vendredi 25 juillet 2008

Correspondance


Après cette première visite, je me suis demandé si j'allais revenir. Il est des questions dont on connait la réponse avant de les poser. Je trouvais pourtant un peu ridicule, enfantin de jouer à celui qui détient un secret, d'aller me réfugier dans un grenier et de découvrir un trésor de papier. Cela ressemblait à un roman d'Enid Blyton ou à l'un de ces feuilletons au romantisme poisseux. J'ai malgré tout décidé de continuer ma lecture. Pour en atténuer le caractère rituel, la fréquence de mes visites serait fonction de mes itinéraires.

"Chère. La vie n'est pas une menace. J'essaye de m'en persuader. Je suis sur la rive du torrent de la vie. Je la regarde passer, couler, se frotter contre les berges. Je sens le courant glisser contre mes chevilles. Comme un enfant, il m'arrive de battre des pieds. L'eau bouillonne. L'écume est emportée et disparait. En ces instants, je me sens vivant ou plutôt je devine ma vie. J'ai souvent l'impression de me réveiller, comme si ma vie se déroulait comme un film et qu'à l'image d'un opérateur je venais de temps à autre vérifier que tout se passe bien, que la bobine ne s'est pas cassée, que le son est toujours syncro avec l'image et je procède, par habitude, à quelques réglages. Bien sûr, j'exagère mais s'impose souvent à moi la question de savoir si c'est bien ma vie. Elle forme un tout. Elle est faite des autres, d'évènements, de rêves, de douleurs, de renoncements, d'espoirs, de visions, de regrets, d'imperceptible, de désirs, de corps . J'ai parfois l'impression que ma vie est un puzzle pour lequel il y a trop de pièces, comme si elles venaient d'ailleurs."

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