez chez un producteur local pour favoriser les circuits courts, d'une carte de crédit périmée ou en cours de validité et d'une paille.
Une fois que vous avez disposé les deux ingrédients tel qu'indiqué sur la photo jointe, il vous reste à sniffer le premier rail. Ensuite vous gobez l’œuf. Pour terminer, vous sniffez le deuxième rail. Et en avant pour le voyage.
e.  

Un début d'après midi au cinéma

J'avoue. J'avoue m'être laissé tenté. Je sais, j'avais dit que plus jamais. Comment peut-on dire plus jamais. C'est si bon de se laisser tenter. De succomber. Surtout après avoir résisté. Pas très longtemps mais j'ai résisté. Je me suis laissé tenter par la bande-annonce. Bande annonce. Je me suis cru obligé d'annoncer que j'étais un admirateur du cinéma coréen. Toujours est-il qu'en solitaire, je suis allé voir "Mademoiselle" de Park Chan-Wook. J'avais dormi avant pour ne pas dormir pendant.
Effectivement bien qu'un peu trop long, ce film se laisse regarder. De nombreuses de subtilités ont du m'échapper. C'est un film de bon goût, dans tous les sens du terme. Subtilité, élégance, jouissance , trahison, faux-semblants. L'histoire en elle-même n'a peut-être aucune importance. Ce qui se lit, ce qui se montre, ce qui se raconte, rien de tout cela n'existe. La vie est une ombre qui disparaît derrière un paravent.
Et les scènes saphiques? Tout à fait bande-annonce.
Toujours est-il que ce n'est pas le cinéma coréen que j'aime. Ce qui n'empêche que vous pouvez y aller.
Tout "conte" fait, peut-être devrais-je retourner le voir. Mais l'ai-je déjà vu?

Photo de Guillaume Cannat

vendredi 11 novembre 2016

Bientôt

A force de tourner en rond, un jour nous partirons. Un voyage tout au long. Loin du tueur de lueur. Loin de la dernière heure. Loin de notre peur. Nous partirons dans les couleurs du matin. Nous aurons ces impressions. Ces impressions qui se dévoilent par touche. je t'offrirai le temps. Chaque seconde vivra une éternité. Nous ne nous souviendrons de rien. Ni du mal ni du bien. Chaque jour sera le premier. Tu te réveilleras dans l'ombre des prières. Avant que naisse la lumière.

Ma pomme (très tendance)


jeudi 10 novembre 2016

Défi

Un candidat à la primaire de la droite n'a de cesse de fustiger, j'aime bien ce verbe, la pensée unique. Si lui même avait une pensée, cela en ferait alors deux.

lundi 7 novembre 2016

Eh oui!

Les chiens continuent d'aboyer mais la caravane ne passe plus.

Avis

Je soussigné, sain de corps et d'esprit déclare être favorable aux dons d'orgasmes. Divers attestations et témoignages certifient que je suis un donneur universel.

dimanche 6 novembre 2016

Un soir au concert (pas vraiment un concert)

Pour rétablir la vérité, après Ken Loach, nous nous sommes limités à la bière que nous sommes allés nous enfiler à l'Appart Bar, ce à l'initiative de Jorge P. Et là surprise, agréable surprise. Nous tombons sur Vincent Blanchard en train de nous raconter le folk et ses origines dans le cadre de The Saturnight Folk Revue. Passionnant. Je serais bien resté jusqu'au bout de la nuit. Il est toujours enrichissant de découvrir ce qu'aujourd'hui doit à hier. C'est salutaire. D'autant plus que d'aucuns ont tôt fait de s'approprier ce qui ne leur appartient pas. Rien ne naît de rien. Je dois avouer, aussi incroyable que cela puisse paraître, j'entendais pour la première fois Vincent Blanchard. Talent, humour, simplicité, culture. J'ai adoré. Autant vous dire que j'y retourne le mois prochain. 

Un soir au cinéma

Effectivement, j'avais dit. J'avais dit que je n'irais pas le voir. Et puis total, j'y suis allé. Au tout début j'avais prévu de rester affalé dans le canapé devant un écran de taille modeste. Et puis je me suis laissé convaincre. Je n'ai décidément aucune volonté. Je me suis retrouvé dans la file d'attente avec les autres bobos. J'ai eu beau chercher, ils avaient semble-t-il tous oublié leur panier d'osier. Sur ces entrefaites, mon ami, que nous appellerons Jorge P que l'atavisme destinait à la monté de murs, est arrivé. Nous avons pris place et après quelques échanges sur le Brexit, le noir se fit.
Autant vous le dire tout de suite, si vous avez ne serait-ce qu'une légère baisse de moral, je vous déconseille d'aller le voir. Dans Blake, le e est de trop. Pour résumer, la misère et le désespoir sont écrasants, l'espoir est ténu. Et alors? Et maintenant? Ken Loach désigne des coupables. L'Etat, l'administration, les lois, les règlements, les procédures, l'inhumanité, l'absence de bienveillance, la lâcheté, l'indifférence... De fait, nous sommes tous coupables. Pourquoi avoir fait ce film, pourquoi la palme d'or me suis-je demandé à la sortie. Et Jorge a eu cette phrase qui a clos le débat "C'est politique". Il a parfois de ces fulgurances. Je n'ai pas pu lutter. La classe.
Quelque peu déprimés, nous sommes allés nous enfiler quelques bières et quelques putes. Plombant.

samedi 5 novembre 2016

Un soir au concert

Hier soir. Un hier soir humide au plaisir encore incertain. Nous partîmes un et nous nous vîmes quatre arrivés au port. Quelques jours plus tôt, lorsque j'informai mon ami à la double nationalité franco-portugaise que j'avais prévu d'aller écouter Axel Bauer et que je lui proposais de m'accompagner, il me répondit pourquoi pas Julie Piétri, Jeanne Mas ou Cooki Dingler pendant que tu y es? Bon bah, lui répondis-je inspiré. Et puis, la vie étant pleine de surprises, transportés par un conducteur, lui-même lusitanien, à la conduite incertaine et hésitante, nous nous retrouvâmes à la Traverse. Pour tout dire, j'avais fait le voyage pour My Silly Dog Fish. Je n'ai rien contre Axel Bauer mais je dois avouer que j'ai depuis longtemps laissé s'éloigner le cargo. Dans des conditions techniques et acoustiques excellentes, j'ai apprécié la prestation de MSDF (qui n'était pas à la rue). En quelques mots. Sobriété, plus ça va plus j'aime les groupes musicalement sobres à la Morphine ou Young Marble Giants. Une ligne rythmique solide et caressante qui ne s'accapare pas l'espace. Des voix qui ne s'embarrassent pas de fioriture. Des guitares dans la retenue qui nous épargnent les boursouflures de solos sans fin. La virtuosité modeste de MSDF (lire AimeSDF).
MSDF en première partie. Axel Bauer en deuxième. En quelque sorte, un nuage de chantilly sur un gâteau de semoule.
Pour ce qui est de Bauer, je n'ai pas aimé la partie rock avec un batteur que je range dans la catégorie des bastonneurs, des écraseurs qui amortit ses fûts. Des solos de guitare sans âme ni nuance baignant dans une vaine virtuosité. J'ai préféré l'acoustique et la dernière partie blues. J'aime aussi la générosité d'Axel Bauer. Entraîné par Phil Long Dong et Jorge à manger des galettes et boire des bières, je n'ai pas pu voir la fin du concert.

vendredi 4 novembre 2016

Ce que les méchants crurent

A la vue de l'échancrure
Comme à une devanture
Tout ce qu'ils crurent
Ne serait qu'une simple aventure

Ces hommes qui durent
Prolongent la déchirure
Rient de leur torture
Repus d'un  sang impur

Errent les blessures
Regards de flétrissures
Dans un flux de pourriture
Derrière le silence des murs 

Devant l'autre

Ce matin, après une interruption de deux mois due à une décrépitude physique progressive et irréversible, je suis allé courir. Affrontant l'inconnu mais chaussé de chaussures neuves, je partis confiant. Les premières foulées confortèrent ma confiance. Mais, malgré une tentation très forte, j'aime être tenté, j'adoptai un rythme de foulées somme toute raisonnable et adapté à mon état. L'air caressait mon visage. Mes jambes avaient la légèreté des promesses vespérales. Au cours des premières minutes, je visualisais le parcours envisagé. Les quelques difficultés qui le parsèment muselaient cette euphorie que fait naître un afflux d'endorphine dans les veines qui soudain se dilatent et propagent une sensation de puissance. La vue de la première bosse n'entama en rien le plaisir que me transmettait mon sang. Je devinai une augmentation du rythme cardiaque, la puissance des battements qui assuraient la nerveuse irrigation de mes membres en mouvement. J'étais parvenu à cette seconde pendant laquelle j'étais un corps sans âge, libéré des contraintes et autres vicissitudes. J'aurais dû m'arrêter à cet instant précis. J'ai continué. Le haut de la côte sur lequel devait souffler le triomphe de l'athlète à l'ample foulée dut se contenter de mon souffle court. Je poursuivis, désormais dépourvu de tout esprit conquérant. Demain me verra-t-il perclus de courbatures? 

jeudi 3 novembre 2016

Un soir au cinéma

De par le fait, je suis allé le voir. J'avais vu la bande-annonce. Et comme un niais, j'ai cru qu'elle était le reflet du film. Ce n'est pourtant pas faute de m'être prévenu. Je m'étais juré que l'on ne m'y reprendrait plus. Et puis... Pour tout dire tout à trac, je n'ai pas aimé. Pour être plus précis, ce film m'a laissé indifférent. L'histoire de cette famille ne m'a pas intéressé. Bien sûr, j'ai bien capté les messages. Qu'élever des enfants, c'est du souci. Que les apparences sont trompeuses. Que nous sommes contradiction. Qu'avec l'amour, tout est possible. Qu'avec un peu de jugeote et de sens pratique, il y a toujours moyen de s'en sortir. Et plein d'autres. Je regrette de ne pas m'être endormi.

mardi 25 octobre 2016

Souffle

Elle veille sur son sommeil. Un voile apaisant. D'anciennes merveilles. La douceur de ses rêves. Il n'attend plus le matin. Il n'attend plus le jour. Pour toujours. La lumière s'incline. Lorsque la vie décline.

dimanche 23 octobre 2016

Eternel

Retour à Moscou
Ça vaut le coup
Le coup de matraque
Après la traque

Retour à Alep
État d'alerte
Bastonne Poutine
C'est la routine

Retour à Homs
Y a plus d'homme
Écrase Bachar
Arrête ton char

Retour en mer
Vagues amères
La tête sous l'eau
On veut leur peau

Retour en France
Rejet en transe
Têtes de coupables
Roulent sous la table

Retour auprès de toi
Encore, encore une fois
Ombre, tu m'accueilles
Nos vies tournent et s'effeuillent

  

samedi 22 octobre 2016

De pirate


                                          Extrême haine. C'est la peine. C'est pas la peine.
                                                     Douleur, mais j'entends ton cœur.
                                               Au détour, vers toi mon amour je cours.



                                                              (Œuvre de Leland Lee)

Un soir au concert (2ème partie)

Après m'être assuré que Deaf in stéréo avait bien terminé, je suis allé boire une bière. Je n'aime pas boire une bière pendant un concert. Ça encombre et il suffit que l'on gigote pour s'en mettre partout. En d'autres circonstances, s'en mettre partout peut donner envie mais pas là.
Je retourne dans la salle et là sur la scène The see no evils. J'avoue que je les avais écoutés pour la première fois 24 heures plus tôt. Et chacun sait qu'il y a parfois loin de la galette aux planches. Avant les premières notes, je les regarde. Jeunes. Un guitariste et un batteur bien coiffés. Un bassiste, version blonde et vivante de Joey Ramone. Un chanteur qui serait un mixte entre Jimmy Somerville et Phil Collins. Je sais, jamais le physique.
Sans coup férir, ça ma plu. Un groupe sorti de l'ombre du garage. Du carré aux angles arrondis. J'adore ces groupes sans leader qui s'en donnent à cœur joie (expression un peu surannée). Un chanteur à la voix puissante qui cimente le tout sans la ramener. Un bassiste un peu sur son quant-à-soi avec un son un peu en retrait. Trouvant que souvent la basse écrase tout, je ne vais pas me plaindre. Un guitariste qui n'a rien d'un hero mais dont je m'accorde à dire que son set était dépourvu de superflu. Un batteur qui lui, il est vrai, tape, frappe, déboule, vibre plus vite que son onde. Tout ça pour dire que The see no evils ne regarde pas à la dépense avec prestation vrombissante non dénuée de mélodie. J'ai cherché à qui ils pourraient me faire penser et faute de culture, j'ai laissé tombé. De toute façon, The see no evils se suffit à lui-même.
Me restait plus qu'à aller retrouver Anthony Trollope.

Aux organisateurs et mentor je dis merci pour tout et pour le reste. 

jeudi 20 octobre 2016

Un soir au concert (1ère partie)

 J'y vais, j'y vais pas. Un peu plus et je n'y allais pas. Un peu plus et je restais sous la couette avec Anthony Trollope. C'est bien aussi mais ce n'est pas le même style. Au bout du bout, j'ai fini par y aller. Faut dire que Jorge m'avait mis la pression (je tais son nom de famille pour protéger son anonymat). Je peux vous dire que je ne l'ai pas regretté.

D'abord Deaf in stéréo. De l'énergie. Droit devant. Pas de détail, directement dans le vif du sujet. Les portes du garage étaient grandes ouvertes et le moteur ronflait à toute berzingue (on disait ça quand j'étais petit, à toute berzingue). Quand j'ai vu le batteur torse nu, j'ai tout de suite su qu'il n'avait pas fait le déplacement pour caresser les cymbales et frôler la grosse caisse. Et de fait, dès les premières notes, ça a bastonné. Bien qu'étant un garçon sensible, j'aime bien quand ça bastonne. Une basse solide qui balise la partition mais pas envahissante. Un chanteur guitariste qui peut éructer, vriller, saturer et qui, faute de pouvoir exploser, en a dans les pistons (pour filer la métaphore). Au milieu de tout ça, sur le côté pour être plus précis, le clavier. Douces notes mélodiques. Comme une noix de crème Nivéa sur barbe rapeuse. A cent à l'heure sur le boulevard de la torpeur. Loin de l'élégance mélodieuse de Grapes. Mais c'est tellement bon de s'en mettre plein les doigts. Deaf in stéréo désensable. Mes oreilles l'entendent encore. Encore, c'est ce que j'ai entendu après le dernier morceau.
Regret de ne pas avoir pris mon appareil photo.

mardi 18 octobre 2016

Un soir au cinéma

Hier soir, accompagné d'un nombreux public, je suis allé voir "Voyage à travers le cinéma français". Je vais brièvement commencer par ce que je n'ai pas aimé. Bertrand Tavernier avait été invité pour parler de son film, du cinéma et répondre aux questions du public. Comme souvent, voire comme toujours, les questions du dit public n'avaient aucun intérêt (c'est moi je qui le dis). Ces questions n'ont pas donné l'occasion à Bertrand Tavernier de nous parler de cinéma. Il souhaitait certainement nous parler de la Lune et le public l'interrogeait sur la longueur du doigt.
Pour tout dire, comme souvent, voire comme toujours, le film se suffit à lui-même. Il ne parle que de cinéma et nous étions venus pour ça. Il est dénué de tous les ressentiments qui parsèment la vie de Bertrand Tavernier. Bien sûr, j'aurais aimé voir davantage d'extraits, de témoignages, d'analyses mais je n'ai pas vu passer les 3h15. Voir pour la première fois sur grand écran toutes ces actrices et tous ces acteurs, tous ces visages en gros plan et toutes ces scènes que j'avais vues différemment a été un grand plaisir. Découvrir des compositeurs, des metteurs en scène dont je n'avais jamais entendu parler a confirmé toute la richesse de notre cinéma et donné l'envie de replonger dedans.
Merci pour tout et pour le reste.