mercredi 16 octobre 2013

Hommage à Serge Gainsbourg

L'autre jour, ce devait être un matin, je me suis présenté sur la piste. Comme d'habitude, je n'avais pas vérifié la météo. Je ne doutais pourtant pas de pouvoir décoller. J'avais mis un pantalon de toile de couleur gris perle, offrant une légère souplesse, avec des tas de poches des deux côtés, ces poches qui même vides semblent pleines. J'ai toujours trouvé qu'il me donnait l'élégance de l'aventurier viril, cette virilité latente, dénuée d’ostentation. J'avais hésité à mettre mon blouson dans lequel je ressemble à Buck Danny dans "Les japs attaquent". Je devinais qu'il allait faire chaud. Mais je n'ai pas pu résister. J'aime bien cette impression de départ en mission vers de possibles imprévus. Par les fentes rectangulaires laissées par les hautes portes à demi ouvertes, les hangars de tôle laissaient deviner l'ombre des absences. Je me suis dirigé vers l'avion qui m'attendait en bout de piste. J'aime avancer tout en le regardant, prendre le temps d'arriver jusqu'à lui. Ses ailes prêtes à découper l'air, son fuselage aux rondeurs pénétrantes, cette ligne qui sans fin semble   accompagner le regard au-delà. Son empennage à portée de main, je fais glisser mes doigts sur le métal. Je contourne l'aile. Parvenu à son extrémité, je fixe cet ensemble métallique, toujours étonné qu'il puisse de ses hélices m'offrir une éclipse. Je me suis introduit dans le cockpit, pas trop vite. Il me faut toujours un peu de temps pour être bien, pour me sentir enveloppé par le siège. De légers mouvements du bassin. Contrairement à l'habitude, j'ai mis mon casque. Un besoin de protection. J'ai regardé les cadrans. Pour la forme. J'ai lancé le moteur. J'aime ce moment de légères vibrations. J'ai empoigné le manche à balai et j'ai fermé les yeux. Je le sentais trembler dans le creux de ma main. J'éprouve toujours un moment de doute. Va-t-il répondre à mes pressions successives? La chaleur se propage. Je libère un peu de puissance. Doucement nous roulons sur les plaques de béton. Nous prenons de la vitesse. D'un mouvement continu et souple, je ramène le manche entre mes cuisses. Nous quittons le sol. Des ondes traversent mon ventre. Le temps devient une caresse.Chacun de mes muscles laisse s'écouler les sensations. Rien ne me retient.

Aucun commentaire: