Je ne suis pas exempt de tout reproche. En
ces temps qui manquent d’amour, de tendresse et de poésie, je l’avoue,
il ne se passe pas un jour sans que je ne fasse preuve de mépris. Ce
mépris quotidien, ce mépris
ordinaire, ce mépris que l’habitude banalise. Si au début, au tout
début, je n’en avais pas pris conscience, aujourd’hui j’en éprouve une
honte que rien, ni les remords ni les regrets ni une quelconque
contrition, ne semble pouvoir effacer. Tout commence le
soir. Tous les soirs. Juste avant de me glisser entre la couette et le
drap du dessous. A ce propos, j’ai lu l’autre jour (précision temporelle
sans aucune utilité) qu’une association avait été créée pour la
préservation du drap du dessus qui à plus ou moins
court terme semble voué à disparaître si rien n’est fait. Donc, juste
avant de me glisser, comme tout un chacun je me dévêts. Chemise,
pantalon, chaussettes et invariablement je termine par mon boxer. Je
procède toujours de la même façon. Les mains au niveau des hanches, je glisse mes pouces entre la peau et l'élastique, là sur le côté. Puis, d'un mouvement rectiligne et descendant je dirige le dit boxer jusqu'à mes pieds. Il est sur le sol et je le regarde de haut. Je retire un de mes pieds et avec l'autre, d'un mouvement ascendant et ample, j'envoie mon boxer dans les airs où il accomplit un arc de cercle pour échouer sur le plancher. (à suivre)
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