jeudi 31 juillet 2008

Robert et moi




Il me reste six minutes pour me décider. J'entends la voix de Robert qui miaule. A chaque fois je frissonne. je suis capable de l'écouter et d'oublier Hélène, car il s'agit bien d'elle. Je dois me concentrer sur mon objectif. Pour certains de mes copains de l'époque, la drague est une ligne droite à quatre voies sur laquelle ils roulent à tombeau ouvert, comme des flèches qui pénètrent dans le mille à chaque fois.
Pour moi c'est une route de montagne qui n'en finit pas de serpenter et dont le sommet se perd dans la brume. Les questions m'assaillent. Quel braquet choisir, un ou deux bidons? La nuit parfois tombe avant même le premier coup de pédale. Mais surtout, la question qui me taraude est la suivante : les filles ont-elles les même désirs que les garçons?

J'ai envie de serrer Hélène dans mes bras, d'enfouir mon visage dans ses cheveux, de lui dire...de lui dire je ne sais trop quoi qui la fera sourire, qui la fera me regarder d'une façon différente. Je me dis que les filles ont besoin de pureté, de sentiments, de frôlements, d'un souffle qui caresse leur peau, parcourt leur corps. Le mien n'y tient plus, me trahit. Dès l'instant où je vais la prendre dans mes bras elle ne pourra que constater que mon idéal de pureté est une grosse arnaque. Il me reste quatre minutes.

Jimy ne va pas tarder à se lancer dans un solo. Sa main gauche va virevolter le long de son manche déjà chaud. Il assénera des notes de plus en plus aigües, précises et, les cordes encore vibrantes, le manche se laissera aller dans le creux de la main gauche de Page laissant place au dernier râle de Robert. Mon indécision me ferait presque pleurer. A peine trois minutes. J'ai décidé d'y aller. Hélène sentira que mon émotion n'est pas feinte mais tant pis. C'est ce moment que Robert choisit pour me trahir.

mardi 29 juillet 2008

Comme neige au soleil



J'ai cherché mais je n'ai rien à ajouter.

lundi 28 juillet 2008

Qui veut noyer son chien...




Allez savoir pourquoi... Au coeur de l'été, expression journalistique que l'on peut trouver au pied des marronniers, notre amie Christine Boutin a présenté, au cours du dernier conseil des ministres de la saison, un projet de loi. Pour faire bref, un jour nous serons tous et bien logés. Pour faire court, jusqu'ici tous les autres plans ont été des foirades de première, mais cette fois-ci c'est la bonne. Je vous conseille de d'ores et déjà demander des devis aux déménageurs si vous ne voulez pas être pris de court.

La grande idée est de faire des français un peuple de propriétaires car, si l'on en croit notre accorte Christine, c'est le rêve de tous les français. Les français en ont rêvé, notre pimpante Christine l'a fait. Une maison à 15 euro par jour c'est pas cher. Ce qui fait 450 euro par mois. Quand bien même le détournement du 1% logement pour financer ces boutinettes, il faut à terme avoir les moyens d'assumer les charges financières d'une maison. Mais là n'est pas mon propos.

Tout comme la loi sur les 35 heures a été vidée de sa substance, action qui n'est pas forcément désagréable, il est sûr qu'il n'y a plus de loi SRU. Regroupées dans un collectif, des associations ont regretté le manque de concertation ainsi que diverses mesures de cette loi qui, de leur point de vue ne réglera pas le problème du logement. S'est ainsi exprimé le secours catholique que l'on ne saurait qualifier de groupuscule extrémiste. Qu'a répondu notre dodue Christine? Qu'elle n'entrerait pas dans la polémique et qu'il était inutile de crier, que son souci à elle étaient les mal logés. Voilà.

Allez savoir pourquoi j'ai envie de lui foutre des baffes.

vendredi 25 juillet 2008

Robert et moi



Petit résumé. Je suis dans une boom au cours de laquelle j'ai décidé de faire une avancée significative dans ma relation avec Hélène, relation qui n'a pris forme que dans mon esprit et à l'occasion dans mon corps. En cet instant j'assiste à la fin d'un rock et aux premières notes de "since have been loving you", j'invite Hélène à danser.

Premiers accords de guitare de Page suivis de la lourde rythmique de Bonzo. Tempo lent qui me laisse le temps. Mais le flirt est lui aussi soumis aux aléas. Dès les premières notes, je me dirige vers Hélène pour l'inviter. Elle ne refuse pas. Je pose mes mains sur ses hanches. Je dispose de sept minutes trente. Vous avez sûrement remarqué que les gens aiment danser sur des airs qu'ils connaissent et n'apprécient pas les découvertes. Ce jour là, "Since have..." semble être une découverte pour tout le monde. Hélène et moi sommes les seuls à danser. J'avais prévu d'utiliser le camouflage de la multitude pour mettre en oeuvre ma stratégie. Nous sommes obligés de danser sous les regards. Sept minutes trente... L'éclairage empêche toute intimité. Je vais devoir improviser. Je dois faire comprendre à Hélène qu'elle ne m'est pas indifférente tout en évitant de lui faire honte devant les autres. Je me demande si ce n'est pas typiquement une préoccupation de garçon.

Comme je ne sais pas quoi dire, je laisse parler mes mains. Tout en restant léger, mes doigts quittent ses hanches pour rejoindre son dos. J'hésite et me décide à les faire glisser comme entraînés par l'attraction de cette nouvelle planète. Les envies se superposent dans ma tête. Le monde de l'amour tel que je le conçois alors est composé de deux hémisphères qui comme deux territoires ennemis seraient séparés par un mur infranchissable. Le romantisme. Je lui souris, caresse ses cheveux, l'invite à des balades en forêt, je frôle sa main, je respire son parfum, je ferme les yeux et je vois son visage, j'écoute sa voix, je la regarde marcher, courir, rire, le soir je m'endors en pensant à elle avec l'espoir que le chaleur de son corps accueillera mon réveil. Le désir. Attention, c'est en version originale. J'ai envie de l'embrasser, de lui pétrir le cul, de prendre ses seins dans ma bouche, de les machouiller, de les sentir fondre sous ma langue, de glisser ma main partout, de la laisser vagabonder, de la laisser découvrir, de la laisser trouver comme l'avant garde de mes futures chevauchées, j'ai envie que mes doigts soient comme autant de navires qui remontent jusqu'à l'embouchure de mes découvertes.

Correspondance


Après cette première visite, je me suis demandé si j'allais revenir. Il est des questions dont on connait la réponse avant de les poser. Je trouvais pourtant un peu ridicule, enfantin de jouer à celui qui détient un secret, d'aller me réfugier dans un grenier et de découvrir un trésor de papier. Cela ressemblait à un roman d'Enid Blyton ou à l'un de ces feuilletons au romantisme poisseux. J'ai malgré tout décidé de continuer ma lecture. Pour en atténuer le caractère rituel, la fréquence de mes visites serait fonction de mes itinéraires.

"Chère. La vie n'est pas une menace. J'essaye de m'en persuader. Je suis sur la rive du torrent de la vie. Je la regarde passer, couler, se frotter contre les berges. Je sens le courant glisser contre mes chevilles. Comme un enfant, il m'arrive de battre des pieds. L'eau bouillonne. L'écume est emportée et disparait. En ces instants, je me sens vivant ou plutôt je devine ma vie. J'ai souvent l'impression de me réveiller, comme si ma vie se déroulait comme un film et qu'à l'image d'un opérateur je venais de temps à autre vérifier que tout se passe bien, que la bobine ne s'est pas cassée, que le son est toujours syncro avec l'image et je procède, par habitude, à quelques réglages. Bien sûr, j'exagère mais s'impose souvent à moi la question de savoir si c'est bien ma vie. Elle forme un tout. Elle est faite des autres, d'évènements, de rêves, de douleurs, de renoncements, d'espoirs, de visions, de regrets, d'imperceptible, de désirs, de corps . J'ai parfois l'impression que ma vie est un puzzle pour lequel il y a trop de pièces, comme si elles venaient d'ailleurs."

mercredi 23 juillet 2008

Méthode secouée

le secrétaire d'Etat à la Consommation, Luc Chatel, estime que les prix des matières premières alimentaires commencent à baisser et que la loi de modernisation de l'économie qui doit être adoptée dans la journée devrait accentuer cette tendance dépêche Reuters

dimanche 20 juillet 2008

Milléchtinium

"Une fois que tu es dedans, tu ne peux plus en sortir." Ce n'est pas Rocco mais un de mes beaufs qui me l'a affirmé, comme une quatrième de couverture d'après lecture. D'autres avant lui et non des moindres m'avaient parlé de Millénium. Il ne me restait plus qu'à m'y mettre. J'emploie cette expression car il s'agit de trois tomes totalisant plus de 1 800 pages et comme je suis du genre lambin, la plongée risquait de se prolonger. J'ai lu le premier mot dans un lit du fond duquel je pouvais voir la montagne et ses pistes enneigées en ce début de vacances de Pâques.

Compte tenu de l'intérêt du premier tome, j'ai réussi à maintenir une bonne cadence. J'étais effectivement dedans et je n'avais envie d'en sortir, ni de mon lit d'ailleurs. Et puis, comme une passion qui se mue en ennui, comme une envie qui se transforme, comme un élan qui s'embourbe, l'intérêt a fini par me quitter. Je me suis traîné, j'ai rampé jusqu'au dernier mot. Les personnages se sont mélangés, je ne savais plus qui était qui. Pourquoi en avoir écrit trois alors qu'un tome aurait suffi?

Il en est de même pour "bienvenue chez les chti" que j'ai vu à quelques mètres de mon lit. Pourquoi ne pas avoir fait un court-métrage?

vendredi 18 juillet 2008

Pinçons nous!

Ce pourrait être l'emblème de cette industrie



Nous n'en avons pas rêvé mais AREVA l'a fait.
C'est notre cauchemar et AREVA l'a fait

que j'irradiasse
que tu irradiasses
qu'il irradiât
que nous irradiassions
que vous irradiassiez
qu'ils irradiassent


que je contaminasse
que tu contaminasses
qu'il contaminât
que nous contaminassions
que vous contaminassiez
qu'ils contaminassent

jeudi 17 juillet 2008

Pour Eric



Comme vous le savez, nous avons d'un côté des finances publiques qui chaque jour se détériorent un peu plus et de l'autre trop de fonctionnaires. Notre ami Eric Woerth, à l'imagination fertile et aidé par ses petits camarades, a mis en pratique le principe du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Certains disent qu'il faut plutôt parler du remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

Bien qu'il serait certainement utile de préciser ce que l'on entend par service public et que les salariés du ce même service sont hostiles à toute réforme, j'ai souhaité apporter ma pierre à l'édifice, démontrant ainsi que le fonctionnaire possède un sens aigu de l'intérêt général. Et puis, j'ai envie d'aider Eric qui se donne beaucoup de mal. Voici donc mon idée.

Puisque un fonctionnaire en retraite est encore un fonctionnaire, je propose que l'on ne remplace qu'un fonctionnaire sur deux en retraite, charge à celui qui ne serait pas en retraite de continuer à travailler où il veut mais pas dans la fonction publique.. Cela pourrait se faire par tirage au sort, ou alors le départ en retraite serait accordé au moins disant : serait choisi celui qui proposerait la plus petite retraite.

lundi 14 juillet 2008

"Le paradoxe du 14 juillet

Paradoxe : anciennement paradoce ; “contradiction”. Reprise, à la fin du Moyen Age, du grec paradoxos, “contraire à l’opinion commune”. Quoi de plus paradoxal que le défilé militaire du 14-Juillet ? Imaginons qu’une foule armée s’assemble devant une prison parisienne dans le but de la prendre d’assaut et d’en libérer les détenus (exactement ce qui s’est passé le 14 juillet 1789). Les forces armées interviendraient plus que probablement pour la disperser, et c’est d’ailleurs pour cela qu’elles existent. Et voilà que l’armée d’aujourd’hui “commémore” un événement que ses prédécesseurs n’étaient pas parvenus à empêcher : un peu comme si Mme Boutin conduisait un char à la gay pride."




C'est en lisant, non pas ce livre dont quelqu'un qui m'est proche m'a demandé si ce n'était pas moi qui était en couverture, mais la chronique ci-dessus (http://correcteurs.blog.lemonde.fr/) que j'ai eu envie d'écrire ce qui va suivre.
Notre président a conçu l'Union Pour la Méditerranée et lui a donné vie au cours des deux derniers jours. On ne peut que soutenir cette initiative dont un des objectifs est la paix. Aujourd'hui l'UPM, anagramme de l'UMP, gazouille sur les Champs-Elysées . Le premier biberon est un défilé militaire, ce qui me parait paradoxal. Je sais que pour tous les spécialistes en relations internationales et stratégie, il serait naïf d'y voir un quelconque paradoxe. Et pourtant, quand on y regarde de près, que peut-on voir? Tous les grands d'un monde, invités par notre président, regardent passer la puissance de la France, comme si notre président leur disait "N'en ai-je pas moi aussi une grosse?"

samedi 12 juillet 2008

Est-ce ainsi...



Est-ce ainsi que les femmes parlent quand elles sont entre elles?

vendredi 11 juillet 2008

Correspondance

L'autre jour, au cours d'une sortie à vélo dans une des nombreuses vallées de la région, je suis passé près d'une fabrique de briques rouges désaffectée, pure style 19ème. Après avoir hésité entre ma moyenne et ma curiosité, j'ai cédé à la deuxième. Je n'ai fait qu'une rapide incursion en me disant que j'aurai l'occasion de revenir. Ce premier coup d'oeil m'a permis de distinguer ce qui ressemblait à une habitation imposante et inhabitée. Le temps me manquait. Je n'ai pas poussé plus loin mes investigations.

Quelque temps plus tard, j'ai repris le même chemin. Je me suis directement dirigé vers la maison. Je n'y ai rien vu de particulier en dehors de pièces vides et poussiéreuses. Je me suis retrouvé au grenier. J'ai tout de suite remarqué cette odeur de vieux qui m'a piquée les narines, l'odeur du papier abandonné à la chaleur, à la lumière, au temps. Après m'être assuré de la solidité du plancher, j'ai impressionné le sol de mes pas. J'ai farfouillé dans les piles de feuilles dont une grande partie était composée des archives de la fabrique. Après m'être aventuré dans une succession de mansardes, dans l'ombre des tuiles j'ai découvert une armoire dont les portes avaient disparues. Parmi d'autres papiers sans intérêt, j'ai trouvé des lettres. Une correspondance jaunie par le souvenir. Toute humidité disparu, les premières lettres se cassaient comme des hosties. Avec soin je réussis à ouvrir les suivantes et je commençai à lire. De temps en temps, je vous en ferai profiter.

" Chère, la vie me pousse à regarder devant pour ne pas tomber. J'ai pourtant si souvent envie de m'assoir pour regarder passer cette vie. Qu'elle est cette vie? Est-ce la mienne. Est-ce encore ma vie? Je remplis un vide toujours plus profond. Une silhouette, une chevelure, un rire, une voix, une attitude m'entraînent, me précipitent vers le passé, vers ce que je crois être une seconde mais qui emplit mon corps, mon esprit, qui déversent ses questions. Je m'accroche à cette seconde comme si j'avais peur d'oublier. Le ciel n'est plus jamais clair, l'eau n'est plus jamais transparente. Peut-être trop malheureux, parfois, trop souvent, je ne supporte pas le bonheur des autres, je ne partage pas leurs joies. Mes sentiments sont altérés. Ils sont ce que je suis. Je navigue au milieu des autres avec ce besoin de voir leur sourire, d'entendre leur voix. J'ai besoin que leur regard me dise qu'ils n'oublient pas, qu'ils n'ont pas peur, qu'ils savent que nous ne sommes plus les mêmes. Pourtant, cette vie, cette vie de tous les jours prend trop de place. J'aime les autres mais je suis attiré par la solitude, cette solitude qui libère, cette solitude qui peut donner envie, l'envie de revenir à la vie."

jeudi 10 juillet 2008

L'homme mode d'emploi




Je cherchais un sujet que je pourrais traiter rapidement afin de vous offrir de quoi lire pour ce jour. Je me suis souvenu que j'avais commencé une série, laissée en plan, sur le fonctionnement des hommes à l'usage des femmes qui sont comme des poules qui ont trouvé un couteau quand elles envisagent de prolonger la pulsion en battements de coeur.

Dans le fond, comme un virus que l'on ne peut extirper, dont le temps n'altère pas les effets, l'homme reste et demeure, quelque soient les engagements solennels ou susurrés, un célibataire. Il n'y peut rien. Si la civilisation, la société, la morale ont déposé leur carcan, il arrive que ce carcan se fissure et laisse apparaître la nature et comme une malédiction, comme un miracle le souffle de l'horizon caresse les atavismes endormis.

Vous vous demandez "Mais d'où cela vient-il". Il faut avant tout que vous sachiez que vous n'êtes pas en cause ou du moins pas systématiquement. Je ne vais pas me lancer dans un cours d'anthropologie mais il faut savoir que des recherches approfondies ont mis en évidence le caractère solitaire de l'homme. Dès ses origines, il a dû lutter pour protéger tant son intégrité physique qu'intellectuelle. Je vous concède qu'il mit longtemps pour se préoccuper de cette dernière.

mercredi 9 juillet 2008

Au frais (suite)

La semaine dernière, je vous ai fait part dans le détail de l'expérience que j'allais mener afin de lutter contre les effets du réchauffement. Pour la faire courte (qu'il est drôle) j'avais décidé de ne plus mettre de slip. Les aléas météorologiques m'ont contraint à interrompre cette expérience. En effet, la fraîcheur ambiante mélangée à l'humidité de l'air composent un cocktail qui a provoqué un repli sur soi. J'ai donc remis le slip. J'aurai peut-être l'occasion d'y revenir plus longuement (qu'il est drôle) mais sachez que faire tomber les barrières vestimentaires n'est pas sans effet sur la vie quotidienne.

Polichinel en Chine




Polichinel
Monte à l'échelle
Un peu plus haut
Se casse le dos
Un peu plus bas
Se casse un bras
Trois coups de bâton:
En voici un,
En voici deux,
En voici trois !

mardi 8 juillet 2008

Soeur Anne...



A l'occasion de la célébration de mai 68, nous avons pu voir et revoir des documents "instructifs" dont un qui montre que la grandeur ne permet pas toujours de voir plus loin que le bout de son nez. Il s'agit des voeux du général de Gaulle prononcés le 31 décembre 1967 au cours desquels notre président de l'époque affirme, regardant vers l'avenir, ne distinguer aucun nuage.

lundi 7 juillet 2008

Ric et rac

Ric et rac est une expression, presque des personnages, qui m'a accompagné tout au long de ma scolarité. A chaque remise de copie, à chaque résultat d'examen, de concours, l'angoisse prenait possession de mon esprit, de mon corps. Avant même le verdict, régnait l'odeur du désespoir comme les vautours hauts dans le ciel vous laissent deviner l'agonie de l'espoir. (Je vous le concède, c'est une introduction pompeuse.)

Je n'ai jamais fait partie de ceux pour qui l'angoisse était de savoir si ils allaient avoir une mention bien ou très bien. La seule mention que je voulais lire en face de mon nom était "admis". J'ai passé mon temps à avoir une scolarité dominée par l'appréciation "passable". Je ne tente pas de me faire passer pour le Caliméro des cours de récréation. Pourquoi cet épanchement vous demandez-vous?

J'ai une nièce, charmante, accorte, sensible, intelligente, élève sérieuse de chez sérieux qui tout au long de l'année, chaque jour a travaillé, accomplissant un travail personnel qui ne pouvait que la mettre à l'abri de la surprise, la mauvaise, celle qui provoque l'incompréhension, la honte, la solitude. Comme l'on dit, elle a mis toute les chances de son côté pour avoir son BAC, allant jusqu'à concevoir ses propres cours d'histoire, jugeant que ceux de son professeur manquaient de profondeur, d'analyse, autrement dit trop factuels, une histoire à la Castelot impuissante à étancher sa soif de savoir qu'elle trouva chez Braudel. Pour tout vous dire je n'osais plus parler histoire avec elle.

Vous l'aurez compris, le BAC, qui pour moi s'apparentait au saut à la perche, ne représentait pour elle qu'une marche. Il lui suffisait de ne pas la louper. Et bien voyez-vous, malgré les certitudes qui étaient les nôtres, que nous nous étions forgées tout au long de l'année grâce à un opiniâtre et constant travail, nous avons, une semaine avant les résultats, senti en nous le doute s'immiscer. Nos nuits sont devenues agitées. Chaque matin, nous pouvions constater sur notre visage, qui se reflétait dans la glace de la salle de bain, se creuser les rides de la peur. Nous n'avions plus confiance en nous. Pourquoi ce doute? Elle n'avait pas réussi comme elle le souhaitait, nous disait-elle, il était même possible qu'elle connaisse l'échec. Sa maman ne dormait plus, ne mangeait plus, ne souriait plus, ne... Son papa se réfugiait dans le travail pour que s'éloigne ce qui finissait par devenir une fatalité. Pour ce qui est de son petit frère, il était le seul, à force d'une orientale volonté, à offrir une étrange sérénité.

Le jour arriva, un de ces jours qui prennent leur temps, qui à force de vous faire mariner dans le jus de l'attente, vous transforment en gigot de sept heures, comme dirait Fabienne dans sa belle cuisine. Et puis, n'y tenant plus, par un canal clandestin, tel le vent qui éclaircit l'horizon, la nouvelle nous parvint. Tout ça pour ça, gnagnagna j'ai raté, gnagnagna je ne vais pas l'avoir. Total, c'était jour de fête, le BAC l'avait fait accoster sur la rive de la mention très bien. Nous disons "Chapeau!"

vendredi 4 juillet 2008

Madame (suite et fin)

Et pourtant, il est simple d'exposer un point de vue, d'expliquer sa politique calmement, sans faire sentir à son interlocuteur qu'il ferait mieux de se taire. Ce qui est d'ailleurs curieux c'est ce besoin continuel d'être dans l'affrontement, cette obsession à combattre une chimérique pensée unique pour la remplacer par la vérité. Notre président semble incapable de concevoir l'alternative si ce n'est pour la ridiculiser, l'écraser sous le talon de du bon sens, de l'évidence. Une rhétorique qui n'aurait qu'un objectif, celui de réduire au silence.

Lorsque Audrey Pulvar a souhaité avoir des éclaircissements sur la méthode qui permet 25 000 expulsions, notre président, tout en se sentant mis en cause, a notamment affirmé que la loi votée par la représentation nationale s'appliquait sur l'ensemble du territoire nationale. Il déniait à la journaliste, citoyenne par ailleurs, le droit de s'inquiéter, de s'interroger sur la façon dont était mise en œuvre cette loi. S'il est légitime que la loi soit appliquée, comme la loi SRU qui prévoit dans les communes de plus de 5 000 habitants la construction de 20% de logements sociaux, il est également légitime et du devoir du peuple d'interroger ses représentants sur les moyens mis en œuvre pour appliquer une loi qui a été votée en son nom. Une loi peut être dénaturée par son application.

jeudi 3 juillet 2008

Pris en otage



Depuis ce matin, je me sens pris en otage par les journaux, la télévision, la radio, internet. La libération d'Ingrid Bétancourt mobilise toutes les énergies médiatiques. On dresse les chapiteaux, on rameute les foules à coups de cymbales. On se fend d'éditions spéciales agrémentées de spécialiste en tous genres, ex du GIGN, généraux en retraite, médecins en maladies tropicales, psychologues , pédo-psychiatres, spécialistes en géo-stratégie... Pourquoi de la libération de cette femme doit-on faire un spectacle. L'important est qu'elle retrouve sa famille. Inutile de mettre de la chantilly sur la fraise.

Depuis ce matin ma radio est bloquée sur rire et chansons.

mercredi 2 juillet 2008

Madame

Il est des mots qui sont des marques de politesse, de respect, des preuves de savoir-vivre, d'éducation. Ce sont des mots sans aspérité, aux formes arrondies, qui peuvent être mis dans toutes les bouches. La personne à qui ils sont adressés n'a aucune raison de se méfier. Ils ont plutôt pour objet de mettre en confiance.
Mais il est possible de détourner, de retourner, de dénaturer ces mots. Déjà formés par l'esprit, ces mots sortent de la bouche tels des crapauds sur le dos desquels suintent de luisantes pustules.

Lundi dernier, j'ai regardé la fin de l'intervention du président de la République sur l'Europe. Concernant les 25 000 expulsions par an de sans-papiers, Audrey Pulvar demanda à combien d'arrestations fallait-il procéder pour atteindre cet objectif. Le président répondit qu'il ne fallait pas voir les choses comme cela, fit un couplet giscardien sur le monopole du coeur et ne répondit pas à la question que manifestement il ne jugeait légitime. Tout au long de ce dialogue avec la journaliste, il employa le mot "madame" mais ce mot, dans la bouche de notre président, était devenu un marteau, une massue, une insulte. On devinait que ce mot voulait dire "Tu vas la fermer ta ...". Alors que...

mardi 1 juillet 2008

Au frais



Ce matin j'ai appris qu'une étude, très sérieuse, avait mis en évidence que le fait de ne pas porter de cravate permettait de supporter une température ambiante de deux degrés supérieure.

Cette information ne concerne, pour une grande majorité, que les hommes. C'est pourquoi j'ai décidé de mener une étude qui soit utile aux femmes comme aux hommes. Afin de pouvoir mesurer, en période de réchauffement de la planète, le nombre de degrés qu'il est possible de supporter en plus en fonction de ce que l'on met ou pas, depuis ce matin, je ne porte plus de slip. Je sais, certains, suivez mon regard, ne manqueront pas de me faire remarquer que cette démarche manque de rigueur du simple fait qu'il existe des différences morphologiques entre les sexes. Je ne conteste pas ce fait mais il faut raison garder. Car quoi, mis à part deux ou trois détails, c'est la même chose. Comme le dirait Thierry Roland "Si c'est dedans c'est pareil". Ces détails ne peuvent à eux seuls remettre en cause la fiabilité de cette étude.

Je vous tiendrai au courant des résultats.

Angèle



Son premier cri était leur festival
Elle fait aujourd'hui partie de la ribambelle
Et même si le temps nous échappe et cavale
La vie est là et nous ne voyons plus qu'elle

Le souvenir des pleurs, l'espoir des fleurs
Avec son sourire nous oublions nos peurs
Comme une nouvelle naissance en elle
Une lettre prolonge la vie Angèle