jeudi 20 octobre 2011

L'autre jour (fin)

Donc cette femme m’a regardé. Comme j’étais le seul être humain à attendre le bus, elle n’avait pas le choix. Elle m’a dit bonjour. Je l’ai lu sur ses lèvres. Les écouteurs sur les oreilles, j’écoutais Sham 69. Que pouvait-elle me dire d’autre, c’était la première fois que nous étions en présence l’un de l’autre ? « Je vous trouve très beau » ? Qu’une femme qui m’est inconnue m’adresse la parole m’a surpris. Je me demande si je n’ai pas bafouillé ou répondu un truc du genre « ‘Our ». Son bonjour était enrobé d’un grand sourire. Un de ces sourires qui s’éternisent sur le visage. Je ne sais plus ce que j’ai fait. Peut-être avais-je ma face de vigile repris de justice qui a perdu son rasoir depuis une semaine. Elle est sortie de mon champ de vision. Il me restait son sourire et son parfum. Tournant la tête vers la gauche pour surveiller l’arrivée du bus, je l’ai retrouvée assise sur le banc. Elle m’avait déjà oublié. Elle finissait de se maquiller. Le bus s’est arrêté le long du trottoir. Nous sommes montés par une porte différente.

Toujours moins


Combien pèse le fatalisme, les intangibles vérités, le consubstantiel, l'absence de remise en cause, la paresse intellectuelle...
Depuis que j'ai développé une passion dévorante pour les finances publiques, à savoir depuis 1988, l'idée selon laquelle il était impossible, si ce n'est à la marge, de réaliser des économies sur le budget de l'Etat était communément admise tout comme l'impossibilité pour le Sénat d'avoir une majorité de gauche. Et puis...

La photo représente les dettes françaises et grecques en billets de 100.

mercredi 19 octobre 2011

Petit poème

Ce que je veux c’est être heureux

Ne serait-ce qu’un tout petit peu

Ce que je veux c’est être vivant

Ne serait-ce que de temps en temps

Ce que je veux c’est être amoureux

Ne serait-ce que tous les deux

Ce que je veux c’est être moi

Ne serait-ce que pour toi

mardi 18 octobre 2011

A peu près

Il y a des sujets avec lesquels on ne rigole pas, avec lesquels la rigueur, la précision, le sérieux et le professionnalisme s'imposent d'eux même, de façon naturelle. Il en est ainsi du budget de la France qui chaque année est votée par nos parlementaires. C'est peut-être l'acte qui est le plus représentatif de ce qu'est une démocratie. Pour établir le budget de la Nation, l'Etat se base sur une prévision de croissance. C'est un exercice délicat, surtout dans la période que nous traversons. Les ordinateurs du ministère des finances regorgent de modèle mathématiques qui permettent, en théorie, d'envisager toutes les possibilités et de réduire autant que faire ce peut, j'aime bien cette expression, l'incertitude. Compte tenu des sommes en jeu, les décimales orientent les politiques publiques. Il ne s'agit pas d'arrondir les angles.


Et qu'entends-je de la bouche même de notre premier ministre, personne sérieuse et responsable si il en est, que le budget 2012 est "bâti sur une prévision de 1,75 % de croissance mais il fonctionne avec une croissance minimale de 1,5 %".


Si l'on prend comme base le PIB 2010, 1% de croissance représente 25 milliards, ce qui veut dire que la différence entre 1,75% et 1,5% est de 6,37 milliards. Cela pourrait paraître infime au regard du montant du budget. Pourtant, si la croissance est de 1.5%, soit il faudra soit emprunter davantage et donc rembourser plus, soit réduire, par des mesures d'urgence, les dépenses, au lieu de le faire dans la durée et d'en lisser les effets. Au-delà des mesures à prendre, c'est la crédibilité de l'Etat, sa capacité à anticiper qui sont en cause. Quelle confiance peut-on faire à un Etat qui même dans un contexte de crise économique et financière se permet l'imprécision dans ses prévisions?


L'autre jour (suite)

J'étais donc dans l'abri et j'attendais le bus, l'esprit occupé à je ne sais plus quoi. Je ne sais pas si le moment de la journée a une influence sur la nature de nos pensées, pour autant que nous en ayons. J'imagine parfois les pensées comme des filaments qui parviennent à s'échapper avec le vent. Elles partent puis reviennent. Je les accueille à nouveau. Je les triture, les roule en boule. Il m'arrive de les jeter, de les rejeter. Certaines pensées me fatiguent, usées, chiffonnées, elles ne ressemblent plus à l'idée que je m'en faisais. Alors je passe à une autre, à la suivante. Je sais que ce n'est peut-être que l'illusion de l'espoir. Je malaxe les idées dont je ne suis pas fier. Je les jettent au loin. Même si je fais semblant de ne pas les reconnaître, comme des animaux domestiques, elles reviennent vers moi. Je finis par leur sourire. Ces pensées sont les miennes, je ne les partage pas. Elles sont à l'abri dans mon esprit, dans ces circonvolutions grisâtres et malfamées où j'hésite parfois à m'aventurer.

Comme un poisson dans son bocal, et non pas dans l'eau, je pariais sur l'arrivée imminente du bus. Venant de la droite, une femme m'est apparue. En soi, cette apparition ne fut pas une surprise en ce sens qu'il m'est déjà arrivé d'attendre en compagnie d'une ou plusieurs personnes du sexe féminin. Ce sont souvent des jeunes filles, tripotant leur portable de la main gauche et pliant l'autre à angle droit afin d'y maintenir accroché leur sac. Nous sommes passés du sac à main au sac à bras. Là? c'était une femme. A quoi reconnais-je une femme?

jeudi 13 octobre 2011

Election



Tout comme moi, Jean-François Copé est un obsédé. Pour ce qui le concerne, cette obsession a pour objet le PS et tout ce qui s'y rapporte, de près ou de loin.
Je me suis demandé pourquoi il s'obstinait à ne rien comprendre ou à faire semblant. Il nous ressort tous les poncifs sur la gauche. Sans être jeune sans pour autant être vieux, cela me rappelle Giscard et consort qui, début 81, tentaient de faire peur au français en leur promettant les chars soviétiques si la gauche arrivait au pouvoir. C'est une des constantes de la droite, d'une certaine droite qui consiste à faire peur aux citoyens. Comme l'URSS a disparu, JFC brandit l'épouvantail de la gauche de la gauche, des convergences avec l'extrême droite, du bolchévisme, de la primaire anti-démocratique. Sa dernière trouvaille est la gauche molle. Gageons qu'elle durcira avec l'excitation de la campagne. Je lui conseille de serrer les fesses.

mercredi 12 octobre 2011

L'autre jour

L'autre jour, mais quand? Je me souviens que c'était un matin. Ni grand ni petit. C'était un jour, il faisait encore nuit. En regardant des reflets dans les vitres, je me suis demandé quand finit la nuit. Est-ce avec le jour? Quand on veut diviser l'incertain, on s'expose aux chiffres après la virgule dont on ne sait pas quoi faire. Peut-être n'était-ce que presque le matin. Le jour n'était pas encore clair. Avais-je l'esprit traversé de sombres pensées? Je ne m'en souviens plus. Je ne parviens pas toujours à distinguer les matins. Qu'est-ce qui me permettrait de les distinguer les uns des autres? Des sentiments, des rencontre, des pertes, des oublis, un rien pas, grand chose. Une dilution du temps. J'ai l'impression d'avoir lu ça quelque part. Je me demande bien pourquoi je suis tant attaché au temps alors qu'il me fait peur.

C'était donc l'autre jour. Cela remonte à quelques jours tout au plus. J'étais déjà dans l'abri bus. Seul. J'attendais le bus. Si je précise, c'est parce que l'abri bus est un lieu multi-usages, une sorte de salle polyvalente modèle réduit ou peut-être une salle d'attente. On attend que quelque chose passe, se passe. Le bus, le temps, le coin de la rue. En attendant d'aller autre part. Je suis immobile, j'attends le mouvement. Dans cet abri aux dimensions réduites, somme toute inconfortable, ouvert au vent, aux regards torves des automobilistes, je retrouve chaque matin un pan de la société. Un panneau publicitaire, des horaires, des mises en garde, des plans, des connexions, des déchets, des promesses, des mensonges. Je me suis demandé de quoi j'étais à l'abri.

mardi 11 octobre 2011

De l'autre côté

De l'autre côté de la rue
C'est là que je la voyais
Ma vie me souriait
La mort nous ignorait

La place maintenant vide
Laisse s'engouffrer le vent
J'oublie mon coeur livide
Pour entendre rire les enfants

lundi 10 octobre 2011

Soit

De deux choses l’une. J’ai trouvé que cette expression constituait une bonne introduction. Elle traduit la détermination, le refus du dilatoire, de la tergiversation, elle a un caractère comminatoire qui refuse de laisser place au doute, à l’ambigüité. Elle n’a qu’un inconvénient, ces caractéristiques me sont complètement étrangères.

Je souhaitais vous parler de mon ami Jean-François Copé, plus connu dans le métier sous l’acronyme JFC (lire jefcé, comme les lèvres). Ne pouvant décemment rester sans rien dire à la suite des premiers résultats de la primaire socialiste, il s’est empressé de déclarer que « "4 Français sur 100" ont voté à ce scrutin. Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection, c'est l'année prochaine, voilà. ». Le plus percutant des commentaires serait de ne pas en faire mais je ne résiste pas. Si deux millions cinq cents mille votants représentent quatre français sur cent, 100% représentent soixante cinq millions, c'est-à-dire la population française dans sa totalité (recensement INSEE 1er janvier 2011). De deux chose l’une. Soit JFC ignore qu’il faut avoir 18 ans pour pouvoir exercer son droit de vote (un peu plus de 44 millions en 2007), soit il est de mauvaise foi.

« Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection ». On ne pense pas qu’une élection a lieu, on le sait. « Ca fait 96% des Français qui pensent que l'élection, c'est l'année prochaine, voilà. ». Cela fait un peu plus de 63 millions. J’ai interrogé ma nièce qui a deux ans, qui fait partie des 63 millions, pour qu’elle me dise si à son avis les élections auront bien lieu l’année prochaine. Bien qu’elle soit depuis septembre en petite section de maternelle, elle n’a pas été en mesure de me répondre. De deux chose l’une. Soit JFC n’a pas une connaissance très précise de la relation âge-maturité intellectuelle, soit il est de mauvaise foi.

Par ailleurs, JFC pense donc que les deux millions cinq cents mille votants pensaient qu’ils votaient pour les présidentielles. De deux choses l’une. Soit JFC les prend pour des demeurés soit JFC est de mauvaise foi. Le soit est facultatif.

Pour terminer, il balance "Il y avait trois millions de Français à la Braderie de Lille!". De deux choses l’une. Soit il méprise les français qui votent, qui prennent partie, qui s’engagent, soit il ignore ce que veut dire être citoyen.

Colline

Il fermait les yeux pour deviner ce qui se cachait derrière la colline
Le matin il se promettait de le découvrir avant que le soleil ne décline
Comme des bosses humides et grises qui changent et s'enchevêtrent
Les nuages qui avaient survolé le mystère restaient muets avant de disparaitre

Comme un trop plein de lumière l'aube débordait sur le vert de la crête
Par désespoir il se laissait aller à des promesses de profanes prières
Mais aucun reflet ne lui permettait de deviner l'objet de sa quête
Le lointain se brouillait, les gouttes striaient l'horizon de verre

Le voulait-il vraiment ou n'attendait-il que la prochaine nuit pour renoncer?
Un repos sans ombre dans l'usure d'une terre qui étouffait son cœur
Il attendait du prochain jour la caresse du souffle de l'oubli pour marcher
Comme le vent dans une chevelure, comme une promesse de douceur

vendredi 7 octobre 2011

Pépin



Je dois vous avouer que je ne le connaissais pas. J'avais dans l'idée de fustiger, vous remarquerez comme j'aime fustiger, l'idolâtrie qui s'est emparée d'un certain monde, d'un grand nombre de nos journaux à la mort d'un de nos dieux modernes. Et puis je me suis demandé à quoi bon vouloir comparer l'incomparable, pourquoi vouloir opposer?

A deux heures du matin : clair de lune. Le train s’est arrêté
au milieu de la plaine. Au loin, les points de lumière d’une ville
qui scintillent froidement aux confins du regard.

C’est comme quand un homme va si loin dans le rêve
qu’il n’arrive à se souvenir qu’il y a demeuré
lorsqu’il retourne dans sa chambre.

Et comme quand quelqu’un va si loin dans la maladie
que l’essence des jours se mue en étincelles, essaim
insignifiant et froid aux confins du regard.

Le train est parfaitement immobile.
Deux heures : un clair de lune intense. Et de rares étoiles.

Tomas TranstrÖmer

mercredi 5 octobre 2011

Clic on the nose

Le message "Obèse profond" contient des informations par trop approximatives pour être considéré comme étant digne de foi.

Avec toutes mes excuses.

Obèse profond

Ce matin, je plongeais dans un bol de thé une petite cuillère enrobée de miel lorsque j'appris que la taxe sur les sodas qui avait pour objectif de lutter contre l'obésité allait être triplée, qu'elle concernerait toutes les boissons sucrées (sucre, édulcorant...) et que les recettes seraient versées aux agriculteurs. Bien que ce ne soit manifestement pas la peine, je vais quand même y mettre mon grain de sel.

Notre gouvernement a officiellement abandonné l'objectif de santé publique de cette taxe, tout comme celui de réduction du déficit. C'est certainement ce que l'on appelle du pragmatisme, du bon sens, de l'absence de tabous.
Que peut-on en déduire? Que la santé publique n'est pas une priorité mais peut éventuellement servir de prétexte, de justification à une mesure budgétaire. Qu'une taxe qui était parée de toutes les vertus a perdu tout son sens pour devenir une vulgaire taxe comme il en existe des milliers. Les priorités de notre gouvernement changent d'un jour à l'autre au gré de je ne sais quoi.

Comme j'ai de la famille dans l'agriculture, je vais boire autant de boisson sucrée que possible.

mardi 4 octobre 2011

Vocabulaire

L'autre jour, installé à mon bureau, ne sachant pas trop quoi faire, je me suis mis à penser. J'ai une réserve de sujets auxquels j'accorde parfois une pensée. Je les mets de côté au cas où. Parmi eux, il y a ceux auxquels je ne pense jamais. Ils sont comme ces livres tout de cuir relié qui n'ont qu'une fonction esthétique et qui n'ont jamais et ne seront jamais ne serait-ce qu'ouverts.

Ce matin là je me suis demandé si une opinion se devait d'être exprimée pour exister. Sans trop réfléchir, je me suis répondu positivement. Cela tombait sous le sens. Je n'ai pas tardé à douter. J'ai des opinions dont je n'ai jamais fait part mais qui pour autant existe. Le choix du verbe exister n'était pas judicieux.

Toujours à mon bureau, j'ai laissé tombé. Comme une masturbation qui dure trop longtemps, une idée trop longtemps agitée fatigue.

lundi 3 octobre 2011

A la sienne


Après mure réflexion il a décidé de ne pas se présenter. On peut supposer qu'il a hésité, peut-être même sa main a-t-elle tremblé en levant son verre pour annoncer aux habitués du Balto, situé sur la place de la mairie à Mailhac, qu'il renonçait à briguer leur suffrage. Pour que son élocution hésitante ne soit pas source de confusion, c'est le porte-parole du parti ouvrier indépendant (POI) qui a annoncé cette décision aux occasionnels du Balto.

Par ailleurs, Gérard Schivardi, puisque c'est de lui dont il s'agit, a invité Jean-Louis Borloo à passer au Balto prendre l'apéro pour fêter dans un premier temps leur non candidature et ensuite d'arroser leur non élection.