lundi 29 décembre 2014

Comme quoi

Il suffit parfois de pas grand chose. Un détail, une précision que l'on découvre en feuilletant des pages. Parfois celles d'un dictionnaire. Comme ça, sans rechercher quoi que ce soit mais prêt à découvrir. J'en ouvre un et je tombe sur des mots bien rangés, en colonnes. Je m'intéresse en priorité à ceux dont j'ignore la signification. Aussi à ceux que j'utilise mais dont je serais bien incapable de rédiger une définition comme imparipenné. Je lis les mots mais en général je ne retiens rien. Peut-être sont-ils trop souvent communs. Ma mémoire est plus sensible aux propres. Au noms propres. Un dictionnaire peut être truffé de ces noms qui le plus souvent me sont inconnus. Je lis les quelques mots qui résument leur vie. C'est comme si je leur rendais hommage. C'est comme si je les sortais de l'oubli pendant quelques secondes. C'est bien présomptueux, mais en écrivant cela je pense à tous ces noms de personnages que nous lisons chaque jour sur des plaques de rue et autres supports signalétiques mais dont nous ignorons tout sans que pour autant cela éveille notre curiosité. Le dictionnaire est l'outil idéal pour aiguiser la curiosité. C'est une cascade de la connaissance. L'autre jour, mes yeux se sont arrêtés sur José Maria de Hérédia. Je me suis souvenu qu'en classe de seconde j'avais rédigé le commentaire de l'un de ses poèmes dans lequel on pouvait lire le mot percale. Un poème répondant à des contraintes qui me faisaient penser à un corset sans que pour autant cela provoque en moi la moindre émotion. Le rédacteur de cette courte biographie précisait qu'il faisait partie du mouvement parnassien. Je suis alors passé du H au P, comme parnassien. D'autres noms de poètes sont apparus. Le nom de Mallarmé a retenu mon attention. Toujours à l'époque de ma seconde ce Mallarmé, je ne saurais dire pourquoi, m’apparaissait comme un personnage ténébreux, intimidant, à qui je n'aurais jamais osé parler. Entendre son nom prononcé par mon professeur de français me faisait un drôle d'effet. Je me sentais petit. Je l'imaginais avec une voix profonde qui imposait le silence et le respect. Et là dans le dictionnaire, je découvris que ce terrible Mallarmé avait un prénom. Stéphane. Le simple fait d'accoler ce prénom à Mallarmé me le rendit humain. Stéphane Mallarmé. J'étais maintenant persuadé qu'il devait lui arriver de sourire.  

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