mardi 30 octobre 2007

Merci Christine



Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'emploi est une pointure, du moins nous l'a-t-on vendu comme telle. Elle a exercé ses talents avec succès outre-Atlantique dans un des plus importants cabinets d'avocats. Ainsi, tout comme notre ami Jean-François, elle a su garder les pieds sur terre, se coltiner la réalité, ses escarpins couverts de la poussière des moquettes. Et pourtant...

Je la suis de près depuis quelques temps, friand de ses analyses de la situation. Elle occupe son poste actuel depuis le mois de juin. Ce matin, certainement après avoir potassé à fond les dossiers préparés par ses collaborateurs, elle analyse ainsi, sur France Info, la situation monétaire et pétrolière : "Christine Lagarde a par ailleurs souligné qu'un euro fort permet de compenser l'impact des prix élevés du pétrole qui sont libellés en dollar". A sa décharge, l'étude de son CV nous révèle qu'elle n'a pas bénéficié de formation en économie. Il me semble qu'un des engagements de Nicolas Sarkozy était d'être plus proche de ses concitoyens. A l'évidence, Christine Lagarde a fait sien cet engagement. La profondeur de son analyse en fait une femme comme les autres.

Il y a peu, pour mettre fin à la suspicion qui pesait sur les statistiques du chômage, madame Lagarde a, pour faire court, d'une part demandé à l'INSEE de revoir ses méthodes de calcul et d'autre part de ne plus publier que des statistiques trimestrielles, tout en maintenant les statistiques mensuelles de l'ANPE, considérant que seule cette périodicité trimestrielle permettrait d'apprécier une tendance, alors que des données mensuelles n'étaient sujettes qu'à des polémiques comme il se doit stériles. Ainsi, les prochaines statistiques dignes de foi seront publiées mi-novembre.

Pourtant, Madame Lagarde n'a pu s'empêcher de dire, à propos des statistiques mensuelles de septembre:
"Je vous signale que nous aurons à la fin de la journée un chiffre qui devrait être absolument positif... sur la baisse du nombre de demandeurs d'emploi"

Par ailleurs, le "absolument positif sur la baisse" est, comme l'on dit, absolument savoureux.gj

lundi 29 octobre 2007

Trois hommes et des confins

Samedi soir, je suis allé là où je n'étais jamais allé. J'ai découvert les confins du département de l'Eure. Les confins est une notion relative, bien répartie sur le territoire et accessible à tous. Chacun de nous a ses confins. Des extensions sont possibles. Il en est ainsi des confins de l'âme où il ne fait pas toujours bon s'aventurer.

Samedi donc, nous avons eu la chance d'atteindre deux fois les confins. Dans un premier temps, une étape dans le chef lieu des confins locaux et ensuite une longue pause dans les confins du terroir, les vrais, ces confins où l'indigène, quoique frustre et méfiant au premier abord, d'un sourire chaleureux et d'une poignée de main autant virile que caleuse vous signifie la bienvenue.

Après un trajet au cours duquel il fut principalement question d'une souris crevée à l'origine d'une odeur pestilentielle empêchant nos hôtes de dormir dans leur chambre, ce d'autant que cette bête crevée est à l'origine d'une recrudescence du nombre de mouches et dont le cadavre en décomposition fait office de garde-manger pour les larves fruits de la frénésie sexuelle qui s'est emparée des dites mouches, frénésie provoquée par l'odeur de putréfaction qui agit sur la mouche comme un puissant aphrodisiaque mais qui n'a pas le même effet sur nos hôtes qui, dans un premier temps ignorant l'origine du remugle, en attribuaient l'origine à leur conjoint à l'hygiène corporelle supposée négligée, nous finîmes par arriver à Verneuil sur avre.

Après nous être garés sur la belle place de l'église, comme promis, c'est avec impatience et mus par l'excitation de découvrir les nouvelles collections automne-hiver de gants et écharpes que nous avons pénétré dans le magasin sur le fronton duquel j'ai découvert son nom "De mère en fille". Une fois à l'intérieur, je peux vous dire que nous n'avons pas été déçus, la réalité s'affichait à la hauteur des attentes. Des gants, des écharpes, des chapeaux des plus classiques aux plus fous, de toutes les formes, de toutes les couleurs et même un bonnet pour rasta chauve.

Pendant que glissant d'une collection à l'autre et échangeant quelques bons mots qui faisaient sourire la propriétaire des lieux en proie au déchiffrement d'un petit carnet et m'attendant à voir entrer madame Bovary, nous apparurent au milieu des boas et des bijoux fantaisie deux jeunes femmes. Il y a des signes qui ne trompent pas. Autant certaines soirées avant même de commencer sentent le pâté, la foirade de première, autant il en est d'autres qui prennent la peine de nous envoyer des signes d'un proche avenir radieux. Samedi soir était une de ces soirées. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces deux personnes que nous devions retrouver ailleurs plus tard étaient là maintenant. Après les embrassades et les sourires que la surprise prolongeait, c'est confiants et légers que nous décidâmes de nous diriger vers la prochaine étape que je vous conterai dans le détail lors d'une prochaine chronique.

vendredi 26 octobre 2007

Il ne manque que la photo



Chacun a une photo à mettre dans le cadre.


Un monde de brutes, de Jean-Michel Dumay
LE MONDE | 20.10.07 | 14h03 • Mis à jour le 20.10.07 | 14h03


obert Sutton, un professeur américain de management à la Stanford Engineering School, a théorisé récemment la notion du "coût total des sales cons" en entreprise (CTSC). A la suite d'un très sérieux article dans la Harvard Business Review, il a rédigé un "petit guide de survie face aux connards, despotes, enflures, harceleurs, trous du cul et autres personnes nuisibles qui sévissent au travail". Paru en France en avril (Objectif zéro-sale-con, Vuibert, 186 p., 18 €), le livre aurait quelque succès. Pour plus de détails, disons que le CTSC, qui peut s'avérer très élevé, est notamment corrélé à l'absentéisme, aux démissions ou dépressions engendrées au contact direct du "sale con". Etant entendu que la nature de celui-ci, à la définition duquel chacun d'entre nous n'a jamais la garantie de se soustraire, est repérable à la quantité d'insultes personnelles qu'il profère, à sa capacité d'envahir l'espace d'autrui sans vergogne, à intimider ou à humilier, souvent publiquement.



Si la chasse aux mauvais managers, à coups de formation au développement personnel et à la gestion des émotions, est monnaie de plus en plus courante en entreprise, celle-ci seule, cependant, ne saurait arriver à bout du monde de brutes que semble décrire la sociologie des organisations. Le stress, par exemple, en constitue l'avatar premier dans les sondages. Quels sont, selon vous, les mots qui décrivent le mieux la façon dont la plupart des gens vivent leur travail aujourd'hui ? questionnait l'institut TNS-Sofres pour l'hebdomadaire Pèlerin en juillet : "Le stress", répondaient en tête et sans ambiguïté 78 % des actifs - 92 % ajoutant croire que ce fléau touche aujourd'hui beaucoup ou un peu plus leur entourage au travail qu'il y a quelques années.

De fait, les changements dans l'organisation du travail ont induit une nouvelle donne relationnelle. L'évaluation individualisée des performances a copié-collé au coeur des entreprises l'univers concurrentiel du petit village global. Résultat, pour Christophe Dejours, psychiatre et psychanalyste, qui s'exprime ainsi dans Enjeux (octobre) : "Les relations de confiance ont déserté l'univers du travail. La convivialité, le vivre-ensemble ont disparu. Avec les "contrats d'objectifs", ce qui compte, c'est le résultat ; le chemin par lequel on y parvient n'intéresse pas."

En gagnant pas à pas chaque secteur d'activité soumis aux injonctions de la croissance, le culte de l'urgence et du court-termisme axe les efforts sur les moyens au détriment de la fin. Il détourne l'esprit du sens à donner à l'action. Du coup, il bloque toute volonté d'engagement, empêche toute consolidation, écarte toute construction de loyauté et de confiance mutuelle - les ferments, puis ciment, de toute stabilité. Dans cet univers morcelé sur la durée, chacun est fragmenté et sommé de s'adapter. Or, chacun le sait, le discours de l'adaptation se nourrit (aussi) des peurs et, notamment, celle, si présente, de l'exclusion. "D'où une solitude psychique et sociale, suggère Christophe Dejours. Les pathologies qui surgissent depuis quinze ans sont des pathologies de la solitude."

Au coeur de ce mouvement, et dans la sphère privée cette fois, Marie-France Hirigoyen note à son tour une augmentation de la dureté des relations (Les Nouvelles Solitudes, La Découverte, 216 p., 17 €). "L'exigence de perfection a rendu les relations entre sexes de plus en plus dures", écrit-elle. Les sites de rencontres prospèrent au service de consommateurs de l'autre de plus en plus exigeants. "Nous voulons que l'autre corresponde précisément à nos attentes et, si ce n'est pas le cas, la solution la moins dérangeante consiste à rompre et à passer à une autre relation." Cela se ferait sans gants. Au besoin avec des mots de plus en plus durs, de plus en plus violents. Avant de replonger dans la fausse douceur des très actuels paradis virtuels.


Jean-Michel Dumay

mardi 23 octobre 2007

Robert et moi (14)



J'effectue la sortie du magasin le disque à la main. Je vous rappelle que je viens d'acquérir le "IV" de Led Zeppelin. Durant le voyage je vais le tourner et le retourner. Arrivé à destination, je dois participer au déchargement de la voiture. Je ne vais pas jouer les Cosette mais un enfant de commerçant est corvéable à merci et il ne bénéficie pas de la protection du code du travail. Je travaillais plus mais pour ne rien gagner.

Une fois les travaux de manutention achevés, je suis monté dans ma chambre, le disque sous le bras. J'étais l'heureux occupant de ce que l'on appelait une chambre en rotin. Le lit, la table de nuit, le guéridon, le bureau intégré à l'armoire, le fauteuil, tout était en rotin. Je suppose que le rotin était un signe extérieur de richesse car ma mère ne se lassait pas de dire que son fils avait une chambre en rotin. Je vous parlerai dans le détail de ma chambre d'adolescent un peu plus tard.

J'étais également l'heureux propriétaire d'un tourne disque ressemblant à celui qui illustre cette chronique. L'appellation tourne disques correspond tout à fait à la réalité. Le mien possédait trois vitesses, 45, 33 et 13. Le treize tours était peut-être une anticipation d'un projet qui n'a jamais vu le jour. Ce tourne disques était vendu avec deux accessoires, l'un pour les 45 et l'autre pour les 33, qui permettaient, en supperposant les disques, de réaliser une programmation, ce qui pour les boum limonade était très pratique. Vous vous demandez peut-être ce qu'est une boum limonade. Je vous en ferai une description lors de la prochaine chronique.

Donc, évoluant dans le cadre de ma chambre en rotin, j'ouvre la porte de mon bureau, reproduction en rotin d'un pont-levis, porte sur laquelle je pose mon tourne disques. Je le branche mais pour une raison que j'ai oubliée, le fil se trouve dans le passage qui sépare ma chambre en rotin de la chambre contemporaine de mes parents. Le contemporain est fonctionnel. Il arrivait à mes parents de traverser ma chambre. Autant ma mère faisait l'effort de passer sous le fil, autant il était hors de question que mon père fasse de même. En fonction du moment de la journée, je pouvais être amené à débrancher plusieurs fois par face. Mon père n'a jamais partagé mes goûts musicaux. J'avoue que la réciproque était vraie.

Je vous raconterai la première écoute la prochaine fois. C'est promis.

Merci beaucoup Pierre

Sans sa permission, je me permets ici de reproduire un billet de Pierre Assouline sur la journée du 22 octobre. Je vous encourage à le lire. En le lisant, on a l'impression que tout est dit. Je ne vous cacherais pas que le passage sur Henri Guaino me comble.
Bonne journée.



Que faire de Guy Môquet ?
Il y a ceux qui, comme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, liront eux-mêmes ce lundi la lettre d’adieu de Guy Môquet dans un lycée en prenant soin de la replacer dans son contexte et en faisant fi des problèmes de récupération que cela pose, persuadés de rendre ainsi un hommage à la Résistance à travers cette lecture tenue également comme une forme de “contestation de la politique qui est actuellement menée dans notre pays”.

Il y a ceux qui, tel Guy Krivopissko, conservateur du Musée de la Résistance nationale, recommanderont plutôt la lecture du poème saisi sur Guy Môquet le jour de son arrestation.

Il y a ceux qui, comme les adhérents syndiqués du SNES, appellent à un boycott collectif de cette lecture.

Il y a ceux qui appellent à manifester à Paris à la station de métro Guy-Môquet.

Il y a ceux qui, tel le psychiatre Xavier Pommereau, appellent à la plus grande prudence lorsque cette lettre sera lue à des adolescents, en la resituant précisément dans son contexte afin d’éviter tout contresens et de lever toute ambiguité, en précisant bien que “ce n’est pas la lettre de quelqu’un qui a choisi de mourir car (…) aujourd’hui, un adolescent qui voudrait en finir n’écrirait pas autre chose que ce qu’a écrit Guy Môquet”, précision qui a son importance lorsqu’on sait que le suicide est la seconde cause mortalité chez les 15-24 ans.

Il y a ceux qui, tels ces comédiens du Français, se réuniront avec Michel Favory à 20h au Théâtre du Vieux-Colombier à Paris pour lire les écrits des poètes de la Résistance.

Il y a ceux tels ces historiens membres du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire, qui dénoncent dans cette initiative son aspect purement commémoratif ajoutant l’esprit de communion, l’apologie du sacrifice et le désir d’union nationale à la dimension cérémonielle (monument aux morts, flamme de l’Arc de triomphe, devoir de mémoire) : “Chaque acteur de l’espace scolaire jugera de l’attitude qui lui paraît la plus juste, mais il ne nous apparaît pas possible, en tant qu’enseignants comme en tant que chercheurs, de cautionner un tel risque de confusion mémorielle“.

Il y a ceux qui, tel le journaliste Laurent Joffrin, directeur de Libération, pensent exactement le contraire et appellent les enseignants à lire cette lettre en cours… pour toutes les raisons invoquées justement par ses détracteurs car, selon lui, s’y refuser reviendrait à juger le chef de l’Etat non sur ses actes mais sur ses intentions…

Il y a ceux, tels les membres de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie, qui refusent que la rôle de l’Etat aille au-delà de la commémoration, que son chef édicte ce qui doit s’enseigner et se permette d’empiéter sur la liberté pédagogique en rendant obligatoire ce qui devrait être laissé à l’appréciation de chacun. L’historien Jean-Pierre Azéma, l’un des meilleurs spécialistes de l’Occupation, ne dit rien d’autre lorsqu’il refuse “cette caporalisation mémorielle” (”Guy Môquet, Sarkozy et le roman national” in L’Histoire, No323, septembre 2007).

Il y a ceux telle Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, qui assisteront ce matin à 9h à la lecture de cette lettre au collège Paul Vaillant-Couturier à Argenteuil, et ce soir à 20h30 au concert de Paul MacCartney à l’Olympia.

Il y a ceux qui, tel le conseiller de l’Elysée Henri Guaino qui a eu cette idée de génie de rendre la mémoire obligatoire à jour et à heure fixes, liraient cette lettre à leurs élèves s’ils étaient leur professeur tout en soulignant son caractère universel, ne se formaliseraient de ce que “quelqu’un” a cru bon y remplacer “camarade” par “compagnon” dans l’intitulé de l’hommage officiel, ne comprendraient même pas que tous les enseignants ne la lisent pas, pousseraient le cynisme jusqu’à dénoncer dans “cette agitation de quelques professeurs (…) une attitude purement politicienne (..) une prise d’otage idéologique” et manifesteraient leur colère car “la nation mérite un peu de respect de la part de ceux qui sont sensés la servir”.

Afin que nul n’en ignore, rappelons donc que ce lundi 22 octobre 2007, les enseignants des écoles françaises sont requis par le président de la République, via une note de service du ministre de l’Education nationale, de lire solennellement en classe les derniers mots de Guy Môquet à la veille de son exécution le 22 octobre 1941. L’Elysée a tenu à rappeler que cette lecture était obligatoire mais que néanmoins, les contrevenants ne seraient pas sanctionnés. On croit rêver, mais non.


Si j’étais dans la situation d’un professeur du secondaire, j’annoncerais aujourd’hui à mes élèves que nous parlerons toute l’année, régulièrement, sauf ce lundi 22 octobre, de l’esprit de résistance tel qu’il s’illustre dans de magnifiques lettres de lycéens et d’étudiants, de toutes origines et de toutes tendances, dont celles de Guy Môquet et de ses compagnons, adressées à leurs proches à la veille d’être exécutés par les Allemands entre 1940 et 1944. L’Histoire n’est pas la mémoire. Sous l’influence d’Henri Guaino, ce type dangereux qui lui sert de plume et de conseiller, et qui lui a déjà pondu un discours affligeant aux Africains pour leur expliquer leur incapacité fondamentale à entrer dans l’Histoire, le chef de l’Etat a commis l’erreur non seulement d’instrumentaliser une mémoire et une tradition qui lui sont étrangères (pas la moindre impasse Guy Môquet à Neuilly mais un boulevard Maurice Barrès, ce qui n’est pas pour déplaire à M. Guaino qui se dit justement “de sensibilité barrésienne”) mais aussi la maladresse de l’incarner personnellement. Ce qu’il fait systématiquement en toutes circonstances au risque de se voir renvoyer à la figure une initiative qui pourrait être louable en son principe mais qui se métamorphose par sa faute en réflexe antisarkozyste. Cette fois, c’était une fois de trop. L’Elysée le sait mieux que quiconque car depuis des semaines, on y observe avec inquiétude, de rapports en notes confidentielles, la montée d’un mécontentement qui ne vient pas que de la gauche enseignante, il s’en faut.

dimanche 21 octobre 2007

Chronique du matin (précision)



L'illustration de la précédente chronique du matin a suscité quelques réactions internes à la cellule familiale. Il vous faut d'abord savoir qu'en choisissant cette illustration je ne pensais pas à mal. Cette illustration est un symbole qui, je le reconnais, n'a pas pour tous la même signification.

A la demande d'une personne qui m'est très proche, je précise, comme l'on dit, que toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. De toute façon, je ne sais pas peindre.

Si vous le souhaitez je peux remplacer l'origine du monde par cet ange qui, je vous le concède, n'a rien à cacher. Il faut malgré tout que vous sachiez que de récentes recherches ont mis en évidence que les premières iconographies d'anges sont l'oeuvre d'un religieux du IV siècle que l'on soupçonne d'avoir été pédophile.

mercredi 17 octobre 2007

Chronique du matin (plaisir)


Le matin est parfois et parfois c'est souvent source de contrariétés. Mais le matin ne vaudrait d'être vécu s'il n'était peuplé de plaisirs et de désirs.

J'ai longtemps cru que je n'étais pas du matin, ce qui ne reposait sur rien car je ne suis pas certain d'avoir essayé avant d'essayer pour me rendre compte que j'étais autant du matin que du soir. Pour ce qui est de l'après-midi, je l'ai toujours été. Remarquez, c'est comme pour les filles, pendant plusieurs années je les trouvais idiotes. Un jour j'ai essayé, et j'ai constaté que j'étais plutôt filles. Même si c'est un mot que j'aime bien, je me demande ce que plutôt vient faire là, à moins que mon inconscient ne me laisse une porte de sortie.

Pour passer en revue désirs et plaisirs du matin, je me dois d'effectuer un flash back de plusieurs minutes.

Il fait encore nuit. Le silence est là si ce n'est le frôlement du souffle sur les lèvres. Les corps ne se doutent de rien. Le matin attend son tour. Il reste une seconde. Le sommeil nous préserve de l'angoisse du réveil.

Et badaboum, le radio réveil se met en marche. Je prends conscience du lit, de la chaleur qui me préserve de l'extérieur. Je m'étire dans la douceur des draps qui me caressent les jambes, les bras, les épaules... Je me tourne d'un côté, de l'autre pour essayer de retrouver la bonne position. Je finis par me recroqueviller non sans avoir remonté drap et couvertures de façon que seule dépasse ma tête. Je jette un coup d'oeil au réveil. Encore un quart d'heure. Une éternité. Je ferme les yeux et je laisse le temps m'engourdir. J'imagine souvent que le temps va ralentir, s'arrêter. J'aime sentir mon corps se détendre, échapper à mon esprit pour à nouveau me conduire d'un frôlement aux limites du sommeil. J'aime faire semblant de croire que la vie est presque parfaite. J'aime me dire jusqu'au dernier moment que je ne me léverai pas, que rien ne justifie que je quitte cet endroit où je suis si bien, que de toute façon personne ne viendra me chercher et je m'enfonce un peu plus vers le fond du lit. Il arrive qu'une de mes mains fasse preuve d'autonomie.

Pourquoi cette illustration? C'est toujours à regret que je quitte mon lit.

mardi 16 octobre 2007

François a dit


"Je dois le dire devant tous les élus qui sont présents ici : la réforme de l'Etat, cela supposera que nous soyons courageux,la réforme de l'Etat supposera que chacun d'entre nous accepte qu'il y ait moins de services, moins de personnel, moins d'Etat sur son territoire ".

Je ne serai pas long. Juste pour vous dire que dans cette phrase de François, prononcée devant les libéraux de l'UMP, ne riez pas, l'UMP est diverse, la preuve en est qu'il existe aussi un courant social-libéral de sensibilité gaulliste très actif. La gauche n'a pas le monopole de la sensibilité.

Je reprends. Cette phrase de François comporte rien moins que trois fois le mot moins. Si il n'y avait eu que deux moins, au bout du compte, moins par moins ça fait plus. Mais là, trois moins, vous aurez beau les retourner dans tous les sens, ça fera toujours moins.

Mis à part ce raisonnement foireux, François a le mérite d'annoncer la couleur. Il est écrit noir sur blanc que nous allons faire grise mine. A y réfléchir de plus près, est-ce que nous voulons vraiment qu'il y ait moins de service public ? Ayons conscience du sens de cette phrase, de son application sur le terrain, de ses conséquences sur notre vie de tous les jours.

En elle-même cette phrase n'a pas de sens. Pourquoi moins, moins, moins, pourquoi pas plus, moins, moins, ou plus, moins, plus. Comme cela est devenu une habitude, François argumente en disant que d'autres pays l'ont fait, donc c'est bien. Par ailleurs François me semble bien pressé. Il a commandé plusieurs audit qui doivent servir de base à la réforme de l'Etat. Le résultat de ces audit sera connu au printemps prochain. Ensuite il y aura des entretiens avec les partenaires sociaux. La réforme de l'Etat, comme l'on dit, s'inscrit dans le temps. Et voilà notre François, craignant peut-être que Nicolas ne le dise avant lui, nous annonce que ce sera moins, moins et moins.

Soyons optimistes, rien n'est fait puisque François le dit lui-même "il faudra que nous soyons courageux". J'en conclus qu'ils ne le sont pas encore mais qu'ils ont vocation à l'être. Quoi qu'il en soit, je ne vois pas de quel courage il parle.

Certains me reprochent de toujours m'en prendre à la majorité. Quand l'opposition agira et fera des propositions, c'est promis je ne les louperai pas.

Je ferai plus court la prochaine fois.

Merci Brice (pour rire)


Une contribution de Dominique qui à l'évidence se croit plus malin que tout le monde.

"Sacré Brice. Avant d'aller plus loin, je vous offre un retour en arrière. Il y a peu, Fadéla Amara qualifie de "dégueulasse" le contenu de l'amendement Mariani. Cette saillie provoque l'indignation de députés de la majorité qui se sentent gravement insultés et demandent des excuses. A cette occasion nous voyons réapparaître madame Morano, tout en finesse et retenue, qui nous fait le grand numéro de la prude offusquée. Pour tout dire, Fadéla Amara entretient la polémique dénoncée par notre ami François.

Et comme par miracle, le lendemain, sages et dociles, les pitbulls retournent dans leur niche et la vierge éffarouchée regagne sa chambre. Fadéla est invitée par Patrick, qui en connaît un rayon dans le domaine des insultes, à un petit déjeuner afin qu'elle puisse faire plus ample connaissance avec les députés de la majorité. A 24 heures près, c'était la salope qui allait chez les gros dégueulasses. Patrick n'est pas le seul à prendre soin de Fadéla. François en personne y va de son soutien. Il l'invite à prendre place dans son automobile pour, de concert, effectuer un voyage officiel. François est l'ami de Fadéla. Dans la bouche de François, il n'est plus question de polémique stérile et indigne et ridicule mais plutôt de l'expression de la diversité qui caractérise la société française.

Et ce matin, le pompon a été décroché par notre ami Brice qui à propos des propos de Fadéla nous dit avec aplomb " Par conviction je pense que tout débat enrichit et n'appauvrit pas." Donc, si j'ai bien compris, Fadéla participe au débat, ce débat enrichissant et par contre le Comité consultatif national d'éthique polémique.

Pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager la contribution au débat de Michèle, notre ministre de l'intérieur. Elle a ainsi affirmé : "il faut distinguer entre, peut-être, l'expression politique qui implique que chacun éventuellement peut donner un avis et participer à un débat" et "ce qu'attendent nos concitoyens, c'est-à-dire une visibilité".
J'ai bien envie de lui conseiller d'aller faire un tour à l'extérieur."

Vous aurez noté avec moi le parti pris de Dominique qui à l'évidence est tenaillé par un besoin de revanche.
Certains parmi vous se plaignent que sous couvert d'ouverture, je ne donnerais accès à cette tribune qu'aux gens de gauche, voire aux gauchistes. Pour toute réponse, je dirai simplement que je ne souhaite alimenter cette polémique.

lundi 15 octobre 2007

Robert et moi (13)






Ma première rencontre face à face avec Led Zeppelin n'a rien de glorieux. Je ne l'avais d'ailleurs jamais imaginée. A cette époque j'étais enfant unique, ce que je suis toujours. C'est une des constantes de ma vie. Je vivais seul. Avec mes parents, soit, mais seul. Je n'étais ni heureux ni franchement malheureux. D'un certain point de vue, je n'étais rien. Pour être plus précis, j'étais tout en intériorité.
Donc, un de ces jours qui ne ressemblait à rien, qui n'avait aucun intérêt pour un garçon de treize ans, je me trainais derrière mes parents dans une grande surface exclusivement réservée aux professionnels, ce qu'étaient mes parents. Je vivais avec des professionnels sans en avoir conscience.

Marchant dans les allées, entre les cornichons et les raviolis, je découvre ce que l'on appelerait aujourd'hui un espace culturel entièrement dédié à la musique. Il est fort probable que cet espace ne se trouvait pas à cet endroit mais on ne pouvait pas demander à ce magasin qui faisait dans le demi-gros de faire preuve de délicatesse. Je me dirige vers les bacs. Les passant en revue sans rien en attendre, je ne me souviens plus de leur contenu. Je tombe sur Led Zeppelin IV. J'étais en passe d'acquérir mon premier Led Zep. Dans son emballage de cellophane, je l'extrais. Bien sûr, je le regarde recto verso avec l'envie de lui arracher son enveloppe transparente. Avant il me faut m'assurer du financement parental et ensuite passer à la caisse.

Commencer par le IV c'est comme acheter, sitôt son permis en poche, une berline spacieuse, confortable aux sièges moelleux qui roule vers la plage sur une autoroute à huit voies. A son volant, une blonde à la bouche, vous êtes entre Robert et Jimmy, Bonzo vous donnant le tempo. Autrement dit, ce serait comme débuter par "Harvest" pour découvrir Neil Young, au risque de le confondre avec América.

En passant à la caisse, je ressens la fierté des initiés car sur la pochette il n'est fait aucune indication du nom du groupe de celui de l'album. Je suis impatient de l'écouter.

PS : Le résultat est tombé, brutal, sans appel. Je resterai de ce côté-ci de la Manche. Je ne fais pas partie des élus qui ont obtenu un billet pour le concert

mardi 9 octobre 2007

Merci François


Aujourd'hui je vous propose une contribution de Claire, plutôt tendance "droitdelhommiste" et qui à tout le moins n'est pas de droite. Allez Claire, on t'écoute.
"Un détail. Notre premier ministre estime que le débat, qu'il qualifie de polémique, qui a eu lieu à propos de l'amendement Mariani n'a porté que sur un détail. Je cite la phrase telle qu'elle a été prononcée "Cette loi dont les polémiques ont grossi jusqu'au ridicule, un détail en masquant l'essentiel : qu'elle rendait à la France le droit de choisir son immigration, qu'elle renforçait la qualité des contrôles, qu'elle instaurait une politique d'intégration véritable, fondée sur notre langue, fondée sur notre culture, fondée sur notre histoire, fondée sur le respect d'une identité nationale dont nous n'avons pas à rougir".
Alors examinons cela dans le détail. Partons du principe que François, qui ne pensait pas à mal, a fait preuve de maladresse. Il était devant ses copines et ses copains de l'UMP et il n'a pas pu s'empêcher de faire le malin. Pour autant, cette loi sur l'immigration a fait l'objet d'un débat au parlement, les opposants au test ADN se trouvant tant à gauche qu'à droite. Un débat parlementaire ne serait-il qu'une vulgaire polémique?
Par ailleurs, François pense-t-il que seuls les hommes politiques, qui l'oublie-t-il sont nos représentants, ont une opinion sur cet amendement ou se sont exprimés à son propos? Ce que pensent nos concitoyens ne serait-il que polémique? S'indigner, contester, exprimer sa sensibilité, faire part de ses craintes, de ses réticences ne ressort-il que de la polémique? L'opposition à un projet de loi, qui s'exprime aussi à l'intérieur du gouvernement, peut-il être qualifié de ridicule? Je n'admets pas que les idées que j'exprime soient qualifiées avec ce que je ressens comme du mépris.
François a-t-il si peu de considération pour ses concitoyens pour croire que l'essentiel de cette loi nous a échappé? Bien que je ne sache pas ce qu'est l'identité nationale, par contre je rougis de honte que cette loi ait pu être votée. Elle donne l'image d'un pays qui a peur et qui fait preuve d'un coupable égoisme en prônant l'immigration choisie. Les hommes n'ont-ils de valeur que par leurs gènes et leurs compétences?
Cette politique d'intégration dite "véritable" est, dit François, fondée sur notre langue, notre culture, notre histoire. Il faut croire que je ne vis pas dans le même pays que François".

Nous remercions Claire pour sa contribution, bien qu'elle me semble trop empreinte de sensiblerie ce qui nuit à sa compréhension.

Pour finir, un mot d'un certain Ernesto qui, malgré ses efforts et son obstination à vouloir parler notre langue, s'exprime dans un français très approximatif qui ne lui permettra pas de se joindre à nous. A toi Ernesto.
"Bon iour. Yé souis un étranger sans patrie. Yé né connais pas les frontières. Cela fait quarante ans qué yé souis libré. Yé crois qué Francesco et son amigo Brice ne seraient pas près à m'accueillir. Pourtant dépouis quarante ans, mon image et ma vie font vivre beaucoup dé personnes qui me sont étrangers. Viva el libré!"

Merci Ernesto.
Je crois que Claire veut rajouter un mot. Claire, nous vous écoutons.

"Je viens d'entendre Thierry Mariani, l'auteur de l'amendement ADN, qui sont peut-être les initiales de A Dit Non. Semblant si peu sûr du bien fondé de son texte, il lui cherche une respectabilité à l'étranger, affirmant, péremptoire, que de nombreux pays européens ont déjà adopté ce type de législation, et que je sache, dit-il, on ne les compare pas à des dictatures. Effectivement, Thierry. Allez savoir pourquoi, j'aurais préféré qu'il ait un autre prénom. Mais monsieur Mariani est au mieux un adepte de l'approximatif, au pire un menteur car aucun de ces pays n'a de législation comparable à celle qui a été votée par notre parlement. Par ailleurs, monsieur Mariani tente de justifier la nécessité de son texte du seul fait que d'autres pays auraient adopté la même règle. Il faut rappeler à monsieur Mariani que des pays qu'il cite en exemple, comme la Finlande ou la Suède ont pratiqué, il y a peu, l'eugénisme. Il ne semble pas que notre pays leur ait emboîté le pas. Se targant d'être un élu du peuple depuis 20 ans, il semble lui aussi avoir oublié ce qu'est un débat d'idées."

C'était un peu long mais nous remercions Claire, un peu de candeur de temps en temps n'est pas pour nous déplaire.

dimanche 7 octobre 2007

Chronique du matin


La dernière chronique du matin date de plus d'un mois. Je vais donc vous resituer la scène. Nous sommes le matin. Je viens de me lever et j'ai fait le choix de prendre le chemin de la cuisine plutôt que de passer en premier lieu par la salle de bain. Je sais que ce choix est lourd de conséquences. Si à six heures trente la pièce dédiée aux ablutions est déserte, calme et vierge de tout remugle matinal, à sept heures elle devient le lieu le plus convoité et donne lieu à des stratégies de conquête et de reconquête qui laissent ce lieu, pourtant si paisible, dans un état qui fait penser, toutes choses égales par ailleurs, à Stalingrad au soir du 2 février 1943 et pour pousser la comparaison jusqu'au bout, j'ai souvent l'impression d'endosser les habits du maréchal Paulus.

La photo du jour est un peu brut de décoffrage. Je dois vous avouer que j'ai hésité avant de l'intégrer à cette chronique et ceci pour plusieurs raisons. La première tient au style de cette chronique qui est plutôt léger et élégant et ne se refuse aucune périphrase, que je préfère à circonlocution. La deuxième raison est de l'ordre de l'intime. Vous en conviendrez avec moi, il est toujours délicat de toucher à l'intime. Relater nos habitudes matinales n'est pas sans risques car le matin est par essence le temps de l'intimité. Même si cette chronique est plutôt (avez-vous remarqué comme j'utilise souvent le mot plutôt) masculine et ne repose que sur mon vécu, il est indéniable que je dévoile à chaque fois un peu de votre propre intimité. Vous avez raison, je ne sais plus où je veux en venir. Toujours est-il que j'ai choisi d'offrir à vos yeux cette photo au nom d'un réalisme qui donne à cette chronique toute sa crédibilité, tout son authenticité.

Pour reprendre le cours de ma progression matinale, en ce matin de tous les jours, je suis à la croisée des chemins. Je suis debout. Face à moi, la porte de la cuisine, à droite le salon qui n'est là que pour meubler ne jouant aucun rôle à cette heure de la journée et à gauche, échappant à mon regard car située dans un renfoncement, la porte des toilettes ci-dessus exposée. A cet instant, il me faut opérer un nouveau choix. Vous vous dites peut-être "Mais il n'a qu'à aller à gauche" ou bien "Qu'il aille où il veut mais qu'il y aille". Je comprends votre impatience mais il faut que vous sachiez que si je me suis levé à six heures trente, il n'est que six heures trente-deux au moment de ce choix. Imaginez que je vous repasse l'action au ralenti ce qui donne cette impression de lenteur mais qui me permet de décrire dans le détail tout ce qui échappe à l'oeil à vitesse normale. Avant de crier pénalty, il faut toujours attendre de visionner l'action au ralenti.

Ayant reprécisé le lieu, le temps et l'action pour vous permettre de visionner en votre château intérieur (funny?) la scène et son environnement, je me ferai un plaisir de continuer lors de la prochaine chronique du matin.

mardi 2 octobre 2007

Merci Jean-François



Voici un homme hors du commun que le commun des mortels ne peut appréhender dans son ensemble tant il est multiple, polymorphe et virevoltant. Un jour ici, un jour là. Alors ça, il est extraordinaire. Pour tout vous dire, nous ici à la maison, nous sommes des fans de Jean-François Coppé. C'est un exemple pour nous tous.
Nous avons donc décidé, en son honneur, de créer une épreuve que nous avons baptisé le Challenge (lire tchaleinedge) Coppé. Chaque semaine, avant la découpe du poulet dominical, nous remettons au membre de la famille qui s'est livré au plus grand nombre d'activités lors de la semaine précédente le challenge qui représente un moulage des pieds de notre héros se posant sur la moquette de son bureau qui se trouve dans le plus grand cabinet d'avocats de Paris.
Que l'on ne s'y trompe pas, aucun parmi nous n'a l'irréaliste ambition d'en faire autant que Jean-François, mais c'est pour nous tous un exemple et une source de motivation.