lundi 7 juillet 2008

Ric et rac

Ric et rac est une expression, presque des personnages, qui m'a accompagné tout au long de ma scolarité. A chaque remise de copie, à chaque résultat d'examen, de concours, l'angoisse prenait possession de mon esprit, de mon corps. Avant même le verdict, régnait l'odeur du désespoir comme les vautours hauts dans le ciel vous laissent deviner l'agonie de l'espoir. (Je vous le concède, c'est une introduction pompeuse.)

Je n'ai jamais fait partie de ceux pour qui l'angoisse était de savoir si ils allaient avoir une mention bien ou très bien. La seule mention que je voulais lire en face de mon nom était "admis". J'ai passé mon temps à avoir une scolarité dominée par l'appréciation "passable". Je ne tente pas de me faire passer pour le Caliméro des cours de récréation. Pourquoi cet épanchement vous demandez-vous?

J'ai une nièce, charmante, accorte, sensible, intelligente, élève sérieuse de chez sérieux qui tout au long de l'année, chaque jour a travaillé, accomplissant un travail personnel qui ne pouvait que la mettre à l'abri de la surprise, la mauvaise, celle qui provoque l'incompréhension, la honte, la solitude. Comme l'on dit, elle a mis toute les chances de son côté pour avoir son BAC, allant jusqu'à concevoir ses propres cours d'histoire, jugeant que ceux de son professeur manquaient de profondeur, d'analyse, autrement dit trop factuels, une histoire à la Castelot impuissante à étancher sa soif de savoir qu'elle trouva chez Braudel. Pour tout vous dire je n'osais plus parler histoire avec elle.

Vous l'aurez compris, le BAC, qui pour moi s'apparentait au saut à la perche, ne représentait pour elle qu'une marche. Il lui suffisait de ne pas la louper. Et bien voyez-vous, malgré les certitudes qui étaient les nôtres, que nous nous étions forgées tout au long de l'année grâce à un opiniâtre et constant travail, nous avons, une semaine avant les résultats, senti en nous le doute s'immiscer. Nos nuits sont devenues agitées. Chaque matin, nous pouvions constater sur notre visage, qui se reflétait dans la glace de la salle de bain, se creuser les rides de la peur. Nous n'avions plus confiance en nous. Pourquoi ce doute? Elle n'avait pas réussi comme elle le souhaitait, nous disait-elle, il était même possible qu'elle connaisse l'échec. Sa maman ne dormait plus, ne mangeait plus, ne souriait plus, ne... Son papa se réfugiait dans le travail pour que s'éloigne ce qui finissait par devenir une fatalité. Pour ce qui est de son petit frère, il était le seul, à force d'une orientale volonté, à offrir une étrange sérénité.

Le jour arriva, un de ces jours qui prennent leur temps, qui à force de vous faire mariner dans le jus de l'attente, vous transforment en gigot de sept heures, comme dirait Fabienne dans sa belle cuisine. Et puis, n'y tenant plus, par un canal clandestin, tel le vent qui éclaircit l'horizon, la nouvelle nous parvint. Tout ça pour ça, gnagnagna j'ai raté, gnagnagna je ne vais pas l'avoir. Total, c'était jour de fête, le BAC l'avait fait accoster sur la rive de la mention très bien. Nous disons "Chapeau!"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi aussi, j'ai une nièce tout pareil. En revanche, je n'ai pas douté une seconde de son résultat.
Suis-je un mauvais oncle ?

Mention Bien pour l'ainé,
Très bien pour la cadette,
Je n'aimerais pas être à la place du petit dernier à qui je souhaite une bonne année en première