vendredi 1 janvier 2010

Nouvelle, nouvel

Pour tout vous dire, je ne l'ai pas vue passer. Le moment est toujours fugace. La plupart du temps il nous échappe. Ce n'est qu'un mouvement constant qui n'a rien d'éternel. Si je ne l'ai pas vu passer c'est que je ne l'attendais pas. Pendant longtemps, j'étais comme la plus part d'entre nous. J'en parlais longtemps avant, je le préparais, plus il approchait plus je le guettais. Je devenais fébrile. Il ne s'agissait pas de le rater. Il n'y avait pas de rappel possible. Autant il me semblait inconcevable de le louper, autant ma démarche pour ce faire n'avait rien de scientifique. L'objet de l'attente est unique et bénéficie de la technique de l'atome. Sans savoir si il devient réellement présent, le temps d'une pensée le projette dans le passé pour le restant de l'éternité. Nous étions à chaque fois nombreux et au même endroit à l'attendre et jamais nous n'étions d'accord sur le moment. Ce qui, je ne sais pour quelle raison, devait être rigoureux, absolu et définitif finissait invariablement dans la confusion. D'un seul coup, tout était oublié, jusqu'à l'objet de notre attente.

Depuis, le temps a changé de nature. C'est ainsi que jeudi soir allongé et enveloppé dans une couverture, j'ai regardé le début de "Gran Torino" et je l'ai loupé. Je me suis endormi avant la fin. La fin du film, la fin de l'année, le début de l'année.

Ce qui ne m'empêche pas de vous en souhaiter une bonne et heureuse.

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