"La violence des corps, des
gestes. Pour rejoindre la passion, la retrouver, se laisser entraîner,
emboîtés, encastrés, enchevêtrés, mélangés, enroulés, enserrés. Cette envie
d'être et de rester en elle. Arrivait ce moment où nous retombions de part et
d'autre. Nous attendions. Le silence, sans savoir qui allait parler, quels
mots. Nous ne parlions jamais de ce que nous venions de faire. C'était
peut-être inutile. Pour en dire quoi? Elle m'avait transporté. J'avais à chaque
fois cette impression de découverte, d'autre chose. Je voulais lui dire et je
me contentais de la regarder. Dans la douceur des draps froissés, je sentais la
chaleur de son corps me quitter. Je ne pouvais retenir l'intensité. Dans
ces moments de dérive, comme porté par un courant d'apaisement, j'exposais ma
nudité. Je me préférais allongé, sans défense, sans arrogance. Je recherchais
la vulnérabilité. J'étais peut-être moi aussi une origine. Je voulais qu'elle
me regarde, qu'elle me trouve beau, qu'elle puise en moi un autre désir,
qu'elle me ranime, qu'elle me fasse sortir de ma torpeur, de cet après. Une
sensation de vide, comme si j'avais épuisé tout le désir qui était en moi."
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