mardi 23 octobre 2007

Robert et moi (14)



J'effectue la sortie du magasin le disque à la main. Je vous rappelle que je viens d'acquérir le "IV" de Led Zeppelin. Durant le voyage je vais le tourner et le retourner. Arrivé à destination, je dois participer au déchargement de la voiture. Je ne vais pas jouer les Cosette mais un enfant de commerçant est corvéable à merci et il ne bénéficie pas de la protection du code du travail. Je travaillais plus mais pour ne rien gagner.

Une fois les travaux de manutention achevés, je suis monté dans ma chambre, le disque sous le bras. J'étais l'heureux occupant de ce que l'on appelait une chambre en rotin. Le lit, la table de nuit, le guéridon, le bureau intégré à l'armoire, le fauteuil, tout était en rotin. Je suppose que le rotin était un signe extérieur de richesse car ma mère ne se lassait pas de dire que son fils avait une chambre en rotin. Je vous parlerai dans le détail de ma chambre d'adolescent un peu plus tard.

J'étais également l'heureux propriétaire d'un tourne disque ressemblant à celui qui illustre cette chronique. L'appellation tourne disques correspond tout à fait à la réalité. Le mien possédait trois vitesses, 45, 33 et 13. Le treize tours était peut-être une anticipation d'un projet qui n'a jamais vu le jour. Ce tourne disques était vendu avec deux accessoires, l'un pour les 45 et l'autre pour les 33, qui permettaient, en supperposant les disques, de réaliser une programmation, ce qui pour les boum limonade était très pratique. Vous vous demandez peut-être ce qu'est une boum limonade. Je vous en ferai une description lors de la prochaine chronique.

Donc, évoluant dans le cadre de ma chambre en rotin, j'ouvre la porte de mon bureau, reproduction en rotin d'un pont-levis, porte sur laquelle je pose mon tourne disques. Je le branche mais pour une raison que j'ai oubliée, le fil se trouve dans le passage qui sépare ma chambre en rotin de la chambre contemporaine de mes parents. Le contemporain est fonctionnel. Il arrivait à mes parents de traverser ma chambre. Autant ma mère faisait l'effort de passer sous le fil, autant il était hors de question que mon père fasse de même. En fonction du moment de la journée, je pouvais être amené à débrancher plusieurs fois par face. Mon père n'a jamais partagé mes goûts musicaux. J'avoue que la réciproque était vraie.

Je vous raconterai la première écoute la prochaine fois. C'est promis.

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