jeudi 28 mai 2015

Un petit discours pour un grand concert

Je vous remercie d’être venus si nombreux car, comme me l'a dit mon beau-frère Alain, compte tenu du programme ce n’était pas gagné d’avance. Je sais que plusieurs parmi vous ont conditionné leur présence au fait que je ne fasse pas de discours. Je dois vous avouer que cette exigence m’a profondément et durablement affecté mais j’ai accepté de renoncer pour le bien commun. Je me contenterai donc d'un propos liminaire. Pour les profs de sport présents je précise qu'un propos liminaire est un propos placé au début d’un discours. Je remercie tous ceux grâce à qui le concert de ce soir peut avoir lieu.



Le concert devait débuter à 20h et il est 20h30. Jean-Baptiste, qui fait office de leader, m’avait dit « Tu vas voir, nous on est des pros, à 20h tapante je balance le premier riff. » Comme me l’a dit Jorge « Ça c’est sûr, c’est des pros mais on ne sait toujours pas de quoi ». C'est vrai que Jorge, c'est pas un tendre. Alors de quoi la Sainte Sixtus est-elle le nom? Deux accords sur tous les tons qu'on appelle le rock, des Stones aux Blues Brothers en passant par les who, Bob Dylan et les Pogues. 



Quoi qu’il en soit, nous sommes réunis ce soir pour participer au dernier, à l’ultime concert de la Sainte Sixtus. Nous le devons à Jean-Philippe, bassiste de son état, qui va nous quitter. Comme me l'a dit Grégory, nouvellement agrégé, en arrêtant le premier, Jean-Philippe a prouvé qu'il était le plus lucide de la bande. Et puis Jean-Baptiste, nouvellement recruté à l'INSA, m'a juré qu'il n'y en aurait pas d'autre, que c'était vraiment le dernier concert. Je sais que parmi vous nombreux sont ceux qui, sans trop y croire, attendaient avec impatience cette toute dernière prestation car comme me l’a dit Emmanuel, ça nous évitera de nous les fader encore une fois au prochain Rock est dans le pré. Mais chacun sait que nous finirons bien un jour par les regretter et ce dernier concert marquera le début de notre nostalgie.
Encouragez-les, je les sais tendus comme des peaux de tom. On s'accorde à dire qu'ils sont sur la corde raide.


mercredi 27 mai 2015

Tout compte fait (1,2,3)

Je levai la tête. Le soleil commençait à disparaître derrière le bâtiment. Il allait être 18h. Cette prochaine heure se laissait anticiper sur l'horloge encastrée au-dessus de l'entrée. Je regardai l'aiguille des minutes pour m'assurer que le mécanisme était toujours en état de marche. Elle bougea d'un mouvement saccadé vers le haut. Bientôt les aiguilles feraient un angle de 180°. Il me restait du temps. J'avais hâte de partir mais j'aime cette possibilité d'une flânerie quand l'impératif a le bon goût de se faire discret. Cette sensation que le temps n'a aucune prise. J'entrai malgré tout dans la gare. Cette idée de voyage me trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Simplement aller d'un point à un autre, me laisser porter, insouciant. Quelques jours auparavant, j'étais passé retirer quelques dépliants sur lesquels s'alignaient des horaires. Ils étaient imprimés en petits caractères. A côté de la majorité d'entre eux, entre parenthèses était noté un numéro qui, comme l'on dit, renvoyait en bas de page. Et en bas de page, l'on trouvait un florilège d'exceptions. 1) circule à partir du... 2) circule entre le...et le... 3) circule les dimanches et fêtes sauf... 4) ne circule que le ... 5) circule tous les jours sauf ... 6) ne circule pas les... 7) ne circule pas le dimanche sauf... J'en ai oublié de nombreux autres. J'aurais pu regarder sur internet mais j'avais fait le choix de voyager à l'ancienne, ou du moins de choisir ce qui restait d'ancien dans le fait de prendre le train. Non par nostalgie mais par curiosité, j'aimerais vivre quelques jours du temps où nous n'avions ni internet ni portable. Cette époque n'est pas encore si éloignée et pourtant je crois en avoir perdu toutes les sensations, le parfum de l'air du temps.
Après avoir décrypté les horaires, j'avais choisi Marseille comme destination. Je n'y étais jamais allé et cela faisait longtemps que j'en avais émis le souhait.

Je traînais d'abord dans le hall comme si je n'avais pas encore choisi. Je pouvais être un voyageur attendant que s'affiche sur le tableau le numéro du quai le long duquel s'arrêterait le train. Cette attente est un moment crucial du voyage, elle peut avoir des répercutions sur son déroulement et notamment sur son confort. Plus exactement, il faut être attentif et réactif. Une sorte de condensé de la vie contemporaine. Chacun, les yeux levés vers le tableau, exprime une tension, l’appréhension de ne pas être assez rapide. Pour ma part, l'information que je recherche avant tout est celle qui concerne l'état du trafic, qui en général se trouve tout à droite du panneau qui les jours de chance indique "A l'heure". Les voyageurs se retiennent de crier "Pour la SNCF hip hip hourra!". Ces personnes qui vont bientôt voyager ensemble forment un groupe compact, comme une cellule en formation complétée par de nouveaux éléments l'heure du départ se faisant plus proche. Cette promiscuité, alors que tout autour le hall offre des espaces libres, s'explique par le fait qu'il est préférable de se trouver face au tableau indicateur pour guetter dans les meilleures conditions la case où va s'inscrire cette information tant attendue. De plus en vous plaçant sur le côté, vous prenez le risque d'être à l'opposé du quai de départ, handicap qui peut s'avérer insurmontable. Dès qu'au bout de la ligne indiquant le numéro du train, sa destination et son horaire apparait brusquement le numéro du quai, qui est en quelque sorte la première étape du voyage, il faut bondir et ne faire preuve d'aucune hésitation au risque de perdre l'avantage d'avoir été bien placé. Tant que l'on occupe pas une place assise rien n'est gagné. Il est possible alors d'observer un groupe de personnes se mouvoir dans la même direction. Ce brusque mouvement, qui peut s'apparenter au départ d'un sprint, donne lieu à des comportements étonnants. Comme si en dépendait leur vie, certains en oublient les plus élémentaires règles de savoir vivre, bousculant, invectivant à l'occasion un voyageur osant se mettre en travers de leur route ou ne marchant pas assez vite. Parfois sont pris dans ce flux des quidams qui pour leur malheur se trouvent dans le passage alors qu'ils sont en partance vers une autre destination. Pour ce qui me concerne, je ne me précipite jamais quitte à faire le voyage debout, où mieux, à rater le train.

Ou je pouvais être celui qui attend un voyageur en provenance. En provenance d'ailleurs. Le voyageur et celui qui attend le voyageur, que je nomme ainsi faute d'avoir trouvé un substantif adapté, ont en commun une préoccupation, celle de l'heure. "Le train va-t-il partir à l'heure?" pour l'un, "le même train va-t-il arriver à l'heure" pour l'autre. Mais ils ont leur propre préoccupation qui les distingue l'un de l'autre. Celui qui attend se demande si celui qui voyage a bien pris le train prévu pendant que le voyageur se demande s'il sera bien attendu. Bien sûr, avec l'omniprésence de moyens de communication instantanée, l'incertitude, l'angoisse, la surprise ont toutes disparues. Le doute ne dure jamais bien longtemps, tout juste le temps de composer un numéro. Tomber sur la messagerie est le dernier espoir de suspens. Ecoutera-t-il mon message? Tous les doutes précédents levés,on attend qu'il rappelle. J'aime bien attendre. Attendre celui que l'on aime. C'est un "celui" multi sexe. Attendre que son amour arrive. Attendre que son amour revienne. L'attente contient cette appréhension, parfois cette peur de ne pas reconnaître celui qui arrive. Cela n'a pas forcément à voir avec son aspect extérieur mais au premier regard on sent que ce n'est pas lui, que ce n'est plus lui. Il ne nous a pas vu. Il cherche. Il nous cherche. Il suffirait de se retourner et de repartir seul, de s'éloigner. On ne se l'avouerait pas, mais l'envie nous traverse. Tout cela en si peu de temps. Nous n'avons rien formulé. Il nous a vu. A-t-il remarqué? Malgré tout j'aime bien attendre. Je trouve extraordinaire notre capacité à reconnaître en une fraction de seconde parmi parfois des centaines d'autres le visage de celui que l'on attend. Nous balayons le proche horizon et brusquement il est là. C'est lui. En un instant, il est profondément proche.

lundi 25 mai 2015

Tout compte fait (1,2)

Je levai la tête. Le soleil commençait à disparaître derrière le bâtiment. Il allait être 18h. Cette prochaine heure se laissait anticiper sur l'horloge encastrée au-dessus de l'entrée. Je regardai l'aiguille des minutes pour m'assurer que le mécanisme était toujours en état de marche. Elle bougea d'un mouvement saccadé vers le haut. Bientôt les aiguilles feraient un angle de 180°. Il me restait du temps. J'avais hâte de partir mais j'aime cette possibilité d'une flânerie quand l'impératif a le bon goût de se faire discret. Cette sensation que le temps n'a aucune prise. J'entrai malgré tout dans la gare. Cette idée de voyage me trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Simplement aller d'un point à un autre, me laisser porter, insouciant. Quelques jours auparavant, j'étais passé retirer quelques dépliants sur lesquels s'alignaient des horaires. Ils étaient imprimés en petits caractères. A côté de la majorité d'entre eux, entre parenthèses était noté un numéro qui, comme l'on dit, renvoyait en bas de page. Et en bas de page, l'on trouvait un florilège d'exceptions. 1) circule à partir du... 2) circule entre le...et le... 3) circule les dimanches et fêtes sauf... 4) ne circule que le ... 5) circule tous les jours sauf ... 6) ne circule pas les... 7) ne circule pas le dimanche sauf... J'en ai oublié de nombreux autres. J'aurais pu regarder sur internet mais j'avais fait le choix de voyager à l'ancienne, ou du moins de choisir ce qui restait d'ancien dans le fait de prendre le train. Non par nostalgie mais par curiosité, j'aimerais vivre quelques jours du temps où nous n'avions ni internet ni portable. Cette époque n'est pas encore si éloignée et pourtant je crois en avoir perdu toutes les sensations, le parfum de l'air du temps.
Après avoir décrypté les horaires, j'avais choisi Marseille comme destination. Je n'y étais jamais allé et cela faisait longtemps que j'en avais émis le souhait.

Je traînais d'abord dans le hall comme si je n'avais pas encore choisi. Je pouvais être un voyageur attendant que s'affiche sur le tableau le numéro du quai le long duquel s'arrêterait le train. Cette attente est un moment crucial du voyage, elle peut avoir des répercutions sur son déroulement et notamment sur son confort. Plus exactement, il faut être attentif et réactif. Une sorte de condensé de la vie contemporaine. Chacun, les yeux levés vers le tableau, exprime une tension, l’appréhension de ne pas être assez rapide. Pour ma part, l'information que je recherche avant tout est celle qui concerne l'état du trafic, qui en général se trouve tout à droite du panneau qui les jours de chance indique "A l'heure". Les voyageurs se retiennent de crier "Pour la SNCF hip hip hourra!". Ces personnes qui vont bientôt voyager ensemble forment un groupe compact, comme une cellule en formation complétée par de nouveaux éléments l'heure du départ se faisant plus proche. Cette promiscuité, alors que tout autour le hall offre des espaces libres, s'explique par le fait qu'il est préférable de se trouver face au tableau indicateur pour guetter dans les meilleures conditions la case où va s'inscrire cette information tant attendue. De plus en vous plaçant sur le côté, vous prenez le risque d'être à l'opposé du quai de départ, handicap qui peut s'avérer insurmontable. Dès qu'au bout de la ligne indiquant le numéro du train, sa destination et son horaire apparait brusquement le numéro du quai, qui est en quelque sorte la première étape du voyage, il faut bondir et ne faire preuve d'aucune hésitation au risque de perdre l'avantage d'avoir été bien placé. Tant que l'on occupe pas une place assise rien n'est gagné. Il est possible alors d'observer un groupe de personnes se mouvoir dans la même direction. Ce brusque mouvement, qui peut s'apparenter au départ d'un sprint, donne lieu à des comportements étonnants. Comme si en dépendait leur vie, certains en oublient les plus élémentaires règles de savoir vivre, bousculant, invectivant à l'occasion un voyageur osant se mettre en travers de leur route ou ne marchant pas assez vite. Parfois sont pris dans ce flux des quidams qui pour leur malheur se trouvent dans le passage alors qu'ils sont en partance vers une autre destination. Pour ce qui me concerne, je ne me précipite jamais quitte à faire le voyage debout, où mieux, à rater le train. 

mercredi 20 mai 2015

Yaca bordel. Non mais c'est vrai quoi!

Quand j'écoute Cricri Estrosi, à chaque fois je me demande. Je me demande si je dois en rire ou en pleurer. Je me demande s'il est sérieux ou s'il nous fait du second degré.Mais au moins ce qui est bien avec Cricri c'est que tout est simple. Le bon sens gouverne sa vie. Si chacun faisait ce qu'il a à faire, tout irait mieux. Je serais même tenté de dire que tout irait bien. Chacun de nous n'a qu'à... C'est pas compliqué. Cela me rappelle la célèbre phrase de Coluche, que j'ai certainement déjà dû utiliser, "Quand on pense qu'il suffirait que les gens ne les achètent pas pour que ça ne se vende pas".
Malgré tout il est capable d'empathie et de compréhension vis à vis de ces familles qui ne savent pas "éduquer" leurs enfants. Il comprend qu'elles puissent être tristes. D'accord, le "En même temps" qui suit tempère cette empathie. Il semble que chez Cricri, l'intelligence soit également assez tempérée. Si Cricri avait reçu une bonne éducation politique, il saurait que l’État n'est ni de droite ni de gauche. Quoi qu'il en soit, Cricri confirme qu'il est un invertébré de la pensée. Cette intervention, outre sa bêtise, met en évidence la confusion d'une pensée (est-ce une pensée), la paresse de la réflexion (est-ce une réflexion) qui encore une fois stigmatise, désigne, accuse et méprise. Mais à qui parle-t-il?

"Les familles n'ont qu'à éduquer leurs enfants et faire en sorte qu'ils ne soient pas des délinquants. Malheureusement, ça s'est terminé par un événement extrêmement triste, la disparition d'un enfant, et je comprends qu'une famille puisse être triste.
Mais en même temps si l'Etat, de droite comme de gauche, fait son devoir pour que nous fassions disparaître ces cités de non-droit et qu'il y ait dans notre pays une éducation qui ne conduise pas à de tels comportements, on évitera ces drames".



Et si...

J'ai remarqué la fragilité des liens, des mots qui parfois les relient et les façonnent. Il faut si peu pour que disparaisse ce qui unissait, ce qui rapprochait. La brisure, malgré le talent des sentiments, laisse toujours à voir une trace aux yeux de ceux qui se sont séparés, ne serait-ce que le temps de regretter. La distance est imperceptible dans la brise finissante. Le calme est une usure. Le sentiment semble ténu. Après, demeure un goût de sécheresse, comme si la légèreté à présent se refusait. La vie devient presque. L'insouciance se dissipe malgré les sourires que l'on voudrait caressant. Rien n'y fait.

mardi 19 mai 2015

Pas facile

Ils la rêvèrent dans le suintement d'un songe. Cet endroit où plongent les extensions dévolues. A la rencontre de la brume qui pénètre la mousse déjà gorgée du tumulte délabré. Les pointes de lumière transperçaient les reflets oubliés. L'envie se déversait sur l'humus boursoufflé. Les couleurs traversaient la pourriture. L'odeur remontait du lointain. Heureusement la nuit...

lundi 18 mai 2015

Vers toi vertu


Curieux de nature et toujours prêt à m'instruire, à me cultiver à l'écoute de nos grands hommes, je me suis appliqué à découvrir le sens du mot républicain à l'aune des propos de celui qui brandit cette notion comme l'ultime rempart contre la décadence et l'invasion comme en son temps l'inquisition brandissait la croix pour repousser en enfer les hérétiques. Phrase un peu longue et pompeuse mais j'aime bien opposer la grandiloquence à la tartuferie.

Un républicain dans un meeting est celui qui, lâchement, livre en pâture des noms à son auditoire afin que celui-ci puisse assouvir son besoin de haine, de mépris et de violence. « Dans le combat effréné pour la médiocrité, [la ministre de la justice] Christiane Taubira est en passe d'être dépassée par Najat Vallaud-Belkacem. »

Un républicain dans un meeting est celui qui, à défaut de pouvoir argumenter, méprise son auditoire en lui servant une caricature de la réflexion de celui qu'il combat. « Si le livre est trop épais, ne le lis pas… Si ton professeur t’ennuie, sors de classe et vas profiter… Avec ça on va faire de bons républicains, de bons citoyens. »

Un républicain dans un meeting  est celui qui prête à l'autre des dessins funestes qui n'auraient d'autre but que de saper les valeurs de son pays au nom d'une idéologie qui serait érigée en religion. « une volonté de détruire ce qui fait le génie français » parlant de Najat Vallaud-Belkacem.

Un républicain est celui qui dans un meeting précédent aurait fustigé l'accès à la culture au nom d'un utilitarisme professionnel qui verrait une guichetière condamnée à n'acquérir que la maîtrise de gestes et de procédures  "L'autre jour, je m'amusais - on s'amuse comme on peut - à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves. Imaginez un peu le spectacle !"  Par ailleurs, aucune guichetière, apparemment métier exclusivement féminin, n'a jamais passé le concours d'attaché d'administration pour le devenir, si tant est que ce métier existe. La dérision, l'ignorance et le mépris.


Un républicain dans un meeting est celui qui mesure la capacité d’une famille à soutenir ses enfants et qui le fait sur la base de sa situation sociale et financière, renvoyant « les plus modestes » à leur déterminisme. « Dans les familles les plus aisées le naufrage de l’école sera compensé par la force de la famille, par le milieu social. Je l’accuse d’être injuste à l’endroit des plus modestes, qui vont se retrouver tout seuls, abandonnés. »

Un républicain dans un meeting est celui qui désigne, qui dénigre, qui assène, qui attribue des certificats de bonne conduite "Les socialistes sont socialiste avant d'être républicains"

Pas trop envie d'être traité de républicain.












dimanche 17 mai 2015

Quoi d'autre

Et à la fin nous avons fait l'amour.

Tout compte fait (1)

Je levai la tête. Le soleil commençait à disparaître derrière le bâtiment. Il allait être 18h. Cette prochaine heure se laissait anticiper sur l'horloge encastrée au-dessus de l'entrée. Je regardai l'aiguille des minutes pour m'assurer que le mécanisme était toujours en état de marche. Elle bougea d'un mouvement saccadé vers le haut. Bientôt les aiguilles feraient un angle de 180°. Il me restait du temps. J'avais hâte de partir mais j'aime cette possibilité d'une flânerie quand l'impératif a le bon goût de se faire discret. Cette sensation que le temps n'a aucune prise. J'entrai malgré tout dans la gare. Cette idée de voyage me trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Simplement aller d'un point à un autre, me laisser porter, insouciant. Quelques jours auparavant, j'étais passé retirer quelques dépliants sur lesquels s'alignaient des horaires. Ils étaient imprimés en petits caractères. A côté de la majorité d'entre eux, entre parenthèses était noté un numéro qui, comme l'on dit, renvoyait en bas de page. Et en bas de page, l'on trouvait un florilège d'exceptions. 1) circule à partir du... 2) circule entre le...et le... 3) circule les dimanches et fêtes sauf... 4) ne circule que le ... 5) circule tous les jours sauf ... 6) ne circule pas les... 7) ne circule pas le dimanche sauf... J'en ai oublié de nombreux autres. J'aurais pu regarder sur internet mais j'avais fait le choix de voyager à l'ancienne, ou du moins de choisir ce qui restait d'ancien dans le fait de prendre le train. Non par nostalgie mais par curiosité, j'aimerais vivre quelques jours du temps où nous n'avions ni internet ni portable. Cette époque n'est pas encore si éloignée et pourtant je crois en avoir perdu toutes les sensations, le parfum de l'air du temps.
Après avoir décrypté les horaires, j'avais choisi Marseille comme destination. Je n'y étais jamais allé et cela faisait longtemps que j'en avais émis le souhait. 

mercredi 13 mai 2015

Il était

J'entre dans l'antre de ton ventre. Dans une autre nuit qui attendrait ta lueur. Les mots épars et désarticulés extraits des pages de nos passages. Je ne sais plus si tu te souviens de ces histoires des soirs que nous faisions semblant de croire. Le frisson des murmures. Pour sombrer jusqu'au lendemain.

mardi 12 mai 2015

Digital

Hier matin, un homme m'a serré la main. Ceci fait dans un environnement professionnel. C'est une pratique récurrente et formelle qui n'engage à rien si ce n'est qu'elle renouvelle un engagement de non agression. Alors, pourquoi en faire mention? Deux éléments, qui peuvent ne pas avoir de lien, ont concouru à cette mise en mots. Un rapport nous apprend, nous apprend-il, que dans notre pays l'homophobie s'enracine. Règne l'homophobie ordinaire, selon l'expression de ce rapport. Celle de tous les jours, du quotidien, qui se mêle aux autres discriminations, que nous brassons, que nous alimentons. Il serait intéressant de faire le portrait du non discriminé, de celui qui n'entre dans aucune catégorie, de celui qui évolue dans la normalité. Serions-nous tous victimes de discriminations?
En me serrant la main, l'homme me fit remarquer que je l'avais douce. Sur le moment, à part un classique "elles me le disent toutes", je n'ai pas réagi. Le sourire de convenance passé, je me suis demandé si une femme m'avait déjà fait cette remarque. Après avoir bien cherché, j'ai dû m'avouer, qu'au mieux, je ne m'en souvenais pas. J'ai regardé cette main et... Des images sont apparues entre les lignes. Ma vie était là, à portée de main. Elle avait tout fait. Elle paraissait pourtant vide.  



lundi 11 mai 2015

Passons

Claque calque calcul craque détraque traque embarque marque frasque masque tout à trac flasque. J'ai rassemblé ces mots en me disant que j'allais bien réussir à en faire quelque chose. Je les ai retournés dans tous les sens mais j'ai dû me rendre à l'évidence que je n'en tirerais rien, du moins rien qui démarque un tant soit peu. La déception fut grande tant j'étais persuadé que je tenais là quelque chose qui allait faire date, pratiquement un concept. Cela s'est résumé à n'écrire rien sur rien. J'ai le souvenir d'un titre de Gong intitulé Night Illusion. Façon jazz, un démarrage tonitruant et rapidement le rythme s'affaisse dans une tiédeur poisseuse.  

Parfois



C’était un après-midi. L’un de ces après-midi où je me sens libéré de tout. L’indication du moment m’était indiquée par le soleil parvenu au sommet du bleu. J’étais entouré par une chaleur qu’un vent de passage atténuait. Allongé dans l’herbe, je me laissais aller à rien. Le silence se glissait dans l’immobilité des pierres qui surplombaient le vert piqueté de pâquerettes. La retenue des odeurs et l’hésitation des couleurs indiquaient que l'été n'était encore qu'une éventualité. Là-bas n'existait pas. Trop loin, ailleurs disparaissait.  Le temps se laissait traverser comme épuisé de passer. Apaisé, je m'endormis.     

vendredi 1 mai 2015

Hé oui!

La chance, vacances.