mardi 6 mai 2008

Merci Brice



L'autre jour j'ai lu un article signé Brice Hortefeux. Ce serait vous mentir que dire que je m'apprêtais à le lire sans à priori. C'est pourquoi je me suis dit "mon garçon, tu vas lire cet article en gardant à l'esprit qu'il est écrit par un ministre de la République pour qui liberté, égalité, fraternité sont chaque jour à conforter". Comme quoi, j'étais de bonne volonté.

Et j'ai lu la première phrase qui suit. "Si les diverses enquêtes d'opinion montrent que la grande majorité de nos concitoyens comprend, approuve et soutient la nouvelle politique d'immigration de la France, je suis cependant attentif aux critiques ici ou là, parfois bruyantes. "

Cette phrase est à la fois faite de brutalité et subtilité. Subtilité n'est peut-être pas le terme adapté. Je vous laisse juge. Il commence par utiliser des sondages pour légitimer sa politique. Si les sondages sont favorables c'est que les français sont d'accord et que la politique mise en place est la bonne. Si les sondages sont défavorables, cela veut dire que les français sont d'accord mais impatients et qu'il faut aller plus loin. Pour le coup, je préfère que les sondages soient favorables. Vous aurez remarqué, ce qui doit être vrai pour tous les hommes politiques, qu'il y a souvent confusion entre "les français" et "des français". Mais notre ami Brice est finaud car il utilise le terme concitoyen qui est fraternel, plus convivial et qui fait référence à une communauté. Nous sommes tous frères et regardons dans la même direction.

Donc une grande majorité, il y aurait de petites majorités, est en phase avec "la nouvelle politique d'immigration". Qu'y a-t-il de nouveau? Les charters, les arrestations, les centres de rétention, le recours aux force de l'ordre, le traitement administratif des êtres humains? Les quotas. Avant, du temps de notre intègre Charles Pasqua qui depuis s'est réfugié dans le maquis du Luxembourg, on ne comptait pas, tout était fait en dépit du bon sens, personne ne savait ni quoi ni qu'est-ce. Mais aujourd'hui, grâce au gars Brice, nous comptons, nous fixons des objectifs, nous rédigeons des procédures. Nous pouvons dire que la France est, en matière d'expulsion, certifiée ISO.

Mais bon prince, notre ami Brice (je suis à la recherche d'un jeu de mot) se dit "attentif aux critiques" mais j'ignore comment se manifeste cette attention. De son point de vue, ces critiques restent limitées puisqu'elles sont "ici ou là" et non "ici et là". Il semble déplorer qu'elles soient "parfois bruyantes". Nous pouvons faire part de notre désapprobation mais gentiment. Les anti-Brice doivent être de bonnes pâtes (voilà, j'ai mon jeu de mot).

Pour finir, notre ami Brice nous dit, la voix certainement chevrotante, "Pas un jour ne se passe sans que je me pose la question : notre action est-elle juste ?" Mais il ajoute tout de suite "Chaque matin, je m'interroge et chaque soir, je repars avec la même conviction". Comme il repart le soir, on peut supposer qu'il passe ses journées à s'interroger, ce qui dans son cas est une manifeste perte de temps.

"de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement". Tel est le nom de son ministère et pourtant dans son article il n'est fait à aucun moment référence au codéveloppement. Mais comme l'écrit notre concitoyen Brice, je suis un esprit chagrin. Je vais finir par y ajouter la pitié.

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