mercredi 2 juillet 2008

Madame

Il est des mots qui sont des marques de politesse, de respect, des preuves de savoir-vivre, d'éducation. Ce sont des mots sans aspérité, aux formes arrondies, qui peuvent être mis dans toutes les bouches. La personne à qui ils sont adressés n'a aucune raison de se méfier. Ils ont plutôt pour objet de mettre en confiance.
Mais il est possible de détourner, de retourner, de dénaturer ces mots. Déjà formés par l'esprit, ces mots sortent de la bouche tels des crapauds sur le dos desquels suintent de luisantes pustules.

Lundi dernier, j'ai regardé la fin de l'intervention du président de la République sur l'Europe. Concernant les 25 000 expulsions par an de sans-papiers, Audrey Pulvar demanda à combien d'arrestations fallait-il procéder pour atteindre cet objectif. Le président répondit qu'il ne fallait pas voir les choses comme cela, fit un couplet giscardien sur le monopole du coeur et ne répondit pas à la question que manifestement il ne jugeait légitime. Tout au long de ce dialogue avec la journaliste, il employa le mot "madame" mais ce mot, dans la bouche de notre président, était devenu un marteau, une massue, une insulte. On devinait que ce mot voulait dire "Tu vas la fermer ta ...". Alors que...

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