mercredi 29 février 2012

Pour rire

Il se regarde mourir dans le miroir

Sorte de reflet terne d’un mouroir

Déjà sur sa peau l’air du couloir

Le caresse en ce dernier soir

Il pose son stylo. Il lit et relit ce qu’il vient d’écrire. Il a toujours essayé d’écrire quelque chose de définitif, qu’il serait allé chercher au plus profond de lui-même. C’est peut-être ce que l’on appelle sa vérité. Il n’a jamais fait que semblant d’y croire. A titre personnel, il n’a jamais été un adepte de la vérité. Dans la mesure du possible, il l’a gardée pour lui. Et puis la vérité est une denrée périssable, évolutive, que la lumière du jour ne suffit pas à éclairer.

Il laisse s’échapper ses souvenirs

A quoi bon garder une mémoire

Le passé finit toujours par s’enfuir

Emportant avec lui le désespoir

Une fois son corps privé de souffle, que restera-t-il ? De quoi se souviendront-ils ?

mardi 28 février 2012

A la marge


Ensuite, instruction nous était donnée d'ouvrir le cahier. Nouvelle série de consignes, cette fois ci à caractère technique. Les traits, les couleurs, le nombre de carreaux et de lignes, les espaces entre le titre et le début du devoir, les pleins et les déliés, la place du buvard et les règles de son utilisation, la vérification de la plume, du niveau de l'encre dans l'encrier, le nombre de points retirés en cas de taches et de ratures. Nous étions fin prêts à affronter les épreuves comme autant de stations sur le chemin de la gloire. Le mien était parsemé de nombreuses ornières. J'écrivais mal, j'oubliais les consignes, je n'avais jamais assez de temps pour terminer.
La partie centrale du tableau était cachée à notre vue par deux battants. Derrière se dissimulaient problèmes et opérations. Nous vivions l'ultime moment d'égalité. Personne ne pouvait encore dire à son voisin "Facile". Je haïssais les bons élèves, tous ceux qui semblaient réussir sans effort, qui sitôt dans la cour de récréation se vantaient d'avoir trouvé ça, qu'ils avaient fait comme ça, sûrs de tout avoir réussi. Mis à part la date et le titre, toutes les pages étaient blanches. En deux temps, les battants nous laissaient découvrir les données du problème et, pour ce qui me concerne, son ampleur.

jeudi 23 février 2012

Encore et toujours

J'ai ce matin appris que notre Président avait fait de nouvelles propositions et qu'il avait bafouillé. Il est devenu une sorte de petit Poucet de la campagne semant ses mesures au gré de ses apparitions médiatiques, comme autant de petits cailloux. Il n'est pas aisé de se faire une religion avec un tel chapelet de propositions. A-t-il peur de se perdre? A-t-il peur que nous ne le suivions plus? Ce qui me paraît curieux est qu'il n'ait pas encore compris qu'un catalogue ne fait pas un projet.
Et encore et toujours, il a désigné des coupables. Cette fois ci ce sont les dirigeants d'entreprises. Cette méthode ou manie de la désignation d'un coupable me fait penser au film des Monty Python "La vie de Brian" dans lequel une femme est victime d'une lapidation après un jugement des plus sommaire. La foule qui réclamait la lapidation est satisfaite d'avoir participé à l'exécution. Et toujours au nom du bon sens.

A la marge (1)

En dernière année de l'école primaire, j'avais un instituteur modèle IIIème République. De haut en bas il portait un béret légèrement incliné vers la droite, une blouse de tissu gris, col en V qui laissait voir le haut d'une chemise de couleur foncée, resserrée à la taille par une ceinture, un pantalon noir dont le bas caressait des souliers toujours impeccablement cirés. Un crâne chauve surmontant un visage, qui dans ma mémoire est resté fin, lui donnait un air sévère mais serein. Il n'élevait pas la voix sans raison sérieuse. Le plus souvent un simple regard suffisait pour que la situation redevienne conforme à l'idée qu'il se faisait d'une ambiance de travail. Il se déplaçait avec souplesse. A chaque pas son pied se déroulait du talon à la pointe, ce qui lui donnait une certaine élégance que venait renforcer un port de tête droit.
C'était un homme d'habitudes. Chaque journée répondait à la même organisation. Toute chose devait être faite en temps et en heure et en totalité. Le moment le plus important, le plus solennel et le plus redouté pour ce qui me concernait étaient ce que l'on appelait respectueusement les compositions. Ce rituel avait lieu deux fois par trimestre. Un cahier spécial était réservé à cet office. Le mien, ainsi que celui de mes congénères, était, entre deux compositions, enfermé dans une armoire placée au coin et contre l'estrade. Monsieur Grimaud, dans mon esprit tous les instituteurs auraient dû porter ce nom, rangeait la clef de ce tabernacle laïc dans le tiroir du haut de son bureau. Le matin de la "compo", cette clef était remise au premier de la classe qui ouvrait la porte. Les plus méritants étaient chargés de distribuer la quarantaine de cahiers. Recouverts d'un épais protège-cahier transparent vert, la lumière des ampoules y faisait naître des reflets. Chaque cahier devait être posé en haut à gauche de chaque table. Avant de pouvoir ne serait-ce que le placer devant nous, nous devions d'abord écouter la première série de consignes. C'était une journée importante, chacun devait donner le meilleur de lui-même, bien lire et respecter les consignes. J'ai parfois l'impression que notre vie n'est qu'une longue et interminable litanie de consignes.

mercredi 22 février 2012

Discours anniversaire

Madame D, plus connu dans la profession sous le pseudo de Nenette, j’ai été chargé de rédiger ce compliment. Pour tout vous dire, on ne m’a pas laissé le choix. C’est donc un peu sous la contrainte que je me suis exécuté mais je me suis appliqué à ce que cette exécution ne soit pas sommaire. Au début, si vous me permettez l’expression, je ne savais pas trop comment vous prendre. Devais-je parler de votre âge au risque d’être désobligeant car il faut bien avouer que fêter un anniversaire au-delà d’un certain âge est pour le moins maladroit si ce n’est déplacé. Vos enfants sont allés vous chercher pour vous amener jusqu’ici comme on sort une relique et ils vous ont installée là et pour vous dire quoi ? Que vous avez 80 ans, comme si, vous regardant ce matin dans la glace, vous ne vous en étiez pas aperçue. J’ai pourtant essayé de les en dissuader, mais rien n’y a fait. Ils n’ont fait preuve d’aucune pitié, d’aucune compassion. Je me suis donc dit qu’à défaut d’abréger vos souffrances, j’allais faire mon possible pour les adoucir. Vous avez, multiplié par deux, un âge canonique, qualificatif qui, comme me l’a fait remarquer Michel, est composé de deux mots devenus aujourd’hui anachroniques. Je me suis demandé depuis combien de temps nous nous pratiquions. Je répondrai un peu plus tard à cette question. Afin de ne pas dire n’importe quoi j’ai longuement, très longuement interrogé chacun de vos enfants et des proches. Je dis proches mais c’est vite dit. Ainsi, tout ce que je vais vous dire m’a plutôt été confié par des intimes. Pour ce qui est des proches, j’ai en premier lieu voulu interroger mon oncle et ma tante mais je suis arrivé trop tard. L’un et l’autre sont restés muets comme… Pour ce qui est du témoignage d’Odette, qui a toujours quelque chose à dire sur tout le monde, elle est experte mais je ne sais pas en quoi. Pour en finir avec le tour extérieur, je ne suis pas allé voir le gros Durand ni le rubicond Roger Delecour

Quand j’ai fait part de mon projet à Alain, il m’a tout de suite mis en garde. « Tu sais, Thierry, on n’atteint pas cet âge sans séquelles. Toutes les connexions ne se font plus depuis qu’elle est repassée sur 110. Comme dirait un écologiste, elle est branchée sur une éolienne, mais il y a des jours sans vent. Donc tu parleras doucement en répétant deux fois chaque phrase, ça lui donnera une chance de comprendre. » Autant vous dire madame Drique que je n’en ai pas cru un mot. Je vous dirais même que ces propos m’ont choqué. Pour le reste, il m’a dit qu’il me faisait confiance, qu’incrusté depuis plus de 30 ans dans la famille, j’en savais autant que lui.

Ensuite, j’ai souhaité rencontrer Marie. Femme active aux multiples activités, il n’a pas été simple de recueillir son témoignage. Je ne savais pas que l’on travaillait autant dans le privé. Entre deux états des lieux, une réunion de l’association « femmes actives mais toujours féminines du canton » je lui ai posé quelques questions. Elle m’a fait part de la dureté de la vie qui était la sienne au Mesnil contrainte qu’elle était chaque samedi de tondre la pelouse avec une tondeuse non tractée pendant que ses sœurs jouaient à la poupée et qu’Alain réglait la balance de son Tépaz. Pour le reste, elle m’a dit qu’elle me faisait confiance, que moi aussi j’avais une mère et qu’il y avait certainement des trucs qui se recoupaient. Elle a malgré tout tenu à m’interdire de faire quelque allusion que ce soit à la suceuse d’occasion.

Je me suis ensuite demandé si il était bien utile que j’interroge les quatre derniers. J’ai supposé qu’eux aussi me faisaient confiance.

Donc, chère Nénette, revenons à vous. Vous êtes née la même année qu’Elizabeth Taylor à qui, si j’en crois Pierre André, vous n’avez rien à envier, ceci dit en tout bien tout honneur. Car autant la Zabeth, femme aux multiples branchements, s’est vautrée dans le stupre et la luxure, donnant de la femme une image déplorable, autant vous, madame Nenette, vous avez su être un exemple de rectitude et de fidélité malgré les nombreuses sollicitudes dont vous avez été l’objet et ce aujourd’hui encore. De votre jeunesse, on connaît peu de chose. Votre instituteur, monsieur Pierre André, dira de vous que vous étiez une enfant attentive et volontaire mais que l’on devinait dans votre regard une attente. L’on vous retrouvera quelques années plus tard, si l’on en croit le témoignage du facteur de l’époque Pierre André, en femme épanouie qui finira par rencontrer l’objet de son attente. Mère d’une famille nombreuse, qui vous a valu une remise de médaille par René Tomasini lui-même, vous avez su inculquer à vos filles, à l’exception de la gauchiste Claire, les valeurs qui ont fait d’elles de parfaites ménagères et à vos fils la fierté d’être des hommes à la virilité affirmée mais contrôlée. Et c’est ainsi que le temps s’est incarné dans d’autres visages, d’autres sourires, d’autres destins qui ont fait de vous une grand-mère, en attendant mieux.

Même si c’est la dernière fois que nous fêtons vos 80 ans, vous avez encore le temps, le temps de vous souvenir des voix, des présences, des pensées qui ont traversé ces années et votre vie faite de toutes ses vies qui se transmettront pour qu’il y ait un peu de vous dans chaque enfantement

samedi 18 février 2012

Morin n'a pas de couilles

Et pourtant, il s'est retiré. Je sais, ce n'est pour le moins pas très élégant mais que de temps et d'argent perdus à essayer de nous faire croire je ne sais quoi pour faire je ne sais quoi. A quoi bon? A défaut de couilles, il rentre à la niche la queue entre les jambe.

vendredi 17 février 2012

Renoncement


Ainsi s'exprimait notre président, alors candidat, en 2007.

"La démocratie participative, c'est la fin de toute volonté politique, c'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités (...) c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé (...) et la forme ultime de la démagogie"


"Je ne comprends pas que l'on puisse être candidat en ayant chevillée au corps l'idée que la politique ne peut plus rien et en ayant comme idéal la démocratie d'opinion, parce que la démocratie d'opinion c'est l'ultime renoncement de la politique"

Petit père des peuples

p Notre président a passé tellement de temps et consacré tellement d'énergie à diviser notre peuple, à désigner des coupables que je n'imagine pas qu'il puisse rassembler qui que ce soit.
Le dernier exemple en date est cette soudaine passion pour le référendum. D'un côté notre président et le peuple et de l'autre ces élites, ces intellectuels, ces corps intermédiaires, ces commentateurs qui confisquent le pouvoir au peuple, qui l'empêchent de s'exprimer. Cette méfiance que nous avons parfois à l'égard de ceux qui détiennent les pouvoir est au moins aussi vieille que la démocratie. Si il y a un problème de la représentativité dans notre pays, le référendum n'est qu'une façon d'éviter de s'attaquer à ce supposé problème car le recours au référendum ne fera pas disparaître les corps intermédiaires. Opposer le peuple et ses représentants élus, détenteurs chacun d'une parcelle de la souveraineté nationale, c'est affaiblir notre démocratie, c'est nous faire croire que "le bon sens populaire" serait le remède à nos problèmes, c'est à nouveau désigner un coupable pour mieux échapper à ses responsabilités. Le peuple n'est pas omniscient.

mardi 14 février 2012

Boutin n'a pas de couilles


Ce qui ne l'empêche pas de se retirer. Je sais, cette entrée en matière n'est, pour le moins, pas très élégante ni respectueuse. Mais pour le coup, je me suis demandé si sa décision était une marque de respect envers ceux qui avaient l'intention de lui apporter leur suffrage. Mais elle s'est souvenue qu'il ne faut pas mordre la main qui vous nourrit.

samedi 11 février 2012

Suite

"Monsieur Guéant confond les deux termes et je ne sais trop s'il entend parler de "civilisations" ou de "cultures", ou même simplement d'usages particuliers ou de singularités comportementales. Mais ce ne sont pas tant cette ignorance et cette méprise qui choquent que la méconnaissance totale de ce que les sciences sociales ont apporté depuis une centaine d'années, à commencer par des descriptions, des définitions, des méthodes d'observation, un langage commun. Le ministre pense que son bon sens d'être humain et de Français ordinaire sont suffisants pour porter un jugement définitif dans des domaines de connaissance qui lui échappent. Ici, le " ressenti ", pour utiliser un terme qui devient à la mode, serait suffisant pour juger, de même que le fait de faire partie soi-même de l'objet d'étude. Sur des questions qui relèvent de la connaissance de la terre et de l'univers, il ne se le permettrait pas. Or il ne suffit pas d'être soi-même un homme pour comprendre ipso facto tout ce qui relève de l'humain." Françoise Héritier

L'être d'amour

Une fois le titre écrit, je ne savais plus quoi ajouter. Pourtant, en l'écrivant je m'engageais mais je ne savais pas à quoi. Peut-être à continuer. Je ne pouvais pas réduire l'amour à un engagement. Je m'engage à aimer. Cela fait un peu CERFA. Cocher la case correspondante. Je me demandais pourquoi nous lui consacrons si peu de temps alors que l'amour nous est si essentiel. Nous ne respirons pas une fois sur deux. Je ne sais pas si nous continuons à aimer lorsque nous dormons, pendant que nous respirons le plus naturellement du monde. Pour tout vous dire, je ne parviens pas à saisir le sujet. Si l'amour est une vague, une de ses vagues qui va nous engloutir, qui nous engloutit, pourquoi ai-je si souvent l'impression d'être submergé par l'écume?

Si à titre d'exemple, je prends ma vie comme sujet de réflexion... Non ce n'est pas un bon exemple. Et puis à quoi bon les exemples en amour. La prochaine fois, je réfléchirai avant d'écrire un titre.

mercredi 8 février 2012

Valeurs (2)


Sa fonction actuelle fait de M Guéant un homme d'Etat, avec un E majuscule. A-t-il seulement conscience qu'il n'est plus, à titre provisoire, un de ces obscurs fonctionnaires qui jusqu'ici agissait dans l'ombre de notre Président. Sait-il qu'en toute circonstance il représente cet Etat qui est le notre. A-t-il bien compris que tant qu'il sera ministre il ne s'exprime pas en son nom personnel mais au nom de l'Etat, de notre Etat? A-t-il compris qu'il doit réfléchir avant de s'exprimer, quand bien même il s"adresse à l'UNI, au risque d'entamer l'image de l'ETAT, de notre Etat, au risque de rompre la neutralité de l'Etat, de notre Etat, au risque de remettre en cause l'égalité entre tous les citoyens dont est garant l'Etat, notre Etat.
Notre Etat n'est pas au service d'une idéologie, d'une théorie, d'une opinion. En tant que ministre M Guéant ne détient aucun mandat, aucune parcelle de la souveraineté nationale, il ne représente personne, il ne détient aucun pouvoir si ce n'est de commander à son administration et par ce biais de n'avoir que l'intérêt général pour seule préoccupation.

Voici ci-dessous les derniers propos de notre Cloclo Guéant. Vous remarquerez la syntaxe des plus approximatives de la première phrase dont le sens ne peut que se deviner. Réflexion faite, il en est de même pour la deuxième. Il est admirable qu'un ministre de notre République se vante de répondre aux attentes, oui mais des français. Le principal semble qu'il soit heureux. Objectif atteint. Pour terminer, si un parti est autorisé à participer aux élections, c'est qu'il est républicain.

"Un fossé s'est creusé, les peuples ne voient plus que les élites s'occupent des problèmes qu'ils ressentent. Moi qui vais beaucoup sur le terrain, qui vois des Français dans toutes les régions, dans toutes les catégories sociales, je note des attentes de la part des Français, je réponds à ces attentes, et si d'aventure ces attentes font que les Français qui se sont détournés vers des partis extrémistes reviennent vers des partis républicains j'en suis heureux"

dimanche 5 février 2012

Valeur


L’ethnocentrisme est «la tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient. C'est aussi un comportement social et une attitude inconsciemment motivée qui amènent en particulier à surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples »

L'inculture et la bêtise règnent-t-elles sur notre pays? Confondre civilisation et régime politique, associer la prière dans la rue à un fait de civilisation, considérer l'extrémisme comme une valeur partagée par tous les pratiquants d'une religion, considérer que tel ou tel comportement serait consubstantiel à une civilisation, [if gte mso 10]>