dimanche 11 décembre 2016

Un soir au cirque

Bien sûr, quand j'étais petit je regardais la piste aux étoiles. Roger Lanzac en noir et blanc (l'heure n'était pas à la diversité, je ne sais même pas si le mot existait) avec ses poches sous les yeux. Les étoiles devaient certainement être dans mes yeux. Bien sûr, une fois Pinder s'était installé sur la place. Bien sûr, j'avais tanné mes parents pour y aller. Bien sûr, mon père, qui à l'occasion n'était pas dénué d'humour, me demanda d'arrêter mon cirque. Bien sûr, j'avais pleuré, du moins je crois. Bien sûr, le cirque continua d'exister dans ma mémoire comme l'expression d'une culture populaire venue d'ailleurs. Mais bon, tout cela ne fait pas une passion.
C'est donc avec surprise que je me suis retrouvé sous le chapiteau du cirque Romanès pour découvrir leur spectacle "Voleurs de poules" . Spectacle sans animaux, sans clowns, sans monsieur Loyal, sans matériel hollywoodien. Beaucoup de sans allez vous me dire. Oui, mais c'est sans compter tout le reste. Et quand le reste fait un tout, il ne manque rien. Je ne vais pas rentrer dans le détail. Des jongleuses, des jongleurs, des danseuses, des danseurs, des acrobates, des acrobates, une trapéziste, un trapéziste,  des chanteuses, des chanteurs, des musiciens (pas de musiciennes). Les numéros se succèdent sans temps mort. Tout est vivant. Cela donne l'impression, pour certains numéros, que l'artiste arrive sur la piste en vous disant "bah, t'nez, pendant que vous êtes là, regardez c'que j'sais faire". L'ensemble est une poésie, une poésie dont les rimes seraient choisies au dernier moment avec toutes les assonances que l'on oserait pas. Le cirque Romanès ne nous propose pas l'obsession du parfait, de la performance. Il nous offre de la joie, du "voilà comme nous sommes", du presque rien avec pas grand-chose, du grandiose qui tient dans les yeux, de la sensualité, de l'étonnement, un body rouge mais pas de poules.
Pour parler bobo, hier soir j'ai assisté à du cirque de proximité qui vient de loin.

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