samedi 24 décembre 2016

Un soir au cinéma

Un film hors du temps. Ou presque. Un poète marié, chauffeur de bus à Paterson dans le New-Jersey. En plus du bus, on trouve comme autres accessoires un chien, une chambre, une ancienne usine, des jumeaux, un carnet, une boîte, une chute d'eau, des cupcakes, des créations textiles et l'humour.
Ce pourrait être la chronique d'une vie ordinaire avec ses habitudes, ses lenteurs, ses imprévus. Des imprévus qui pourraient bouleverser mais qui ne bouleversent rien. Peut-être une légère contrariété comme une imperceptible vague qui disparaît dans le sable. La vie de cet homme, qui pourtant baigne dans une certaine nostalgie, semble un présent sans fin. La modernité fait quelques apparitions mais se fait discrète. Dans son bus, lui en fin de vie, les gens se parlent. Se parlent du monde à proximité. Comme on me le faisait remarquer, personne ne regarde son portable. Chacun regarde l'autre. Le monde ne s'est pas figé à Paterson. Nous découvrons simplement un autre monde. Un monde dénué de vitesse, de précipitation, d'urgence, d'impératif, de performance, de prévision. Un monde où aujourd'hui ne se laisse pas grignoter par demain. Un monde de poésie née de l'observation, du présent.
J'avoue que je me suis interrogé à propos de la vie de ce couple. Elle, un peu à l'Ouest, en lévitation. Lui bienveillant, dans l'harmonie. Elle dort nue, lui vêtu d'un tee-shirt et d'un caleçon. Bah voilà, respectueux de l'intimité de chacun, je n'irai pas plus avant.
J'allais oublier. Malgré ce que j'ai raconté précédemment, ce film contient une scène d'une extrême violence mais pour maintenir le suspens je n'en dirai pas davantage. Il faut rester jusqu'à la fin.
Pour terminer, je me suis souvenu du film d'Alain Resnais "Providence" sur l'affiche duquel était écrit, en substance, on va le voir une première fois pour le plaisir et on va le revoir pour le plaisir. Pourquoi pas pour Paterson?

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