Chère Valérie, si tu me permets de
t’appeler Valérie, c’est le 14 mai que tu rajouteras deux chiffres au bout de
la ligne, le premier de la ligne étant un 1, qui a laissé peu de traces dans
les mémoires, d’autant qu’il a rapidement laissé place au 2 qui lui-même…et
c’est aujourd’hui que tu fêtes cette moitié d’un. Si je ne précise pas la
moitié d’un quoi, c’est que tu n’es certainement pas pressée d’arriver au bout
de la ligne, ce jour où la ligne sera coupée.
Mes propos sont peut-être brutaux
mais pour tout te dire je n’avais pas envie de venir pas plus que d’écrire ce
texte. Apprenant cela, Hervé, de chez Hervé et Véronique, m’a appelé en me
disant « viens, tu vas voir on va se marrer, c’est moi qui m’occupe de
l’animation ». Je ne sais pas vous mais pour ce qui me concerne, Hervé ne
m’a jamais fait rire mais comme j’ai bon cœur je lui ai dit que je viendrai à
condition qu’il m’aide à écrire ce texte. Résultat, c’est lui qui en a écrit
les 9/10ème.
Donc pour en revenir au sujet du
jour, tu as souhaité fêter ton anniversaire. Pourtant, nous ne sommes pas
encore le 14, mardi d’une autre année où tu poussas ton premier cri. Pendant ce
temps là, encore bien au chaud, en gestation, Olivier attendait son heure.
Comme un signe annonciateur de sa future orientation professionnelle, il fit
son apparition dans le monde un dimanche. Mais d’après ce que j’ai pu
apprendre, tu as toujours été en avance. Ainsi Olivier m’a raconté que très tôt,
en 69 pour être précis, tu as abandonné les poupées pour les sucettes à l’anis.
A propos de sucette, quelque temps plus tard tu rencontras Olivier qui m’a
confié qu’à l’époque, faute de mieux, il sautait des haies. Pour toi, il a
laissé tomber sa ligne d’arrivée qui trop souvent ressemblait à l’horizon, pour
ensemble prendre un autre départ. Et, comme un titre de film, sont arrivés Betty,
Eliot. Ainsi que me l’a confié Hervé, ces enfants ont le charme de leur mère et
le nom de leur père.
Je vais revenir sur ta brillante carrière professionnelle qui
a fait de toi une femme de lettres. Tu commenças par la CPAM où tu travaillas
comme une malade. C'est entre deux piles de feuilles maladie que tu rencontras
Véronique plus connue dans le milieu sous le pseudonyme d’Améli. Ensuite,
devenue adepte des quatre lettres, tu pris de la hauteur pour intégrer la CRAM,
lieu si j’en crois Hervé où les femmes sont chaudes. Années de CRAM au cours
desquelles tu as inlassablement sillonné les routes de la région, traquant sans
répit jusqu'au fin fond des villages les entreprises qui s'y tapissent et
dans lesquels prospèrent les alcooliques, les drogués en tous genres et
autres syphilitiques. Tablant sur le slogan « Il vaut mieux prévenir que
guérir » tu débarquais avec tes caisses de préservatifs et ton régime de
bananes, avec tes photos de foies hypertrophiés et spongieux. Mais lasse de te
retrouver face à des auditoires avinés aux regards torves et libidineux, tu
décidas de te lancer dans la communication institutionnelle. Résolument offensive,
novatrice et trouvant Karen quelque peu planplan, comme le dis Rocco Sifrédi,
tu pris résolument les choses en main. Ta première décision fut de changer le
nom de l’institution qui devint la
CARSAT ce qui, de l’avis de tous et même si l’anagramme est tracas, permis de
se faire une idée plus précise de ses missions. Et à partir de là, plus rien ne
t’arrêta. Tu décidas de relever l’âge de départ à la retraite, de ne plus
indexer les retraites sur le taux d’inflation, comme une pussyriot de la
prévention tu encourageas les femmes à exhiber leur poitrine au cours de déambulations
dans les rues de Franqueville tout en soufflant dans des préservatifs, campagne
d’information que fort à propos tu intitulas « Même si ça te gonfle, deux
en un c'est la santé » et il se dit
dans les couloirs que tu serais en train de préparer quelque chose concernant
le montant des cotisations. Bien évidemment, une envieuse qui, selon Karen, est
issue du canapé tenta bien d’entraver ta
marche en avant mais en pure perte. Aujourd’hui l’indice de notoriété des six
lettres est en passe de rejoindre celui de Coca-cola.
Retournant dans le passé, j'ai cherché les circonstances de
notre première rencontre. Autant je me souviens très bien avoir pris rapidement
conscience après notre emménagement que nous étions voisins d'Olivier, ce qui
nous astreignait au respect de certaines règles telles que celle du choix de la
place de stationnement sous peine de se trouver relégué dans la case des
casse-couilles , autant la discrétion de Valérie m'a amené à creuser
profondément dans ma mémoire. Et enfin je me suis souvenu. C'était un matin,
sous les coups de 8h30, face à l'école, juste au moment où Pascale abordait le
trottoir avec son vélo derrière lequel on découvrait une carriole dans
laquelle, à la limite du mauvais traitement, brinqueballaient trois pauvres loupiots.
Toi, avec d'un côté Betty, de l'autre, ne tenant pas en place, Eliot et au
milieu ta jupette en jean. Moi les mains vides et vêtu d'un grand manteau. Je
ne sais pas si tu avais eu peur que je te propose des bonbons mais ce n'est pas
se jour là que pour la première fois nous avons pris langue. Les enfants ont
grandi et un peu plus tard, nous nous sommes retrouvés devant le collège puis
un peu plus tard sur le parking du lycée.
Par la suite au gré des projets divers et variés tenant du
camp de travail aussi bien que de l’organisation d’amusements collectifs, le
temps a passé d’unité en unité, de dizaine en dizaine pour qu’aujourd’hui tu
nous apparaisses dans toute la splendeur de ce nouvel âge plein de promesses.
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