mardi 21 mars 2017

Bof


Ce n’est pas bien. On peut même dire que c’est mal. Et croyez-moi, je n’en suis pas fier. J’ai pourtant essayé de me raisonner, de me convaincre. J’ai fait appel à ma conscience, à l’histoire, aux luttes, aux grands hommes. J’ai essayé de m’imprégner de l’enthousiasme de mes proches. J’ai applaudi, j’ai hurlé, j’ai hué, j’ai banderolé, j’ai essayé de m’enflammer avec un drapeau, je me suis dédoublé lors de manifestations, mais rien n’y a fait. Jusqu’à il y a peu, j’écoutais tout, je regardais tout, je lisais tout. Pour tout dire, j’y croyais. Et pourtant j’ai connu Pasqua, Balkany, Chirac, Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Strauss-Kahn, Cahuzac et bien d’autres. Mais rien de tout cela ne m’ébranlait. A chaque fois, quelques mois avant l’échéance, je me sentais tout émoustillé. Comme une sève chaude et puissante, je sentais en moi monter le désir qui allait trouver son assouvissement à cet instant où le temps semble retenir son écoulement, à cet instant où l’urne encore inaccessible finira par s’ouvrir laissant ainsi le bulletin pénétrer en son sein. Mais cette fois-ci, rien. Ça ne m’intéresse pas. Je n’écoute que d’une oreille. Je regarde ailleurs. Je lis en diagonale. Lassitude, ébranlement, désenchantement Bien sûr, comme un bon citoyen, je remplirai mon devoir et l’urne. Quelqu’un dira « A voté ». La République sera comblée et heureuse et ma carte s’ornera d’un tampon bien pâle. Mais avant même que l’union ne soit scellée, je me sentirai trompé. Pour autant, le pire n’est jamais certain

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