mardi 14 octobre 2014

Reflet

Ce matin je l'ai senti. Avant même d'arriver dans la salle de bain. Je suis persuadé que les racines se trouvaient au plus profond de ma nuit. Une sensation familière que j'hésitais à qualifier. Outre que j'aime bien hésiter, il m'arrive de ne pas trouver les mots ou, plus modestement, le mot. Je me suis regardé dans la glace histoire de me dire quelque chose. Du style "Alors mon gars..." avec l'espoir, même ténu, de me faire sourire. Il ne m'a fallu que l'espace des trois petits points pour me rendre à l'évidence que ce serait peine perdue. Celui que j'avais en face de moi était en dessous de la ligne de flottaison. Je l'ai regardé avec tendresse, essayant de lui faire comprendre que j'étais avec lui. Mais rien n'y a fait. Sa tristesse troublait le reflet. L'air de rien je l'ai laissé face à son destin qui devait se dessiner sur le mur d'en face. Je me suis glissé sous la douche. Et là, l'accablement m'a rejoint dans la vapeur de l'eau qui ruisselait. Je me suis concentré sur le savonnage. J'en ai mis partout, même là où je ne vais jamais. J'ai regardé les bulles disparaître dans le siphon. Je suis sorti. J'ai attrapé une serviette et je me suis à nouveau planté devant le miroir. Il était toujours là, des gouttes en équilibre sur le crâne. J'ai vainement attendu qu'il me soutienne, ne serait-ce qu'un peu, ce qui aurait été un juste retour. Mais rien. Pas la moindre compassion. Aucune solidarité. Pourtant, je ne lui en veux pas. Je ne fais même que penser à lui depuis ce matin. Peut-être le retrouverai-je ce soir, une brosse à dents dans la bouche.    

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