lundi 28 janvier 2008

Chronique du matin



Je dois vous avouer que, lors de la dernière chronique, je vous ai menti. Sachez que je n'en suis pas fier. J'ai essayé de me faire passer pour quelqu'un de rationnel, de carré qui ne laisse rien au hasard alors que je suis à l'opposé de cela. Mais pourquoi donc vous ai-je menti? Pour tout vous dire je n'en sais rien. J'ai peut-être voulu vous épater, quoique, réflexion faite, ce serait être épaté par pas grand chose. Il est fort probable que parfois j'aimerais être ce que je ne suis pas ou pour être plus exact, j'aimerais être ce que je suis mais pas tout à fait pareil.

Pour prendre un exemple simple, quelque soit le domaine, je n'ai pas d'ordre et pourtant je ne supporte pas le désordre face auquel je suis capable de réagir en me décidant à ranger lorsque la procrastination se transforme en mauvaise conscience. Dans ce cas, je suis un adepte de deux types de rangement. Le vrai qui répond à l'exigence chaque chose à sa place qui la plupart du temps est un rangement précaire. Le faux quant à lui a pour principal objectif de me donner bonne conscience. Sur mon bureau, quand je ne m'y retrouve plus, je fais des piles de documents, mais ces piles ne répondent à aucune logique, mais cela donne une impression de rigueur, de sérieux. Pour l'extérieur, le bureau semble bien rangé. Le faux rangement me donne une bonne conscience bancale dont je ne suis pas dupe longtemps.

Pour en revenir à la chronique du matin, mon activité dans la cuisine n'est pas rationnelle si ce n'est que je vais aux toilettes pendant que l'eau bout. Je n'essayerai pas de vous faire croire que mon petit déjeuner ressemble à la photo. La prochaine fois nous entrerons dans le vif du sujet en abordant le petit déjeuner et ses à côté.

lundi 21 janvier 2008

Rupture?

J'habite dans une commune de quelques milliers d'habitants dans laquelle le temps passe. Le paysage urbain se modifie raisonnablement. Le local des boulistes a été refait pour tenir compte de l'évolution démographique. Constatant un vieillissement de la population locale, nombre de ralentisseurs ponctuent nos rues ce qui donne plus de temps aux personnes du troisième âge pour passer d'un trottoir à l'autre. Parfois, des rebelles, certainement venus de la rive gauche, viennent taguer les murs de propriétés. Dans l'ensemble, la vie est paisible. Il ne manque qu'une rivière qui doucement traverserait la bourgade.

Le 9 mars, comme tout bon citoyen, je vais aller voter pour les élections municipales et si cela ne suffit pas, j'y retournerai la semaine suivante. Je vais avoir le devoir et la responsabilité de désigner des conseillers municipaux. Comme à chaque fois, je vais voter pour la liste d'opposition qui une fois encore va y rester. Pourquoi ne vais-je pas voter pour la liste du maire? Parce que je ne suis pas satisfait et que je pense que l'autre liste a un projet qui correspond davantage à mes valeurs, à mes attentes.

Si vous pensez que je vais voter pour une liste, pour un projet local, vous avez compris ce qui précède, j'ose même croire que vous l'auriez compris en l'absence d'explication. Pourtant, il semble que certains, et non des moindre, n'aient pas compris. Le 9 mars prochain, je ne voterai ni pour ni contre le gouvernement, je ne voterai ni pour ni contre le président de la République et pourtant d'autres, et non des moindres, ont, pour moi, décidé du contraire. Sans que je le sache, je vais, le même jour, dans la même urne et avec le même bulletin, voter pour la présidentielle, pour les législatives et pour les municipales. Avant même qu'il n'ait lieu, mon vote ne m'appartient plus. Dès 20 heures une seconde les 9 et 16 mars prochains, journalistes, sondeurs et hommes politiques vont se ruer sur mon vote et, sous la lumière des spots, le feront parler, quitte à le disséquer en direct. Il finira froissé sur la moquette des studios.

Ayant traîné pour écrire ce billet, je suis rattrapé par l'actualité puisque notre président a décidé, en définitive, de ne plus prendre part à la campagne. Même si ce n'est pas pour la bonne cause, je ne peux que m'en féliciter.

samedi 19 janvier 2008

Populaire




Le mardi 8 janvier, notre président a donné une conférence de presse. En introduction, il a tenté de définir le concept de politique de civilisation. Je vous avouerais que je n'ai pas cherché à comprendre sa signification. J'ai simplement retenu que ce qui avait été fait avant n'était pas bien.

Je me suis surtout intéressé au passage concernant la politique étrangère. Je tiens à vous prévenir tout de suite, ce qui va suivre pourra vous paraître rébarbatif. Je me suis livré à une étude de texte.

Au cours de sa campagne électorale, celle qui s'est terminée le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy nous avait dit qu'il ne croyait pas, dans le domaine de la diplomatie, en la politique du carnet de chèque qui nous conduisait à perdre notre âme.

"Je dois dire que l’évolution de la Russie ces derniers temps est à mes yeux préoccupante."C'est une phrase que j'ai lu dans un discours de campagne de Nicolas Sarkozy.

Donc, lors de la conférence de presse, un journaliste a demandé si il n'aurait pas été judicieux de s'abstenir de féliciter Poutine pour la victoire de son parti aux élections. Voici ce qu'il a d'abord répondu

"Je crois que c'est parfaitement ridicule de reprocher à Monsieur POUTINE une élection dont la totalité des observateurs internationaux vous diront qu'il est
l'homme politique le plus populaire de Russie et qu'indépendamment des problèmes qu'il y a eu – incontestables – au moment de cette élection, il aurait de toute façon
été élu."

Effectivement, Poutine est le plus populaire comme le fut Staline, ou en France comme l'était Pétain. Cette popularité permet tout, excuse tout, notamment de ne pas respecter la liberté d'expression, d'emprisonner les opposants et de ne pas respecter les règles élémentaires d'un scrutin démocratique.

Il précise ensuite "Il n'y a pas une personne qui connaisse la Russie qui dise le contraire." C'est le type même de phrase gratuite qui est censée, sans débat contradictoire, justifier les propos de celui qui la prononce. Quand il précise "qui connaisse la Russie" il se réfugie derrière les experts, qui seraient tous du même avis, experts que dans d'autres domaines il raille dès l'instant où ils ne sont pas de son avis. En règle générale, son discours repose sur le postulat qu'il n'y a qu'une vérité dont il serait le détenteur.

La phrase suivante "Donc vous me proposez de ne pas féliciter quelqu'un pour une élection dont chacun sait que cette élection était incontournable." s'apparente à la même réthorique. Il décrète que tout le monde sait quelque chose, donc cela justifie son action, la légitime. Tel Big Brother, il sait ce que chacun pense. Il ne fait que traduire notre pensée. Que penser d'un régime qui organise des élections dont le résultat est connu d'avance.

Un peu plus tard, il ajoute "Ce qu'il faut lui reprocher, c'est ce qu'il en fait (de son élection), sur les droits de l'Homme à l'intérieur de la Russie ou sur la Tchétchénie." Ecoutant cette phrase, je me suis dit que j'avais été mauvaise langue, que je faisais un procès d'intention à notre président mais quelques secondes plus tard, il ajoute "Ce qu'il faut reprocher à POUTINE ce n'est pas son élection, c'est ce qu'il en fait, si tant est d'ailleurs qu'il y a quelque chose à lui reprocher sur le fond." Peu importe les moyens mis en oeuvre, puisqu'il serait populaire et qu'il aurait redonné sa fierté à la Russie.

Ensuite, il met en avant la sensibilité de Poutine "Extraordinaire. Voilà qu'on considère comme normal de blesser POUTINE en considérant son élection comme illégitime et les mêmes demandent au même POUTINE, illégitime, de régler les crises du monde." Poutine, qui a fait tuer des milliers de tchétchènes, qui élimine d'une façon ou d'une autre tous ceux qui seraient suceptibles de perturber son ambition,se sentirait "blessé" si son élection était qualifié d'illégitime? Il ne s'agit pas de qualifier une élection mais de s'abstenir de le féliciter. Pour ce qui est des crises du monde, si Poutine était le seul permettant d'éviter une crise, un conflit nucléaire, pourquoi hésiter. La Chine participe avec les USA aux négociations sur l'arrêt du programme nucléaire nord-coréen sans que pour autant soit approuvée la politique intérieure chinoise.

Craignant que son interlocuteur n'ait pas compris, le président poursuit "Mais quelle logique invraisemblable de tous ces donneurs de leçons qui disent :on a besoin de la Russie pour régler les crises du monde – notamment ce qu'a fait Monsieur POUTINE sur l'Iran, qui est positif – et qui dans le même temps disent : il faut le vexer." Il ne conçoit pas que nous puissions penser autrement. Il ne peut s'empêcher de qualifier ceux qui le font. Ici ce sont des donneurs de leçons, ailleurs ce sont des droitsdelhommistes. Lui se permet de nous donner une leçon alors que j'espère que nous défendons les mêmes valeurs. En tant que démocrate et défenseur des droits de l'homme, je me sens légitime à donner la leçon à un dictateur même élu. Qui a dit qu'il fallait vexer Poutine?

Un peu plus loin, notre président termine par "Et cette personne, à qui on demande de faire cela (intervenir en Iran), on refuse de la féliciter pour une élection dont on sait par ailleurs que cette élection, quelles que soient les critiques qu'on peut en faire, était parfaitement certaine et parfaitement légitime." Je ne commenterai pas.

Lors d'un discours de campagne, devant les représentants de son parti, Nicolas Sarkozy avait dit "J'ai changé". A tout prendre, j'aurais préféré qu'il ne change pas. Il provoque aujourd'hui des chocs de défiance.

Si je m'intéresse aux propos de Nicolas Sarkozy pour ce qui concerne la politique étrangère c'est parce que je considère que c'est le domaine où il se doit d'être le président de tous les français, ni de droite ni de gauche. Il nous représente, il représente notre pays et doit défendre nos valeurs communes et non ses convictions personnelles, ses croyances intimes.

vendredi 18 janvier 2008

Rien ou presque



J'étais parti pour ne parler de rien comme l'on ne pense à rien. Aligner des mots, des phrases qui ne seraient rien d'autre que le vide, comme un regard qui se perd dans l'horizon sans rien en discerner. Ne plus penser à rien, ne plus penser. N'être rien, disparaître jusqu'à être effacé de sa mémoire, de la mémoire des autres. Ne plus rien avoir à justifier. Ne plus être qu'une pulsation qui irrigue un corps. Ne plus offrir de résistance, comme l'eau d'un verre qui retourne à la rivière et se dilue dans le courant, comme la poussière que disperse le vent.

J'étais parti pour laisser les mots se glisser dans mes doigts en évitant soigneusement mon esprit de peur d'y être retenus contre leur gré, torturés, déformés. Je voulais laisser mon corps partir, s'enfuir, s'ouvrir sous tes caresses et laisser s'écouler les mots et les sentiments emprisonnés depuis les premiers cris.
Je voulais que ton souffle me découvre, dessine un sourire sur mon visage comme une onde qui trouble l'habitude.

J'ai fini par n'être plus rien, rien qu'à toi.

samedi 12 janvier 2008

De tous les français



Voici un témoignage d'une touchante sincérité d'un militant socialiste adepte de l'ouverture. Jack nous t'écoutons, c'est à toi.

"Je n'ai pas voté pour Nicolas Sarkozy pour qu'il fasse la campagne des élections municipales mais pour qu'il travaille pour notre pays, d'autant qu'il nous a dit qu'il était le président de tous les français, ce que je veux croire.
Je n'ai pas voté pour la majorité pour que les membres du gouvernement consacrent leur temps aux municipales mais pour qu'ils travaillent pour notre pays, car si j'ai bien compris, notre pays a de nombreux problèmes qu'il faut résoudre de façon urgente.

Je suis de ceux qui ont compris que notre président et sa majorité avaient raison et que c'est fort judicieusement que souvent ils nous disent "Je vais vous dire la vérité". Mais d'un sens, comme nous avons bien compris qu'ils détenaient la vérité et ce pour notre bien, il serait aussi bien qu'ils arrêtent de le dire sinon nous allons finir par en douter, comme si eux-mêmes n'en étaient plus certains. Cette vérité est parfois comme un clou qui s'enfonce dans ma tête, mais comme le dit notre président "La vérité est parfois douloureuse à entendre". Ainsi en était-il lorsqu'il me fit découvrir que je n'étais pas moderne et que j'étais un tenant du conservatisme. J'ai longtemps, conservateur que j'étais, contesté les projets de réformes de Nicolas. Notre président nous a apporté la modernité dynamique. C'est vrai que parfois, c'est tellement dynamique que j'ai du mal à suivre ce qui explique sûrement pourquoi il y a une nouvelle loi sur le pouvoir d'achat tous les deux mois. C'est aussi certainement la raison pour laquelle, tous les quinze jours,
notre président fait un discours pour nous expliquer ce qu'il voudrait faire.

Je ne veux pas vous retenir plus longtemps mais je souhaite teminer par ces mots de Takahama Kyoshi:
Le cri du premier corbeau
surprend l'aube
au dessus des bordels"

Merci Jack. J'ai le sentiment que nous serons amenés à vous retrouver prochainement.

J'aurais tant aimé (erratum)




Après discussion en famille, il s'avère que j'ai commis une erreur d'interprétation. Le héros est un fourbe. Il fait croire à ses parents qu'il va s'inscrire à Harvard alors qu'il n'en a pas le moins du monde l'intention.

J'ai peut-être trouvé ce qui explique pourquoi je ne suis pas entré dans ce film, "Into the wilde", en plus du reste. Le héros n'entre pas dans sa vie. Il passe son temps à en sortir. Vous allez me dire que tel est le sujet du film. N'est pas le héros celui que l'on croit.
Le héros officiel ne provoque en moi aucune émotion. Il refuse la possession mais ne se donne pas aux autres. Vous allez me dire, et vous me dites beaucoup de choses, que ce n'est pas le film que je n'aime pas, c'est le héros.

Je ne vais pas en ajouter des tonnes. Souvenons nous de Jeremiah Johnson, Easy Rider...

vendredi 11 janvier 2008

J'aurais tant aimé



Hier soir je suis allé voir "Into the wilde" film de Sean Penn. J'étais dans de bonnes dispositions et muni d'un à priori favorable malgré le petit bonhomme rigolard de Télérama. J'étais parti pour aimer ce film. En règle générale, j'ai envie d'aimer les fims que je vais voir. Comme aime à le dire un de mes beaufs, un film, tu entres ou tu n'entres pas dedans. Il faut voir derrière cette expression triviale la volonté de s'abandonner, de se laisser porter par l'histoire, de suivre le chemin tracé, l'envie de disparaître, de se fondre, parfois de s'identifier au héros et de succomber au plaisir de l'histoire que l'on nous raconte.

L'environnement était favorable. Grande salle, grand écran, bon son, bonne copie, des spectateurs silencieux, bon fauteuil permettant d'allonger les jambes.

Vingt quatre heures se sont écoulées. Vous allez me dire "Attends un peu mon p'tit gars avant de donner ton avis. Laisse décanter". Je vais commencer par vous raconter l'histoire. Comme ce n'est pas un polar, cela ne vous empêchera pas d'aller le voir. Je ferai simplement l'impasse sur la fin.

L'action se déroule aux Etats Unis d'Amérique. Nous sommes invités à suivre le parcours initiatique d'un jeune garçon qui vient d'obtenir son diplôme universitaire, ce qui n'a rien à voir avec "Le lauréat". On peut penser que bon an, mal an, il a jusqu'à ce jour suivi le chemin qui lui était tracé. Il prend même l'initiative de le prolonger par lui-même quand il annonce à ses parents et à sa soeur qu'il a pour projet d'aller à Harvard. C'est un point d'équilibre. On peut imaginer une photo prise à cet instant. Elle fixerait le dernier instant du bonheur familial. Bien sûr, cette représentation serait un mensonge, une dissimulation. Compromis, renoncement?

Et puis, pour une sombre histoire de voiture neuve, qui est la goutte du détonnateur de l'étincelle, le héros abandonne le chemin. Le fait qu'il soit cultivé, sensible, profond, respecteux en fait un américain atypique. Il refuse que sa vie ne soit guidée que par la possession. Il décide de partir et laisse sa famille dans l'ignorance de son projet, son chemin devant le mener en Alaska. Au cours de son périple qu'il accomplit en partie à pieds, il rencontre divers personnages, lie des amitiés, frôle l'amour et atteint l'Alaska. Je vous la fais rapide.
Nous avons le droit aux beaux et grands paysages de la nature sauvage qui impose sa loi. On ne rigole pas avec la nature.

J'aurais tant aimé aimer ce film, j'aurais tant aimé entrer dedans. A l'évidence Sean Penn s'est donné du mal pour faire les choses bien. On sent qu'il est honnête, qu'il a donné le meilleur de lui-même. Malgré tout, ce film m'a laissé indifférent. J'ai ressenti ce film comme une autoroute truffée de panneaux lumineux nous rappelant de façon régulière les messages de l'auteur, au cas où ils nous auraient échappé. L'impression que Sean Penn a eu peur de mal faire et qu'il a suivi le chemin balisé par les standards du genre. C'est un film sérieux, rigoureux et, à y réfléchir, conservateur et bien pensant.

J'aurais tant aimé




C'est nono c'est Noël


C'est avec un peu de retard que vous trouverez ci-dessous un compte rendu du Noël qui a été organisé par le secours populaire pour les personnes qui se retrouvaient seules, isolées ce soir là. Le texte est écrit à la première personne pour lui donner une tournure journalistique, c'est du moins comme ça que j'imagine ce type de tournure.


Le Secours Popul’air de fête

Il était une fois ...la vie, notre vie est faite de ces parenthèses qui nous font voir les choses autrement.

J’étais donc prêt à vous raconter une histoire qui commençait en fin d’après-midi, place Saint Julien un 24 décembre. Nous sommes quatre comme les trois roi mages, guidés par l’envie de faire plaisir, de faire cadeau de notre temps.

Comme cette introduction vous le laisse deviner, c’est un conte de Noël, donc nécessairement enrubanné de bons sentiments, scintillant de bonne volonté et parfumé de sourires bienveillants.

Nous voici donc partis, dans notre carrosse à six roues et aux multiples chevaux, pour, de rendez-vous en rendez-vous, accueillir nos hôtes qui, n’ayant comme nous rien de mieux à faire en cette soirée, étaient en quête de lumière pour que cette nuit éclaire leur mémoire.

Ils sont montés, enfants, parents, femmes et hommes seuls. Et c’est ainsi qu’après le dernier arrêt, nous étions presque au complet. Ce presque a le goût de l’amertume. Je ne pouvais m’empêcher de penser à tous les presque pour qui le 24 ne serait pas le numéro gagnant même si mon voisin me faisait remarquer que nous ne sommes pas indispensables au bonheur des autres.

Voilà que la diversité de notre pays entamait la dernière étape vers Elbeuf, car nous allions fêter Noël à Elbeuf, le rêve de toute ma vie. Tout petit déjà... Il avait fallu attendre plus de deux mille ans pour que cela se produise. Sur le visage de nos passagers pouvait se lire la solennité du moment, l’intensité d’une pudique retenue à plonger dans le bonheur.

Ensuite tout s’est enchaîné. Tel le petit Jésus, Alain, que nous avions perdu dans les ondes de la nuit, nous est apparu en pleine lumière pour, de son anxieuse détermination, nous rassurer sur le bon déroulement de la soirée. Ils étaient en effet tous là, le service d’ordre, les portes, les lumières, le vestiaire, les serveurs, le père Noël, le magicien, les maquilleuses, le monsieur Loyal, la personnalité représentative du canton et la scène.

Après avoir fait disparaître les derniers reliefs des différents plats et laissé quelques fourmis sur la piste de danse, petits et grands, comme disait Jean Noain que les moins de cinquante ans..., chacun reçut un cadeau.

Après être tous remontés dans le car, j’ai compté et recompté, nous sommes repartis, laissant la lumière derrière nous. Si nous avons vu des sourires, entendu des rires, vu des enfants courir, nous ne pouvons oublier que nous n’avons fait qu’étirer le temps entre le passé et l’avenir pour y glisser le partage, la solidarité, pour nous rapprocher. Je garde à l’esprit l’image de cette mère seule repartant, dans la nuit, avec ses quatre enfants. Comme me disait mon voisin, ce n’est pas tous les jours Noël !

mercredi 9 janvier 2008

Chronique du matin

J'ai constaté avec surprise que la dernière chronique du matin remontait au 7 octobre dernier. D'autres ont été publiées depuis mais elles appartiennent à la sous-catégorie "plaisirs" qui est à la chronique du matin ce que la circulaire est à la loi (peu clair).
Lors de la dernière chronique je me suis laissé au rez-de-chaussée, entre deux portes, à gauche celle des toilettes et à droite celle de la cuisine. Je suis donc à nouveau face à un choix dont les deux termes ont à voir avec les exigences du corps. Pour tout vous dire, j'effectue toujours le même choix. Je pénètre dans la cuisine. Ce choix, qui dans la réalité n'en est pas un, doit répondre à l'exigence "toute décision se couple avec une action en cours". Un exemple pour vous faire comprendre.
J'entre dans la cuisine, j'allume la lumière, là encore c'est un choix mais je ne m'y attarde pas. Je saisis la bouilloire, la remplis, la repose sur son socle, appuie sur le bouton. Il y a bien sûr des matins où j'oublie d'appuyer sur le bouton ce qui est d'ailleurs curieux. Si je dépose la bouilloire sur son socle c'est pour obtenir de l'eau chaude et pour ce faire je sais que je dois appuyer sur le bouton, alors pourquoi vais-je oublier, qu'est-ce qui distingue un matin où j'oublie d'un matin où j'y pense. Puis-je déceler un signe annonciateur qui me permette de me dire "Attention mon p'tit gars, toi t'es parti pour oublier d'appuyer sur le bouton."

Je reprends donc l'explication de "toute décision se couple avec une action en cours". Pendant que l'eau est partie pour bouillir, je vais, par exemple, aux toilettes. Si à mon retour, l'eau n'est pas encore prête, je sors les bols et tout le toutime. Ensuite, je verse l'eau et pendant l'infusion je vais me raser et ainsi de suite. C'est en quelque sorte comme si je me conformais à un cahier des charges. On peut dire que je suis certifié ISO 9999. Je fonctionne en juste à temps.

A l'aise



Il y a quelque temps de cela, je vous avais invité à participer à un jeu qui consistait à me donner le nom du propriétaire d'une paire de savates quelque peu défraîchies, jeu dont le premier prix était, je vous le rapelle, un voyage d'un mois pour deux aux Etats Unis. A ma grande surprise, je n'ai reçu qu'une réponse, celle de ma femme. Le règlement étant très strict sur ce point, ce prix ne pourra être remis en jeu et sera donc, à mon grand regret, remis à l'unique participante en présence de maître Jaunace, huissier de justice.

Vous aurez remarqué ci-dessous que le propriétaire de celle du dessus a fait l'acquisition de nouvelle savate, tout fier qu'il était, de me les montrer. Il est à noter qu'en cette période de prise de conscience écologique, l'heureux propriétaire des savates neuves a transmis les anciennes à son fils aîné qui lui même... Le patrimoine est aussi citoyen.

Afin de prolonger le plaisir, je me suis livré à une étude comparée des deux paires de savates.
Sur la photo ci-dessus on peut remarquer que le gros orteil du pied droit ressort de façon significative, alors que le gauche, comme timoré, ne montre que le strict minimun. J'en ai ainsi conclu que la savate droite était trop petite car le corps humain n'engendre jamais de telles différences pour deux membres de même nature (je voulais enchaîner avec une grosse blague salace mais je n'ai pas trouvé la bonne tournure. Je devine votre déception.). Par contre, si vous observez avec attention la nouvelle paire, vous remarquerez que cette fois, c'est la savate gauche qui est trop petite, le talon du pied gauche reposant pour partie sur le carrelage.

Il ne vous aura pas échappé par ailleurs que sur la photo du haut, l'heureux propriétaire des savates porte un pantalon manifestement trop grand pour lui, alors que sur celle du bas, il est légitime de se demander si il n'a pas échangé ses vieilles savates contre le pantalon de son fils.

A la lumière de tous ces enseignements, j'ai décidé de lancer une souscription afin que A.D, c'est un indice, puisse, à l'avenir, faire l'acquisition de vêtement à sa taille.

vendredi 4 janvier 2008

Boomerang



Il est fort possible que cette information ait échappé à la majorité d'entre vous. Il est vrai que notre soif de savoir ne sait où donner de la bouche tant les sources sont nombreuses.

Vous n'êtes pas sans savoir que, tel le vent soufflant sur les grains de sable, sans cesse le désert de la misère avance. Selon les continents, selon les pays, elle est plus ou moins discrète. Si l'on prend l'exemple de la France, nous n'ignorons rien d'elle. Comme tout pays développé nous disposons d'outils statistiques qui nous permettent de connaître les moindres détails concernant nos pauvres et ce depuis des dizaines d'années. Nous sommes capables, sur simple demande, de connaître les carences alimentaires des pauvres et leurs conséquences comme le nombre de caries dentaires par pauvre, le nombre de mètres carrés par squat... Ces ressources statistiques sont devenues un patrimoine que le monde entier nous envie.

Notre pays n'ayant rien à cacher, ces précieuses données peuvent, à l'aide des moyens modernes de communication, nous ne smmes pas à l'abri d'une utilisation malhonnête du remarquable travail de nos statisticiens.

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, les membres d'une association caritative africaine tchado-somalienne, dénommée le radeau de la cambuse, je vous laisse apprécier l'humour, ont été interpellés au moment où ils allaient quitter le territoire français à bord d'un avion dans lequel avaient pris place 200 enfants. Le directeur de cette association a, au cours de sa garde à vue, affirmé qu'il agissait dans le cadre d'une mission humanitaire dont l'objectif était de faire recueillir par des familles africaines des enfants français dont les familles sont trop pauvres pour subvenir à leur besoins vitaux, étant bien entendu que ces enfants seraient rendus à leurs parents dès l'instant où la situation en France serait normalisée.

Après enquête de la police de l'air et des frontières, il est apparu que ces enfants n'étaient pas français mais de diverses autres nationalités, mettant en évidence que cette association avait trompé les autorités françaises.

En réponse à ces accusations, le directeur du radeau de la cambuse, M Jéricho, on croit rêver, a argué qu'il avait été trompé par un intermédiaire local qui aurait été identifié comme étant le responsable d'une officine spécialisée dans le transport de clandestins par charter. Selon nos sources, l'identité de cet individu ne ferait plus aucun doute. Il s'agirait du dénommé Brice Hortefeux.

jeudi 3 janvier 2008

Plaisir (délicieux) 2ème partie



Muni de ma carte bleue et de ma légéreté, je plonge dans cet océan à la surface scintillante. Contrairement à ce que d'aucuns pensent, des puristes, il n'est pas nécessaire de posséder une conscience politique pour être un rebelle de la consommation. Il est par contre important de savoir qu'il est possible que vous finissiez par en acquérir une. Au début, elle pourra vous paraître encombrante, contraignante, rabat-joie, pourvoyeuse de mauvaise conscience. Rassurez-vous, on en prend vite la mesure. La conscience politique est comme toute chose, flexible et adaptable.

En règle générale, si j'ai le choix, je préfère être rebelle en centre ville car les centres commerciaux ont comme premier effet de me déprimer. J'ai rapidement l'impression d'être Patrick McGoohan dans le prisonnier, surveillé par les caméras et au moment de quitter le centre commercial, sourire aux lèvres, un gros ballon blanc engloutit ma voiture et je me retrouve cloué dans un fauteuil face à un écran sur lequel je me vois déambuler dans les rayons pendant que, dans mon dos, une voix me dit "Voyez-vous, numéro cinq, vous êtes libre, libre de ne pas acheter mais nous ne pouvons pas vous laisser dans l'illusion de la satisfaction qu'apporte cette liberté. Nous n'avons pas aménagé des milliers d'hectares, construit des centaines de magasins, aménagé des dizaines de kilomètres de rayons, rassemblé des millions de produits pour que, ne serait-ce qu'un seul individu, puisse rentrer chez lui heureux de n'avoir rien acheté".

Je suis donc en centre ville et je passe d'un magasin à un autre, d'un rayon à un autre. Je prends le temps de comparer,je demande au vendeur si il y la taille supérieure, si le modèle existe en rouge, je demande où se trouve la cabine d'essayage, je sollicite l'avis de la vendeuse que je préfère à celui du vendeur et j'aime l'entendre me dire "Tournez-vous pour voir. Non, je vous assure, il tombe très bien. Sinon, j'ai ce modèle qui nous est rentré de ce matin". Ce que je viens de vous décrire correspond à la première fois pour ceux qui aiment le risque et pour ceux qui ont besoin de prendre de l'assurance, il est préférable d'attendre avant de se lancer dans un test grandeur nature. Si vous craquez, surtout ne renoncez pas, toute tentative est un pas vers le plaisir.

Une fois cette étape passée, une fois m'être prouvé que je peux résister, je marche simplement dans les rues pour retrouver cette sensation de légèreté, comme si je reprenais ma destinée en main et je peux, de façon ostentatoire, ne pas consommer.