mercredi 8 octobre 2014

Celui d'après

Je regardai l'heure. J'avais raté mon train. Je prendrai celui d'après. Après quelques pas, j'entrai dans le hammam avec des souvenirs. Les souvenirs d'une ville de l'Est. Cet ex Est qui fut des plus gris et austère, soumis pendant de nombreuses années à un hiver idéologique. Pendant plusieurs décennies, la seule preuve de l'existence du temps étaient les fissures grandissantes qui ornaient les murs des villas couleur sable qui s'imposaient le long d'avenues bordées d'arbres qui semblaient hésiter à se déployer au-delà des trottoirs sur lesquels marchaient ces femmes et ces hommes dont les souffrances ne sont peut-être même plus des souvenirs alors que je me dirigeais vers les bains alimentés par les sources chaudes qui se faufilent sous la ville. Durant toute un après-midi, je passais d'un bain à l'autre, me laissant aller à l'eau qui passait du tiède au chaud. Le plaisir d'avoir un corps. 

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