vendredi 14 décembre 2012

A autre chose (26)

Cette goutte avalée, elle devait attendre que son amant lui présente à nouveau un membre rigide, prêt à l’emploi. Elle ne savait jamais combien de temps cela allait prendre. Elle avait toujours le temps et savait ne montrer aucune impatience. Elle devait lui transmettre son désir par des regards, des gestes, des sons. Elle allait faire remonter des profondeurs la sève, faire revenir le sang chaud qui à nouveau allait s’engouffrer dans cette tige. En cet instant, elle regardait avec tendresse ce bout de chair qui se balançait doucement et qui échappait à la volonté de son propriétaire. Elle restait persuadée qu’en matière de sexe l’homme était programmé et qu’elle avait le pouvoir de modifier, de faire évoluer ce programme. Le pendentif était à portée de son souffle. L’air chaud qui sortait de sa bouche faisait osciller le balancier. Le temps se resserrait. La virilité, en attente comme un avion en bout de piste, était à quelques centimètres de sa bouche. Elle souriait. Elle pouvait le mordre, le dévorer, le prendre dans sa bouche comme une carnassière. Elle l’embrassait, lui donnait des coups de la pointe de sa langue. Elle sentait affluer la salive qu’elle laissait couler le long de cette pointe encore timorée. Elle le regardait droit dans les yeux et souriait. Elle souriait de le voir ainsi à sa merci, elle souriait de savoir qu’il était là pour elle. Elle souriait parce que c’était lui. Bien qu’elle sache faire preuve des suggestions les plus convaincantes, il arrivait qu’il ne parvienne pas à remonter la pente. Elle se moquait alors, l’agaçait. Elle lui disait que c’était peut-être la dernière fois. Elle ne faisait que lire dans son désarroi. Il pensait souvent à cette dernière fois.  Si près de ce lieu de rencontre de toutes les morts, il aimerait écrire un texte de ce genre.

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