Cette
goutte avalée, elle devait attendre que son amant lui présente à nouveau un
membre rigide, prêt à l’emploi. Elle ne savait jamais combien de temps cela
allait prendre. Elle avait toujours le temps et savait ne montrer aucune
impatience. Elle devait lui transmettre son désir par des regards, des gestes,
des sons. Elle allait faire remonter des profondeurs la sève, faire revenir le
sang chaud qui à nouveau allait s’engouffrer dans cette tige. En cet instant,
elle regardait avec tendresse ce bout de chair qui se balançait doucement et
qui échappait à la volonté de son propriétaire. Elle restait persuadée qu’en
matière de sexe l’homme était programmé et qu’elle avait le pouvoir de
modifier, de faire évoluer ce programme. Le pendentif était à portée de son
souffle. L’air chaud qui sortait de sa bouche faisait osciller le balancier. Le
temps se resserrait. La virilité, en attente comme un avion en bout de piste,
était à quelques centimètres de sa bouche. Elle souriait. Elle pouvait le
mordre, le dévorer, le prendre dans sa bouche comme une carnassière. Elle
l’embrassait, lui donnait des coups de la pointe de sa langue. Elle sentait
affluer la salive qu’elle laissait couler le long de cette pointe encore
timorée. Elle le regardait droit dans les yeux et souriait. Elle souriait de le
voir ainsi à sa merci, elle souriait de savoir qu’il était là pour elle. Elle
souriait parce que c’était lui. Bien qu’elle sache faire preuve des suggestions
les plus convaincantes, il arrivait qu’il ne parvienne pas à remonter la pente.
Elle se moquait alors, l’agaçait. Elle lui disait que c’était peut-être la dernière
fois. Elle ne faisait que lire dans son désarroi. Il pensait souvent à cette
dernière fois. Si près de ce lieu de
rencontre de toutes les morts, il aimerait écrire un texte de ce genre.
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