mardi 18 octobre 2011

A peu près

Il y a des sujets avec lesquels on ne rigole pas, avec lesquels la rigueur, la précision, le sérieux et le professionnalisme s'imposent d'eux même, de façon naturelle. Il en est ainsi du budget de la France qui chaque année est votée par nos parlementaires. C'est peut-être l'acte qui est le plus représentatif de ce qu'est une démocratie. Pour établir le budget de la Nation, l'Etat se base sur une prévision de croissance. C'est un exercice délicat, surtout dans la période que nous traversons. Les ordinateurs du ministère des finances regorgent de modèle mathématiques qui permettent, en théorie, d'envisager toutes les possibilités et de réduire autant que faire ce peut, j'aime bien cette expression, l'incertitude. Compte tenu des sommes en jeu, les décimales orientent les politiques publiques. Il ne s'agit pas d'arrondir les angles.


Et qu'entends-je de la bouche même de notre premier ministre, personne sérieuse et responsable si il en est, que le budget 2012 est "bâti sur une prévision de 1,75 % de croissance mais il fonctionne avec une croissance minimale de 1,5 %".


Si l'on prend comme base le PIB 2010, 1% de croissance représente 25 milliards, ce qui veut dire que la différence entre 1,75% et 1,5% est de 6,37 milliards. Cela pourrait paraître infime au regard du montant du budget. Pourtant, si la croissance est de 1.5%, soit il faudra soit emprunter davantage et donc rembourser plus, soit réduire, par des mesures d'urgence, les dépenses, au lieu de le faire dans la durée et d'en lisser les effets. Au-delà des mesures à prendre, c'est la crédibilité de l'Etat, sa capacité à anticiper qui sont en cause. Quelle confiance peut-on faire à un Etat qui même dans un contexte de crise économique et financière se permet l'imprécision dans ses prévisions?


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