dimanche 31 janvier 2010

Qui a dit?

"A force de réfléchir avant de légiférer comme le suggère Daniel Vaillant, on reste immobile" "Il faut au contraire se montrer réactif comme le fait si bien Brice Hortefeux pour adapter notre législation aux nouvelles formes de délinquance"

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samedi 30 janvier 2010

La quiche de la semaine



Cette semaine elle est attribuée à la triplette pipelette de basse-fosse chargée des basses oeuvres, nos trois mordilleurs de bas de pantalons. Vous aurez reconnu, par ordre d'apparition, mon gars Frédo, son alter égo Dominique Paillé et notre clone triste Xavier Bertrand. En service commandé, ils n'ont pas cessé depuis jeudi de commenter le jugement rendu par la justice dans l'affaire Cleartream et d'approuver ensuite la décision du parquet de faire appel.

Imaginons que j'ignore leur motivation à se comporter ainsi et que je ne me préoccupe que des faits. Après le "coupable" de notre président, les commentaires de ses sbires accréditent la thèse d'une justice qui serait mal rendue. Cette façon de se comporter, sans prendre le temps d'analyser la décision des juges, est une façon d'exercer une pression sur la justice, de justifier sur le long terme des mesures qui remettraient en cause son indépendance, l'exemple le plus frappant étant le projet de suppression du juge d'instruction tel qu'il existe aujourd'hui. Mais qui ira manifester contre une telle suppression? Je ne sais pas si nos trois zozos sont bien conscients de la responsabilité qu'ils prennent.

Notre justice, car c'est la notre, a besoin, me semble-t-il, de notre respect, de notre confiance. Même si, peut-être, devrait-elle mieux se faire connaître, elle souffre surtout d'être utilisée à des fins partisanes, d'être utilisée au profit d'ambitions personnelles par ceux-là même qui ont pour responsabilité, pour mission de préserver sa crédibilité, sa sérénité. Nous avons besoin de croire en cette justice qui est rendue en notre nom.

Sagesse

Qui a dit, à propos de notre président (et de l'affaire Clearstream) :

"S'il a été victime d'une infraction, le parquet assurera la poursuite de ses auteurs avec diligence, on peut en être convaincu. Nul besoin de la présence de son avocat personnel pour que soit soutenue l'accusation. Les débats gagneraient en sérénité, le ministère public en autorité, la décision en crédibilité, et le président en distance."

jeudi 28 janvier 2010

Rattrapé


Jérome David Salinger est mort. Je parlais il y a peu des classiques que je n'ai pas lu. Dans la catégorie classiques contemporains, j'avoue que je n'ai pas lu "L'Attrape-coeur". C'est promis, je vais le lire.

Un homme qui a dit «Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes, chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles.» ne peut pas être entièrement mauvais.

Pour Jean-Marc, il s'agit de "Meurtriers sans visage" qu'il a déjà lu.
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mardi 26 janvier 2010

Dans mon lit

Hier soir, je n'ai pas regardé, je n'ai pas écouté notre président. Après avoir vaqué à mes occupations pré-couchage, je me suis glissé entre les draps, muni d'un livre et de mes lunettes. Je ne pense pas vous en avoir fait part, mais cela fait plusieurs mois que je porte des lunettes pour lire. Ce qui me permet de relire cette phrase qui n'est pas d'un grand intérêt. En ce moment comme souvent, je lis plusieurs livres en même temps. Pour être plus claire, j'ai commencé la lecture de plusieurs livres dont aucun n'est encore terminé. Pour le bus, car je n'ai pas repris le vélo, je lis Stéfan Sweig, "Le joueur d'échecs", dans mon lit, je lis un roman policier suédois de Henning Mankell et entre les deux un livre sur la marche dont je vous donnerai plus de détails la prochaine fois. Je vous conseille le polar suédois et notamment le tandem Maj Sjöwall et Per Whalöo.

C'est en traînant dans une grande librairie lilloise que je me suis rendu compte que je n'avais jamais lu un livre, une phrase, un mot de Stéfan Sweig. Depuis ce matin, ce n'est plus le cas. En dehors des obligations scolaires, j'ai souvent reculé au moment de faire l'acquisition de ce que l'on appelle un classique de la littérature française ou même mondiale. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être un manque de confiance en moi ou cette idée idiote et fort répandue que tout classique est ennuyeux. Il n'y a bien sûr aucune obligation de lire un de ces livres. Nous ne sommes probablement pas ce que nous lisons mais les livres que nous prenons dans nos mains s'introduisent dans notre esprit comme l'eau qui irrigue la Terre. L'esprit du livre, de son auteur, des mots alimentent cette nappe phréatique qu'est notre coeur.

Je n'ai pas regardé notre président. Je suis allé me coucher avec la Princesse de Clèves.

lundi 25 janvier 2010

A trop vouloir

" Je veux une République irréprochable, le président de la République, c'est l'homme de la nation, ce n'est pas l'homme d'un parti, ce n'est pas l'homme d'un clan (...). Je veux que les nominations soient irréprochables. Je veux que le Parlement ait davantage de pouvoirs, je veux que les ministres soient moins nombreux, quinze au maximum, et qu'ils rendent des comptes et qu'ils s'engagent sur des résultats. Je veux défendre la Ve République mais je veux changer la pratique de la République : plus de simplicité ; plus de proximité, plus d'authenticité."

Inutile de vous préciser qui est l'auteur de ces propos. Il serait parfois bon de lui rappeler. Non pour lui dire qu'il n'avait pas les moyens de notre ambition, il devait s'en douter mais pour lui demander de faire preuve d'humilité.

A trop vouloir, disparait l'espoir. (juste pour la rime)

mercredi 20 janvier 2010

Imbroglio

J'étais à deux doigts de le faire et puis je me suis dit non, qu'il était préférable d'attendre un peu. Prendre le temps d'écouter, de lire et de réfléchir. Sacré programme. Pour tout vous dire, lorsque j'ai pris connaissance du salaire de Henri Proglio j'ai tout de suite voulu faire la comparaison avec le mien mais je me suis mélangé les crayons avec les zéros.

Après avoir analysé la situation, j'en ai conclu que le gars Riton n'y était pour rien. Il a demandé et il a eu. Fallait juste oser. En revanche, ce qui est amusant ou consternant, ce sont les réactions que cela a sucitées. Notre amie Cri-cri, meilleur économiste du monde qui avait affirmé lors de la nomination de Riton « pas question de cumul de rémunération » a tenu à préciser que cette double rémunération permettait tout juste à Riton de maintenir le pouvoir d'achat dont il disposait chez Véolia, ce qui n'est pas exact puisqu'il touchait 1,6M d'euros et non pas deux. Voulant certainement nous rassurer elle a affirmé que Henri Proglio "sera à « 100 % chez EDF"On peut donc supposer que les 20% restant il sera chez Véolia dont les actionnaires n'ont pu, par vote, s'exprimer sur cette rémunération qui, d'après notre Cri-cri, est une indemnité et non un salaire. Elle a parlé d'un "cumul rémunérationnel".


Tout compte fait, cette histoire ne me fait même pas sourire. Dans une de ses chansons Alain Bashung dit "Rien ne justifie". Il semble pourtant que pour certains, tout soit justifiable. Il gagne beaucoup mais moins que d'autres. C'est la loi du marché. L'Etat est allé le chercher car il en avait besoin. C'est un grand chef d'entreprise. "Il faut se rendre à la réalité : il y a un marché, des concurrents, un monde qui a changé !" "une polémique bien française inimaginable à l'étranger.

Comme le dit le président de la CGPME "C'est un autre monde".

mardi 19 janvier 2010

A voile

Il y a peu, Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, hilare fanfaronnait face aux caméras. A l'en croire, son entreprise était on ne peut plus prête à affronter la concurrence. Par contre elle ne semble pas prête à transporter des voyageurs. La SNCF est censée assurer une mission de service public. Comme sa définition semble s'être égarée sur une de ces voies abandonnées du réseau secondaire, nous ne savons plus ce qu'implique la notion de service public. L'usager, qui paraissait probablement usé et fatigué, s'est vu affublé du titre de client. Avec l'usager, il n'y avait pas moyen de faire des affaires. C'était une sorte de traîne savate subventionné qui était le virus d'un déficit chronique. Il vivait à l'époque des michelines, des gardes-barrières, des tickets de quai, du "e péricoloso sporgersi", du "Parler dans l'hygiaphone".

Et puis l'usager, dernier vestige de la vapeur, a été remplacé par le client. Pourquoi? Pour notre bien, pour notre confort car le client, puisqu'il paye le juste prix, doit pouvoir faire valoir ses droits. Un client c'est sacré, il a toujours raison. Le client en veut pour son argent, il exige la qualité, la rapidité, un service irréprochable au meilleur prix. Mais je ne suis un client que si je peux payer, que si un train s'arrête dans la gare de ma commune. Mais comme il faut bien transporter le tout venant, il reste les trains dans lesquels on voyage debout, les trains qui ne partent et n'arrivent pas à l'heure, les trains qui s'arrêtent en rase campagne sans que l'on sache pourquoi, les trains qui tombent en panne.

Cette conception de ce qui reste malgré tout un service public permet à la SNCF de nous dire à propos de possible suppressions de déssertes TGV :

"Il n'y a pas de plan précis de suppression de dessertes, mais une adaptation de l'offre à la demande."


J'ai parfois l'impression que la seule chose qu'on nous offre c'est de nous adapter à leur demande.

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lundi 18 janvier 2010

J'aime



Je viens d'écouter pour la centième fois "I'm going home" par Ten Years After à Woodstock. Je ne m'en lasse pas.

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dimanche 17 janvier 2010

Au plaisir

Alors que j'étais sous ma douche... Avez-vous remarqué que soit l'on est sous soit l'on prend sa douche? Pour ce qui me concerne je préfère être sous ma douche. J'y reviendrai certainement.

J'étais donc sous ma douche en train de me savonner soigneusement... J'emploie le verbe se savonner car j'utilise une savonnette et non du savon liquide, que je n'aime pas car même après rinçage j'ai toujours l'impression qu'il est là. Je ne sais pas vous mais moi je prends du temps pour me savonner. J'entre les yeux fermés dans la cabine et je fais couler l'eau. Une fois mouillé, je prends le savon et je lui fais suivre un itinéraire corporelle. Je ne vous dirai pas , qu'au cours de sa pérégrination, la savonnette va là où personne n'est jamais allé, mais chaque matin, de mes mains et doigts glissants de savon, je redécouvre mon corps. Je prends à chaque fois conscience de chacun de mes membres.

Tout à me savonner, me parvient de la radio l'information suivante :
"Deux chercheurs du King’s College de Londres ont publié une étude annonçant que le point G n’existe pas."
Sur le coup j'ai stoppé le savonnage. Donnant foi à cette caution scientifique, quelque peu abattu, j'ai laissé tomber la savonnette, . Sans pour autant en être fier, j'étais pourtant persuadé de l'avoir localisé ce point G. Presque tout de suite une question s'est imposée : si ce n'était pas le point G, qu'avais-je donc découvert?

samedi 16 janvier 2010

La quiche de la semaine

Cette semaine Patrick Devedjian mon ministre de la relance préféré. Ne sachant probablement plus quoi relancer, mon Patou, qui n'est pas un des phares de la pensée occidentale, a relancé la polémique sur le Conseil Constitutionnel. Tout y est passé. La compétence, l'impartialité des conseillers, leur méthode de travail, la fourbe ambition législative du Conseil. Par ailleurs, Patou ne veut que du bien aux "sages". Je souhaite que le Conseil constitutionnel soit toujours à l'abri du soupçon. dit-il. Quelle louable ambition!

Qu'a donc dit mon Patou? Voici quelques extraits, bien entendus retiré de leur contexte. "Quand le Conseil constitutionnel examine une loi, il devrait permettre au Parlement et même au gouvernement de venir défendre leur texte et d'en discuter de manière contradictoire" Soit Patou ignore tout du fonctionnement de nos institutions soit il est de mauvaise foi car le Conseil Constitutionnel reçoit, à chaque fois qu'il est saisi, les arguments et motivations de chaque partie.

"J'ajoute que, lorsque la question à traiter a un caractère technique, comme pour la taxe carbone, il serait utile que le Conseil puisse, toujours de manière contradictoire, s'entourer de l'avis d'experts." le Conseil constitutionnel, autant que de besoin et notamment à propos de la taxe carbone, reçoit, interroge et écoute l'avis d'experts reconnus sur le sujet traité.

"En fait, le Conseil constitutionnel a de plus en plus tendance à vouloir faire la loi en lieu et place du Parlement." Les projets de loi étant souvent écrits et votés dans la précipitation, les deux derniers exemples étant le texte sur la taxe carbone et la suppression de la taxe professionnelle entièrement réécrit par le Parlement, il est salutaire que le Conseil pallie les carences et le manque de méthode du gouvernement.

"Le président du Conseil constitutionnel est un homme politique qui s'est vivement opposé au président en exercice, cela nuit à l'autorité de la décision prise par l'institution". A vouloir faire des raccourcis la pensée devient étriquée. Le président du Conseil constitutionnel n'est plus un homme politique dès son entrée au Conseil. Si, lorsqu'il s'est opposé à notre actuel président de la République, il était un homme politique cela s'est fait dans le cadre démocratique du débat politique. Il est vain et idiot de mettre en doute l'honnêteté et l'impartialité d'un juge. La suspicion sape la démocratie.

Pour terminer, question du journaliste et réponse de Patou :

Votre nom est évoqué dans la liste des personnalités susceptibles d'être nommées cette année au Conseil constitutionnel. Etes-vous candidat ?

"Ce n'est qu'une rumeur. Personne ne m'a rien proposé et je ne suis pas candidat. Je suis très engagé dans la vie politique et souhaite le rester."

Il faudra se souvenir de cette réponse.

mercredi 13 janvier 2010

Rupture?

Selon un sondage TNS Sofres-Le Figaro Magazine, 51% des Français ne lui font pas confiance pour "lutter contre les injustices et les inégalités" ou lutter efficacement contre le chômage. Pire, une majorité ne lui fait pas confiance pour "dire la vérité" et "redonner confiance aux Français"

Ce sondage a été réalisé en juin 2006.

dimanche 10 janvier 2010

Moi émois (23)

L'eau est encore chaude. Elle sera bientôt tiède. Je n'aime pas l'eau tiède. Je n'aime pas ce moment incertain qui va jusqu'à troubler la sensibilité du corps. Imperceptiblement, elle deviendra froide. Je ne bougerai plus, pour échapper à cette sensation. Un liseret de crasse mêlée de savon, comme aimanté, fera surface à la périphérie de la baignoire. Ce ne sera plus qu'une eau morte. Le bain me déprime. La réputation de cette ablution est surfaite. La baignoire, je ne sais pourquoi, évoque le luxe, la volupté, la sensualité. Cléopâtre n'y est peut-être pas étrangère. Et pourtant cela se termine toujours dans une sorte de bouillon bleuâtre, comme un fluide qui nous résumerait.

Je ne sais pas pourquoi je pense à cette eau qui va refroidir. Je navigue entre le passé et l'avenir, entre le regret et l'espoir. Comme si je voulais accélérer le temps, le devancer. Comme ceux qui m'ont précédés, j'ai souvent ou toujours été en lutte contre le temps. A force de vieillir, l'avenir s'est tassé, prenant de moins en moins de place. Il finira par disparaître. Il n'est plus là que pour la galerie, comme une anomalie qui flotte dans un bocal de formol. J'ai peine à le croire quand je me souviens de la vigueur de cet avenir. Il était si souvent envahissant que mon présent finissait par empiéter sur le passé qui, à mesure que le temps passait, prospérait. Je devais lutter pour ne pas être écrasé par ce qui avait été et ce qui serait.

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samedi 9 janvier 2010

J'attends vos explications

Courant décembre, notre président, sensible comme il se doit à la libre circulation des personnes et au confort des voyageurs, avait convoqué en son bureau élyséen Guillaume Pépy, ci-devant président de la SNCF et de ce fait garant de la continuité de ce service public dont il préside aux destinées. Quatre trains bloqués dans un tunnel, 2 400 voyageurs ne parvenant pas à destination et notre président se fâche et le fait savoir. Je ne sais pas quelle peut être la signification de cette initiative mais cela m'a donné l'idée de l'imiter.

Comme il semble garant de toute activité dans notre pays et qu'il se plaît à nous dire et à nous redire qu'il assume, qu'il prend ses responsabilités, qu'il ne les fuira pas, j'ai donc décidé de convoquer notre président en ma demeure. Mais pourquoi donc allez-vous me dire? En voici quelques raisons :

- le chômage a augmenté de plus de 22% en 2009
- il n'y a toujours pas assez de places d'hébergement pour les sans abris
- le non respect des droits de l'homme (conditions d'application de la garde à vue, accueil et expulsion des étrangers...)
- un déficit public proche des 8% du PIB
- un nombre croissant de salariés pauvres
- une augmentation croissante de personnes ayant recours à une aide sociale
- des conditions de vie dans nos prisons indignes d'une démocratie
- l'application partielle de lois comme le droit au logement opposable, l'obligation faite à certaine commune de posséder 20% de logements sociaux, l'égalité femme/homme
- le refus de médecins de soigner des bénéficiaires de la CMU
- la diminution ou la suppression des remboursements de médicaments sans discernement et l'augmentation du prix des mutuelles
- le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite sans réflexion sur une politique de gestion des ressources humaines (rapport Cours des Comptes)
- une opposition indigente
- une majorité qui grogne et se plaint mais qui vote toujours
- une absence de méthode et de projet politique lisible
- des contribuables fraudeurs à qui l'on donne la possibilité de régulariser leur situation
- ma chaudière pourtant neuve qui ne fonctionne pas correctement.

Vous pouvez compléter cette liste.

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mercredi 6 janvier 2010

Comme trois pommes

Lundi matin, le bus arrivant à son terminus, j'en suis descendu. Je n'étais pas arrivé à destination. Pour terminer ce voyage jusqu'à mon nouveau bureau, je pouvais soit prendre le métro soit marcher. J'ai décidé de ne pas rester sur le quai ou j'ai plutôt, mot présent dès le début 2010, décidé de marcher. Soyons positif, ce n'était pas un choix par défaut. Je me suis donc enfoncé dans la nuit et le froid. C'est une phrase que l'on trouve dans de nombreux romans de gare. La marche me donne toujours cette sensation de liberté.

Marchant mon bonnet sur la tête, chaque main dans un gant, j'ai donné quartier libre à mon esprit. Je me suis souvenu de ces formes emmitouflées dont le souffle rapide dessinait les restes d'un sommeil interrompu. J'ai revu ces mains qui cherchaient à se rassurer dans celle de leur mère qu'elles peinaient à atteindre. Je me suis rappelé ces jambes dont chaque pas était un regret de la chaleur quittée.
Je me suis demandé pourquoi j'avais, comme tous les parents, réveillé si tôt mes enfants pendant toutes ces années. Les extraire de la chaleur de leur lit, les arracher à leurs rêves pour à chaque fois les quitter à la grille de l'école et les regarder s'éloigner avec regret. Il est aujourd'hui trop tard.

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vendredi 1 janvier 2010

Nouvelle, nouvel

Pour tout vous dire, je ne l'ai pas vue passer. Le moment est toujours fugace. La plupart du temps il nous échappe. Ce n'est qu'un mouvement constant qui n'a rien d'éternel. Si je ne l'ai pas vu passer c'est que je ne l'attendais pas. Pendant longtemps, j'étais comme la plus part d'entre nous. J'en parlais longtemps avant, je le préparais, plus il approchait plus je le guettais. Je devenais fébrile. Il ne s'agissait pas de le rater. Il n'y avait pas de rappel possible. Autant il me semblait inconcevable de le louper, autant ma démarche pour ce faire n'avait rien de scientifique. L'objet de l'attente est unique et bénéficie de la technique de l'atome. Sans savoir si il devient réellement présent, le temps d'une pensée le projette dans le passé pour le restant de l'éternité. Nous étions à chaque fois nombreux et au même endroit à l'attendre et jamais nous n'étions d'accord sur le moment. Ce qui, je ne sais pour quelle raison, devait être rigoureux, absolu et définitif finissait invariablement dans la confusion. D'un seul coup, tout était oublié, jusqu'à l'objet de notre attente.

Depuis, le temps a changé de nature. C'est ainsi que jeudi soir allongé et enveloppé dans une couverture, j'ai regardé le début de "Gran Torino" et je l'ai loupé. Je me suis endormi avant la fin. La fin du film, la fin de l'année, le début de l'année.

Ce qui ne m'empêche pas de vous en souhaiter une bonne et heureuse.