jeudi 2 août 2007

Reflexions

"non seulement “comprendre” ne veut pas dire “pardonner”, mais en général la simple compréhension de la position de l’autre ne nous conduit pas d’elle-même à l’approuver". Max Weber. J'avais commencé à lire "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme". Chaque phrase me demandait une intense réflexion. Je devais la lire, la relire. J'ai laissé tomber. Je n'en suis pas fier.

"J'avais nagé et j'étais assis au bord de l'eau, dans mon maillot de bain noir. Je venais d'avoir cinquante ans. En baissant les yeux sur moi-même, je découvris que mes orteils étaient déformés et osseux. Une longue varice était apparue sur ma jambe gauche et la toison clairsemée de mon torse avait blanchi. Mes épaules et mon buste me semblaient étrangement diminués et ma peau, pâle par nature, était devenue rose et rêche. Mais ce qui m'étonna le plus, ce furent les bourrelets de graisse mous et blafards qui s'étaient installés autour de ma taille. J'avais toujours été svelte et, si j'avais bien remarqué que mon pantalon me serrait de façon suspecte lorsque je le fermais le matin, je ne m'en étais pas spécialement inquiété. La vérité, c'était que je m'étais perdu de vue. Je m'étais baladé avec une image de moi-même tout à fait obsolète. Après tout, quand était-ce que je me voyais réellement? Quand je me rasais, je ne regardais que mon visage. De temps à autre, en ville, j'apercevais mon reflet en passant devant une vitrine ou une porte en verre. Sous la douche, je me récurais sans étudier mes défauts. J'étais devenu anachronique à mes propres yeux. Quand je demandais à Erica pourquoi elle ne m'avait pas signalé de si déplaisants changements, elle me pinça la chair près de la taille et déclara "Ne t'en fais pas, mon coeur, je t'aime vieux et gras". Pendant quelques temps, j'entretins l'espoir d'une métamorphose. J'achetai des altères et je tentais de manger plus de brocolis et moins de rosbif, mais la résolution me manqua bientôt. Je n'avais pas assez de vanité pour endurer les privations."

C'est un passage de "Tout ce que j'aimais". Je m'y retrouve. Il y a des phrases que j'aime. J'aime me souvenir que je ne suis pas insensible aux futilités.

Aucun commentaire: