samedi 31 décembre 2016

Un soir au concert


Le titre ne correspond pas à la réalité. C'était bien le soir et il y avait bien un concert. A l'origine, j'avais prévu d'aller aux trois pièces pour la première partie, assurée par Boum Boum, et, mu par ma curiosité insatiable, accessoirement pour la deuxième partie, assuré par surfing rogers et loolie. Pour des raisons amicalo-culinaires je suis arrivé en retard. Tellement en retard que, tentant de me frayer un chemin au milieu de la foule, fort marri, je constatais que Boum Boum ayant fini d'exploser, remballait amplis et instruments. Apercevant Jorge qui, coiffé de son bonnet à pompon, nous honorait de sa présence, je l'interrogeai sur la prestation de Boum Boum. Ce qu'il fit, bien que lui non plus n'ait pas assisté à la prestation.
Ensuite Loolie est arrivée, précédée du saxo. Je n'ai jamais été aussi près d'une chanteuse en action. Pour autant et contrairement à la rumeur répandue par jorge, je n'avais pas pour Loolie les yeux du loup de Tex Avery quand il aperçoit la pin-up. J'ai tout autant regardé le guitariste, le batteur, le saxophoniste, qui soit dit en passant n'arrive pas à la cheville de Bibiss. Comme je suis parti avant la fin je ne porterai aucune appréciation sur la prestation de Loolie et de ses acolytes.

jeudi 29 décembre 2016

Amen

Je ne saurais dire comment cela est arrivé. En revanche ce dont je me souviens de façon certaine, c'est de la date. Le 24. Le 24 décembre. Pour être plus précis, le 24 décembre au soir. L'endroit où je me trouvais, une église, n'avait en soit rien de surprenant un jour pareil. C'était même plutôt conventionnel. Pas me concernant mais sur le principe. Par respect des traditions, par conviction, par goût du spectacle. A priori par erreur pour moi. Je ne m'étais pas introduit dans une église depuis des temps immémoriaux. Ce souvenir n'est plus disponible. Toujours est-il qu'en cette soirée du 24 j'y étais. Assis sur un banc. Seul. Les lumières n'étaient pas encore allumées ou elles étaient déjà éteintes. Seul le Christ sur sa croix était éclairé. D'une naturelle lumière descendante. Il était vêtu d'une couronne, probablement faite d'épines et d'un simple morceau de tissu. Seul à ne pas être dans la pénombre, mon regard se porta vers lui mais sans lui porter une attention particulière. Le lieu aurait voulu que je me recueille, que je
prie, que je m'interroge sur le sens de la vie. Mais rien de tout cela. Je ne ressentais en moi aucune conviction particulière. Je me laissais porter, corps et âme, au milieu de rien. Puis, peut-être par ennui, je me mis à le scruter et finis par n'avoir d'yeux que pour Jésus. A bien y regarder, il était pratiquement nu. Un léger souffle aurait suffi à le dévoiler. J'essayais de m'imaginer ainsi vêtu sous le regard des paroissiennes un dimanche de Pâques. Un léger sourire me parcourut les lèvres. La lumière semblait glisser sur le corps du Christ. Le corps du Christ. Cette expression habituellement psalmodiée à longueur de célébrations pris une autre dimension. Baignant dans les contrastes de son exposition, ce corps révélait ses formes, sa musculature, sa puissance. Jésus se révélait avoir un corps d'athlète qui laissait deviner une souplesse prometteuse. Bien que dans une position inconfortable, il émanait de sa posture une langueur qui n'avait rien de monotone mais qui laissait transparaître une langueur troublante. Sans trop comprendre comment, je me retrouvais au pied de la croix. Le corps du Christ. Pour la première fois, je prenais conscience de ce corps. Combien de fois l'avais-je accueilli sur ma langue, le laissant se mêler à ma salive et gonfler dans ma bouche pour finir par l'avaler. Une envie subite de communier émergea. Une envie qui s'extirpait de mon inconscient. J'étais maintenant à genoux. Un désir encore timide se répandait en moi. Parcouru d'un frisson, je me souvins que, de son vivant au moins, Jésus aimait les hommes.  

mercredi 28 décembre 2016

Dans le métro


Ce matin dans le métro, je n’avais rien d’autre à faire que de regarder autour de moi à la recherche de ce qui pourrait susciter mon intérêt, éveiller ma curiosité encore figée dans le froid matinal. C’est ainsi que sur ma gauche, chacun la sienne, je vis un homme, dont le profil émergeant d’une capuche laissait présager de sa jeunesse, qui lisait. Il lisait ce que l’on appelle communément un ouvrage. Dans le cas présent un ouvrage traitant d’économie. Comme ça, le matin, alors que les derniers relents de toutes les nuits flottaient encore dans l’habitacle. Livre ouvert, il lisait. Je jetai un coup d’œil sur les deux pages qui s’offraient à mon regard. A l’évidence, il venait d’entamer un nouveau chapitre. Bien que non chaussé de mes lunettes, je parvins à lire le titre du chapitre : « Economie sauvage et capitalisme, un bilan possible ». Je rangeai discrètement mon Picsou magazine.

mardi 27 décembre 2016

Waf Waf

Toi et moi
N'existe pas
Dis pourquoi
Dis le moi

Encore une fois
Dernière fois
Que pour moi
Cette fois là

Un chien las
Aux abois
Loin de toi
Pattes en croix

Tu m'aimes pas
non même pas
Tu t'en vas
Tout là-bas






lundi 26 décembre 2016

Vynil

L'âme se fane dans l'exil fade d'un soir. Les voix se perdent dans l'épaisseur du silence. L'éclat de la nuit enveloppe les rêves. Des fragments dévoilent les désirs. Aux alentours des amours, les regards se cherchent. Dans le trouble des lueurs, les visages frêles se désagrègent. Les accords s'évanouissent sous les doigts. Le diamant tressaute dans le rayon rayé. Encore et encore le corps du délit se délite.



Sachez

Nous accomplissons parfois des gestes dont nous ne mesurons pas les conséquences, souvent parce que ces conséquences se passent ailleurs, loin de nous et que nous ne voulons, accessoirement, pas les voir ni les entendre. La viande est l'exemple médiatisé le plus éloquent. Mais parfois la conséquence est là, toute proche, à portée de l’œil et de l'oreille
Cette profonde réflexion m'est venue alors, qu'assis au petit matin (existe-t-il des grands matins?) dans la cuisine, d'un regard bovin je fixais mon bol encore vide. Dans mon dos, une flamme mêlant le bleu et le jaune caressait le cul de la bouilloire. D'une main incertaine, je pris et déposai au fond du bol un sachet de thé. Avec une intensité inhabituelle, je fixai ce sachet. Je sentis naître en moi un sentiment que les brumes du sommeil ne me permettaient pas encore d'identifier. Le bruit de l'eau frémissante me sortit de ma torpeur. Je m'apprêtai à verser l'eau fumante lorsque, telle une fulgurance qui vous épuise pour le restant de la journée, je pris conscience que j'allais ébouillanter mon sachet de thé. Je suspendis mon geste. Il était là, tout au fond du bol, confiant et fier d'être ce qu'il était. Sans trop savoir comment cela avait pu naître en moi, je ressentis de la tendresse, de l'empathie pour ce sachet. Et c'est avec un sentiment de culpabilité que je pensai à tous ses congénères que j'avais sans pitié ébouillantés. Honteux, je reposai la bouilloire et attendis que l'eau revienne à une température plus douce. C'est ainsi que je bus un thé tiède.

dimanche 25 décembre 2016

Oui


Dopamine, ocytocine, vasopressine... étape par étape, ce qui se passe de chimique (et plus !) dans le cerveau de celui ou celle qui tombe amoureux.
Qu'est-ce que l'amour ? Une émotion, un sentiment... Intouchable, intangible, volatile. Pourtant, il déclenche un milliard de petits séismes chimiques qui font suite à l'activation de certaines zones dans notre cerveau....
franceculture.fr

samedi 24 décembre 2016

Un soir au cinéma

Un film hors du temps. Ou presque. Un poète marié, chauffeur de bus à Paterson dans le New-Jersey. En plus du bus, on trouve comme autres accessoires un chien, une chambre, une ancienne usine, des jumeaux, un carnet, une boîte, une chute d'eau, des cupcakes, des créations textiles et l'humour.
Ce pourrait être la chronique d'une vie ordinaire avec ses habitudes, ses lenteurs, ses imprévus. Des imprévus qui pourraient bouleverser mais qui ne bouleversent rien. Peut-être une légère contrariété comme une imperceptible vague qui disparaît dans le sable. La vie de cet homme, qui pourtant baigne dans une certaine nostalgie, semble un présent sans fin. La modernité fait quelques apparitions mais se fait discrète. Dans son bus, lui en fin de vie, les gens se parlent. Se parlent du monde à proximité. Comme on me le faisait remarquer, personne ne regarde son portable. Chacun regarde l'autre. Le monde ne s'est pas figé à Paterson. Nous découvrons simplement un autre monde. Un monde dénué de vitesse, de précipitation, d'urgence, d'impératif, de performance, de prévision. Un monde où aujourd'hui ne se laisse pas grignoter par demain. Un monde de poésie née de l'observation, du présent.
J'avoue que je me suis interrogé à propos de la vie de ce couple. Elle, un peu à l'Ouest, en lévitation. Lui bienveillant, dans l'harmonie. Elle dort nue, lui vêtu d'un tee-shirt et d'un caleçon. Bah voilà, respectueux de l'intimité de chacun, je n'irai pas plus avant.
J'allais oublier. Malgré ce que j'ai raconté précédemment, ce film contient une scène d'une extrême violence mais pour maintenir le suspens je n'en dirai pas davantage. Il faut rester jusqu'à la fin.
Pour terminer, je me suis souvenu du film d'Alain Resnais "Providence" sur l'affiche duquel était écrit, en substance, on va le voir une première fois pour le plaisir et on va le revoir pour le plaisir. Pourquoi pas pour Paterson?

vendredi 23 décembre 2016

Un soir au cinéma

Hier soir, car nous étions bien hier soir, alors que le ciel gris disparaissait dans le noir de la nuit, accompagné de trois femmes au demeurant charmantes, je suis allé voir Manchester by the sea. Homme bourru et ronchon, je n'ai pas pour habitude de m'émouvoir pour un oui ou pour un non. Mais là. Mais là, je confesse que j'ai été bouleversé.

Être dans une vie tout en regardant la vie passer. Être hors de sa vie. Être quelqu'un d'autre. Ou ne plus être personne. Pourquoi faudrait-il surmonter l'adversité? Pourquoi faudrait-il être fort? Pourquoi faudrait-il vaincre? Quand ce que nous sommes a disparu, quand ce qui faisait battre notre cœur est hors d'atteinte. Déposer sentiments et émotions sur la berge, pour les retrouver plus tard, et se laisser dériver. Chacun de nous est le seul à savoir, même confusément.
 
L’histoire ? Aux Etats Unis, un homme de tous les jours qui aime sa femme et ses trois enfants. Ses enfants meurent dans un incendie dont il s’estime responsable. Il devient factotum dans une résidence et vit seul. Ses relations avec les autres sont brutes voire violentes. Par quelque flash back on le découvre. Au contact de son neveu dont le père vient de mourir, il s’approche à nouveau de la vie. Il la frôle et se laisse apprivoiser. Il ouvrira peut-être les bras. La vie est patiente. Après avoir hésité, il accepte de prendre soin de son neveu, qui n'est pas dénué d'humour. Il nous reste toujours quelque chose à donner. 
J'ai bien conscience de n'avoir fait que frôler ce film.
La musique est le seul bémol. Pour certaines scènes, elle veut par trop provoquer notre émotion. Mais cette réserve n'est que très mineure.

mercredi 21 décembre 2016

Un soir au cinéma

Donc dimanche après-midi (pas raccord avec le titre) en compagnie de Jorge, je suis allé voir Bacalauréat. Je savais ne nous n'allions pas rire ni même sourire. C'est effectivement ce qui s'est passé. L'histoire? La vie ordinaire. La vie ordinaire en Roumanie. La corruption tout le temps. La corruption partout. Une sorte de corruption de père de famille. Familière. Sans violence apparente. Une corruption qui corrompt lentement, inexorablement. Une corruption qui aspire avec application votre morale, votre idéal, votre fierté, vos convictions pour les remplacer par la honte, le désespoir, le renoncement, la lâcheté. Une vie ordinaire dans laquelle on peut finir par s'engluer, qui étouffe l'honnête homme, le père qui aime ses enfants. Une vie qui finit par vous échapper. Ne reste plus dans le terrain vague que la solitude tapie au fond du trou. Il y aurait encore beaucoup à dire. Que je suis persuadé que l'amour les sauvera si ce n'est déjà fait.
Quoi qu'il en soit, je vous conseille ce film. Sobriété des acteurs. Mise scène sans esbroufe. Jamais le trait n'est forcé. Le rythme lent de l'inexorable qui précipite l'homme ordinaire dans le magma de la médiocrité. A plusieurs reprises j'ai silencieusement crié au héros non ne fais pas ça, arrête tes conneries. Pense à ta fille. Nous avons toujours le choix. J'aime le croire. Mais rien n'y a fait. Il demeure malgré tout un homme doté d'une conscience. Peut-être est-ce son châtiment.  

Journée mondiale de l'orgasme

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Merveilleuse vie de famille (à compléter avec les autres membres de la famille)


Si ta mère est une salope
Si ton père est un enfoiré
Si ta femme est une pute
Si ton mari est un enculé
Si tes enfants sont des branleurs
Partage

lundi 19 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, bien accompagné, je me retrouvais à l’Almendra où piquant, JOAD revisitait. Revisitait nos souvenirs musicaux comme on reprise une vieille chaussette à laquelle on tient en y apportant son doigté, sa texture,  sa couleur. Tout en écoutant cette musique avec mes oreilles de vieux, me revenait en mémoire cette époque qui laissait entrevoir au travers des déchirures des jeans et des éclats piquants des épingles  les premières vagues de désenchantements. Avec la sortie en 80 du 33 End of the century des Ramones, qui n’a pas donné lieu à une reprise, je faisais la découverte du mur du son, version Phil Spector. Et bien hier soir, pendant deux heures, à quatre mètres de mes tympans, s’est élevé un mur du son. Si avec chaque titre j’effectuais un retour en arrière, il n’y avait pas moyen de prendre du recul. Les décibels décimaient bel et bien.  Si, compte tenu des lacunes qui sont les miennes, beaucoup de morceaux ont été une découverte, beaucoup d’autres ont dans la seconde de leur écoute provoqué un fredonnement, un balancement, un rythme frappé du pied. La vitesse à laquelle nous sommes capables de reconnaître un titre parmi des milliers d’autres m’étonne toujours. Les Stones, Supergrass, que tous ne mettent pas au-dessus d’Oasis et autres Blur, Led Zeppelin, Police, Beatles, Portishead ont notamment été repris en quatrième vitesse. Des invités, des blagues à deux et même parfois trois balles, l’envie de faire et de se faire plaisir m'ont fait passer une bonne soirée. Mais, car mais il y a, ce mur du son a englouti, étouffé des voix, retirant à certaines chansons leur profondeur, leur poésie. Ceci dit, quoi qu’il en soit, merci pour tout et pour le reste.

dimanche 18 décembre 2016

Tout près

Tout près d'ici 
Tout s'est fini
 Reste l'infini
 D'une dernière nuit

 Tout près si près 
Dans le secret
 De ton sommet 
Mourir après

 Tout près d'elle
 Empire cruel
 Je bats de l'aile
 D'un amour frêle

 Tout près du cœur
 Déjà fanée meurt
 La dernière fleur
 Encore m'effleure

 Tout près du vide
 Le regard livide
 Ta bouche avide
 Encore m'évide

 Tout près ton corps
 Qu'un rien déflore
 Tu me dévores
 Ma petite mort

 Il ne reste plus rien
 Que les malheurs d'un chien
 Il ne reste plus rien
 Plus rien qui me retient

samedi 17 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, je me suis retrouvé au Walking Seine Pop Festival, premier du nom. Le courant apaisé de la musique m'a fait dériver le long des méandres, porté par les mi, les si et les sol, si j'ai bien compris. Je me suis miré dans les flots accueillants de la pop, loin de la musique d'excités qui nous fracasse les tympans. Installé dans le canapé, dans le calme et la sérénité, je me suis laissé bercer. Comme le dit mon ami le cordonnier, il y avait des pointures. Guitaristes, chanteuse et chanteurs et un couteau suisse de la percussion aux airs de Calvin Russel. Des mélodies, des voix, de l'harmonie. On aura notamment reconnu José et Jorge. Une soirée des plus agréables. Une soirée pendant laquelle on laisse le temps de côté, on rit aux blagues rigolotes de sa voisine entre deux chansons. Une soirée peuplée de créations et de reprises. Donc, très agréable moment, merci pour lui. Côté technique je n'ai pas compté moins de 5 ingénieurs du son, intervenant d'abord avant chaque set, puis entre chaque chanson et pour finir entre chaque note. A n'en pas douter, des cadors de la balance. Le tout dans un cadre un peu frais pour la saison mais certainement nécessaire pour maintenir la bière à bonne température puisque nous nous étions accueillis à la Cave à bière. Je salue Stan et Olivier pour l'organisation empreinte de cette légèreté qui souligne la fragilité de toute œuvre qui naît de la passion et du plaisir. Je reviendrai non pas à Montréal mais au Havre. Encore merci pour tout et pour le reste.



mercredi 14 décembre 2016

A peu près

Je me suis souvent gaussé de la syntaxe approximative, voire de son absence, d'un ancien président de notre République et qui avait vocation, contrariée, à le redevenir. Ce n'était de ma part pas très original ni très charitable. Disons-le tout net, mon attitude était mesquine. Cet homme n'a pas fait les grandes écoles. Il ne lit pas, ce qui l'a empêché d'apprécier la Princesse de Clèves. Il côtoie principalement des personnes qui ont dû choisir entre apprendre à compter et apprendre à lire. Un environnement peu sensible aux subtilités syntaxiques et lexicales. Je peux donc lui reconnaître , au moins dans ce domaine, des circonstances atténuantes.
Je me disais qu'en revanche il n'en serait pas de même avec notre gentleman farmer de la Sarthe, homme d'une rigueur distinguée à l'élégance toute châtelaine. Alors, quelle ne fut pas ma stupéfaction et ma profonde déception lorsque je l'entendis ainsi s'exprimer :
« Je pense que c’est une méthode qui est efficace […] et qui est juste, parce qu’au fond les personnes qui ont des revenus un peu plus importants, eh bien elles peuvent quand on va à la pharmacie acheter quelques médicaments de confort, les payer directement. »
N'ayant pas compris le sens de ses propos, je n'émets aucun jugement sur le fond.

Disparition


Pleine


A la croisée des chemins


dimanche 11 décembre 2016

Un soir au cirque

Bien sûr, quand j'étais petit je regardais la piste aux étoiles. Roger Lanzac en noir et blanc (l'heure n'était pas à la diversité, je ne sais même pas si le mot existait) avec ses poches sous les yeux. Les étoiles devaient certainement être dans mes yeux. Bien sûr, une fois Pinder s'était installé sur la place. Bien sûr, j'avais tanné mes parents pour y aller. Bien sûr, mon père, qui à l'occasion n'était pas dénué d'humour, me demanda d'arrêter mon cirque. Bien sûr, j'avais pleuré, du moins je crois. Bien sûr, le cirque continua d'exister dans ma mémoire comme l'expression d'une culture populaire venue d'ailleurs. Mais bon, tout cela ne fait pas une passion.
C'est donc avec surprise que je me suis retrouvé sous le chapiteau du cirque Romanès pour découvrir leur spectacle "Voleurs de poules" . Spectacle sans animaux, sans clowns, sans monsieur Loyal, sans matériel hollywoodien. Beaucoup de sans allez vous me dire. Oui, mais c'est sans compter tout le reste. Et quand le reste fait un tout, il ne manque rien. Je ne vais pas rentrer dans le détail. Des jongleuses, des jongleurs, des danseuses, des danseurs, des acrobates, des acrobates, une trapéziste, un trapéziste,  des chanteuses, des chanteurs, des musiciens (pas de musiciennes). Les numéros se succèdent sans temps mort. Tout est vivant. Cela donne l'impression, pour certains numéros, que l'artiste arrive sur la piste en vous disant "bah, t'nez, pendant que vous êtes là, regardez c'que j'sais faire". L'ensemble est une poésie, une poésie dont les rimes seraient choisies au dernier moment avec toutes les assonances que l'on oserait pas. Le cirque Romanès ne nous propose pas l'obsession du parfait, de la performance. Il nous offre de la joie, du "voilà comme nous sommes", du presque rien avec pas grand-chose, du grandiose qui tient dans les yeux, de la sensualité, de l'étonnement, un body rouge mais pas de poules.
Pour parler bobo, hier soir j'ai assisté à du cirque de proximité qui vient de loin.

samedi 10 décembre 2016

Un soir au concert

Donc hier soir, pour écouter LT/BR je me suis retrouvé au JV CLUB, première première fois de la soirée. Comme je suis un garçon prévoyant, je me dis concert à 21h, j'arrive à 20h30 histoire de me mettre dans l'ambiance, de boire quelques bières et de voir s'il n'y aurait une ou deux choupinettes en quête de tendresse (hola, c'est pour rire, je n'aime pas les choupinettes). Je pousse la porte et là, personne. Un léger frisson d'inquiétude me parcourt l'échine. Comme je suis un garçon qui doute, je me dis tu t'es trompé de jour, d'endroit, d'heure. Et puis non. C'était bien là, sauf que l'horaire indiqué était fantaisiste. Et c'est ainsi que pendant que les musiciens terminent leurs pizzas, je m'installe avec une bière dans un canapé vermillon et j'attends.
Et là, autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas un fan des tributes. Et vous allez me dire, t'es allé voir combien de concert de tribute mon gars? Aucun, mais il n'empêche. Et puis je n'ai pas à me justifier à tout bout de "chant" (j'ai mis des " pour bien monter que c'est un jeu de mot au cas où il y aurait des hardrockeux dans les lecteurs).
Et puis, cartons à pizza vides comme toutes les bouteilles de vin, les musiciens font leur entrée sur scène. Le public, qui, lui, sait que 21h veut dire 21h45, prend place. On se fait la bise. Tout le monde se connaît. Pour ce qui me concerne, je ne connais personne et je ne fais la bise qu'à Loïc, une de ces bises rêches ponctuée d'une claque dans le dos. Basse-batterie, le concert commence et je me souviens de ma première rencontre avec AC/DC.
Nous sommes en 1978 à Paris. C'est à peine si je sais où se trouve l'Australie et je n'ai pas encore entendu parler de Mad Max. Histoire de ne pas repartir les mains vides j'entre dans un magasin de disques sur les Champs Elysées . Je farfouille dans les bacs. Les pochettes défilent. Darkness on the edge of town, Parallel lines, This year's model, We are Devo, Stained class, Van Halen. Et sans que je sache pourquoi, mon choix se porte sur la pochette pourrie de Powerage. Rentré à la maison, je mets le truc à fond sans savoir. Bon Scott me laisser sans voix.
Et nos cinq gars de LT/BR, je verrais bien une fille au violon, enchaînent les titres. Chacun reconnait ses morceaux fétiches. J'attends Big balls en vain. Des solos, une rythmique de bronze qui ne coule pas au premier coup de chaud, une voix qui ne s'embarrasse pas de nuances et autres fioritures, un guitariste à la corde fragile qui montre la voie et parfois s'échappe. Voilà, c'est du carré. Vous voulez du AC/DC. En voilà. For those about to rock we salute you.


Le rock est dans le pré

Hi sisters and brothers

S'annonce le rock est dans le pré, 5ème du nom. Si le rockeur peut mourir, paix à son âme, le rock lui ne meurt jamais. Le rock est partout et ailleurs et le 24 juin prochain il sera dans le pré. Un rock verdoyant, un rock bucolique, un rock du terroir. Autrement dit, un rock'n green. Encore une fois, nous avons opté pour la proximité, les courts circuits pour vous électriser. Cette année, le rock dans le pré, pas sectaire, accueillera des groupes du littoral, des groupes de la campagne et des groupes de la ville. Des voix, des guitares, des violons, des batteries, des cuivres, des claviers, de l'herbe (verte) pour un "Festival de pote-rock".



vendredi 9 décembre 2016

mercredi 7 décembre 2016

Matin

Ce matin. 6h. La radio se met en route. Des voix. Les yeux s'ouvrent et scrutent le noir. J'attends. Une à une les minutes se diluent. Je me lève et je ne bouscule personne. La nuit ne me retient pas. Il suffirait pourtant d'un rien. Je baille dans l'espoir qu'elle comprenne. Peine perdue, sans joie. Quitter la couche pour rejoindre la douche. Mon corps recolle au monde. La suite s'enchaîne. Comme des maillons qui mènent à la raison. Le couloir. L'escalier. La salle de bain. La cuisine. Dans tous les sens. Sans signification particulière. De passage dans les entre-deux. Comme j'aimerais être entre deux. Faute de mieux, j'enfile les chaussettes et le jean. Je trempe la biscotte. Je n'ai pas lassé mes chaussures. J'en ai marre. Choisi ma chemise dans le noir. Je tombe toujours sur celles à qui il manque des boutons. Hier soir, je m'étais dit et puis... Je ferais mieux de ne plus me parler. La porte se referme. Mes pas dans l'allée. Sans espoir de retour. Tout au bout le trottoir. Défoncé comme un junky. Qui borde la jungle d’asphalte. Déjà du bruit. Les moteurs dans l'attente. Dans l'abri la glace est encore brisée. Puzzle aux dix mille pièces. Transport transparent. Je monte. Pas de place. Bondé de tous âges. Pas envie de valider. Les regards s'éclipsent. Les arrêts entre deux. Les portes s'ouvrent. D'autres attendent. Je me frottent dans les marches. Quelques enjambées dans la traversée de la place. Même endroit. Même statue, figure figée. Le ciel se fissure fatigué. Je traverse les railles. Ça caille. Plus loin ça braille mais je ne vois rien. Je descends d'autres marches sur lesquelles brillent quelques crachats matinaux. Cette fois encore, je n'ai pas réussi à tous les éviter. Sur le quai. Les petites font leur cinéma. Emporté par le flot, je monte. Plaisir rapide d'un transport. La Seine semble attendre des jours meilleurs. Toutes ces stations. Un vrai calvaire. Les portes s'écartent pour me laisser passer. Encore quelques mètres et je n'aurai plus qu'à m'y mettre. Tout ça pour... 

...ni tête


Si peu

Ce matin je rêve, alors que le jour se lève. Dans le murmure de l'aube, des lèvre me susurrent. Les teintes de l'étreinte me reviennent. Ce qui reste se propage entre les pages de notre livre. Comme une ligne infinie qui se perd et désespère. La clarté de la veille devient illisible. Le temps serait-il déjà passé?

lundi 5 décembre 2016

Prêts pour 2017?


Vite fait (trop vite)

En 69 tout était bon
On écoutait Hendrix
On faisait des bons
En se faisant un fix

En route vers Beyrouth
On fonçait vers la déroute
Vive la banqueroute
Et en avant toute

On jardinait tête bêche
En attendant que ça sèche
On s'aimait sans gêne
On s'aimait sans chaîne

Dans la boue en stock
On alignait la coke
Voguant vers l'ailleurs
Dans un nuage de torpeur

Et puis fleurs fanées
Piétinées par les pistols
Restaient que la fumée
Des New York Dolls




dimanche 4 décembre 2016

Ma grand-mère (3)

Dès l'impulsion, j'ai su que c'était le bon. Le bon bond. Effaçant l'obstacle, l'espace d'un instant, c'est du moins le souvenir que j'en ai, je me retrouvais au-dessus de l'édredon. L'instant parfait. Le plaisir d'une première fois. Cette sensation d'être unique, inatteignable, grandiose. Comme la première fois où dans le regard d'une jeune fille pas trop regardante j'avais discerné une lueur de plaisir. J'étais le roi du monde. J'allais toutes les faire hurler. Elles me diraient toutes encore. Je dus pourtant me rendre à l'évidence que cette lueur devait beaucoup au hasard. De nombreuses rencontres se produisirent avant que je ne puisse renouveler ce qui manifestement relevait encore de l'exploit.
C'est ainsi que je finis par retomber au milieu de l'édredon. Je m'y enfonçais profondément. Comme la bouche molle d'un monstre marin à l'affût, les bords se rabattirent pour m’engloutir. Je disparaissais dans l'épaisseur d'un autre univers. De là, je pouvais voir le haut de l'armoire, l'endroit où ma grand-mère rangeait les draps. Ils me faisaient l'effet de n'avoir jamais servi. D'un blanc crémeux, repassés et pliés avec un soin extrême, ils paraissaient tout droit sorti d'une vitrine. Des lingots de textile. Constitués d'arrondis, ils étaient rangés par trois. On les devinait lourds et épais. Je ne pouvais encore que les atteindre des yeux. Je voyais parfois ma grand-mère s'en saisir. Avec soin et comme avec respect, elle glissait une main sous celui se trouvant en haut de la pile et posait l'autre sur le dessus. Elle l'extrayait ensuite de l'armoire. Ainsi plié, il représentait à mes yeux une certaine forme de perfection. C'était toujours avec un léger dépit que je le voyais être déplié, perdre de sa superbe. Recouvrant le matelas, des corps allaient se frotter contre lui, le froisser, le salir. Et je n'avais pas encore découvert tout ce qu'il était possible de faire dans un lit. 

vendredi 2 décembre 2016

En attendant

Hier matin, dans un froid qui me mordait le nez de ses petites dents pointues, je marchais d'un pas alerte, cela m'arrive, vers l'abri bus, toujours lui. J'avais en tête un post d'une amie, post qui mettait en évidence les visions rétrogrades, dégradantes, machistes, phalliques, navrantes et révoltantes de notre société vis à vis, notamment, des femmes et des homosexuels. Comme tout homme conscient de sa condition, je me sentais coupable, car bien conscient moi-même de n'être féministe qu'à temps partiel.
Si l'on s'en réfère à cette affiche, que l'on affiche aux yeux de tous, la femme aime être un objet de désir, aime être violentée, violée; participer à des tournantes mais uniquement avec des hommes jeunes, arborant une musculature arrogante et que l'on suppose bien membrés, avec une grosse bite quoi avec laquelle ils ne pensent qu'à niquer tout ce qui passe à proximité mais avec élégance.
Tout à mes réflexions dans l'attente du bus, je lève les yeux  vers le trottoir d'en face où se trouve l'ater ego de mon abri du matin. Et qu'y vois-je placardée? L'autre face de la femme. Celle qui n'a plus rien à se mettre, celle qui est compulsive, celle qui s'émerveille à la vue d'un petit trop mignon, celle qui est dégoutée d'avoir laissé passer un caraco à moins 50%, celle qui devient hystérique à l'approche des soldes, celle qui s'extasie à la vue de la dernière tenue de Kim Kardashian (oui je la connais). Et là, rassemblant les deux faces de la femme, une évidence angoissante me parvient au cerveau : je ne connais aucune femme. Alors, quels sont ces êtres que je fréquente, à qui je parle, à qui je souris, que j'aime? Elles ne seraient donc pas des femmes?  

 

Oh, le menteur.


"Est-ce que je n’ai pas voté tous les textes qui ont permis l’accès des femmes à l’interruption de grossesse ?"
Bah non.

31 décembre 1982 : remboursement par l’Assurance-maladie
27 janvier 1993 : création du délit d’entrave à l’IVG
4 juillet 2001 : allongement du délai à douze semaines de grossesse
26 janvier 2016 : suppression du délai de réflexion

Il a voté contre ces quatre textes.