mardi 20 mai 2008

Otages

Il ne vous aura pas échappé que, depuis quelque temps (expression qui ne veut rien dire), tout le monde prend tout le monde en otage. Dès qu'il y a grève, contestation, il y a prise d'otages. Tout le monde? Non.

Commençons par la prise d'otages classique, en quelque sorte conventionnelle. Il s'agit de la grève SNCF. C'est une mine pour les journalistes avides de jeux de mots et de métaphores à deux balles. Je suis souvent atterré par la paresse des journalistes, notamment de l'audiovisuel, qui se contentent souvent de piocher dans un florilège de formules toutes faites qui n'ont même pas le mérite de rendre compte de la situation. A chaque fois on nous refait le coup du radio-quai au cours duquel trois quatre clampins nous disent qu'il est intolérable d'être pris en otage, que cette grève ne les concerne pas, qu'eux ils travaillent...A ce titre, les commentaires de Jean-Pierre Pernaut valent le détour. Et, comme lors du dernier mouvement, le ministre en charge du dossier précise qu'il n'y aura pas de négociation tant qu'il n'y aura pas reprise du travail, que l'on ne peut négocier sous la menace.

Mais il y a des exceptions. Vous vous souvenez certainement du rapport Attali pour la libération de la croissance française. A peine sorti, ce rapport libérait les menaces d'un certain nombre de professions. Parmi elles, les taxis qui n'ont pas tardé à manifester en bloquant la circulation et en menaçant de poursuivre leur mouvement tant que le gouvernement ne s'engagerait pas à ne pas mettre en oeuvre les propositions les concernant. Aucune proposition de négociation, d'entrée l'ultimatum. L'expression "prise d'otages" n'a pas été utilisée et les taxis ont obtenu satisfaction. Pour ce qui est notamment des pharmaciens, une simple menace a suffi.

Autre exemple, en cours, les marins-pêcheurs. Ils bloquent des ports, des raffineries, utilisent la violence. Personne n'a parlé de prise d'otages et ils sont reçus par le ministre.

Sans porter de jugement sur la légitimité des revendications, il semblerait que moins il y a de personnes concernées, plus on a de chance d'obtenir gain de cause. Je conseille donc aux fonctionnaires de faire grève et de manifester par service, voire par bureau.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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